Jo Leinen sur les élections européennes : constat et propositions

, par Jo Leinen

Jo Leinen sur les élections européennes : constat et propositions

Élu au Parlement européen depuis dix ans et président de la commission des affaires constitutionnelles, Jo Leinen est l’un des eurodéputés les plus influents. Il démontre avec pertinence les lacunes démocratiques de la campagne et propose une porte de sortie pour une plus grande transparence et un débat véritablement européen.

Dans maintenant moins de deux semaines auront lieu les élections au Parlement Européen. Dans bon nombre de pays, les partis ont déjà fixé leurs listes de candidats depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois alors que dans d’autres, les électeurs sont longtemps restés dans le doute pour qui ils pourront voter le 7 juin. D’après le traité en vigueur, les députés européens sont les représentants des peuples des pays membres rassemblés sous le toit de l’Union Européenne (Art.189). Avec le futur Traité de Lisbonne, le Parlement représentera « les citoyens de l’Union » (Art. 14(2)). Cela voudra dire que les députés européens ne représenteront plus seulement les électeurs de leur pays d’origine mais tous les citoyens de l’Union Européenne.

C’est pour cela qu’il est regrettable de ne pas voir cette évolution vers une vraie Europe des citoyens accompagnée par des règles électorales standardisées au niveau européen. Si l’Union Européenne choisit de faire représenter tous ses citoyens par les députés européens, les règles de la démocratie imposent aussi que l’organisation des élections soit soumise à des règles européennes.

standardiser les procédures de nomination des candidats

Cela doit commencer par une standardisation des procédures de nomination des candidats. Une étude sur l’organisation des élections européennes conduite par la Commission des Affaires Constitutionnelles du Parlement Européen a démontré qu’il existe des disparités extrêmes en ce qui concerne la démocratie et la transparence au sein des partis lors de la nomination des candidats.

Deux critères sont d’abord à prendre en compte : Qui décide de la composition des listes ? Et quelle est la date limite pour le dépôt des listes ? En Grèce, par exemple, c’est régulièrement le président ou le comité central du parti qui choisit seul les candidats aux élections. De plus, les partis ont jusqu’à deux semaines avant les élections pour déposer leurs listes. En France également, bon nombre de candidats sont imposés par les figures de proue des partis et les partis ont eu jusqu’au 22 mai pour déposer leurs listes. Comment mener sous ces circonstances une campagne électorale digne de ce nom ainsi qu’une information suffisante des électeurs, si quelques semaines avant les élections les candidats ne sont toujours pas connus ?

En France bon nombre de candidats sont imposés par les figures de proue des partis

Mais il y a aussi des exemples positifs. On observe un vrai écart nord-sud. Ainsi, en Finlande, au Danemark, aux Pays-Bas et en Suède, la plupart des partis organisent des primaires pour définir la composition des listes électorales. Il y a là des vrais débats démocratiques et une dynamique qui part des membres des partis et non une tutelle de la part des leaders. Si l’Europe veut devenir une Europe des citoyens et si on veut que les citoyens se sentent représentés au niveau européen, alors il nous faut décider de standards européens qui garantissent une préparation transparente et démocratique des élections européennes. Ce n’est qu’ainsi que l’on arrivera à instaurer un débat européen qui transcende les frontières des pays membres.

Illustration : Portrait de Jo Leinen

Source : Site du Parlement européen

Vos commentaires
  • Le 26 mai 2009 à 21:59, par Nico En réponse à : Jo Leinen sur les élections européennes : constat et propositions

    Bonsoir M. le Député Européen

    Standardiser, réglementer, uniformiser.... cet article est une caricature de ce dont souffre l’Europe.

    C’est une vraie maladie professionnelle chez vous autres députés européens et commissaires....

    Moins de la moitié des français envisage d’aller voter (et encore c’est un bon score à l’échelle européenne), et vous voulez encore imposer des règles jusque dans le fonctionnement des partis ? Même au niveau national on n’ose pas...

    Chaque parti est une associtation libre et chaque peuple a sa culture.

    Alors si vous ne voulez pas que l’on finisse par haïr l’Europe (et ce n’est déjà pas loin d’être le cas, croyez moi), cessez de tout vouloir contingenter, façonner...

    Laissez les gens libres de s’organiser en eux, de présenter les listes qu’ils souhaitent, même si elles vous paraissent farfelues, ou que leurs représentants ne vous plaisent pas. Sinon plus personne n’ira voter.

    Votre système de pensée (inventer des problèmes pour pouvoir réglementer) est malheureusement très répandu à gauche comme à droite dans les milieux europhiles...

