Catherine Colonna : « il est fondamental que les candidats donnent leur projet politique pour l’Europe »

La ministre déléguée aux Affaires européennes sur le Taurillon

, par Les Jeunes Européens - France

Catherine Colonna : « il est fondamental que les candidats donnent leur projet politique pour l'Europe »

La ministre déléguée aux Affaires européennes, Mme Catherine Colonna, accorde une interview exclusive au Taurillon. En répondant aux Jeunes Européens France, Mme Colonna aborde les sujets de la relance de l’Europe, des 50 ans du Traité de Rome, de l’Europe dans les présidentielles...

Les Jeunes Européens France : Que pensez vous de l’état actuel de l’Europe, notamment après le referendum de 2005 et les ‘’non’’ français et néerlandais ?

Catherine Colonna : La première chose à dire, c’est que malgré les difficultés qu’elle rencontre, l’Europe continue d’avancer. Elle a, par exemple, su prendre des décisions pour un nouveau budget ou sur des textes très importants comme la directive sur les services. Mais pour faire face aux nouveaux défis d’un monde globalisé (énergie, environnement, migrations, recherche, sécurité, etc.), elle a besoin de se rénover et de se doter d’institutions qui lui permettent d’agir de manière plus efficace comme les citoyens le souhaitent. Les institutions ne sont bien sûr pas une fin en soi, mais elles sont une condition de son efficacité.

Comment peut-on sortir de l’impasse institutionnelle actuelle ? Dix huit pays ont ratifié le projet de traité constitutionnel. Deux pays l’ont refusé. Les autres ne se sont pas prononcés Cette situation s’impose à tous et chacun devra faire un pas vers l’autre, car l’objectif est bien de forger un nouveau consensus à vingt-sept à partir de cette réalité. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est identifier ce qui peut être le consensus qui réunit les 27 États membres en avançant de manière pragmatique, pas à pas, sans a priori. Dans ce contexte, il faut partir de la substance et des équilibres du texte et non pas repartir de zéro. Il faut regarder ce sur quoi les Européens peuvent se mettre d’accord, ce qu’il faut réserver pour plus tard et ce qu’il est possible, aussi, d’ajouter - je pense notamment au social.

Les Jeunes Européens France : En cette année de commémoration du 50e anniversaire du Traité de Rome, peut on espérer qu’il se produise, en 2007, un sursaut pour la construction européenne ?

Catherine Colonna : Il le faut. 2007 doit être l’année de la relance : après une année 2005 difficile, disons-le, et une année 2006 qui a été une année de consolidation avec un certain nombre de bonnes décisions, il faut maintenant aller de l’avant ! il est temps de donner un nouveau souffle au projet européen.

Le 25 mars sera une formidable occasion d’engager la relance de l’Europe

Le 25 mars prochain, ce sera le 50e anniversaire du Traité de Rome. À cette occasion, les dirigeants européens doivent se retrouver pour faire le point et pour adopter une déclaration qui doit être courte, politique, simple et compréhensible par les citoyens. Cette déclaration doit marquer tout d’abord ce que l’Europe nous a apporté depuis 50 ans : la démocratie et une paix durable, ne l’oublions pas, mais aussi un cadre pour notre développement économique et social.

Ce texte doit ensuite affirmer l’ambition européenne pour les 50 années à venir : que pouvons-nous faire, que devons-nous faire et comment devons-nous nous organiser ? C’est cela que représente ce rendez-vous, une formidable occasion d’engager la relance de l’Europe, de lui donner une nouvelle ambition.

Les Jeunes Européens France : Quelles sont les actions qui ont été mises en œuvre pour mieux informer les Français sur l’Europe ?

Catherine Colonna : À la demande du Président de la République, le gouvernement a pris de nombreuses initiatives en ce sens. Vous pouvez toutes les retrouver sur le site diplomatie.gouv.fr, dans les pages me concernant.

À titre d’exemple, à partir de janvier 2007, tout projet qui a reçu des subventions européennes devra le signaler de manière visible par un panneau . C’est important, quand on sait qu’en France, en 15 ans, plus de 140 000 projets ont été soutenus par les fonds européens !
Sur Internet, le site touteleurope.fr, lancé le 2 mai 2006 en partenariat avec la Commission européenne permet chaque jour à environ 10 000 visiteurs d’avoir accès à une information simple et complète sur l’Europe et de prendre la parole sur les grands sujets européens. Dans le même esprit, le 20 février, nous avons lancé le site traitederome.fr : chacun peut ainsi tout savoir sur ce traité de Rome et les événements qui seront organisés pour en célébrer le 50e anniversaire.

En matière d’éducation, le socle commun des connaissances met désormais au cœur de l’enseignement de chaque jeune Française et chaque jeune Français la géographie, l’histoire, les institutions et l’action concrète de l’Union européenne. Par ailleurs, un module « Europe » vient d’être introduit dans le cadre de la Journée d’appel de préparation à la défense, qui concerne 800 000 jeunes de 18 ans par an. Et ce ne sont que des exemples.

