« Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

Interview de Nicole Fontaine, 25 ans députée européenne et ancienne présidente du Parlement européen

, par La Rédaction du Taurillon, Fanny Dubray

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« Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

Députée européenne pendant près de vingt-cinq ans, Nicole Fontaine a été l’une des deux seules femmes à exercer la présidence du Parlement de Strasbourg. Un an après l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, elle revient sur les évolutions introduites par le Traité, et sur les défis qui attendent l’Europe aujourd’hui. Un enthousiasme communicatif.

Le Taurillon : Madame la Présidente, vous avez mené la majorité de votre carrière politique au niveau européen. Quelles différences avez-vous pu noter avec la vie politique nationale ?

Nicole Fontaine : Effectivement, la « carrière » politique, pour reprendre ce mot que je n’aime pas beaucoup, est très différente au niveau européen et au niveau national. Au Parlement européen, l’objectif que nous poursuivons, c’est de faire progresser la construction de l’Europe : c’est un ciment qui dépasse les clivages politiques, ce qui n’est pas toujours le cas dans les Parlements nationaux. En outre, nous votons sur des textes qui n’ont pas forcément une portée politique « politicienne » : ils visent plutôt à harmoniser nos législations pour permettre que les libertés prévues par les Traités (la libre circulation des personnes, des marchandises, des capitaux) puissent entrer en vigueur.

Une autre différence très importante tient dans le fait que le Parlement européen doit négocier à une majorité très contraignante, à savoir la moitié des membres qui le composent plus une voix, ce qui représente 369 voix pour 736 députés. Or, aucun groupe politique, ni le Parti Populaire Européen [la droite européenne, ndr] ni les socialistes [le PSE, ndr], ne réunit un tel nombre de députés. Le Parlement européen est donc « condamné » à construire des majorités d’idées qui dépassent largement les majorités politiques.

Enfin, nous retrouvons souvent, dans les textes que nous votons, des clivages qui sont plus nationaux que politiques, parce que sur certains textes, les pays ont des intérêts divergents. On voit ainsi les députés socialistes allemands travailler la main dans la main avec les députés de la CDU [les conservateurs allemands, ndr], les députés travaillistes britanniques s’allier avec leurs compatriotes conservateurs, pour défendre dans les textes ce qu’ils estiment être leur intérêt bien compris. Tout cela fait que la conception de la politique est différente de celle qui prévaut au niveau national. Nous avons ainsi des communions d’idées avec des collègues issus de groupes de sensibilité politique très différente. C’est d’ailleurs l’un des aspects que j’ai trouvé le plus positif.

Nous avons fêté en décembre dernier le premier anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. L’une des principales nouveautés de ce texte est le "droit d’initiative citoyenne". En tant qu’ancienne membre de la commission aux Affaires juridiques et aux droits des citoyens du Parlement européen, quel regard portez-vous sur cette innovation ? Quelle pourrait être la place du Parlement européen dans la mise en œuvre de cette initiative ?

Nicole Fontaine : Le Traité de Lisbonne a prévu cette possibilité, mais sans en préciser les contours. Ceux-ci doivent être déterminés par un texte législatif, que l’on appelle un règlement. Bien qu’il ne dispose pas lui-même du droit d’initiative, le Parlement s’est immédiatement mis au travail en commandant un rapport d’initiative à la Commission européenne, chargée de préparer rapidement une proposition de règlement qui permette de mettre en œuvre cet élément du Traité.

La proposition soumise par la Commission sera votée le 16 décembre prochain. Elle précise par exemple que les citoyens signataires doivent provenir d’un tiers des Etats-membres, et fournit d’autres précisions pour éviter qu’il n’y ait des fraudes, et que la volonté des citoyens soit fermement établie.

Quels sont les risques et les atouts d’un tel dispositif ?

Nicole Fontaine : On verra à l’usage ce que cette initiative donnera. Quoiqu’il en soit, le Parlement y est très favorable. Le déficit de communication avec les citoyens, que l’on a notamment pu constater au moment des référendums, s’explique par le fait que ces derniers n’ont pas suffisamment été associés à la construction de l’Europe, de sorte qu’un fossé s’est créé entre les décideurs communautaires et le peuple.

