Pour mieux gérer la mondialisation,

la solution fédérale

, par Arnaud Lebrun

Pour mieux gérer la mondialisation,

Le terme « mondialisation » est souvent utilisé à tort et à travers pour décrire la situation économique et sociale actuelle. Si tous les experts ne s’accordent pas entre eux sur l’ampleur de ce phénomène, on peut néanmoins affirmer sans détour que rares sont les personnes qui ne sont pas touchées par ses conséquences omniprésentes...

Qui pour arbitrer la mondialisation ?

On pourrait songer à l’OMC en tant qu’organe chargé d’arbitrer le champ économique international. Mais quelle institution démocratique en adopte les règlements internationaux ? Qui représente les citoyens du ’’village planétaire’’ au moment où les décisions internationales sont prises ?

Les Nations Unies, bien qu’indispensables, sont encote très largement contrôlées par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et n’ont pas juridiction de toute façon sur l’OMC. Et la scène politique mondiale est encore largement dominée par les puissances nationales.

Et ce, alors même que le monde financier, productif et commercial ordonné au plan mondiale a un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, dans les domaines divers et variés comme, par exemple,par exemple la distribution alimentaire ou la protection de l’environnement. Et « Le monde en développement » est d’autant plus affecté que les centres de décision sont lui sont éloignés...

Une tendance à la dissociation entre espaces politiques et décisions économiques

Les décisions économiques sont de plus en plus dissociées de l’espace politique national. Les premières sont souvent prises au niveau des Multinationales alors les dernières sont théoriquement du ressort national. Le « libéralisme » dans son acceptation actuelle ne fait que renforcer cette tendance. Ainsi, comment un contrôle politique de la mondialisation pourrait être effectué concrètement ?

Le fédéralisme est un corps d’idée dont l’application pourrait avoir des effets bénéfiques majeurs. L’autonomie et la règle démocratique font partie de ses concepts clefs. Les décisions tout en étant prises au niveau le plus efficace, devraient remonter des citoyens eux-mêmes et ce, dans chaque structure économique sociale et politique.

Ainsi pourrions nous interroger tout d’abord sur les défis que soulève aujourd’hui une mondialisation sans contrôle démocratique avant de voir comment ce dernier pourrait naître de la mise en place de nouvelles structures politiques...

Un nouvel ordre économique mondiale : les réseaux.

La mondialisation est caractérisée par des interconnections croissantes entre les activités humaines. Un nouveau mode d’agencement de ces activités est né : le réseau.

Au niveau de l’entreprise, il consiste à remodeler ses activités économique au niveau mondial pour en retirer un bénéfice croissant. La production peut être déplacée en Chine, la comptabilité en Inde, le marketing au niveau des différents centres régionaux alors que le siège social reste en Italie, par exemple.

Cette disposition ne connaît pas de frontières et son seul moteur est la recherche du profit. Chaque ’’segment’’, chaque ’’tronçon’’de cette « chaîne d’assemblage » est interconnecté dans différents réseaux de telle manière que l’information, le capital et les hommes (principalement les cadres et les techniciens) y circulent librement.

Des enjeux humains à la hauteur des potentialités économiques

A la chute du mur de Berlin, les entreprises privées ont été les premières à se rendre compte des potentialités immenses (mais non sans fins) d’un monde réellement global. Le moteur de cette course est la concurrence, et les profits croissants doivent représenter une ligne d’arrivée toujours plus lointaine et chaque fois repoussée.

Cette concurrence n’oppose plus seulement les hommes, les entreprises ou les pays entre eux mais affecte directement les espaces régionaux (infra-nationaux). Les champs de bataille de la guerre économique se trouvent dorénavant au niveau des régions interconnectées.

La gestion entrepreneuriale a incorporé les régions dans ses calculs de telle sorte que la sphère publique doit aujourd’hui contribuer à ses gains. Le coût financier de l’impact environnemental de la production et des transport en toute bonne logique doit être « outsourcé » auprès de la communauté afin de ne pas affecter les bénéfices.

Les lois doivent être aussi favorable à la communauté économique que possible afin d’attirer le plus grand nombres que possible, synonyme potentiel d’emplois nouveau pour la région. La planète est ainsi interconnectée (communication, transports…) de sorte que toute information soit disponible en tout point, facilitant les comparaisons…

Une représentation impropre des travailleurs : le déclin des syndicats nationaux

Les syndicats de travailleurs sont aujourd’hui en situation de déclin plus ou moins rapide du fait de leur incapacité à s’adapter à la réalité mondiale. Tout d’abord il y a peu de relations entre les travailleurs d’un même réseau.. Par exemple en France, les Comités d’entreprise ne dépassent que très rarement la dimension européenne. Mais si l’on peut tirer une leçon de l’Histoire sociale, ce serait pour constater qu’aucune « conquête sociale » n’a jamais été obtenu de manière passive.

Historiquement, les catégories d ‘employés depuis le 19ème siècle ont constituées des représentation locales qui, à leur tour, envoyaient des délégués au niveau supérieur jusqu’à les faire remonter au sommet de la pyramide où leur revendication auraient le plus de chance d’être défendues. Elles avaient d’autant plus de possibilité d’être écoutées qu’elles avaient réussies à fédérer le plus grand nombre.

En parallèle de cette institutionnalisation, se produisait une deuxième phase : une fois acquise la prise de conscience que la législation au niveau national avait un impact direct sur les conditions de vie, il s’agissait là de s’impliquer dans la création de partis politiques susceptibles de les représenter. Or si, aujourd’hui, un syndicat mondial surgissait, un parti politique en émanant n’aurait cependant aucun gouvernement vers lequel se tourner.