Les Jeunes Européens France : Comment faire en sorte selon vous que l’Europe soit l’un des sujets importants de l’élection présidentielle ?

Catherine Colonna : La bonne marche de l’Europe est l’une des clefs de notre avenir, personne ne peut en douter. Il faut donc tout simplement parler davantage de l’Europe, que chaque candidat dise quelle est sa vision de l’Europe, et quelles sont ses propositions. Il y a en réalité peu de sujets strictement nationaux, aujourd’hui. Notre avenir dépend en très grande partie de notre capacité à construire une Union européenne qui nous porte et qui nous protège, et dont la voix porte dans le monde, qui défende mieux notre modèle social.

Notre avenir dépend en très grande partie de notre capacité à construire l’Union européenne

C’est pourquoi il est fondamental que les candidats expriment leurs positions et répondent clairement aux citoyens qui se demandent quel est leur projet politique pour l’Europe, comment on peut relever ensemble les grands défis de demain, quelles sont les réformes à accomplir pour rester dans la compétition économique mondiale, quelle est la solution pour un nouveau traité, etc. Il faut que les Français puissent exercer leur choix démocratique en connaissance de cause.

Présentation de la ministre déléguée aux Affaires européennes : Catherine Colonna est née le 16 avril 1956 à Saint-Symphorien, Tours (Indre-et-Loire).

- Cursus :

1977 : maîtrise de droit.
1978 : DEA de droit public.
1980 : diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, Service public.
1981-1983 : École nationale d’administration (promotion « Solidarité »).

- Carrière :

1983 : secrétaire des Affaires étrangères.
1983-1986 : deuxième secrétaire puis adjoint au chef du service de presse et d’information à Washington.
1986-1988 : en charge des questions européennes et de droit communautaire à la direction des Affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères.
1988-1989 : conseiller technique au cabinet de Maurice Faure, ministre de l’Équipement et du Logement.
1989-1990 : chargée de mission pour les questions européennes auprès du chef du Centre d’analyse et de prévision du Quai d’Orsay.
1990-1993 : sous-directeur de la Presse à la Direction de la Presse, de l’Information et de la Communication du Quai d’Orsay.
1993-1995 : porte-parole adjoint du Quai d’Orsay et directeur adjoint de la presse, de l’Information et de la Communication.
1995-2004 : porte-parole de la présidence de la République.
2004-2005 : directrice générale du Centre national de la cinématographie.
2005-2007 : ministre déléguée aux Affaires européennes

Illustration : photographie de Catherine Colonna issue du site du Diplomatie.gouv.fr.

Vos commentaires
  • Le 5 mars 2007 à 08:20, par Valéry En réponse à : Donner un enjeu lisible aux élections européennes

    La réponse relative aux élections européennes ne me semble pas entièrement convaincante.... il s’agit juste d’un voeu pieu pour que les candidats parlent d’Europe. Or une campagne électorale se structure sur un enjeu de pouvoir. Une solution plus réaliste serait de donner un enjeu clair à cette élection.

    Le public informé sait que le rôle des eurodéputés est essentiel pour déterminer les orientations des lois européennes (on le constate dans de nombreux articles du Taurillon sur le Parlement européen). Mais il me semblerait que l’élection intéresserait plus si elle comportait aussi un enjeu de personne et les partis politiques européens doivent dire aussi clairement qui ils soutiendront pour la présidence de la Commission européenne.

    L’élection doit avoir un enjeu lisible. Les candidats doivent avoir une réponse à la question : « Nous allons voter, qui va gouverner ? ».

  • Le 5 mars 2007 à 09:25, par Calvinus En réponse à : Catherine Colonna : « il est fondamental que les candidats donnent leur projet politique pour l’Europe »

    « Tout simplement parler davantage de l’Europe »... « Dire sa vision de l’Europe »... Voilà qui invite les candidats à cette rhétorique sans véritable engagement qui ruine la confiance de l’électeur dans la classe politique.

    Leur demander des propositions ? Il en pleut de toute part ! Hélas ! La plupart manque de toute référence au contexte européen dont la considération s’impose dans toutes les affaires majeures, puisque, comme Madame Colonna le dit si pertinemment, « il y a en réalité peu de sujets strictement nationaux ».

    Il nous reste à exiger

    A - deux réponses : 1) comment accommodez-vous votre programme à la place de la France au sein de l’UE ? 2) quel est votre programme pour votre prochaine présidence de l’UE ?

    B - une déclaration essentielle : « Etes-vous prêt à demander aux citoyens français de confier à l’Union Européenne une partie de leur souveraineté, jusqu’ici confiée à la République Française, dans les domaines de compétence où cette dernière n’est plus en mesure de l’assumer effectivement ? »

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