Voyage dans la dernière dictature d’Europe

Mon expérience en Bélarus

L’une de nos adhérentes témoigne :

, par Corinne Leblond

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Mon expérience en Bélarus

A l’approche de ces élections présidentielles biélorusses du 19 mars prochain dont, finalement, si peu d’entre nos médias français ne daigne parler, la rédaction du « Taurillon » a souhaité manifester sa sympathie envers le peuple biélorusse qui subit aujourd’hui, au quotidien, la dernière dictature d’Europe.

Dans le cadre de notre mobilisation éditoriale pour la Démocratie en Biélorussie, nous donnons ici la parole à l’une d’entre nos adhérentes qui a déjà eu l’occasion de se rendre récemment sur place et d’y voir la souffrance quotidienne du peuple biélorusse.

Je suis allée en Biélorussie, l’été dernier (en août 2005) et je pensais que mon impression de ce pays pouvait peut-être vous intéresser. En réalité, je suis très contente de pouvoir m’exprimer sur la Biélorussie car le pays est complétement méconnu en France et personne n’en parle ici.

Minsk, escale de voyage : Une ville fantôme et sans charme

Je revenais de Russie avec un groupe (composé à 90% d’Australiens), nous nous dirigions vers Varsovie et nous avons fait halte à mi-chemin à Minsk pour deux jours. Nous étions assommés par une dizaine d’heure de route et par le fastidieux passage de la frontière russe-biélorusse, lorsque nous sommes arrivés à Minsk un samedi après-midi.

Je me rappelle toutefois avoir ressenti une drôle d’impression en entrant dans Minsk alors même que j’étais complètement ignorante de la situation politique du pays. La ville était quasiment déserte, presque pas de passants dans les rues ce qui contrastait immédiatement avec les grandes villes Russes dont nous revenions.

Minsk est typiquement soviétique, bâtiments massifs, longues et larges avenues, mobilier urbain rustique et solide des années 50. Quelques pancartes de propagande pour l’agriculture nationale du pays deci-delà, un ami australien d’origine Serbe m’a traduit les slogans. Une ville sans charme, grise où il ne fait pas très gai vivre au premier abord et qu’on observe d’autant plus sereinement derrière les vitres du car qu’on sait qu’on en partira le jour prochain.

Propagande d’Etat et passages obligés aux Monuments aux morts

Une guide biélorusse nous a fait une présentation et un tour de la ville, son discours (je m’en suis rendue compte au bout de 10 minutes) était un pur produit de propagande politique dicté directement par le « gouvernement » pour être donné aux rarissimes touristes faisant halte ici, entre la Russie et la Pologne.

Un exemple parmi tant d’autres : « voici la maison des médias, elle est détenue par le gouvernement et les programmes sont d’excellente qualité », « voici le cirque national, détenu par le gouvernement, les spectacles y sont les meilleurs », « voici le ministère de l’économie et des finances qui se caractérisait avant par beaucoup d’instabilité, maintenant tout est prévisible et stable grâce au gouvernement ».

Le car s’arrêtait à tous les monuments aux morts qui sont éparpillés nombreux dans la ville. Apparemment, ils sont très respectés des habitants, ainsi il est d’usage pour les jeunes mariés de prendre leur photo de mariage devant un de ces monuments. Le monument aux morts est un symbole, à mes yeux, de la souffrance du pays. Le pays est à chaque génération « vidé » de ces hommes qui partent et meurent à la guerre, les mères y sont préparées, la Biélorussie a été un vivier humain pour toutes les guerres menées par l’ex-Union soviétique.

Et à l’heure d’aujourd’hui, il me semble que les Biélorusses partent toujours en guerre et meurent en Tchétchénie. Des générations d’hommes ont ainsi été détruites, ce qui a créé un déficit masculin énorme au sein de la population et une sorte de sentiment de fatalité.

Fatalité, tristesse et résignation

Notre guide, une femme de trente ans, malgré les plats accents enthousiastes de son discours, était triste. Elle nous a regardé tous et nous a demandé d’où nous venions.

