20 ans d’Erasmus

Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

Histoire et conseils d’un lyonnais à Bologne

, par Benoît Courtin

Erasmus : un an d'une vie pour des souvenirs à vie

Je m’appelle Benoît, je suis étudiant à Lyon 3 et j’ai décidé de partir en Erasmus. Au début j’ai hésité entre l’Irlande et l’Italie, les deux langues que je maîtrise à peu près. Et puis bien vite, mon choix s’est porté sur l’Italie, histoire de passion...

Ma prof de droit italien à Lyon 3 m’a conseillé Bologne tout simplement parce que c’est la meilleure université italienne pour étudier le droit communautaire et européen en général. L’offre de cours y est gigantesque. Mais bon c’est aussi la meilleure université italienne tout court... J’ai donc choisi le meilleur, normal non ? Voilà quelques moments d’un expatrié.

Le début : la prise de marques

Au début c’est la galère si on ne connaît personne. Mais il ne faut pas hésiter à aller vers les autres, car c’est avant tout pour ça qu’on s’expatrie une année. Et puis les choses rentrent dans l’ordre petit à petit. On trouve le logement qui va bien grâce aux petites annonces de coloc affichées dans la rue Zamboni, la rue de la fac de droit, de littérature, d’études européennes, d’économie… et puis très vite les cours commencent. Et là, c’est reparti pour la galère. Qu’est-ce que c’est que cet accent ??? Qu’est-ce qu’il raconte ce prof ? Est-ce que je vais arriver à passer mes exams ? Un tas de questions se posent, mais finalement, les réponses viendront rapidement.

Au fil des jours, la langue se délie, on apprend chaque jour sans s’en rendre compte et ce prof qu’on méprisait à cause de son accent d’on ne sait où nous devient familier, on se surprend même à parler avec son accent. Et puis les cours sont l’occasion de connaître d’autres étudiants, qu’ils soient du pays ou non. On sort avec eux, on se fait des soirées dont on se souviendra toute sa vie, on rentre chez soi on ne sait comment, mais la vie suit son cours et finalement qu’est-ce qu’on est bien à l’étranger.

Les cours commencent à rentrer dans la tête comme s’ils étaient donnés en français. On commence à assimiler le système d’examen. On pensait qu’avec le système L.M.D., dit de Bologne, tout était pareil, mais ce n’est pas le cas !!! Les systèmes sont bien différents. Je vous épargne les subtilités du système italien, ça prendrait des heures. Ce que je conseille à tous, c’est de sortir des sentiers battus quand vous faîtes votre choix de cours. N’ayez pas peur de prendre des matières nouvelles. Par exemple, j’ai pu étudier deux matières enseignées en sciences-po alors que je suis un cursus de droit. Erasmus, c’est l’année pour s’ouvrir à de nouveaux horizons, il ne faut pas laisser passer sa chance.

Les examens : la déception

Décembre. Les vacances approchent, c’est Noël, on va retrouver la famille, le pays, car même si on s’amuse un maximum, quatre mois ça finit par être long pour ses proches. Et là c’est le choc. On s’aperçoit que ce pays dans lequel on a toujours vécu est bien différent de ce qu’on pensait qu’il était. La comparaison est inévitable et elle est même nécessaire. Avant de se plaindre de ce qu’on a chez soi, allons voir chez les autres. C’est ça la philosophie d’Erasmus ! Les vacances passent vite, on a hâte de retrouver les amis. On revient mais cette fois ce n’est pas pour faire des soirées, du moins c’est ce que je pensais ! C’est pour passer les exams du premier semestre. Alors on bosse comme peut-être on n’a jamais bossé, il faut assimiler tout ce nouveau vocabulaire, avaler tous ces livres en un temps record. Et puis on se présente aux exams. Et là, c’est la surprise !!!

Au-delà du système de notation, on s’aperçoit qu’on est surévalué. Révisions courtes et intensives puisque finalement je n’ai pas eu beaucoup de temps à cause de quelques soirées organisées par les copains. Les résultats se révèlent optimaux, je ne pensais même pas pouvoir atteindre des sommets pareils. Mais c’est monnaie courante ici pour les « Erasmus ». Pourquoi ? Mystère. Peut-être grâce à la fameuse barrière de la langue que l’on franchi à grand pas et qui éblouit le prof…

En tous cas les notes montent vite. Finalement les questions sur le programme sont bien gentilles et rapidement, on engage une discussion avec le prof. Mais là aussi ça dépend des profs. Quoiqu’il arrive, ils m’ont tous bien aidé quand je me trouvais en difficulté. Résultat : tous les exams passés du premier coup et maintenant pas mal de temps libre pour faire la fête encore et encore.

