Référendum grec : le coup de tonnerre de Papandréou

, par Caroline Span, Le Bureau national des Jeunes Européens - France

Référendum grec : le coup de tonnerre de Papandréou

Le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a annoncé lundi soir la mise en place d’un référendum sur l’accord européen de sauvetage de la zone Euro adopté jeudi 26 octobre. Cette annonce a fait l’objet d’un véritable coup de tonnerre alors que l’ensemble des dirigeants européens pensaient avoir trouvé une issue à la crise. Entre respect de la démocratie et irresponsabilité politique, analyse de l’annonce de Papandréou.

« Les Grecs veulent-ils l’adoption du nouvel accord ou le rejettent-ils ? Si les Grecs n’en veulent pas, il ne sera pas adopté »

Par cette phrase prononcée lundi 31 octobre, Georges Papandréou a mis le feu aux poudres de l’économie européenne. Alors que bon nombre de dirigeants et de spécialistes européens pensaient avoir fait le plus dur, voilà que l’accord obtenu à l’arrachée dans la nuit du 26 au 27 octobre pourrait être soumis au vote souverain du peuple grec.

Pour rappel, cet accord prévoit l’effacement de 50% de la dette grecque d’ici 2020 soit l’équivalent de 100 milliards d’euros, le renforcement de la capacité de prêt du Fond européen de stabilité financière (FESF) pour atteindre 1000 milliards d’euros et la recapitalisation des banques.

Cette proposition de référendum fait, depuis son annonce, l’objet de vifs débats. Or il reste peu aisé, en démocratie, d’argumenter contre la consultation d’un peuple qui est souverain. Et en matière de démocratie, nous avons peu de leçons à donner aux Grecs.

Néanmoins, l’opportunité et les conséquences du référendum sont à analyser.

Un referendum survenant au mauvais moment

En effet, sa mise en place risque de faire payer à l’Union européenne, l’irresponsabilité des dirigeants nationaux.

L’irresponsabilité de Georges Papandréou, tout d’abord, qui décide de consulter son peuple après l’adoption de l’accord alors que, a contrario, Angela Merkel avait obtenu mandat du Bundestag avant de partir négocier à Bruxelles.

Cette consultation tardive accule maintenant son peuple à voter pour ou contre l’austérité ou la précarité. Dans ces conditions, comment défendre le OUI ? Comment envisager le NON en ayant conscience de ces conséquences désastreuses telles que la contagion aux autres Etats, la dégradation des notes … ?

D’un certain point de vue, cette décision traduit un manque de courage. Si le non l’emporte, Georges Papandréou pourra, face aux dirigeants européens, se défausser derrière le peuple grec.

En cas de victoire du oui, il mettra son peuple face à ses propres responsabilités alors que celui-ci manifeste contre ses mesures depuis des mois.

Le jeu est donc aujourd’hui biaisé et le peuple grec a conscience qu’il ne se prononcera pas seulement pour sa propre condition mais pour celle de l’ensemble de la zone euro. Ainsi, si le vote en faveur de l’acceptation de ce plan européen nous apparait comme étant le plus raisonnable, nous devons faire preuve d’humilité et de solidarité vis-à-vis du peuple grec.

Le peuple grec exclu et bafoué depuis le début de la crise

Au-delà de l’irresponsabilité de Georges Papandréou, c’est l’ensemble des dirigeants nationaux et le fonctionnement intergouvernementaliste de l’UE qui sont à dénoncer.

Depuis le début de la crise, tous les plans de « sauvetage » de la Grèce ont été faits contre le peuple grec sans pour autant leur donner voix au chapitre et sans avoir les résultats escomptés.

De manière générale, à aucun moment, les peuples n’ont été consultés quant à la gestion de la crise soit par l’intermédiaire du Parlement européen et des parlements nationaux soit directement. Il est donc normal que l’expression d’un ras le bol se fasse de plus en plus pressant et les manifestations de plus en plus foisonnantes. L’Histoire passée et actuelle nous prouve que plus les peuples sont bafoués, plus leur voix se fera forte.

La mise en place de ce référendum nous rappelle donc à quel point les peuples ont été exclus des négociations qui ont lieu à l’heure actuelle alors qu’ils en sont les premiers concernés.

