Elections écossaises : vote protestaire ou indépendantiste ?

Deuxième partie de l’analyse des résultats électoraux en Ecosse

, par Traduit par Emmanuel Vallens, Anonymous

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Elections écossaises : vote protestaire ou indépendantiste ?

Difficile de croire que les Ecossais ont voté pour le SNP en signe de protestation contre le Parti travailliste de Tony Blair, ou même contre l’exécutif écossais de Jack McConnel, dont les résultats de quatre années de gouvernement sont certes modestes, mais pas inconsistants.

L’époque du vote protestataire pendant la guerre contre l’Irak est bel et bien révolue. Les électeurs avaient le choix entre quatre grands partis. Si le vote écossais n’était que protestaire, la part des Libéraux et des Conservateurs aurait crû, et non diminué. Les voix travaillistes se seraient réparties plus égalitairement entre les différents partis. Pourtant, c’est le SNP qui y a gagné, et par un nombre incroyable de vingt sièges en plus par rapport au scrutin précédent. Pourquoi ces voix se sont-elles concentrées sur le SNP, le seul parti à faire campagne pour l’indépendance ?

La seule réponse possible est que le soutien populaire à l’indépendance n’a jamais été aussi élevé. Si les électeurs avaient voulu punir les Travaillistes mais rejetaient l’indépendance, ce sentiment se serait manifesté par l’accroissement du vote libéral et, dans une certaine mesure, celui du vote conservateur. mais ce n’est pas ce qui s’est passé.

Conséquences sur le Royaume-Uni

Il se trouve que Gordon Brown, le député qui a le plus de chance de succéder à Tony Blair, est écossais. Les sondages récents montrent que, suite aux résultats des nationalistes en Ecosse, 30% du reste du Royaume-Uni seraient opposés à un Premier ministre écossais. Peut-être que quelqu’un devrait dire aux Anglais qu’ils ont déjà un premier ministre écossais, puisque Tony Blair est né en Ecosse, chose dont peu d’entre eux sont conscients !

Alex Salmond travaillera-t-il de façon constructive avec Londres ? Ou bien y aura-t-il des controverses permanentes et des antagonismes entre les deux exécutifs ? Le SNP a promis de travailler dans l’intérêt de l’Ecosse, en coopérant avec Gordon Brown. Mais ces engagements restent encore soumis à l’épreuve des faits.

Si le SNP parvient à constituer une coalition et à atteindre son objectif référendaire, la souveraineté et l’intégrité de l’Etat britannique seront mises en cause. Le SNP devra prouver qu’il est capable de gouverner l’Ecosse avant de lui demander de soutenir son plan de séparation de l’Union. Avec un tiers des Ecossais favorables à l’indépendance, il ne fait pas de doute qu’un référendum est justifié. Et qui peut dire que ce chiffre n’augmentera pas si les nationalistes se révèlent à la hauteur ? Voilà qui doit sans doute donner à penser à Gordon Brown…

Conséquences pour l’Europe

L’euro fait partie du programme du SNP. Il a clairement fait savoir qu’après la séparation de l’Union, il entamerait immédiatement les procédures pour rejoindre la monnaie unique.

Le parti était partagé sur la Constitution européenne, mais Sir Neil McCormick, un ancien député européen indépendantiste, était un membre influent de la Convention sur l’avenir de l’Europe et un soutien actif de la Constitution au Royaume-Uni. Il est probable qu’ils auraient appuyé le traité si l’Ecosse avait été indépendante. De plus, d’après divers sondages réalisés en 2005, l’Ecosse est l’une des « régions » d’Europe les plus favorables à la Constitution.

Globalement, l’Ecosse qui a toujours été proeuropéenne. Elle a tissé des liens historiques avec de nombreuses puissances continentales, notamment la France, et a accueilli depuis des décennies les immigrants venus de pays comme l’Italie, avec lesquels ils ont développé des liens étroits, et qui se sont intégrés à la société écossaise.

Un Ecosse indépendante dans l’Union européenne n’impliquerait pas l’arrivée d’un pays eurosceptiques, mais bien d’un pays prêt à participer à la construction européenne, laissant l’Angleterre isolée comme seul défenseur de l’« Europe économique ».

Il est probable qu’une Ecosse indépendante devrait faire acte de candidature pour rejoindre l’UE, car la sécession de la Grande-Bretagne serait également une sécession de l’UE – à moins qu’elle ne parvienne à un compromis raisonnable avec Bruxelles pour assurer la transition. Il faut donc que l’Europe se prépare à une telle situation dans un avenir proche.

Conclusion

A partir de maintenant, et pendant les quatre années qui viennent, on verra la dévolution à l’œuvre, et il se pourrait qu’elle soit plus efficace avec un parti au pouvoir différent en Ecosse qu’à Westminster. Les indépendantistes exigent de Londres plus de pouvoir, et les disputes et les tensions ne manqueront pas entre les deux capitales. Ce qui est sûr, c’est qu’elles tenteront toutes les deux de persuader l’Ecosse que l’indépendance est soit une bonne, soit une mauvaise chose. Lorsque l’heure du référendum sonnera, les arguments pour ou contre seront probablement très clairs !

Mais pour l’instant, l’Ecosse profite de ce moment révolutionnaire et historique ; nombreux sont ceux qui y voient une nouvelle étape vers la « liberté ». L’heure est venue. L’heure de l’Ecosse.

Photo :

 ’How to win votes and influence people’, source : Matito sur Flickr

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