Catastrophe nucléaire au Japon : que doit faire l’Europe ?

, par Groupe de Travail Énergie/Climat du ME-F, Marie CASTILLO

Catastrophe nucléaire au Japon : que doit faire l'Europe ?

Le Japon vit depuis le 11 mars une catastrophe technologique avec l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. On ne peut pour le moment évaluer toutes les conséquences de cet accident. Mais la question se pose dès maintenant : l’Europe doit-elle apporter une réponse communautaire, ou se contenter, hélas comme trop souvent, de réactions individuelles de ses États membres ?

Le Japon vit depuis le 11 mars une catastrophe technologique avec l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. On ne peut pour le moment évaluer toutes les conséquences de cet accident. Mais la question se pose dès maintenant : l’Europe doit-elle apporter une réponse communautaire, ou se contenter, hélas comme trop souvent, de réactions individuelles de ses États membres ?

Le séisme de force exceptionnelle qui a fait trembler le Japon le 11 mars a provoqué la mise à l’arrêt des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima n° 1 dans la préfecture d’Ibaraki au nord de Tokyo. Mais le tsunami qui a suivi le tremblement de terre a endommagé les systèmes de refroidissement des réacteurs. Divers accidents se sont alors produits dans plusieurs des réacteurs, conduisant à un risque de fusion du combustible nucléaire. Une lutte héroïque a été engagée par les opérateurs de la centrale et les pouvoirs publics pour tenter de limiter le risque d’une catastrophe nucléaire de grande ampleur.

Pour le Japon, le bilan est lourd, au-delà des dizaines de milliers de victimes directes du séisme et du tsunami. Près de deux millions de foyers sont, ou ont été, privés d’électricité dans le nord du pays, plus d’un million d’habitations n’ont plus d’eau courante. L’économie japonaise est ébranlée. Les conséquences pour la santé à moyen terme des Japonais, voire des habitants des pays voisins, ne sont pas clairement définies, mais elles seront probablement importantes.

Visiblement, le risque sismique a été sous-évalué : l’intensité de la catastrophe n’avait pas été envisagée. La gravité de cet accident à contribué à relancer le débat sur le nucléaire aussi bien au Japon que dans le reste du monde et en particulier en Europe où l’opinion publique a été frappée par ces événements.

Les États membres de l’Union européenne ont réagi en ordre dispersé. L’Allemagne a déclaré l’arrêt immédiat, pour trois mois au moins, de sept de ses réacteurs nucléaires les plus anciens, ainsi qu’un réexamen de la sécurité de toutes les centrales nucléaires. L’Italie, qui a abandonné le nucléaire en 1987, envisageait d’y revenir mais s’interroge désormais. D’autres pays comme la Belgique ou la Pologne restent dans l’expectative de même que le Royaume-Uni où un programme de construction de centrales sur huit nouveaux sites avait été confirmé en octobre. De son côté, la France a déclaré qu’elle passerait en revue ses centrales.

La Commission européenne a annoncé le 15 mars que les 27 États membres de l’Union européenne se sont accordés pour réaliser "des tests de résistance" des centrales nucléaires à partir du deuxième semestre de l’année. Ces tests devraient être volontaires, et non obligatoires, conformément à la directive de 2009 relative à l’établissement d’un cadre communautaire pour la sûreté nucléaire qui, dans le respect du principe de subsidiarité, laisse aux États membres le soin d’établir des instances de contrôle indépen-dantes.

Le débat au niveau européen sur la sûreté nucléaire et l’effectivité des normes applicables dans le cadre défini par la directive doit être pleinement encouragé avec une exigence de transparence quant aux résultats. Cette démarche pourrait être utilement accompagnée par une réflexion sur la définition d’un mix énergétique équilibré, réévaluant éventuellement la place du nucléaire. Cette question est difficile. Car les avantages du nucléaire sont à la mesure des risques sociétaux que sa production représente. L’option nucléaire relève pour certains États comme la France d’un choix d’indépendance énergétique et constitue en tant qu’énergie sans carbone une réponse au défi du changement climatique.

En tout état de cause, un débat sur le mix énergétique devrait avoir lieu dans un cadre européen, ouvert, participatif et structuré. Sur un tel choix de société susceptible de mobiliser les citoyens, l’option d’un "Grenelle européen de l’énergie" pourrait également être envisagée. Au-delà des aspects de gestion et d’anticipation du risque et de la “gouvernance” des options énergétiques, ce débat devrait aller jusqu’à aborder la question fondamentale de la dépendance non seulement aux énergies fossiles ou à l’énergie nucléaire, mais à l’énergie tout court - ceci dans le respect de la définition du développement durable, réconciliant l’économique, le social et l’écologie.

Illustration : Greenpeace, « Stop the catastrophe »

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Vos commentaires
  • Le 21 mars 2011 à 14:22, par HERBINET En réponse à : Catastrophe nucléaire au Japon : que doit faire l’Europe ?

    Après les catastrophes industrielles telles que Tchernobyl et Bhopal, le désastre japonais relance la question de l’atome. Au-delà de la nécessaire conscience écologique, l’opinion publique est dans un profond état de choc face aux risques planétaires. Est-ce ridicule ou recevable de ressentir des remords ? Quels sont les enjeux de la reconversion industrielle ? Quelles marges de manœuvre avons-nous le devoir de libérer ? Quelles activités de substitution émergeront pour le troisième millénaire ? Contrairement à l’HOMO ECONOMICUS, l’HOMO CIVIS promeut la vie naturelle au sein de la future civilisation de la connaissance. Donner un sens à la soutenabilité. Point cardinal de la période de transition, la soutenabilité favorise la naissance de nouvelles activités de substitution, renforce l’éco-efficacité et réduit les émissions polluantes et toxiques.

    Pierre-Franck Herbinet

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