Alors que les gens lui répondaient Australie, Nouvelle-Zélande et France (moi !), elle rêvait en nous écoutant, elle devait certainement nous envier et aurait probablement donné beaucoup pour être à nos places.

Je me sentais tellement privilégiée. Par pudeur, je n’ai pas osé lui poser des questions sur le régime politique en place dans son pays (alors que j’avais un demi-millier de choses à lui demander).

Faire la fête à Minsk, c’est être un étranger

Mon expérience la plus troublante a eu lieu alors que nous prenions le métro pour aller « nous amuser », le samedi soir, dans un café du centre-ville ou dans une boîte. Je me trouvais donc avec le groupe d’australiens. Les australiens avaient déjà un peu bu, ils étaient bruyants, criaient et riaient comme à leur délicate habitude.

Le contraste avec les Biélorusses était tellement saisissant. Autour de nous, les gens avaient des regards vides, je n’avais jamais vu des gens aussi tristes. Ils regardaient les australiens avec des regards durs, je les entendais penser ’’voici les chanceux’’.

Je me sentais très mal à l’aise, les australiens ne remarquaient rien (comme une fois encore, à leur habitude...) malgré la dureté des regards dont ils étaient l’objet.

Arrivés à la boîte, nous avons dû passer un contrôle de policiers d’Etat (présents jusque dans les boîtes), les photos étaient interdites. Mais à part ça, la boîte était similaire aux nôtres en moins sophistiquée. Nous sommes repartis le lendemain en direction de Varsovie.

Telle a été ma très courte et personnelle expérience de la Biélorussie : un pays triste et malheureux qui aspire néanmoins certainement, malgré tout, à la Liberté et à la Démocratie.

- LA BIELORUSSIE OU LE BELARUS, EN BREF :

Entre Pologne et Russie...
Le Bélarus, Pays d’Europe orientale

Son nom :

La « Biélorussie », « Biéla Rous’ » ou « Biélarous » (en un seul mot), voire « Bélarus » (formulation ’’germanisante’’ aujourd’hui utilisée pour désigner le pays à l’étranger) est - ainsi nommée, par vote parlementaire, depuis le mois de septembre 1991 - l’ancienne « Russie blanche », anciennement « Ruthénie blanche » (voire « Biéloruthénie ») de nos vieux atlas français.

Pourquoi cette Russie-là est-elle ’’blanche’’ ?

On la désigne ainsi (i. e : Russie ’’blanche’’) pour des raisons multiples et variées, diverses et tout à la fois complémentaires :

(1) Une explication ’’géo-climatique’’ : caractérisant ses paysages morainiques, nés de l’érosion glaciaire et de sa couverture hivernale souvent enneigée.

(2) Une explication ’’ethno-culturelle’’ : pour rappeler le fait que cette Russie ’’occidentale’’ porte ainsi le terme par lequel les peuples russes ’’désignent’’ et ’’colorient’’ le point cardinal représentant l’Occident : le blanc (par opposition à ’’Russie rouge’’ ou ’’Moscovie’’, au nord ; et par opposition à la ’’Russie noire’’ ou ’’Kiévie’’, au sud, etc).

(3) Une explication ’’historique’’ : selon laquelle la Russie blanche aurait été désignée ainsi au Moyen-âge car ’’blanche’’ - autrement dit ’’libre’’ - puisque intégrée au Grand-Duché de Lituanie et puisque n’ayant pas été territorialement occupée, ni obligée de payer le tribut, ni aux Chevaliers teutoniques, ni aux Khans tartaro-mongoles ’’genghiskhanides’’ du grand Khanat de la Horde d’Or (du XIIIe au XVIe siècle).

Superficie :

Environ 210 000 km².

Drapeau :

Depuis la déclaration d’indépendance de juillet 1991 jusqu’en 1995, la Biélorussie avait un drapeau tricolore formé de trois bandes horizontales « blanc-rouge-blanc » qui est resté aujourd’hui le drapeau des forces démocratiques d’opposition.

