François Hollande contre le « monstre fédéral »

, par Sauvons l’Europe

François Hollande contre le « monstre fédéral »
François Hollande lors des cérémonies du 11/11/12 - Source : wikipedia / Remi Jouan (CC)

Le président de la République a déclaré qu"il ne croit plus aux États-Unis d’Europe. Sauvons l’Europe analyse les raisons de ce positionnement. La rédaction du Taurillon trouve qu’ils ont raison de mettre au coeur de la future évolution de l’Europe l’enjeu de la démocratie. Voici leur tribune.

C’est le drame de l’été ! Dans la torpeur qui précède la rentrée, François Hollande a livré sa pensée à nos estimés confrères du Monde (article payant) et au passage quelques phrases sur l’Europe, aimablement citées par Fabien Cazenave.

Il déclare notamment Je ne vois pas encore suffisamment de volonté de participer à un idéal commun. Je ne crois pas aux États-Unis d’Europe. Commençons à faire en sorte que les États soient unis pour l’Europe.

Ce passage blesse à mort les fédéralistes, longtemps persuadés que François Hollande était l’un des leurs, sous cape. Il n’en était rien et il se révèle seulement un fervent pro-européen, mais totalement dévoué au maintien de la place de la France au Conseil Européen. Même la périphrase « Fédéralisme d’États-Nations », grand leg Delorien dont la lumineuse obscurité permettait de clore toute discussion, n’a pas été décrochée de son mur.

Sauvons l’Europe s’est toujours montrée très prudente devant la revendication fédérale, dont le contenu exact est désormais bien lâche. Qu’est-ce que le fédéralisme ? Nous avons mis en commun notre monnaie, nous décidons en commun de nos équilibres budgétaires et la Commission se permet même de suggérer très lourdement quelles politiques sociales nous devons mener. Sommes-nous une fédération ? Une confédération ? Un autre genre de truc ? Au lieu de s’affronter sur des termes, regardons plutôt ce que nous mettons dessous. Et les déclarations de François Hollande deviennent assez compliquées à relier entre elles.

En substance, François Hollande déclare être favorable à :

  • l’Europe de l’énergie
  • la défense européenne
  • une coordination des politiques économiques
  • une harmonisation fiscale et sociale
  • un salaire minimum européen
  • un budget européen digne de ce nom
  • des prises d’initiatives politiques fortes

Mais à condition que :

  • chacun son rythme
  • on ne change pas les traités
  • les États soient d’accord entre eux C’est mal barré ! Les deux listes sont passablement contradictoires !

En somme, il y a ce qu’on aimerait faire, les impératifs posés, et puis on va se démerder pour rester vaguement à flot. Sauf qu’on ne restera pas à flot, la crise de l’Euro nous le montre. Dans la crise mondiale, la chute européenne est l’exception dans le monde développé. En large partie, notre panne économique provient de ce que nous avons créé un espace économique européen mais pas d’espace institutionnel. En cas de dérèglement économique, il n y a pas de forces de rappel suffisantes. Sur tous les fronts, taxe sur les capitaux, harmonisation fiscale ou sociale, Europe bancaire, Europe de la dette, nous ne parvenons à faire des choses que trop tard, trop peu, et au bord du gouffre.

Le choix est simple : soit on défait l’intégration économique européenne (par exemple avec le contrôle des capitaux à Chypre), soit on intègre les institutions. Et nous avons pour ce faire un magnifique outil bien connu des foules : la démocratie. Le sujet n’est pas la présence ou non d’une « volonté de participer à un idéal commun » mais tout simplement de décider par le vote des politiques de l’Europe. À l’heure actuelle, l’Europe est largement rejetée parce qu’elle n’est pas démocratique. Quels citoyens ont donné leur aval à cette politique d’austérité tous azimuts ? Elle est imposée à tous par les quelques États qui tiennent les cordons de la bourse européenne, et ne veulent pas l’ouvrir. Ce sont les électeurs qui nous diront, en votant, s’ils ont un terrain d’entente global sur ce que doit faire l’Europe, ou s’il y a des divergences irréconciliables. Il suffit de leur demander et ça tombe bien on a des élections dans neuf mois.

Encore faut-il que ces élections soient honnêtes : les partis de gauche comptent-ils faire campagne sur Et maintenant, l’Europe sociale pour la huitième fois, puis laisser gouverner les États et la Commission ? Les électeurs se sont fait gruger sept fois et ne viendront plus voter. À moins que… la future coalition parlementaire europrogressiste s’engage à désigner une Commission chargée de mettre en œuvre son programme électoral comme dans n’importe quelle démocratie ? Les traités le permettent, et après tout faire à Strasbourg et Bruxelles ce qu’on fait tous les jours à la maison, ça ne doit pas être si difficile, non ?

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