Cette initiative pourrait être l’occasion de remettre le citoyen au cœur de la construction européenne. Il est d’ailleurs tout-à-fait intéressant que la première initiative concerne un moratoire sur les OGM. Bien sûr, on voit bien qu’elle a été portée par des associations très solides [Greenpeace et Avaaz, ndr]. Toutefois, grâce aux progrès technologiques et une bonne organisation, il y a là une véritable opportunité.

Un autre élément d’innovation introduit par le Traité est la mise en place du Service européen d’action extérieure. Pensez-vous que cette nouvelle structure puisse véritablement renforcer la crédibilité de l’UE sur le plan international ?

Nicole Fontaine : Cela ne se fera d’un coup de baguette magique. Je vais être très franche avec vous : j’aurais préféré, et je ne suis pas la seule, qu’il y ait une personnalité très forte au poste de Ministre des Affaires étrangères, ou de Haut représentant [pour la Politique extérieure et de sécurité commune], pour reprendre le terme exact. Ceci étant, ce service extérieur est porteur d’avenir dans la mesure où il va créer une culture commune au sein de la diplomatie européenne.

Si vous mettez ensemble des fonctionnaires du Quai d’Orsay avec des fonctionnaires des vingt-sept autres diplomaties, je crois qu’ils finiront insensiblement par acquérir un esprit européen, comme cela se passe d’ailleurs au Parlement ou à la Commission. Souvenez-vous, lorsque Mme Thatcher était au pouvoir en Grande-Bretagne, elle avait envoyé à la Commission un homme politique très anti-européen, Lord Cockfield. Devenu, au contact de ses collègues commissaires et des députés, plus européen que les européens, Lord Cockfield a rapidement été rappelé par Mme Thatcher, horrifiée d’assister à cette « contagion » que je qualifierais de « positive ».

Je pense qu’il pourrait y avoir semblable « contagion positive » de l’esprit européen au sein du Service d’action extérieure. D’ailleurs, la nomination à la tête de ce service du diplomate français Pierre Vimont, un homme de grande pointure, à la fois discret mais très intelligent, nous permet d’espérer une avancée.

Quelles seraient selon vous les grands chantiers de la politique étrangère européenne ?

Nicole Fontaine : Le premier chantier serait de s’impliquer dans le processus de paix au Proche-Orient. L’Europe y est désespérément absente, ou plutôt n’est présente que comme un « tiroir caisse », réduite à apporter son concours financier pour reconstruire les infrastructures détruites par l’un ou l’autre des deux adversaires.

C’est très triste, et je crois pouvoir dire que les protagonistes de ce conflit souhaitent l’implication européenne. Il n’est en effet pas sain que ce soient les seuls Etats-Unis qui fassent la loi dans ce domaine. J’ai ainsi beaucoup regretté personnellement que Monsieur Obama n’ait pas invité Madame Ashton lorsqu’il a tenté il y a quelques semaines de relancer les négociations.

Le Traité de Lisbonne a également apporté des innovations sur le plan institutionnel, avec, entre autres, la création du poste de Président du Conseil européen. Comment ces évolutions ont-elles rebattu les cartes du jeu institutionnel européen ? Le Parlement sort-il son épingle du jeu ?

Nicole Fontaine : Malheureusement, on ne peut pas aujourd’hui faire ce constat optimiste, car le rôle du Président du Conseil européen n’a pas été clairement défini dans le nouveau Traité. D’autant plus que nous avons, [à travers Monsieur Van Rampuy, ndr] une personnalité discrète, peu connue, qui, s’il fait peut-être du bon travail, n’a pas pour autant les coudées franches. Car on assiste, au sein de l’Union européenne, à un réveil de l’intergouvernemental : on n’a plus chez Madame Merkel ni chez Monsieur Berlusconi l’esprit communautaire qui a pu exister lorsque je me trouvais au Parlement européen.