Le drapeau des années 1991-1994

En juillet 1995, après référendum, ce premier drapeau a été remplacé par le drapeau actuel : un drapeau tricolore formé de deux bandes horizontales rouge et verte et d’une bande verticale blanche (côté ’’hampe’’) où sont représentés des motifs de couleur rouge appartenant à la tradition populaire biélorusse.

Le tricolore biélorusse

NB : Il s’agit là presque exactement - anciennes armoiries soviétiques exceptées - du même drapeau que celui que la Biélorussie arborait déjà quand elle était une République socialiste soviétique (entre 1922 et 1991).

Hymne national :

La Biélorussie a aujourd’hui conservée l’hymne de l’ancienne République socialiste soviétique de Biélorussie (texte de Mikhaïl Klimkovitch, sur une musique de N. Sakalouïski) :

’’Nous, Biélorussiens, avons cherché, avec la Russie fraternelle, le chemin vers le bonheur’’.

Un texte ’’civique’’ qui est ’’truffé’’ de références élogieuses à l’égard de l’ancienne URSS communiste, ainsi que d’allusions volontairement appuyées à la fraternité ’’naturelle’’ devant nécessairement exister entre la Biélorussie et la grande Russie.

Fête nationale :

Tous les 3 juillet (dâte de la proclamation de l’indépendance de la Biélorussie, en 1991).

Capitale :

La capitale de la Biélorussie est la ville de Minsk, une ville (historiquement mentionnée pour la première fois en 1067) qui compte aujourd’hui environ 1,7 millions d’habitants.

Principales grandes villes :

Baranovitchi, Bobruïsk, Brest-Litovsk, Gomel, Grodno, Moguilev, Mozyr, Pinsk, Vitebsk.

Population :

Environ 10 millions d’habitants.

Dont environ 80% de biélorusses, environ 10 à 15 % de russes (soit environ 1,5 millions de personnes) et un peu moins de 10% de minorités diverses (soit environ 1 million de personnes) : essentiellement polonaises (environ 500 000 personnes), ukrainiennes (300 000 personnes) et juives (140 000 personnes) voire tatares.

Nb : On appelle les habitants de la Biélorussie : Biélorusses, Biélorussiens ou Blancs-Russiens (voire, anciennement, puisque formes plus archaïques : Biéloruthènes, sinon Blancs-Ruthènes).

A ne pas confondre avec les « Russes blancs » (opposants, exilés et réfugiés politiques antisoviétiques après la Révolution bolchevique d’octobre 1917).

Langues parlées :

Le Biélorussien (langue officielle depuis 1989) et le Russe (rétablie comme langue officielle par référendum, en mai 1995, avec plus de 80% de votes favorables à cette demande).

Nb : Ces deux langues slaves orientales s’écrivent le plus souvent avec l’alphabet cyrillique (sauf, pour ce qui est du biélorussien qui, comme l’ukrainien, accepte aussi - pour sa graphie usuelle - les lettres ’’I’’ et ’’Y’’ de l’alphabet latin utilisé par les polonais).

Religions principales :

En Biélorussie, la principale religion représentée est le Christianisme.

Les confessions religieuses en Biélorussie sont statistiquement réparties ainsi : Orthodoxie (environ 60 à 66%), Catholicisme (10 à 33 %) (selon le fait que le compte séparément, ou pas, les Uniates, chrétiens catholiques de rite gréco-oriental) avec des minorités protestantes (surtout baptistes et évangélistes), musulmanes et israélites.

Adhésion à l’UE :

Vu la situation politique régnant actuellement au Bélarus, l’éventuelle future adhésion de la Biélorussie à l’UE n’est pas même à l’ordre du jour : aucune candidature officielle d’adhésion n’ayant été déposée, à ce jour, à l’adresse des autorités de l’Union.

Formalités de séjour :

Pour aller en Biélorussie, il faut avoir un passeport valable au moins trois mois auprès la date prévue pour le retour annoncé et, pour tout ressortissant d’un pays de l’UE, avoir un visa. De plus, pour aller en Biélorussie, il faut se munir d’un justificatif d’assurance-maladie.

