La politique migratoire de l’Union européenne : urgence !

, par Marine Denis

La politique migratoire de l'Union européenne : urgence !
Distribution de tract sur l’UE par un policier des douanes Service européen pour l’action extérieure

« Nous sommes le plus riche des continents, nous pouvons en faire davantage » avait déclaré le Président Martin Schulz au sujet de la politique migratoire de l’Union européenne lors du Conseil du Parlement européen des 24-25 Octobre 2013, la catastrophe de Lampedusa en toile de fond.

Pourtant, malgré cette « tragédie qui doit marquer un tournant dans la politique européenne », les pays du Sud ont constaté que la « solidarité concrète » qu’ils réclamaient face à l’afflux de clandestins sur leurs côtes n’était pas en première page du menu du Conseil Européen.

Encore une fois les députés européens rivalisèrent d’humanisme dans les résolutions qu’ils proposèrent le 23 octobre : demande d’augmentation du budget alloué au Frontex, demande au Conseil et à la Commission d’instaurer un garde-côtes de l’Union… Et encore une fois, seuls « trois principes d’action et une méthode » ont été actés à l’issu de ce conseil.

Une absence de réforme dommageable

Le renforcement de la surveillance de la Méditerranée à l’aide de l’agence des frontières Frontex et du nouveau système Eurosur a été décrété mais ses dispositifs sont encore bien frileux. Si la création de la nouvelle opération de patrouille, sauvetage et surveillance appelée « Mare Nostrum » lancée par l’Italie pour renforcer les activités de sauvetage en Méditerranée a été saluée par la Commission, aucune décision n’a été prise afin que le Frontex se coordonne avec celle-ci. C’est là que le bât blesse.

Les députés européens ont opté pour une augmentation du budget alloué au Frontex mais aucun montant fixe n’a été annoncé et les dispositifs concrets à mettre en place ne seront abordés qu’en Décembre à l’issu du rapport d’un groupe de travail. Par ailleurs, le Frontex comptabilise à l’heure actuelle encore onze pays membres et pas un seul nouveau pays n’a émis le souhait de rejoindre le comité.

Ce manque de logique et d’unité est dangereux pour la crédibilité de l’Union Européenne d’autant plus qu’il révèle un décalage européen « Nord – Sud ». Pour « partager le fardeau » comme prétend le faire l’Union Européenne en termes de politique migratoire, il faut être nombreux et investir. Le Frontex compte aujourd’hui un budget de 18 millions d’euros, ses dépenses de fonctionnement augmentent chaque année mais il souffre d’un manque cruel de relais effectifs sur le terrain national.

La mutualisation des budgets européens et nationaux en termes de politique migratoire, prochaine étape nécessaire dans la coordination ?

Dans un espace européen dont les frontières sont communes, il apparaît sensé de mettre en place une véritable politique migratoire commune. L’immigration clandestine aux frontières de l’Union Européenne ne concerne pas uniquement les populations d’Italie du Sud, de la Grèce ou de Malte dans un espace géographique dont les frontières entre États membres n’existent plus depuis les accords de Schengen.

Mais là encore vient se heurter l’individualisme des États membres, et particulièrement les non-concernés géographique par la question des flux migratoires. Alors que premier ministre grec Antonis Samaras décrit un « fardeau insupportable », François Hollande répond de façon particulièrement pragmatique « Le partage a déjà lieu, la France est le deuxième pays d’accueil de réfugiés en Europe ».

Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés, on se demande quelle définition le mot « union » peut-il prendre. Dans un contexte politique européen de montée des extrêmes et de xénophobie et à l’approche des élections européennes la cohésion de l’Union Européenne est attendue d’urgence. Ne pas s’engager dans une véritable politique migratoire commune, structurée et ambitieuse, c’est aussi offrir du pain béni aux extrêmes.

La difficulté est certaine car aborder la question de la sécurité aux frontières de l’UE revient à articuler prérogatives sécuritaires nationales et actions des institutions de l’Union Européenne. Toutefois, s’il n’y a pas de solution parfaite et immédiate, le sujet ne peut être évincé comme il l’a été en cette année d’élections européennes. Si l’affaire Lampedusa a ému l’opinion publique européenne et suscité autant de critiques à l’égard des institutions de l’UE, c’est qu’elle témoigne bien de cette conscience collective européenne.

Ce dont on doute déjà plus, c’est de l’existence d’une politique migratoire efficace. A petits pas, tâchons de l’approfondir avec des actes concrets qui ne viendront pas seulement en aide aux Italiens ou au Maltais, mais à la santé de l’Union Européenne.

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