Aucune de ces personnes que j’ai citées, ni de celles qui plus généralement gouvernent les Etats membres, n’a intérêt à ce que Monsieur Van Rampuy soit vraiment la personnalité qui incarne l’Europe. Enfin, le Président du Conseil européen est concurrencé par trois autres personnalités qui peuvent également se prévaloir de représenter l’Union : le Président de la Commission, Monsieur Barroso, le Président du Conseil de l’Union européenne, et la Haute représentante pour la politique étrangère, Mme Ashton. A la question de savoir qui, parmi elles, incarnerait l’Europe, les auteurs du Traité de Lisbonne répondaient que ces quatre personnalités seraient assez intelligentes pour qu’il n’y ait pas de problème : cela, bien sûr, ne répond pas à la question.

Le Taurillon : Votre engagement européen ne s’est pas arrêté aux portes du Parlement : aujourd’hui, vous enseignez à l’Université, et vous intervenez dans les établissements scolaires. Pensez-vous que les députés européens aient un rôle particulier à jouer dans la promotion de la citoyenneté européenne ?

Nicole Fontaine : Tout le monde a un rôle à jouer, pas seulement les députés européens. Ceux-ci ont déjà beaucoup à faire en accomplissant complètement les obligations liées à leur mandat européen, comme nous le rappelle le titre d’un livre écrit par une députée italienne, La femme à la valise. S’il est vrai que la citoyenneté européenne ne se décrète pas, le travail dans les écoles est cependant essentiel. Je pense que les vecteurs de la citoyenneté européenne sont l’école et le monde associatif. Mais il convient surtout de s’interroger davantage sur les raisons profondes du désintérêt des citoyens européens : voilà ce qui selon moi est le plus important.

illustration : Nicole Fontaine

Vos commentaires
  • Le 12 janvier 2011 à 23:19, par Jonathan Gillot En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Le plus gros problème de l’Union Européenne, c’est pas le manque de démocratie c’est la communication ! Etre obligé d’aller sur internet chercher des magazines ou sur Europa c’est vraiment n’importe quoi... Les quotidiens nationaux se foutent de l’Europe (ils n’en parlent que pour la critiquer, pour dire que « c’est la fin de l’euro » et ce genre de conneries) et les journaux télévisés c’est l’europhobie à la télé ! Tout à l’heure Laurent Wauquiez (le porte parole de je ne sais quel ministère) nous a chié une pendule parce que la fête de Noël n’était pas indiquée dans les agendas de l’Union offerts aux lycéens alors que le ramadan y était (comme si l’UMP caracolait dans les sondages... dès que ça ne va pas ils cherchent un bouc émissaire pour faire du populisme). Bref. Le fossé qui s’est creusé et qui continue de se creuser entre l’Union et ses citoyens c’est dû au zéro pointé en communication. Je me rappelle que dans les livres d’histoires on voyait des photos de vieilles affiches placardées dans les rues avec des messages positifs de l’Europe. Elles sont passées où aujourd’hui ? Et Arte, c’est bien comme chaîne européenne... pour la culture. Mais l’information elle est où ? Il faudrait peut-être réfléchir à une chaîne de télé un peu plus... eurocitoyenne. Quant à Internet, c’est pratique mais toutes les informations y sont noyées : internet est fait pour se renseigner, pas pour s’informer. L’information a toujours ses supports de prédilection : la télé et le journal. Regardez ces journaux gratuits qui fleurissent dans les transports en commun des villes... pourquoi l’Union ne fait pas la même chose ? Elle pourrait y expliquer qui elle est, ce qu’elle fait, et pourquoi elle nous est si importante. Mais non on ne l’entend jamais. Quand une personne est publiquement accusée d’un mal et qu’elle ne se défend pas, alors c’est qu’elle est coupable. C’est exactement la même chose avec l’Union. Tous l’accusent de faiblesse, de libéralisme, de népotisme, d’être technocratique et de gaspiller l’argent de l’Etat. Alors comme elle ne répond pas... Est-ce qu’elle est sourde ? Est-ce qu’elle est muette ?? Ou alors est-ce tout simplement vrai ??? Si l’Union ne se bouge pas pour faire un vrai service de communication, elle s’effondrera avant qu’on ait eu la réponse !

  • Le 13 janvier 2011 à 09:11, par Pierre-Franck HERBINET En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Dans un salon du Quai d’Orsay, le 9 Mai 1950, Robert Schuman, prononça un discours. Devenue un espace intégré sur les plans économique, monétaire et juridique, s’étendant sur une superficie de 4.072.739 km2, découpée en 3 fuseaux horaires, aux frontières méridionale, occidentale et septentrionale bordées de mers, l’Europe se construisit progressivement. Entré en vigueur depuis le 1er Décembre 2009, le Traité de Lisbonne délimite le rôle des institutions de l’Union européenne. Les échanges intra-communautaires sont libellés en euros. La stabilité de l’environnement monétaire favorise la cohésion des politiques des États membres de la zone euro. 6 pour cent de la population mondiale vit sur cette zone de paix durablement acquise et de prospérité sans équivalent. Et quand bien même la généralisation du vote à la majorité qualifiée, le maintien de la méthode intergouvernementale renforce l’inefficacité démocratique et l’inaction en politique étrangère. A quand rompre avec le « tout national » ? A quel horizon ce sentiment d’appartenance mutera de l’échelle nationale à l’échelle supranationale ? En totale conformité avec l’objectif des Pères fondateurs, renouvelons l’appel à « une Union sans cesse plus étroite des peuples européens », eu égard le sentiment lointain inspiré par ce projet de civilisation, sombrant régulièrement dans la défiance si ce n’est dans la détestation populaire. Nul doute que le défi de la décennie est l’implication de nos euro-concitoyens dans la construction europée

  • Le 13 janvier 2011 à 13:26, par Pierre-Franck HERBINET En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Jean-Jacques SERVAN SCHREIBER conseilla de « Dire la vérité telle que nous la voyons ». Sans LIBERTE au sens noble du terme, le déficit de libertés individuelles en particulier luit comme un reflet phagocytant le bien-être de toute une communauté. Concernant la liberté d’opinion et l’expression idéologique, concernant la liberté de diffusion informative, combattons vigoureusement l’ingérence des autorités publiques en son sein. Défendons nos principes fondant l’Europe, à savoir la solidarité envers les régions, la libre circulation ou l’esprit de concurrence. Victor HUGO annonça : « Un jour viendra où toutes les nations du continent, sans perdre leur qualité distincte et leur glorieuse individualité, se fondront étroitement dans une unité supérieure et constitueront la fraternité européenne. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes ». Un jour viendra, à l’aune de la progression des libertés individuelles de chaque peuple européen, le fonctionnement démocratique de l’Union européenne atteindra son plus haut point. Un jour viendra, l’idée européenne s’affirmera. * Démocratement * * Pierre-Franck Herbinet * * *

  • Le 13 janvier 2011 à 17:48, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Laurent Wauquiez est ministre délégué aux affaires européennes.

    Quant à la couverture médiatique de l’UE c’est un vaste débat ! mais il est un peu réducteur de jeter l’opprobre sur la communication de l’UE seulement.

    Connaissez-vous un Parlement dont tous les débats de commissions parlementaires, sans même parler des séances plénières sont disponibles en streaming et conservés en archive ? Il est vrai que les textes diffusés sur le site de la Commission sont souvent en anglais d’abord voire uniquement, mais connaissez-vous un gouvernement au sein duquel les chefs d’unités peuvent être contactés sur simple coup de téléphone dont le numéro est disponible sur un agenda en ligne ? La communication web de ces deux institutions est loin d’être minable.

    Le faible traitement médiatique dont l’UE fait l’objet s’explique par un désintérêt des médias, lié à un désintérêt de la population. Communiquer plus et mieux est sans doute essentiel, mais ce n’est probablement pas le coeur du problème. Il est en effet très préoccupant de voir l’intérêt des citoyens européens décroître (@HR) alors que les compétences de l’UE suivent le chemin inverse. La transparence, la démocratisation croissante, représentative comme participative, ne semblent pas changer grand chose pour l’instant. Les citoyens ont peut-être perdu une ambition initiale qui apparaît faussement comme réalisée pour toujours : construire la paix.

    Quant aux campagnes d’affichage, les Jeunes européens-France sont prêts à accueillir votre aide avec joie et enthousiasme !