La nouvelle d’hier soir et les réactions qui ont suivi confirme que l’Europe fédérale n’est plus une utopie mais une nécessité.

C’est la seule solution qui nous permettra de sortir de ce marasme. La création d’un Etat démocratique et fédéral, détaché des intérêts nationaux et électoraux, pourra adopter des mesures bénéfiques à l’ensemble du peuple européen.

Même si G. Papandréou n’arrive pas à réunir la majorité au parlement grec et que le référendum n’a pas lieu, cette proposition reflète un certain malaise au sein de l’Union européenne et l’échec de la méthode intergouvernementale. Il est urgent que nous procédions à la convergence de l’ensemble de nos politiques économique, fiscale et budgétaire, que nous mutualisions les dettes et qu’un Haut Commissaire à l’économie soit en charge de ces mesures.

Vos commentaires
  • Le 2 novembre 2011 à 08:15, par Fabien En réponse à : Référendum grec : le coup de tonnerre de Papandréou

    L’Europe des Etats se fout complètement de ce qu’il faut pour l’Europe car les dirigeants nationaux privilégieront toujours leur intérêt électoral à court terme plutôt que l’intérêt général de tous les Européens...

    http://fabiencazenave.eu/2011/11/01/referendum-en-grece-la-demonstration-de-limpossibilite-dune-europe-des-etats/

  • Le 2 novembre 2011 à 09:48, par Laurent Bonsang En réponse à : Référendum grec : le coup de tonnerre de Papandréou

    quelques questions fondamentales : avons nous peur de la démocratie ? quelle légitimité ont les agences de notation ? comment sont choisis les dirigeants des agences de notation et respectent ils les droits fondamentaux tels qu’ls sont définis par le BIT, la charte sociale européenne par exemple ? au centre de la société qui est le plus important ? le choix démocratique ou les aléas des speculateurs qui seront les premiers à venir réclamer des aides publiques (et donc des citoyens eux même) pour les aides en cas de déroute ?

    il est urgent de voir quelles sont les valeurs fondamentales, ce qui est le plus important. ce qui est important ne serait il pas la vie de plus en plus difficile pour de plus en de plus de personnes ?

    avec les réactions à l’annonce du premier ministre grec (celle de Sarkozy notamment) on se rend compte que les décisions se font en dehors du cadre communautaire notamment que le Parlement européen est exclus (de fait sont exclus nos élus, ceux que nous avons élu !) mais le pire c’est de voir que l’Europe est de plus en plus critiquée, mal aimée et qu’en continuant ainsi, tel l’orchestre du titanic, cette belle idée de construction européenne, cette utopie tombera pour la raison essentielles de n’avoir pas choisi ses citoyens au profit des agences de notation.

  • Le 7 novembre 2011 à 01:59, par David En réponse à : Référendum grec : le coup de tonnerre de Papandréou

    Irresponsabilité politique ou plutôt ras-le-bol ? En Grèce, les manifestants réclamaient depuis longtemps ce référendum (qui n’a finalement plus lieu).

    Mais ce qui est assez original, c’est que l’extrême-droite, la droite et l’extrême-gauche grecques se retrouvaient main dans la main pour taper sur le gouvernement, avec des arguments souvent démagogiques. Comment le ND grec, Antonis Samaras en tête (droite), peut-il critiquer le plan signé par Papandréou, alors que ce sont ses propres amis du PPE (Sarkozy, Merkel) qui l’ont imposé à la Grèce ? Et qu’ils savent qu’il n’y aura pas d’autre solution ?

    Le référendum peut sert naturellement à la ratification des traités internationaux. C’est pas nouveau, ni illégitime : tout traité international signé doit être ratifié par le législatif, ou par le peuple souverain directement. Mais en évoquant le référendum, Papandréou en a eu ras-le-bol des démagos, il a mis la droite devant ses propres contradictions. Cette droite qui a d’ailleurs oublié qu’elle était responsable de la situation actuelle en Grèce, suite aux falsifications dans les comptes publics opérées par le gouvernement de Karamanlis...

    Petite précision : ce n’est pas 50% de la dette grecque dont il est question, mais env. 50% de la dette grecque détenue par les banques privées.

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