Une solution fédérale : la représentation multiple

Le fédéralisme est la clef pour faire émerger d’une diversité extrême une représentation politique. Aujourd’hui, aucun organisme véritable ne peut prétendre refléter la diversité mondiale. Le pacifistes sont certes capables de déclencher au niveau international des mouvement de protestation contre un évènement particulier, par exemple la guerre en Irak. Mais lesquels ont eu tendance à décroître en intensité rapidement.

Or chaque dimension de l’être humain doit potentiellement être représentée. Sur le même modèle que celui cité précédemment pourraient donc être constituées des représentations locales qui, à leur tour, enverraient des délégués aux niveaux supérieurs pour rendre possible la représentation d’une catégorie, que se soient pour les écologistes, les travailleurs, les électeurs, les pères de famille, etc.

Identité multiple, représentation multiple

Information, implication et la solidarité sont les éléments clefs. La prise de conscience que sa situation personnelle dépend parfois littéralement du lot de personnes situées à l’autre extrémité de la planète doit être accrue sensiblement.

Un défi majeur est de trouver une solution pour transmettre aux institutions représentatives la réalité alors que cette dernière évolue de plus de plus en plus rapidement. Chacun est dépositaire d’une identité multiple. Il peut être à la fois travailleur, parent, électeur, patient médical et son environnement peut être brutalement modifié.

Prenons l’exemple de l’installation d’une centrale nucléaire près de chez soi. Il décide de se mettre en grève pour protester. L’entreprise le licencie pour « grève sauvage » et il perd du même coup sa mutuelle complémentaire (aux Etats Unis, cela signifie pratiquement la fin des remboursements de soins). Comment pourrait-il alors réagir au niveau local et ce, en quelque point de la planète ?

La solution fédérale

L’utilisation de moyens modernes de communication tel qu’Internet est source de l’augmentation du rythme du changement, mais peut aussi lui (nous) permettre de réagir de différentes façons. Ainsi, grâce à Internet, le salarié peut dénoncer ce qui lui arrive le jour même. En tant que membre d’une fédération de salariés, il peut également faire appel à un conseil juridique, faire une demande d’aide financière…Et ce, pour chaque domaine de sa vie.

A son tour la fédération pourra se mettre en branle immédiatement et rechercher - par exemple - l’origine de la prise de décision de construire la centrale, les liens éventuels entre l’entreprise du licencié et la centrale… et réagir adéquatement, si besoin est.

A un niveau strictement politique, les organismes de taille continentale semblent être les plus efficaces. Ils doivent être à leur tour représentés au niveau mondial, potentiellement par un de leur membre (par rotation). Une représentation politique ne fonctionne que si elle fédère des personnes relativement similaires de par leur valeurs, leurs cultures et leur pratiques politiques. L’Union Européenne en est un bon exemple.

Imaginer l’avenir

Dans l’idéal, chaque bloc régional, tout en résolvant ses conflits internes, devra ainsi être en mesure de déterminer ses priorités ainsi que le chemin qu’il compte prendre afin de les mettre en œuvre.

Pour ce faire, l’instauration d’une véritable démocratie est essentielle mais aucune forme spécifique ne peut être imposée. En effet, c’est là un processus, non une formule déterminée : il doit s’agir là d’un processus auquel toute personne devrait être capable de s’identifier. Ceci présuppose donc que la construction politique doit partir de la base vers le sommet, de telle sorte que la construction représente la réalité telle qu’elle est perçue par les citoyens (d’où un besoin crucial d’éducation).

Les réseaux étant (comme on l’a vu précédemment) internationaux, les organisation continentales devront être représentées au niveau mondial. Et ce, afin que soient évitées les frictions dues à une éventuelle concurrence acharnée entre elles. Et, au niveau politique international (onusien ?), cela pourrait donc fort bien se traduire par la mise en place d’un système de représentation des blocs régionaux.

En résumé :

La mondialisation représente aujourd’hui un nouveau mode d’interconnexion au niveau mondial. La structure clef se nomme le ’’réseau’’ qui, de manière polymorphe, unifie les activités économiques mondiales.

Alors que ces réseaux internationaux sont conçus pour rapporter le maximum de bénéfices à leurs détenteurs, l’impact sur les « stakeholders » (personnes/entités impliquées/concernées) et leur environnement est considérable.

La mise en concurrence pour recevoir un ’’tronçon’’, un ’’segment’’ de ces réseaux semble aujourd’hui dégrader le processus démocratique, les lois votées ne reflètant plus les intérêts mis en cause.

Mais la souplesse d’application du fédéralisme est telle qu’elle pourrait, à l’avenir, permettre à chacun de - dans sa diversité - se faire entendre et de faire prendre en compte ses priorités. Et ce, au sein et par l’intermédiaire des différents réseaux...

- Illustration :

Photographie du « World-fair unisphere » du Corona park de New York, le visuel d’ouverture de cet article est tiré de l’Encyclopédie en ligne wikipédia.

- Sources :

« Qu’est ce que la globalisation ? Petit Traité à l’usage de ceux et celles qui ne savent pas encore s’il faut être pour ou contre » : Essai de l’universitaire Charles-Albert Michalet, ouvrage publié aux éditions « la Découverte » (poche).

« Globalisation, ville et territoire : l’économie d’archipel » : Essai de l’Universitaire Pierre Veltz, ouvrage paru chez PUF.

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