Régime politique :

D’après la Constitution biélorusse de mars 1994, révisée en novembre 1996, la République de Biélorussie est une République présidentielle où les pouvoirs du Chef de l’Etat (Président de la République, élu pour sept ans) ont été -depuis les modifications constitutionnelles de novembre 1996- considérablement renforcés (droit de dissolution du Parlement, droit de renvoyer le chef du gouvernement, etc...).

Actuel chef de l’Etat :

Aleksandre Grigorievitch Loukachenko, au pouvoir depuis juillet 1994, réélu en septembre 2001, à nouveau candidat à sa propre succession en mars 2006 (un référendum lui ayant donné, en 2004, la possibilité d’être réélu président sans limitation de durée).

Actuel chef du gouvernement :

Sergueï Sidorski

le Rouble biélorusse

Monnaie :

La monnaie biélorusse est le Rouble biélorusse (1 BYR = 100 kopeks), monnaie strictement indexée sur le Rouble russe.

Compte tenu des conditions politiques actuelles, l’entrée du rouble biélorusse dans la zone euro n’est pas encore, aujourd’hui, à l’ordre du jour (1 BYR = 0,0004 euro) (1000 BYR = 0,40 euro) (1 euro = 2500 roubles biélorusse).

Economie :

La Biélorussie connaît aujourd’hui une situation économique difficile dans la mesure où ses structures économiques, agricoles comme industrielles (héritées de l’époque soviétique collectiviste) ont été comme ’’artificiellement gelées’’ par le pouvoir politique actuellement en place à Minsk.

Ainsi, l’Etat biélorusse -propriétaire de 80% des entreprises du pays- veille à maintenir un semblant de protection sociale par le paiement des salaires et des pensions. Et cela garantit donc là une certaine stabilité sociale qui permet effectivement au pouvoir de rester malgré tout populaire auprès d’une partie de la population.

Mais cela n’aide pas l’économie biélorusse -qui, de ce fait, reste autarcique- ni à se développer, ni à se réformer en profondeur, ni à devenir compétitive sur le marché mondial.

Une économie mondialisée dans laquelle la Biélorussie reste un petit pays pauvre singulièrement isolé (PNB de la Biélorussie : 2930 euro par an et par habitants), ne survivant économiquement que grâce à l’aide ’’bienveillante’’ de sa grande voisine : la Russie.

Une Russie un peu envahissante qui soutient l’économie biélorusse (au taux de croissance plus qu’honorable d’environ 05%) et le régime ’’loukachenkiste’’ à bout de bras par des fourniture de gaz à prix préférentiels bradés, par l’octroi de crédits à taux imbattables, en faisant tourner les vétustes entreprises biélorusses à plein rendement et en absorbant la moitié des exportations blanc-russiennes (matériels agricoles, essence, production céréalière, etc...).

(Nb : A titre de comparaison, le PNB de la France est de 23 360 euro par an et par habitants).

Un peu d’Histoire :

Historiquement, la Biélorussie est cette partie occidentale des pays russes qui est longtemps restée dans l’orbite du Grand-Duché de Lituanie (dont elle était le centre géographique, du XIIIe au XVIe siècle) puis du Royaume de Pologne (dont elle formait une partie des ’’confins orientaux’’, du XVIe au XVIIIe siècle), avant de tomber dans l’orbite de l’Empire de Russie (ancienne Moscovie) à partie de la fin du XVIIIe siècle (puisqu’annexée entre 1772 et 1795).

République proclamée en mars 1918, République socialiste soviétique (en janvier 1919), intégrée à l’URSS (en décembre 1922), République se déclarant souveraine en juillet 1990, la Biélorussie a finalement proclamée son indépendance en juillet 1991.

Depuis lors, la Biélorussie fait partie des Etats membres ’’fondateurs’’ de la « Communauté des Etats indépendants » (CEI) (fondée en décembre 1991), fait partie -en union monétaire avec la Russie- de la zone ’’rouble’’ (depuis 1994) et a signé (en avril 1996) des accords d’association étroite avec la Russie : éventuel préalable d’une possible ’’fusion’’ avec celle-ci dans le cadre d’une « Union russo-biélorusse » (option politique régulièrement envisagée depuis lors, mais jamais vraiment réalisée...).

Pareillement, rappellons que la Bérézina (affluent du Dniepr, de sinistre mémoire pour les armées napoléoniennes...) est un fleuve biélorusse, au moins entre Smolensk et Minsk.

De même que la ville de Brest-Litovsk (i. e : le célèbre ’’gué des Lituaniens’’) : site de la signature de la fameuse paix séparée soviético-allemande de mars 1918...

Ainsi que les charniers de Katyn et Koropaty (théâtres de crîmes de guerre commis contre les élites polonaises et contre les populations locales blanc-russiennes par les armées nazies, pour l’un, puis soviétiques, pour l’autre, en 1940-1941) se trouvent également en Biélorussie, pays également très durement frappé par la seconde guerre mondiale (avec près de deux millions de morts).

Enfin, rappellons aussi que la Biélorussie a été très durement frappée par la catastrophe nucléaire soviétique de Tchernobyl survenue en avril 1986 (dans le nord de l’Ukraine voisine) : une catastrophe écologique qui a alors contaminé près d’un quart de son territoire (où vivent près de deux millions de ses habitants : soit un biélorusses sur cinq, dont 500 000 enfants).

Personnages célèbres :

Parmi les biélorusses célèbres, on citera - entre autres- l’Humaniste Frantsisk Skarina (traducteur de la Bible en langue blanc-russienne, au XVIe siècle) et l’érudit biélorusse et ’’éveilleur’’ Janka Kupala (XIXe siècle),

Le fameux patriote rebelle Kastous Kalinovski (chef de l’insurrection indépendantiste et anti-tsariste de 1863) et les révolutionnaires communistes Féliks E. Dzerjinski (bolchevik polonais venu de la Lituanie de Kaunas) et Lev B. Kamenev (qui militera pendant quelques années, à Minsk, pour le parti bolchevik).

Le maréchal soviétique Gueorgui K. Joukov et l’ingénieur ’’avioneur’’ Pavel Sukhoï, tous deux d’origine blanc-russienne.

Ainsi que de nombreux artistes comme Chaïm Soutine, Michel Kikoïne et le célèbre peintre et graveur français, mais né biélorusse, Moshe Z. Shagalov dit Marc Chagall (né à Vitebsk, en 1887).

Et de très nombreux sportifs de haut niveau, comme Aleksandre Hleb, actuelle star du football biélorusse et fameux buteur du Vfb Stuttgart.

Pour en savoir plus (Informations pratiques et agenda culturel ) :

www.belintourist.by

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Le Bélarus, Pays d'Europe orientale
Entre Pologne et Russie...
le Rouble biélorusse
Vos commentaires
  • Le 13 mars 2006 à 08:08, par Ronan Blaise En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Pour compléter et juste apporter confirmation à ce que nous écrit ici Corinne, juste reprendre un très bref extrait du très bon article signé Marc Nexon et publié ce jeudi dernier (9 mars 2006) dans l’hebdomadaire d’informations « le Point » (www.lepoint.fr : n°1747, pages 52-53-54-55) :

    ’’En Biélorussie, la police n’est jamais loin. Sous le règne d’Alexandre Loukachenko, surnommé « Batka » (« papa »), le peuple marche droit. C’est bien simple : le dictateur a stoppé l’horloge du pays. Débarquer en Biélorussie, c’est remonter le temps d’une trentaine d’années. Et plonger dans un bout d’URSS de l’ère Brejnev.

    Minsk sort d’un film noir et blanc de la guerre froide. Avec sa statue de Lénine dressée devant le Parlement, son avenue de l’Indépendance, une bande d’asphalte d’une dizaine de kilomètres de long, capable d’accueillir trois rangées de tanks, mais aussi son palais de la République, un gigantesque cube gris... Prouesse de l’architecture stalinienne. Sans oublier ses deux lignes de métro et le nom évocateur de ces stations (« Prolétaires », « Partisans »). Et surtout le bâtiment du KGB dont le nom a survécu, orné de colonnes grecques et érigé face au buste de Feliks Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka, son ancêtre.

    Ici, tout a un air désuet. Dans les rues, les vieilles Ford ou Toyota fument gris et les 4 x 4 de luxe sont rares. Les hommes portent la casquette et parfois même la moustache, à l’image du chef suprême. Les trolleybus et les tramways, équipés de poinçonneuses manuelles, s’ébranlent dans un fracas de tôles. Et les femmes chargées de les conduire descendent régulièrement actionner les aiguillages, clé à molette à la main. Les panneaux publicitaires ? Très discrets. Plutôt des affiches de propagande montrant des anciens combattants ou un policier offrant un bouquet de fleurs à une fillette. Seules « excentricités » occidentales : quelques cafés aménagés façon « pub » et six McDonald’s, toujours bondés.

    Et, bien sûr, l’ordre règne. Pas de mendiants. Pas de chiens errants. Pas de vendeurs à la sauvette. Les piétons attendent au feu. Les trottoirs sont impeccables. Tous les 200 mètres, un groupe de dix balayeurs est à la tâche. La petite délinquance ? Férocement réprimée. Fumer un « joint » vaut cinq ans d’emprisonnement au contrevenant.’’ (etc)

  • Le 13 mars 2006 à 08:21, par énarque En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Une vision tout à fait aveugle et typiquement française où toutes les impressions passagères sont pris pour certitudes. Laissant de côté la politique, je voudrais vous dire que Minsk est une très belle ville, verte et spacieuse, où on vit bien et on sait s’amuser. Une seule journée et tant de conclusions - c’est quand-même exagéré, je suis indignée...

  • Le 13 mars 2006 à 17:09, par Ali Baba En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    À propos de la Biélorussie, il serait intéressant de compléter l’article de Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Bi%C3%A9lorussie actuellement bien pauvre.

  • Le 15 mars 2006 à 10:56, par Ronan Blaise En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    A titre strictement personnel je ne vois vraiment pas en quoi ce témoignage est ’’aveugle’’ et ’’typiquement français’’ dans la mesure où, parce que précisément recoupé avec de très nombreux autres (voir ci-dessous), il brosse un portrait certes subjectif mais néanmoins très convaincant de ce qu’est la Biélorussie d’aujourd’hui.

    Par ailleurs, personne ne conteste ici que Minsk soit une ville ’’verte et spacieuse’’ (bien que ce soit peut-être, ici, l’expression d’un cruel manque d’imagination architecturale...). Mais qu’on puisse s’y amuser vraiment et librement, permettez moi franchement d’en douter. (A moins d’avoir effectivement fait son deuil de toute expression politique un temps soit peu divergeante de l’actuel pouvoir...).

    De très nombreux témoignages vont dans ce sens.

  • Le 15 mars 2006 à 13:36, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    La Corée du Nord et Cuba sont certainement de très beaux pays mais ils restent des dictatures brutales et criminelles. La Biélorussie est le dernier reliquat du règne infâme des communistes sur une partie de l’Europe. Il est urgent que ce pays puisse s’en libérer. Votre intervention paysagistes est donc hors sujet.

  • Le 15 mars 2006 à 21:54, par Manu En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Laissant moi aussi de côté la politique, je voulais vous dire que Berlin était également une très belle ville, verte et spacieuse, où l’on vivait bien et où on savait s’amuser (à part quelques rabats-joie), en... 1933.

  • Le 29 août 2006 à 18:33, par delphine sinou En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Bonjour,

    Je suis de retour de 10 jours de vacances chez mon correspondant à Moguilov, ville de l’extrême est du Bélarus, et mon impression est extrêmement différente...

    Je m’attendais à ce que vous décriviez pour l’avoir déjà noté en 1999 : tristesse, propagande, grisaille, pauvreté...Et surprise ! J’ai découvert une ville propre, fleurie, pimpante, aux terrasses bondées...(et aux nombreux monuments aux morts, c’est vrai !)Le centre-ville est en pleine reconstruction, et les jeunes que j’ai pu voir sont heureux de leur sort, et pleins d’espoir et de confiance dans le Bélarus...et dans l’extraordinaire Loukachenko...

    Je trouve quand même tout cela un peu trop lisse...et je garde en tête les manquements aux droits de l’homme régulièrement dénoncés, le Bélarus est une dictature, pas de doute là-dessus.

    Pourtant je ne comprends pas : comment Loukachenko parvient-il à donner cette image de prospérité ? Comment finance-t-il la croissance apparente (?) du pays qui semble satisfaire de nombreux habitants ?

  • Le 15 mai 2007 à 17:19, par Tania En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Comment pouvez-vous juger le pays où vous n’avez jamais vécu ?! Comment pouvez-vous avoir la prétention de dire que Minsk est une ville sans charme ?! avec l’architecture inexistante ?! J’ai passé 5 ans de ma vie à Minsk, et c’est tout ce que vous voulez, mais juste le contraire de ce que vous décrivez ! Il y a plein de petits coins charmants, peu connus aux touristes d’un jour, comme vous ! Au lieu d’exposer votre point de vue purement subjectif, il a fallu lire un peu l’histoire de la Biélorussie. Vous auriez compris d’où vient cette quantité des monuments aux morts et cette architecture ! Savez-vous que pendant la Seconde Guerre mondiale, la Biélorussie a payé le plus lourd tribut de toutes les républiques soviétiques ? 209 de ses villes furent détruites ainsi que 9200 villages, dont 616 furent brulés avec leurs habitants.Plus de maisons, plus de monuments, plus d’églises !!! On a recensé environ 1,3 million de victimes !!! Ne croyez-vous quand-meme pas, qu’après la guerre la population avait le temps pour penser à l’architecture ?! Il a fallu reconstruire vite et en grande quantité.Et les prisonniers de guerre y ont participé. Si vous avez visité Varsovie, vous auriez du vous apercevoir qu’il y a beaucoup de batiments du meme style qu’à Minsk, gris et sobres, (remarquez !) construits par les memes prisonniers de guerre ! En ce qui concerne la situation politique... maintenant, je peux le dire en connaissance de chose, en France tout n’est pas rose non plus. Et avec le nouveau président, vous n’etes pas sortis de l’auberge !!! Vous allez en baver !!!

  • Le 15 mai 2007 à 20:37, par emilie En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Bonjour,

    J’ai habité 10 mois à Minsk, je voulais signaler pour les voyageurs qu’il est impératif de s’enregistrer à la police(si vous restez plus de trois jours). Si vous êtes à l’hôtel, vous êtes enregistrés directement, en revanche si vous êtes chez l’habitant il est bon de s’organiser avant car il faut une personne qui soit propriétaire de son appartement(et ce n’est pas courant...), et cette personne doit avoir le temps de venir avec vous.

    Derniére chose, n’oubliez pas de prendre une assurance maladie à la frontière !!!

    Rendez vous au Bélarus,il y a des personnes formidables, et allez voir quelques piéces de théâtre :-) et aussi le groupe Bez Bileta !!!! groupe rock :-)

    bon voyage

  • Le 16 mai 2007 à 07:34, par Fabien Cazenave En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    C’est justement subjectif un point de vue... tout comme le votre.

    D’ailleurs, l’architecture est souvent du fait non de la population mais de ce qui dirigent. Alors si vous voulez débattre des goûts et les couleurs...

    Et puis, mettre au même niveau Nicolas Sarkozy et M. Loukachenka, la démocratie imparfaite en France et la dictature en Biélorussie ... c’st vraiment objectif ça ?

  • Le 16 mai 2007 à 10:33, par Ronan En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Il ne faut peut-être pas tout mélanger : d’une part des considérations strictement architecturales de nature purement esthétique (des goûts et des couleurs...) et, d’autres parts, des commentaires politiquement (forcément orientés) sur des réalités politiques, économiques et sociales concrètes et tangibles...

    Par ailleurs, ici il s’agit sans doute moins de rechercher l’objectivité théorique (existe-t-elle seulement ?!) que, surtout, l’honnêteté dans un jugement forcément subjectif : j’aime, j’aime pas (admettons...) mais en tout cas j’annonce la couleur et je dis pourquoi.

