La microfinance en Europe : un remède à la crise ?

, par Olivier Longchamp

La microfinance en Europe : un remède à la crise ?

Avec la crise, le microcrédit s’impose peu à peu comme un moyen de financement durable de l’économie. Conscientes de son potentiel, les institutions européennes multiplient les initiatives pour soutenir ce secteur.

A l’origine destinée aux pays pauvres, la microfinance est aujourd’hui présente en Europe. Offrant des micro-prêts et micro-assurances à des personnes exclues du système bancaire traditionnel, c’est un secteur en pleine expansion. Et crise oblige, nombreux sont ceux qui se tournent vers l’entreprenariat et montent leur société.

Tour d’horizon de la microfinance en Europe

Dans un pays en voie de développement, un micro-prêt peut représenter quelques dizaines d’euros. Il s’élève en moyenne à 8000 euros en Europe, avec un plafond fixé à 25 000 euros par l’Union européenne. Actives dans ce secteur, les institutions soutiennent et encadrent la microfinance depuis plusieurs années. Moyen d’appropriation de son outil de production, de réduction du chômage et moteur de la croissance, les raisons sont multiples pour favoriser son essor.

C’est à la fin des années 80 en Europe de l’Est et Centrale que la microfinance se développe sur le continent. La chute du communisme et la volonté de transition économique lui ont offert un véritable tremplin. Avec une croissance de 30% par an, elle s’est substituée à un secteur bancaire inadéquat et incapable de financer des activités génératrices de revenus. En Europe de l’Ouest, la microfinance suscite un intérêt grandissant mais reste encore un secteur limité.

D’un point de vue règlementaire, ce type de prêt s’adresse à des entreprises de moins de 10 salariés (soit 90% des entreprises européennes) et aux chômeurs désirant monter un commerce. Les taux d’intérêts, variables d’un pays à l’autre, se situent dans une fourchette de 25 à 30%. Pourtant, les taux de non-remboursement sont très faibles puisqu’ils n’excèdent pas 2 à 3%.

L’impact de la crise sur la microfinance

Les soubresauts récents de la finance internationale ont remis en cause la viabilité du microcrédit. Ses sources de financement se sont taries. Face à la difficulté à lever des fonds, les instituts de microfinance (IMF) ont durcit les conditions d’octroi de prêts. L’Europe de l’Est et Centrale, ou la microfinance est très dépendante des fonds privés, a été particulièrement touchée par ce resserrement du crédit.

Pourtant, à côté des excès de la finance de marché, la microfinance apparaît comme une alternative durable et crédible pour le développement économique. Arnaud Ventura, co-président de Planet Finance, résumait cette idée : « La crise pourrait même être profitable au secteur à plus long terme dans la mesure où un nouveau modèle financier pourrait voir le jour ». A côté du secteur financier formel, la microfinance repose sur des bases saines et éthiques fondées sur la connaissance personnelle du client. Et même si certaines difficultés restent prégnantes telles que le surendettement, la microfinance trouve sa place au cœur de la réforme du système financier mondial.

L’Union européenne mobilisée pour soutenir la microfinance

Selon la Commission Européenne, 16% des citoyens européens risquent de basculer dans la pauvreté. Le chômage touche déjà 9% de la population en Europe. Sachant que 1/3 des nouvelles entreprises y sont créées par des chômeurs, l’accès des IMF à des fonds est primordial pour pouvoir délivrer des prêts. Largement financées par des banques commerciales privées devenues réticentes à prêter de l’argent, les IMF ont du se tourner vers d’autres bailleurs de fonds. Le public s’est ici substitué au privé.

La Commission Européenne a pris les devants. Dans le droit fil de la stratégie de Lisbonne qui vise à la croissance et à l’emploi, l’initiative JASMINE (Joint Action to Support Micro-finance institutions in Europe) apporte depuis le début de l’année 2009 une assistance technique et un support financier pour permettre aux IMF d’accorder plus de prêts à des porteurs de projets. Cette initiative est le résultat d’une action commune entre la Commission Européenne et le groupe BEI (Banque Européenne d’Investissement et Fond Européen d’Investissement). Le capital de départ du projet est de 50 millions d’euros mais il est susceptible d’évoluer par la suite. L’autonomie financière des IMF s’élargit donc en Europe pour faire face à la demande croissante de microcrédits.

Les dirigeants européens facilitent ainsi le développement de la microfinance qui n’est plus l’apanage des seuls pays pauvres. Faire de la banque un service d’intérêt général et placer la microfinance au centre de la finance mondiale sont autant de défis à relever. Selon Eurostat, Office statistiques de l’Union européenne, la demande potentielle de microcrédits dans l’Union s’élèverait à 700 000 nouveaux prêts représentant à court terme un montant de 6,3 milliards d’euros. Le potentiel de croissance de la microfinance est donc considérable.

Illustration : Muhammad Yunus, le précurseur de la microfinance et prix Nobel de la paix en 2006

Source : Wikipedia - wikicommons

Vos commentaires
  • Le 24 novembre 2009 à 14:22, par William Nert En réponse à : Bravo !

    Un article agréable à lire et accessible. Bravo, ce n’est pas toujours facile de rendre des sujets complexes intelligibles pour les néophytes. En esperant vous relire bientôt, Cordialement, William Nert.

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