    Par pitié laissez nous respirer ! De l’air !

  • Le 27 mai 2009 à 00:54, par manuel En réponse à : Venez découvrir le Buzz du Web sur les élections européennes

    Venez découvrir le Buzz du Web sur les élections européennes http://elections-europeennes.blogspot.com/

    L’union des paradoxes.

    Un récent sondage faisait apparaître que 78% des Français sont aujourd’hui convaincus que la construction européenne nous donne une plus grande force face au reste du monde. De la même manière, 61% ont acquis la certitude que l’Union Européenne est un atout dans la lutte contre la crise. On pourrait donc penser que nos concitoyens estiment que l’Europe est une chance pour notre pays. Oui, mais dans le même temps, 49% d’entre eux tiennent l’Europe pour responsable de la hausse des prix.

    Ces chiffres sont à l’évidence révélateurs de l’état d’esprit des Français à moins de deux semaines du scrutin. D’un côté, ils aiment à se sentir presque européens, parce qu’ils ont le sentiment protégés face aux mastodontes américain, indien et surtout chinois. De l’autre en revanche, ils acceptent difficilement ces contraintes nouvelles, générées par une structure qui dépasse cette bonne vieille dimension franco-française.

    L’explication de ce qui pourrait apparaître comme un paradoxe tient en réalité à cette représentation dans laquelle on entretient nos compatriotes. Car en réalité le mythe du franchouillard, béret vissé sur la tête, journal et cette baguette de pain coincés sous le bras, s’installant à la table nappée de Vichy d’un bistrot parisien, pour siroter un ballon de rouge, ce mythe de tous les clichés se retrouve moins dans l’œil des touristes japonais que dans notre conscience collective. Parce qu’en expliquant peu, et seulement ce qui le contraint, le Gaulois qui sommeille en nous se réveille, et entre en résistance… Alors qu’il rêvait de partager…

  • Le 27 mai 2009 à 06:31, par Martina Latina En réponse à : Jo Leinen sur les élections européennes : constat et propositions

    Merci pour cet article. Essayons cependant d’harmoniser plus que de « standardiser », avec le but unique de servir le BIEN COMMUN des Européens, avec une seule « figure de proue », EUROPE enlevée de l’orient par un Taureau solaire pour apporter à l’occident, audacieusement et gracieusement, la lumière des moyens révolutionnaires nés dans son pays, la Phénicie : des techniques nautiques et de l’invention alphabétique.

  • Le 27 mai 2009 à 18:26, par jacques01 En réponse à : Jo Leinen sur les élections européennes : constat et propositions

    Deux critères sont d’abord à prendre en compte : Qui décide de la composition des listes ? Et quelle est la date limite pour le dépôt des listes ?

    Et bien soit, harmonisons, transférons à l’Europe la compétence d’organisation des élections européennes...afin que les citoyens européens ne soient pas, au final, les dindons de la farce (car pour certains, l’Europe est bien une farce, une sorte de voie de garage pour personnages politiques en disgrâce ou de terrain de jeux pour préretraités grassement payés) Déterminons une date butoir pour le dépôt des listes afin qu’un réel débat puisse avoir lieu entre les candidats, et oui bien sûr, organisons des primaires à l’intérieur de chaque parti politiques afin que les candidats soient choisis en toute transparence et surtout sur leurs connaissances de la « chose européenne ». Cela nous aurait peut-être évité le parachutage de Vincent Peillon, tête de liste du PS dans la circonscription du Sud-Est, crédité d’une assiduité calamiteuse au Parlement Européen....De qui se moque-t-on ? Et puis, dans un monde où la publicité tient un rôle très important, il est dommage que l’Europe ne fasse pas la sienne. Il est nullement question de parler ici de spots publicitaires, mais de faire prendre conscience à chaque citoyen européen de l’impact des financements et des subventions de l’Europe dans notre vie quotidienne, parce que l’Europe ce n’est pas que du négatif.

  • Le 28 mai 2009 à 17:58, par Laurent Nicolas En réponse à : Jo Leinen sur les élections européennes : constat et propositions

    L’idée de M. Linen est une réforme qui n’empêcherait la constitution d’aucune liste mais qui au contraire créerait les conditions d’une campagne véritablement démocratique, transnationale. Tous les citoyens bénéficieraient de ces mêmes conditions du débat public européen, avec des listes clairement menées par un candidat au poste de président de la Commission européenne.

    Aujourd’hui c’est le citoyen qui est pénalisé par les règles institutionnels qui encadrent cette élection.

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom