Avenir de l’Europe

Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

Le Secrétaire d’Etat était à Sauvons l’Europe samedi 6 octobre 2007

, par Fabien Cazenave

Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l'adoption du Traité au prochain Conseil européen »

Sauvons l’Europe organisait à l’occasion de son Assemblée Générale une rencontre avec le Secrétaire d’Etat chargé des Affaires Européennes, M. Jean-Pierre Jouyet, où le Taurillon était partenaire. Un dialogue s’est instauré avec la salle notamment sur la Présidence française du Conseil de l’Union européenne qui interviendra mi-2008. En voici les principaux points.

L’attente des participants à ce dialogue était importante. Que cela soit Chantal D. (adhérente de Sauvons l’Europe Île de France) ou Nathalie H. (simple citoyenne), les personnes dans la salle souhaitaient fait le point sur l’ « actualité européenne », estimant que les médias traditionnels ne leur donnaient pas satisfaction. D’autres comme Claude D. (adhérent CFDT) voulaient savoir ce qu’il en était « au niveau social » en raison de l’actualité sur les services postaux libéralisés.

M. Jean-Pierre Jouyet fêtait ses « retrouvailles » avec cette association qu’il avait co-fondé il y a 2 ans. Après une introduction où il plaçait le couple franco-allemand comme un « moteur toujours important » mais désormais au service des 27 autres partenaires, il a répondu aux questions de la salle sur différents sujets.

Le traité simplifié

Sur le Traité « simplifié », M. Jouyet est confiant. D’après lui, il n’y a plus grand chose à craindre de la Pologne qui, même si elle connaîtra des élections deux jours à peine après le Conseil européen du 19 octobre, n’aurait plus comme réserves que les questions touchant aux avocats généraux à la CJCE et le compromis de Ionina (sur le décompte des voix). Les points à discuter sont plus difficiles avec le Royaume-Uni.

Il a tenu à rassurer quant à la valeur juridique de la Charte des Droits Fondamentaux. Celle-ci aura bien une valeur contraignante (sauf pour le Royaume-Uni). Du côté français, le Gouvernement s’engage à la faire publier au Journal Officiel avant la fin de l’année.

Le Secrétaire d’Etat a confirmé la volonté du Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, de passer par la voie parlementaire pour la ratification. Il devrait y avoir au moins 23 pays sur 27 qui auront ratifié par voie parlementaire au moment de la Présidence française de l’Union, qui espère clore ce dossier institutionnel à ce moment-là. M. Jouyet a insisté sur le fait que tous les partenaires européens « veulent sortir de la querelle institutionnelle qui dure en réalité depuis Maastricht il y a 15 ans ».

La Présidence française du Conseil de l’Union européenne à la mi-2008

Jean-Pierre Jouyet a confirmé les grands chantiers prévus pour la Présidence française : l’environnement, la sécurité énergétique, la protection des Européens. Un protection avec un sens très-très large : l’immigration en fait partie intégrante au même titre que la défense européenne. Il annonce également un « Erasmus + » sur les mêmes bases que les programmes Leonardo et autres. Babette Nieder (Génération Europe 21) ou Gaëtane Ricard Nihoul (Notre Europe) s’interrogent ainsi avec Les Jeunes Européens - France sur les modalités précises de ce plan qui ne doit pas s’ajouter à ceux déjà existant. Dans la salle, Jocelyne P. craignait ainsi qu’on ne fasse que « ré-ajouter un programme, ou alors, il faut dire que les précédants sont inefficaces ».

M. Jouyet : le Service civil européen est une très bonne idée

A la question de Karim-Pierre Maalej (Jeunes Européens - France) sur le fait de savoir si le Service Civil Européen (SCE) pouvait faire partie de cet Erasmus +, M. Jouyet l’a qualifié de « très bonne idée » qui pourrait être portée par la Présidence française.

Pauline Berlioz (Confédération étudiante) s’inquiétait de savoir où nous en étions du Processus de Lisbonne qui doit se terminer en 2010 et qui n’a toujours pas atteint ses objectifs. La question du financement étant liée aux stratégies à mettre en oeuvre pour aboutir à l’Europe de la connaissance, le Secrétaire d’Etat semblait converger vers sa proposition de « Fondation européenne qui capteraient les financements publics et privés qui seraient répartis sur des pôles d’excellence européanisés ».

M. Jouyet a voulu démontrer sa bonne volonté auprès de la Société civile qu’il annonce comme devant participer à la préparation de la Présidence afin de faire une « Europe proche des citoyens », de manière participative ou décentralisée.

Budget et BCE

Les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le rôle de la Banque Centrale Européenne (BCE) durant la crise des « Subprimes » avaient créé la polémique. M. Jouyet, à l’aise sur le terrain des finances du fait de sa formation à la Cour des Comptes, a donc tenu à souligner que la France ne souhaitait pas remettre en cause l’indépendance de la BCE, tout en prêchant pour un meilleur dialogue entre celle-ci et les Ministres de l’économie de chaque pays, notamment « sur les mesures qui ont un impact sur la vie quotidienne ». S’il refuse de parler de gouvernance économique (« cela irrite les Allemands ») pour la zone €uro, il appelle à plus de compétences pour l’€urogroupe afin de pouvoir avoir une meilleure coordination avec les monnaies administrées (comme le yuan chinois) avec lesquelles l’€uro est en concurrence.

Sur le budget « à 1% » de l’Europe, le Secrétaire d’Etat espère bien profiter de la révision du budget européen qui interviendra au moment de la Présidence française pour mieux répartir les fonds. Il annonce ainsi clairement qu’ "il ne faudra pas rester immobile sur la question de la PAC« . La France veut ainsi mettre l’accent sur »3 pôles essentiels" : l’innovation et la recherche, l’éducation et la formation, la politique extérieure et la défense.

S’il n’est pas hostile à mener une réflexion sur le montant du budget que beaucoup considèrent comme par trop limité, il propose en contre-partie d’ « opter pour des évaluations en parallèle des différentes politiques européennes pour convaincre les autres partenaires ». Il plaide aussi pour une meilleure répartition du « fardeau » budgétaire, visant nommémant les Britanniques.

Un dialogue apprécié par la salle

En terme de relations (avec le) publiques, M. Jouyet a réussi sa journée. Antonin L. a aimé « voir qu’il était prêt à parler de tous les sujets et qu’il avait envie de faire avancer l’Europe politique ». « C’est appréciable de voir un Ministre nous rappeler que nous devons nous battre pour demander l’Europe politique alors que tous nos partenaires ne sont pas d’accord avec ça », estime Chrisitine C. venue "pour découvrir l’ancien dir’cab de Jacques Delors à la Commission".

Il est clair que M. Jouyet a paru à l’aise. Il n’a pas hésité ainsi à marquer ses points de vue personnels comme sur la Turquie (plutôt favorable à son adhésion) ou sur le 9 mai qu’il préférerait voir férié (à la place du 8 mai) et comme un jour de fête entre tous les européens.

S’il estime qu’après le Traité modificatif, il n’est pas encore temps d’une nouvelle Convention, c’est parce qu’il appelle « à ré-inventer d’abord le rêve européen ». Nous vous prenons aux mots M. Jouyet et les Français favorables à l’Europe politique attendent désormais des actes à vos promesses.

Illustration :
 visuel d’ouverture créé par Sauvons l’Europe.
 photographies de la salle au moment de l’intervention de M. Jouyet prises par Karim-Pierre Maalej des Jeunes Européens - France.

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Vos commentaires
  • Le 15 octobre 2007 à 02:42, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    Il n’est pas encore temps pour une nouvelle Convention ? Je vois que M.Jouyet s’en tient à la ligne officielle qui consiste à dire que le Traité Modificatif est censé remplacer la Constitution. Mais seule une seconde Constitution peut remplacer la première, un simple Traité ne peut prétendre le faire. Alors si, en quelque sorte, nous avons le choix entre une nouvelle Convention et ce Traité modificatif, n’est-ce pas un formidable encouragement à faire échouer la ratification de ce Traité ?

    De toute manière, peu importe, on sent bien que l’avenir de l’Europe politique se joue au sein des Etats du noyau dur (France, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Autriche, Italie, Espagne) : la BCE n’a-t-elle pas demandé expressément à ne pas être considérée comme une institution de l’UE ? On voit bien que le discrédit qui frappe l’Union molle à 27 est très fort. On en est arrivé au point où la coopération franco-allemande fait plus pour l’Europe que la Commission européenne (je pense en particulier à l’Eurocorps et aux synergies techniques très étroites en matière d’équipements militaires, avec notamment l’A400M et l’Eurocopter Tigre).

    Le moment me paraît venu de pousser pour une construction fédérale (pourquoi pas à la suisse, par exemple) entre les Etats du noyau dur, n’en déplaise aux utopistes qui se complaisent dans le refus d’un Etat européen national (et même s’il est bien sûr douloureux d’exclure a priori beaucoup de nos amis européens qui ne veulent pas aller aussi loin que nous dans l’unification). D’ailleurs, l’intégration politique a déjà commencé en coulisses, même si nos gouvernants s’en défendent. Notre tâche va consister à dépasser le stade de la simple coopération pour parvenir à une intégration nationale européenne comme pour l’euro et la Zone Schengen. Bien sûr, nous ne parlerons pas d’intégration fédérale frontalement, mais nous devrons utiliser tous les moyens utiles pour vraiment mutualiser les instruments de souveraineté des Etats du noyau dur. A ce propos, je me félicite de l’ouverture prochaine de nouvelles sections consulaires franco-allemandes, c’est un premier pas intéressant.

    Amitiés européennes

  • Le 15 octobre 2007 à 07:47, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    Il est clair que si le Conseil européen « se passe bien », le Traité ne devra être qu’un moyen de rebondir...

    Mais nous verrons si l’association de la Société civile promise sera tenue !

  • Le 15 octobre 2007 à 18:40, par Ronan En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    Tout ça c’est fort sympathique mais je ne vois actuellement nulle volonté politique apparaître sur aucun de ces sujets : ni sur le thème du noyau dur, ni sur le thème de la Convention, ni sur l’intégration de la Suisse à ce prétendu ’’noyau dur’’ qui - en fait - n’existe pas, sinon dont nos rêves (hormis dispositifs ’’ad hoc’’ de la zone Euro).

    Pour ma part, je parlerai donc plutôt de ’’noyau mou’’. Et si le discrédit de l’Europe à 27 est effectivement fort, la volonté de réforme reste cependant bien faible... à commencer par chez les pays fondateurs : prétendues ’’locomotives’’ erreintées et sans élan dudit ’’noyau mou’’.

    Gare à ne pas ’’concevoir’’ - donc (en solitaire...) - une Europe idéale qui - abstraction faite de toute réalité politique tangible (entre un A400M qui ne se vend pas et un Eurocorps disparate dont même les armes légères ne sont pas standardisées...) - réduite à n’être qu’une vision de l’esprit - ne sera jamais guère plus qu’un... songe.

    PS : Une ’’construction fédérale’’ entre les Etats européen, c’est l’avenir idéal ; mais pourquoi affubler cette construction ’’idéale’’ du terme ambiguë d’ ’’Etat européen national’’ (et, surtout, pourquoi ’’national’’). Je sais que ce n’est que de la sémantique, mais accoler les termes ’’construction européenne (à la mode fédérale)’’ et ’’national(isme)’’ n’est-ce pas profondément antinomique ?!

  • Le 15 octobre 2007 à 23:05, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    « Tout ça c’est fort sympathique mais je ne vois actuellement nulle volonté politique apparaître sur aucun de ces sujets »

    Ah, parce que tu crois que Sarko et Merkel vont te téléphoner pour te dire qu’ils essayent de contourner en douce le « Non » des Français à la Constitution ?

    « ni sur l’intégration de la Suisse à ce prétendu ’’noyau dur’’ qui - en fait - n’existe pas, sinon dont nos rêves (hormis dispositifs ’’ad hoc’’ de la zone Euro). »

    Relis mon commentaire, je ne parle pas d’intégrer la Suisse au noyau dur, je propose de nous intéresser au modèle suisse qui est, en quelque sorte, pour simplifier, une « fausse confédération » (encore que...) et qui parvient à assurer un dialogue fécond entre les cantons et l’Etat fédéral. En tout cas, le modèle suisse semble moins en crise que le modèle du fédéralisme allemand, même si le système des « votations » ne me paraît (heureusement) pas transposable en-dehors de la Suisse. (Cela dit, le modèle suisse est aussi menacé par les populistes et le modèle allemand a aussi du bon, soyons justes).

    « Pour ma part, je parlerai donc plutôt de ’’noyau mou’’. Et si le discrédit de l’Europe à 27 est effectivement fort, la volonté de réforme reste cependant bien faible... à commencer par chez les pays fondateurs : prétendues ’’locomotives’’ erreintées et sans élan dudit ’’noyau mou’’. »

    Tu confonds quatre choses : 1) la relance européenne par les institutions de l’UE et celle par des coopérations renforcées entre les pays qui veulent aller plus loin et 2) les « pays fondateurs » et les « pays du noyau dur ». Ai-je besoin de te citer l’exemple des Pays-Bas ? En outre, l’Espagne n’est entrée dans la CEE qu’en 1986, et pourtant elle participe à ce noyau dur. Il ne faut pas confondre ancienneté dans l’Union et état d’esprit intégrationniste, même si les Etats qui sont sur la même longueur d’ondes en matière d’Europe-puissance sont souvent des « Grands anciens ».

    « Gare à ne pas ’’concevoir’’ - donc (en solitaire...) - une Europe idéale qui - abstraction faite de toute réalité politique tangible (entre un A400M qui ne se vend pas et un Eurocorps disparate dont même les armes légères ne sont pas standardisées...) - réduite à n’être qu’une vision de l’esprit - ne sera jamais guère plus qu’un... songe. »

    Cette Europe n’est pas idéale, elle est déjà bien réduite par rapport à l’UE à 27, elle est assez uniforme, riche, un tantinet néo-colonialiste et égoïste. Je ne vois pas trop où est le rêve, c’est juste du froid réalisme. Mais c’est ce dont on a besoin.

    L’A400M a vocation a équiper les armées européennes, c’est bien suffisant dans un premier temps. Faire semblant d’ignorer ce détail, c’est de la mauvaise foi. S’il concurrence les productions de Lockheed plus tard, ce sera tant mieux, mais pas dramatique dans le cas contraire. (Il paraît que, en plus, le Tigre est une sacrément bonne machine, aux dires des experts).

    Pour l’Eurocorps, effectivement, c’est un corps disparate. Mais ce n’est pas le plus gênant. Le plus gênant, c’est que ce ne soit qu’un corps d’armée (60 000 hommes). L’avenir dira s’il sera amené à tenir une place plus importante dans la défense européenne ou s’il sera carrément doublé par les armées nationales en synergie.

    « Je sais que ce n’est que de la sémantique, mais accoler les termes ’’construction européenne (à la mode fédérale)’’ et ’’national(isme)’’ n’est-ce pas profondément antinomique ?! »

    Je parlais bien sûr du patriotisme européen (le concept positif lié à la création d’une ensemble national, c’est le patriotisme plus que le nationalisme).

    Comme de trop nombreuses personnes, tu sembles incapable de dissocier le sentiment national du niveau des Etats membres, alors que c’est bien du sentiment national européen que l’on te parle, pas d’un « rêve » européen qui s’élèverait au-dessus des contraintes nationales. (Tu es bien d’accord avec moi que les Etats-Unis sont une création nationale ? Et pas la peine de me répondre que « l’Europe, ce n’est pas pareil », l’argument est éculé).

    Mais vu que tu sembles être de mauvaise foi, ça ne m’étonne pas. C’est juste dommage que, par ton incapacité à percevoir la construction européenne comme un ensemble de procédés concrets et par ton souhait de voir l’aventure intégrationniste échouer, tu sembles vouloir te placer dans le camp des vaincus socialement, si tu n’y es pas déjà (oui, je sais, c’est dégueulasse de penser comme ça, mais comme - selon toi - tout cela n’est qu’un rêve, ce n’est pas bien grave, n’est-ce pas ?)...En tout cas, merci de m’avoir permis de fournir une longue réponse grâce à tes approximations diverses.

  • Le 16 octobre 2007 à 06:51, par Ronan En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    Je voulais juste dire que je ne voyais précisément absolument aucune volonté intégrationniste là où tu dis en percevoir. Et je pense que c’est là un très gros problème.

    Car si on continue de surréaluer la volonté de nos hommes politiques (comme on le fait régulièrement depuis... Nice ?!), non seulement on se prive de la réactivité militante nécessaire pour pouvoir espérer infléchir les choses (bref : on se désarme et on se tire dans le pied...), mais - également - on va très certainement au devant de nouvelles graves désillusions.

    Par ailleurs, ce n’est pas que je sois ’’incapable de dissocier le sentiment national du niveau des Etats membres’’, c’est - limite - que je ne trouves ça (i. e : le sentiment national) pas très sain et que je souhaites pécisément que l’Europe se construise sur d’autres bases (voir par ailleurs, sur ce webzine).