L’expérience Erasmus : un monde de rencontres

Inlassablement. Du moins tant que le portefeuille peut suivre parce que malheureusement la bourse Erasmus s’est réduite à peau de chagrin ! Evidemment tous les prétextes sont bons pour faire la bringue : la réussite aux exams, l’anniversaire d’untel, et même l’amour trouvé sur les bancs de la fac… Février arrive et les copains Erasmus qui ne font qu’un semestre sont sur le départ. Quel tord d’avoir choisi qu’un semestre, tous s’en mordent les doigts ! Mais il y a aussi ceux qui n’avaient pas le choix puisque imposé par leurs universités d’origine, une pensée pour eux... Ces départs sont un moment triste, mais on sait qu’on se retrouvera aux prochaines vacances. Et puis les étudiants du deuxième semestre arrivent. Erasmus permet de se forger des amitiés véritables et sincères au-delà des frontières. Là on dit : « merci l’Europe !!! » C’est quand même beaucoup mieux qu’un chat de rencontre !

Donc dans mon cas, je vais aller retrouver une amie à Vienne courant mars, elle reviendra sûrement d’ici-là. Dans une année Erasmus, il faut prendre le temps de s’évader, de découvrir, de se fondre dans la population. Il ne faut pas oublier les voyages. L’avantage particulier d’être à Bologne, c’est qu’on se trouve sur le nœud routier et ferroviaire de l’Italie. De là, toutes les destinations sont possibles. Pour moi l’occasion de visiter toutes les villes de la région : Modène, Ravenne, Ferrare, Rimini, Parme, les autres villes du pays comme Florence, Venise, Milan, Rome… et les pays voisins qui sont à quelques centaines de kilomètres au lieu de se trouver à plus de 1000 bornes : Slovénie, Croatie, Autriche, Saint-Marin. Les cours ne recommenceront que fin février, donc ça laisse le temps d’aller skier dans les Apennins et de barouder un peu.

Mon Erasmus : venez étudier à Bologna !

Blason de la ville de Bologne

Bologne, c’est la plus vieille université du monde occidental, elle date de 1088. Cette université a accueilli Machiavel, Michel-Ange, Pisano, Carducci, Dante Alighieri, Pétrarque, Copernic, Volta, Benjamin Franklin, Goethe, Stendhal… M. le Président du Conseil Italien Romano Prodi y est professeur de sciences-po. Bologne a trois surnoms :
 la Rossa pour la couleur politique et l’architecture,
 la Dotta (savante), pour le vivier d’étudiants célèbres qu’elle a connu,
 la Grassa puisqu’elle est considérée par les italiens comme la ville ayant les meilleures tables du pays.

La vie étudiante y est effervescente, tout est fait pour les étudiants, et c’est un peu normal quand on représente le quart de la population de la ville. Plus de 101.000 inscrits en 2003-2004. Et c’est en constante augmentation selon un responsable de l’ESN Bologna (Erasmus Student Network). Plus de 1000 étudiants étrangers à Bologne pour 2006-2007.

Erasmus, c’est aussi l’ESN. Cette association européenne a une antenne dans chaque fac d’Europe ou presque, mais ce qui fait sa particularité c’est qu’elle organise des soirées grandioses, des voyages sympas pour trois sous et ouvre les portes à toutes les rencontres.

Tout cela pour dire que l’expérience Erasmus, « c’est que du bonheur ». Profitez-en si vous n’avez pas encore fini vos études. Partez !! N’ayez pas peur de choisir des destinations exotiques, car je suis sûr qu’au-delà de la fantastique Bologna, chaque ville étudiante cache des merveilles insoupçonnables, des rencontres fructueuses, des moments inoubliables.

Ce que je retiendrai de cette année, bien qu’elle ne soit pas terminée, c’est les connaissances, les amitiés, les moments d’insouciance, et puis évidemment, cette langue italienne que je parle presque couramment. Un an d’une vie pour des souvenirs à vie.

Illustrations :
 le visuel utilisé en ouverture est le logo d’ESN (Erasmus Student Network).
 blason de la ville de Bologne, trouvé sur wikicommons

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Vos commentaires
  • Le 6 février 2007 à 12:10, par krokodilo En réponse à : Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

    Puisque vous m’y avez invité, j’ai lu cet article et je vous envoie mon commentaire, qui est que je n’ai cette fois aucun commentaire à faire (!) sinon que ce nouveau témoignage n’a en rien changé mon opinion, indiquée dans le débat du précédent article sur Erasmus.

    Pour répondre à Fabien sur la confusion de mon message au sujet du recueil par Europa des témoignages d’étudiants : je refuse de les lire en anglais alors que l’UE prétend promouvoir le plurilinguisme... A+

  • Le 6 février 2007 à 16:50, par David En réponse à : Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

    Salut Benoit, j’espère que tu apprécies cette jolie ville. J’ai également fait mon erasmus la bas. D’ailleurs si tu as le temps, va donc voir la prof.ssa Rossi, qui enseigne le droit communautaire. Je l’avais eu comme prof : non seulement elle est excellente mais c’est une fédéraliste convaincue qui a toujorus un point de vue intéressant sur les questions européennes. Sans compter, que c’est précisemment à Bologne où Spinelli avait décidé d’enseigner quelques années, même si c’était pour le compte d’une prestigieuse université américaine... Bref, si tu en as l’envie, c’est un agréable endroit pour se frotter au milieux fédéralistes italiens, à bientôt, david ps : Bologne, outre à être rossa, grassa et dotta est également connue comme la ville des trois T : tortellini, torri e... tette. Divertiti.

  • Le 7 février 2007 à 19:23, par krokodilo En réponse à : Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

    Finalement, l’actualité linguistique s’est chargée de fournir matière à un nouveau message, sans lien direct avec Erasmus mais avec les menaces qui pèsent sur la diversité linguistique, du fait de récentes décisions de la GB : Ci-après, tout chaud sorti dans « Le Monde », d’après « Le Times », un article qui mériterait d’être cité in extenso :

    "Le gouvernement Blair prend des mesures défavorables au français et à l’allemand LE MONDE | 06.02.07 | 15h34 • Mis à jour le 06.02.07 | 15h34«  »Le mandarin, l’arabe et l’ourdou feront bientôt leur entrée dans le club des langues étrangères enseignées dans le secondaire en Angleterre et au Pays de Galles (l’Ecosse a un système autonome). (…) Car, aux termes de cette réforme, les écoles ne seront plus tenues, comme actuellement, de proposer aux enfants de 11 à 14 ans l’enseignement d’une langue parlée dans l’UE. Le ministre de l’éducation, Alan Johnson invoque des motifs économiques et politiques. Le mandarin et l’arabe doivent permettre aux jeunes Britanniques d’être plus attractifs sur le marché mondial du travail. (…) On souligne que celle-ci contredit l’engagement commun pris par l’UE à Lisbonne en 2002 d’encourager l’enseignement d’au moins deux langues étrangères"

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-864117,0.html http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/article1324074.ece

    Lorsqu’il y aura un poste commercial ou financier à pourvoir en rapport avec la Chine, qui aura toutes les chances ? Le jeune ingénieur français qui s’est efforcé d’arriver à un fluent english, ou le jeune Anglais qui aura fait chinois LV1 ?

    C’est une double injustice : la Commission européenne installe progressivement l’anglais comme lingua franca de l’UE, et les Anglais en profitent pour développer un autre avantage linguistique ! Erasmus, à mon avis le plus coûteux système de stages linguistiques jamais imaginé, est un masque qui cache le développement irrésistible de l’anglais dans les instances dirigeantes de l’UE, faute de vraie volonté politique de la France et de l’Allemagne de lutter contre, et à cause de l’ambivalence de nos élus à sur ce sujet. La Commission a-t-elle menacé la GB d’une énorme amende ? Ou seulement réprimandé officiellement la GB ? Non. Les anglophones savent que sur Internet, l’anglais est sur le déclin : le pourcentage est passé de 100% à 35%, à mesure que l’Asie se développe, et ils se tournent vers elle pendant que nous courons naïvement après le fluent english. Je ne cite pas ces articles pour débattre sans cesse mais parce que j’estime qu’il s’agit là d’une affaire très grave, symptomatique du problème de fond non résolu de la communication dans l’UE.

    Avec Erasmus, de jeunes européens enthousiastes s’efforcent d’apprendre une ou deux langues européennes, bravo, mais dans le même temps, les jeunes Anglais apprendront bientôt un peu d’arabe et de chinois, bizness oblige ! Faisons comme eux : privilégions une vraie diversité linguistique. Il faut d’urgence arrêter d’imposer l’anglais à l’école primaire comme c’est le cas depuis quelques années. Et qu’on cesse de dire que c’est le choix des parents : même lorsqu’ils s’organisent pour réclamer un poste en 6e dans une autre langue, ils tombent sur le mur du silence de l’Académie.

  • Le 7 février 2007 à 22:12, par Fabien Cazenave En réponse à : Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

    Je vous signale qu’il y a quelques semaines plusieurs radios avaient signalé une étude (désolé je n’ai pas le lien) où les anglais s’inquiétaient que le global english était défavorable aux anglais qui ne se faisaient pas aussi bien comprendre que les non-natifs.

    Bref, Erasmus est un très bon programme dans l’idée mais qui connaît des ratés : l’accès à ce programme concerne surtout les classes plus aisées (pour des raisons de pratique d’une langue autre que le français + les rouages de l’administration) / le niveau des examens / et d’autres choses.

    Aller étudier à l’étranger est quand même un atout dans votre CV que vous le vouliez ou non.

  • Le 9 février 2007 à 19:11, par Benoît En réponse à : Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

    Salut David, bien évidemment j’irai voir la prof.ssa Rossi puisqu’elle sera ma prof au second semestre. Et oui j’ai oublié de citer les trois T, dsl, il y en a ici qui vont m’en vouloir... A bientôt. BEN

  • Le 11 janvier 2009 à 18:34, par Pauline En réponse à : Erasmus : un an d’une vie pour des souvenirs à vie

    Bonjour,

    Je suis étudiante en master 2 droit privé (personnes/famille)a Toulouse et je souhaiterais partir un an en Italie pour completer ma formation avec du droit communautaire, droit européen et droit international. Je suis un peu perdue dans mes démarches. Pourriez vous me conseiller ? Merci

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