  • Le 22 août 2007 à 07:29, par Serge En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Bonjour, Mon épouse est Bièlorusse, donc j’ai eu l’occasion de passer mes vacances dans ce pays 4 fois sur 5 ans. Il est évident que la démocratie n’est pas le point fort de ce pays, en contrepartie aussi bien le grand banditisme (mafia), que la petite criminalité n’existe presque plus ! J’ai laissé encore cette année ma voiture (grosse berline de luxe, avec plaques belges) à peu près n’importe où dans les rues de Vitebsk (*- 400000 hab) et j’étais bien moins inquiet que dans les rues de Liége, Bruxelles ou Paris !Le pays évolue, la musique européenne ou américaine bien plus présente sur les ondes. La qualité de nourriture,les voitures,les maisons,...Du côté négatif, une grande différence entre les « riches »(2000 euros par mois) qui représentent +- 10 à 20 % et les pauvres (100 euros par mois). Mais que vous soyez invité n’importe où, l’accueil sera le même, chaleureux. Autre point négatif, la lourdeur de l’administration. Attention soyez en règle pour tout, sinon une négociation sur le prix à payer pour éviter l’ammende sera nécessaire. Je ne regrette nullement mes vacances et pense déjà à retourner en 2008. Serge

  • Le 26 août 2007 à 18:29, par Fabien Cazenave En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Le manque de démocratie ne semble pas vous gêner tellement... Je vous invite à lire l’article de notre Jeune Européen - Danemark qui s’était fait « virer » manu-militari sans explication.

    La grande criminalité n’existe plus ? Vous allez un peu vite en besogne... surtout quand ceux qui bénéficient de la corruption sont en fait au pouvoir !

  • Le 4 novembre 2007 à 11:58, par ? En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Juste signaler - rubrique ’’Biélorusses célèbres’’ - que le joueur de football Aliaksandr Hleb joue à Londres (Arsenal) depuis juin 2005.

  • Le 4 décembre 2010 à 21:08, par KATIA En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Bien que j’arrive un peu (beaucoup) après la discussion, j’avais envie de réagir su cet article et sur certains commentaires laissés, ou plutôt dédaignés par des « jeunes européens éclairés ». L’architecture de la ville vous semble triste et grise, faute du peuple et du pouvoir ? Savez-vous, ou vos amis australiens, que la ville a été détruite à 98% pendant la 2me guerre mondiale ? Dévastée comme tout le pays, presque 1,5 million de victimes ? et après la guerre, il y avait d’autres préoccupations que l’esthétique, c’est compréhensible, il me semble ! un autre point qui m’a fait bien marrer : votre escapade dans le métro (quelle aventure !) et les pauvres gens opprimés qui vous regardaient si tristement et avec tant d’envie, puisque vous, vous étiez libres et vous saviez vous amuser ! savez-vous ce que ça veut dire, les différences culturelles ? savez-vous qu’en Bélarus, c’est très impoli de parler fort dans le transport en commun et gêner ainsi les autres passagers ? bien sûr, la culture française est la référence pour le reste du monde et si on est différent, ben, on est des sauvages ! les français sont les premiers à décrier « l’impérialisme culturel » américain... êtes-vous mieux que les américains ? laissez-nous, les pauvres peuples opprimés, dans nos pays gris et ennuyeux, surtout, ne nous délivrez pas de nos dictatures (on saura nous démerder s’il le faut), continuez , en route pour les matrioshkas, les ours qui se baladent dans la ville, vodka, blinis, etc. Amusez-vous !

  • Le 18 avril 2014 à 18:09, par MARC En réponse à : Mon expérience en Bélarus

    Katyn en Biélorussie n’est pas le Katyn que l’on cite généralement (état-major polonais décapité par Staline) .

    C’était un « leurre » des soviétiques (pour semer la confusion sur l’existence de Katyn) à la mémoire des citoyens biélorusses qui ont été massacrés par les nazis dans ce village qui à priori s’appelle aussi Katyn .

    Le vrai Katyn est en Pologne.

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