    Pour ce qui est de l’A400M, la situation est quand même bien pire que celle que tu décris : tout comme le rafale, ce produit est complètement invendable et même le Portugal, à l’heure actuelle, n’en veut pas.

    Enfin,quant à dire que tu voulais parler de ’’patriotisme européen’’ plutôt que de ’’nationalisme’’ alors que c’est pourtant bien ce dernier terme que tu utilises, c’est sans doute que je ne suis sans doute pas le seul à faire preuve ici d’approximations.

    Pour terminer, je ne crois pas être ici ni le plus de mauvaise, ni le plus agressif (sans même parler du ’’socialement vaincu’’). c’est très probablement l’une des toutes première fois en deux ans d’existence du webzine qu’on y lis des insultes à demi-déguisées. C’est là une grande première : Félicitations !

    Pour résumer, l’essentiel de mon propos était le suivant : quitte à militer pour obtenir quelque chose des pouvoirs publics, plutôt que de nourrir des projets irréalistes et sans relation avec le réel, que les JE (dont tu es ?!) commencent donc par donner un grand coup de pied au derrière de tous ces chefs d’Etat et de gouvernement qui semblent aujourd’hui se contenter de l’actuel ’’noyau mou’’.

    Puisque c’est précisément cela le problème. Bref, comme l’a régulièrement écrit un autre contributeur de ce webzine : le meilleur de faire aujourd’hui évoluer l’Europe, c’est de s’en montrer mécontent et d’en exiger la réforme (pas de se livrer pieds et poings liés aux obscurs désirs et volontés fluctuantes des chefs d’état et de gouvernement).

  • Le 16 octobre 2007 à 07:40, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    Ronan, on peut avoir des débats vifs de temps en temps... Chez Quatremer, les débats sont autrement plus agressifs.

    Néanmoins, je suis sûr qu’Olivier et toi ne dépasserez pas plus les « limites ».

  • Le 16 octobre 2007 à 11:34, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    « Je voulais juste dire que je ne voyais précisément absolument aucune volonté intégrationniste là où tu dis en percevoir. Et je pense que c’est là un très gros problème. »

    Je te trouve trop catégorique. La construction européenne est à un tournant et - même si l’on peut effectivement craindre que plus de coopération ne mène pas forcément à plus d’intégration - comment peux-tu exclure cette éventualité absolument et a priori ?

    « Par ailleurs, ce n’est pas que je sois ’’incapable de dissocier le sentiment national du niveau des Etats membres’’, c’est - limite - que je ne trouves ça (i. e : le sentiment national) pas très sain et que je souhaites pécisément que l’Europe se construise sur d’autres bases (voir par ailleurs, sur ce webzine). »

    Je suis tout à fait en accord avec toi sur le fait que ça peut ne pas être sain (je célèbre d’ailleurs régulièrement les défaites de l’équipe de France de foot et de rugby) et tout à fait en désaccord sur le fait qu’il faille (pour l’instant) rechercher d’autres bases. Cela fait cinquante ans qu’on le fait et même cette Europe « light » est remise en cause maintenant. On est à un moment où l’idée nationale fait recette, tu veux en priver l’Europe et c’est toi qui me traite d’idéaliste ?

    « Pour ce qui est de l’A400M, la situation est quand même bien pire que celle que tu décris : tout comme le rafale, ce produit est complètement invendable et même le Portugal, à l’heure actuelle, n’en veut pas. »

    Euh...il ne t’est jamais venu à l’esprit que le Portugal puisse être un Etat légèrement atlantiste et eurosceptique ? (Je te rappelle que l’Italie s’est désengagée du programme A400M sous l’impulsion de Berlusconi en 2001). En outre, Airbus n’a pas les mêmes ambitions commerciales pour un avion militaire que pour ses modèles civils, ça paraît quand même compréhensible, non ? Au chapitre des « insultes voilées », d’ailleurs, bravo pour ton « même le Portugal », merci pour eux... :-) Et j’allais justement parler du Rafale. :-)

    « Enfin,quant à dire que tu voulais parler de ’’patriotisme européen’’ plutôt que de ’’nationalisme’’ alors que c’est pourtant bien ce dernier terme que tu utilises, c’est sans doute que je ne suis sans doute pas le seul à faire preuve ici d’approximations. »

    Bien sûr que je vais utiliser les deux termes puisque ces deux valeurs sont présentes dans le débat européen, même chez les fédéralistes.

    « Pour terminer, je ne crois pas être ici ni le plus de mauvaise, ni le plus agressif (sans même parler du ’’socialement vaincu’’) »

    En effet, tu as à peu près « rectifié le tir » dans ce nouveau message, que je trouve plus posé et plus réfléchi que le précédent. Pardon si je t’ai pris pour un de ces « vaincus » qui viennent régulièrement déverser leur bile sur les forums européens, j’avoue que j’ai un peu hésité sur tes motivations.

    « Pour résumer, l’essentiel de mon propos était le suivant : quitte à militer pour obtenir quelque chose des pouvoirs publics, plutôt que de nourrir des projets irréalistes et sans relation avec le réel »

    Décidément, tu y tiens, à ton « monopole du réel », en toute modestie...

    « que les JE (dont tu es ?!) »

    Non, je ne suis pas membre des JE, même s’ils me sont sympathiques.

    "commencent donc par donner un grand coup de pied au derrière de tous ces chefs d’Etat et de gouvernement qui semblent aujourd’hui se contenter de l’actuel ’’noyau mou’’.

    Puisque c’est précisément cela le problème. Bref, comme l’a régulièrement écrit un autre contributeur de ce webzine : le meilleur de faire aujourd’hui évoluer l’Europe, c’est de s’en montrer mécontent et d’en exiger la réforme (pas de se livrer pieds et poings liés aux obscurs désirs et volontés fluctuantes des chefs d’état et de gouvernement).« Ah, nous y voilà, la dimension protestataire et le confort du »coup de pied au cul". Les gens qui pensent comme toi (j’en connais pas mal) ont fait ça en 2005 avec la Constitution européenne et vous avez ramassé Sarko pour au moins cinq ans. Ca ne vous suffit pas ? Vous en voulez encore plus ? Moi je crois que les rêveurs, ce sont ceux qui s’accrochent à une Europe complètement détachée des valeurs nationales (même si j’ai bien conscience que, malheureusement, les couches les plus fragiles de la population sont tentées de se raccrocher à la seule nation française, pas à une idée nationale de l’Europe) et qui fait passer la dimension sociale avant la dimension politique (même si ce n’est pas facile de délaisser le social quand on est social-démocrate ou plus à gauche).

    Je crois que tu vas pouvoir exiger des réformes encore longtemps (ce qui est une posture très confortable, je le nie pas) pendant que d’autres en feront en douce dans les couloirs des consulats...

  • Le 16 octobre 2007 à 15:58, par david En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    olivier. la question n’est pas d’être critique à tout prix ou pas. Les Jeunes européens et l’ensemble des fédéralistes et des mouvements européens ont soutenu le processus conventionnel. Et ils ont soutenu la Constitution. Le problème aujourd’hui est que depuis l’échec du référendum, les gouvernements natioanux n’agissent plus comme des alliés de l’Europe mais représentent probablement un de ces pires ennemis. C’est vrai pour l’essentiel des gouvernements et le dernier Conseil européen en a été la démonstration. Le retour de la méthode intergouvernementale, qui avait été abandonnée à la suite de Nice, est en ce sens particulièrement néfaste. Si quelque chose de positif sort de ce nouveau traité ce sera l’oeuvre de la Convention (il s’agit en fait des dispositions reprises de la Constitution). Toutes les autres modifications par rapport au texte de la Constitution sont des reculs, ce qui n’est pas étonnant, puisque les gouvernements n’ont pas la volonté de faire avancer l’Europe. Ainsi, tant que les reformes se feront en douce dans les couloirs des consulats comme tu dis, l’Europe disfonctionnera. Il faut arrêter de lancer des anathèmes aux gens pour un oui ou pour un non. Ronan fut un ardent défenseur de la Constitution et du travail de la Convention. Il est mécontent de la situation actuelle comme beaucoup de ceux qui ont soutenus le processus conventionnel, cela n’en fait pas un militant gauchiste, idéaliste, se nourrissant d’une posture exclusivement critique, ect, ect... David

  • Le 16 octobre 2007 à 17:29, par Fabien En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    D’autant que Ronan a raison de souligner que c’est aussi aux citoyens de se démener pour influer sur nos hommes politiques.

    Le peu de réactions des citoyens est un bon alibi pour eux.

    Pour autant, est-ce que le Traité en question est une bonne chose si rien d’autres n’est proposé ?

    Le fait d’avoir passé autant dans la rue avec Ronan et d’autres à tracter depuis la fin du référendum (après tant de kilomètres parcourus durant la campagne) nous donne quelques raisons pour critiquer ce qui se passe actuellement...

    Enfin Olivier, on peut être pour l’Europe et être heureux que la France gagne, tout comme je suis heureux des victoires de La Rochelle en « rugueby » sans être pour autant un affreux populo.  :-)

  • Le 16 octobre 2007 à 17:45, par Ronan En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    Comme l’a très bien rappelé David, juste préciser que j’avais milité pour le TCE, traité au combien imparfait mais étape au combien nécessaire. TCE par rapport auquel l’actuel prétendu ’’Traité simplifié’’ exprime un très net recul : non pas seulement en ce qui concerne le texte exclusivement en lui-même. Par - surtout - en termes de mode rédactionnel et de méthode d’accouchement.

    D’abord parce que ce n’est pas transparent et pas démocratique. Ensuite, parce que - visiblement - ce n’est pas efficace. Voilà une méthode de travail (i.e : des conférences diplomatiques) qui avaient autrefois le grand mérite d’être et - surtout - d’être porteuses de résultats tangibles et appréciables. Aujourd’hui, il semble (en tout cas depuis l’empoignade de Nice...) que cette méthode rédactionnelle ait fait son temps et ne soit plus porteuse que de projets au rabais pour une Europe à minima.

    L’Europe de nos chefs d’état et de gouvernements manque à la fois de sérieux et d’ambition. Ce qui va à l’encontre des résultats des réguliers eurobaromètres. De plus, elle se construit dans la pénombre et autres tractations de couloir de conférences diplomatiques où personne ne sait exactement qui fait quoi. Ce qui va - également - à l’encontre de ce qu’exprime l’opinion publique.

    Bref : ce qui pourrait sauver l’Europe du déclin, je ne crois pas que ce soit ’’diffuser de l’idée nationale dans une architecture institutionnelle de toute façon bancale’’ mais, plutôt, exiger de nos gouvernants les réformes que l’opinion publique réclame. Car jusque là, l’agitation frénétique du drapeau bleu étoilé sur une Europe construite de toute façon de travers (par la seule volonté de nos seuls gouvernants...), ça fait un peu - comment dire - ’’cache-misère’’ (et ’’fierté à peu de frais’’).

    (PS : Autant que possible, assurez vous de l’engagement politique des gens avant de leur faire des procès d’intention. Visiblement vous m’avez pris pour un ancien ’’noniste’’. C’est rigolo et - effectivement - ça ne manque pas de sel. Mais, avant d’émettre des jugements aussi péremptoires, tachez donc de vous informer...).

  • Le 16 octobre 2007 à 18:46, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    D’ailleurs, cela me fait penser que les « médias » traditionnels ont bien du mal à nous différencier parfois des anciens « nonistes » d’extrême gauche...

    Pourtant, nous voulons, nous, avancer avec les institutions actuelles mais en les « révolutionnant » de l’intérieur.

    Et pour le coup, c’est beaucoup moins confortable que de dire que rien ne va.

     ;-)

  • Le 20 octobre 2007 à 01:47, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    "Enfin Olivier, on peut être pour l’Europe et être heureux que la France gagne, tout comme je suis heureux des victoires de La Rochelle en « rugueby » sans être pour autant un affreux populo. sourire"

    Oui, mais toi, au moins, tu connais les règles. Tu ne récupères pas un sport dont tu foules au pied les valeurs de fair-play juste pour le plaisir de te peinturlurer en bleu-blanc-rouge et de beugler la Marseillaise... :-) C’est ce qui te différencie des "affreux populos"... :-)

  • Le 20 octobre 2007 à 01:54, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    « D’abord parce que ce n’est pas transparent et pas démocratique. Ensuite, parce que - visiblement - ce n’est pas efficace. Voilà une méthode de travail (i.e : des conférences diplomatiques) qui avaient autrefois le grand mérite d’être et - surtout - d’être porteuses de résultats tangibles et appréciables. Aujourd’hui, il semble (en tout cas depuis l’empoignade de Nice...) que cette méthode rédactionnelle ait fait son temps et ne soit plus porteuse que de projets au rabais pour une Europe à minima. »

    Je pense que je n’ai pas été assez clair sur ce point dans mes explications, et je m’en excuse. Par « tractations de couloir », je n’entendais pas des négociations intergouvernementales bruxelloises, qui sont effectivement une horreur, mais je voulais justement parler d’une manière de court-circuiter ces grandes foires d’empoigne, qui consiste à s’entendre entre « amis » du noyau dur sur une coopération économique, industrielle, diplomatique, culturelle, militaire et policière de plus en plus étroite et tangible, même si - j’en ai bien conscience - ces agissements n’entraînent a priori aucun mécanisme de communautarisation automatique et - ce qui semble vous gêner encore plus - ne sont pas très démocratiques.

  • Le 20 octobre 2007 à 02:08, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    « Comme l’a très bien rappelé David, juste préciser que j’avais milité pour le TCE, traité au combien imparfait mais étape au combien nécessaire. TCE par rapport auquel l’actuel prétendu ’’Traité simplifié’’ exprime un très net recul : non pas seulement en ce qui concerne le texte exclusivement en lui-même. Par - surtout - en termes de mode rédactionnel et de méthode d’accouchement. »

    Bon, je suis content de voir que nous sommes sur la même longueur d’ondes.

    « Bref : ce qui pourrait sauver l’Europe du déclin, je ne crois pas que ce soit ’’diffuser de l’idée nationale dans une architecture institutionnelle de toute façon bancale’’ mais, plutôt, exiger de nos gouvernants les réformes que l’opinion publique réclame. Car jusque là, l’agitation frénétique du drapeau bleu étoilé sur une Europe construite de toute façon de travers (par la seule volonté de nos seuls gouvernants...), ça fait un peu - comment dire - ’’cache-misère’’ (et ’’fierté à peu de frais’’). »

    Je comprends ta position. Cependant, je trouve que tu as peut-être tort de sous-estimer la capacité d’un « cache-misère » (je trouve ce terme très judicieux, d’ailleurs) à influencer les masses. Sarkozy n’a-t-il pas récemment réussi à agiter le cache-misère bleu-blanc-rouge pour se faire élire après cinq ans de détérioration de la situation sociale et du modèle républicain d’intégration ? Salue au moins la performance du prestidigitateur, tu en conviendras...

    « (PS : Autant que possible, assurez vous de l’engagement politique des gens avant de leur faire des procès d’intention. Visiblement vous m’avez pris pour un ancien ’’noniste’’. C’est rigolo et - effectivement - ça ne manque pas de sel. Mais, avant d’émettre des jugements aussi péremptoires, tachez donc de vous informer...). »

    Au temps pour moi. C’est vrai que j’aurais dû te poser la question tout de go. Mais je remarque aussi que, pour que tes réponses deviennent plus précises et plus nuancées, il semblerait que tu aies besoin d’être un peu invectivé. :-) (Blague à part, j’ai remarqué que les manipulations grossières faisaient souvent avancer le débat par réaction, surtout sur les questions européennes). Cela dit (et je ne te vise pas en disant ça), je suis très déçu par le comportement de certains « ouiistes » qui ne veulent s’aliéner l’électorat populaire à aucun prix et qui se contentent maintenant de ne défendre que la charte des droits fondamentaux, la lutte contre le réchauffement climatique et une conception réductrice de la subsidiarité. Je n’ai probablement pas les mêmes priorités que beaucoup de JE même si, bien sûr, c’est toujours agréable et fécond de discuter avec vous...

  • Le 20 octobre 2007 à 02:13, par Olivier En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : « confiant quant à l’adoption du Traité au prochain Conseil européen »

    « Il faut arrêter de lancer des anathèmes aux gens pour un oui ou pour un non. »

    Cher David, tu ne crois pas si bien dire. :-)

    « Ronan fut un ardent défenseur de la Constitution et du travail de la Convention. Il est mécontent de la situation actuelle comme beaucoup de ceux qui ont soutenus le processus conventionnel, cela n’en fait pas un militant gauchiste, idéaliste, se nourrissant d’une posture exclusivement critique, ect, ect... David »

    Vous n’écoutez donc pas du Johnny dans un rade infâme en enquillant les verres de blanc ? Ouf, je suis rassuré. Pardon, donc. Je réserverai mes anathèmes à ceux qui le méritent vraiment, alors... :-)

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