  • Le 13 janvier 2011 à 22:17, par Jonathan Gillot En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Le type de communication que fait l’UE serait tout-à-fait efficace si ses citoyens étaient intéressés par la construction européenne, ses institutions et tout le tralala d’agences qui la composent. Mais comme vous le dîtes, ils s’en désintéressent. Alors à quoi bon mettre toutes les séances plénières du parlement en streaming ?! Ils ne vont pas appeler les hauts fonctionnaires non plus, sauf peut-être pour les insulter remarquez ;-) Les médias nationaux ne font pas leur travail, c’est indéniable. Ils ne sont bon qu’à faire du sensationnalisme, ils savent très bien transmettre la peur et la haine. Leur but n’est pas d’informer les gens mais de leur faire éprouver quelque chose en les choquant si possible. D’ailleurs quand tout le monde a pleurniché parce que la Hongrie leur a mis des bâtons dans les roues, franchement ça ne m’a fait ni chaud ni froid vu la merde qu’ils nous servent à la télé. A force de dire aux Français qu’ils vivent dans un pays de merde, ils ont fini par le croire. Et après les médias tombent des nues parce que le peuple Français est le plus pessimiste du monde ! La liberté de la presse c’est pas juste un droit pour les médias, ca leur donne aussi le devoir de bien nous informer. Alors il faut que l’UE contre-attaque, qu’elle s’impose. Elle n’a pas besoin de l’autorisation des Etats pour créer une chaîne « euro-publique » non ? Si les médias nationaux ne veulent pas d’elle, elle n’a qu’à les concurrencer, et par tous les moyens. En plus ca ne lui couterait pas grand chose, peut-être qu’elle y gagnerait même avec quelques publicités de-ci de-là. Quant au placardage d’affiches c’était un exemple, mais il est vrai que ce serait un plus. Comme un journal gratuit distribué dans le métro aussi. Quoi qu’il en soit, je ne sais pas qui vous êtes et si vous baignez dans un environnement d’europhiles... mais moi je ne suis qu’un citoyen lambda et je ne pas encore vu une seule personne me parler « positivement » de l’Union Européenne. Vous ne savez pas à quel point c’est terrible de voir la plus belle chose sortie d’un esprit humain rejetée parce qu’incomprise...

  • Le 14 janvier 2011 à 11:06, par Cédric En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    “à quoi bon mettre toutes les séances plénières du parlement en streaming ?”

    Parce que ce n’est pas cher et que c’est utile à de nombreux acteurs. Pas au citoyen lambda, je vous le concède. Mais la mesure est efficiente. Et écolo, par-dessus tout.

    “Alors il faut que l’UE contre-attaque, qu’elle s’impose. Elle n’a pas besoin de l’autorisation des Etats pour créer une chaîne « euro-publique » non ?”

    Si, elle aura besoin de l’autorisation des Etats (Conseil) pour la créer, et il n’est pas certain que le traité le lui permette. En fait, on peut considérer qu’un telle chaîne existe déjà : Euronews et Arte, au choix. Très bon programmes adaptés à des publics-cibles définis. Le problème étant que ces chaînes ne correspondent pas à la touche « 1 » de la télécommande.

    Mais je réfrène tout de suite vos ardeurs : l’UE aura aussi besoin de l’autorisation des Etats (et de la CEDH) pour obliger les téléspectateurs à mettre Euronews sur la touche « 1 » de leur boîtier.

    “Comme un journal gratuit distribué dans le métro aussi.”

    Oui, ce serait un succès en termes de communication. Les gens vont adorer voir leurs impôts passer dans 500 millions d’exemplaires par jour.

    L’UE produit déjà des tracts et brochures de toutes sortes diffusées en masse en région. Visiblement, leur impact est très modeste. Et on a souvent l’impression de voir davantage de fonds FEDER partir dans des brochures FEDER que dans des projets FEDER.

    “Vous ne savez pas à quel point c’est terrible de voir la plus belle chose sortie d’un esprit humain rejetée parce qu’incomprise…”

    Pauvre UE est incomprise ? Ça doit être l’adolescence... Ôtez-moi d’un doute : en démocratie, n’est-ce pas aux élus de comprendre les citoyens ?

  • Le 14 janvier 2011 à 13:22, par Jonathan Gillot En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    “à quoi bon mettre toutes les séances plénières du parlement en streaming ?”

    Parce que ce n’est pas cher et que c’est utile à de nombreux acteurs. Pas au citoyen lambda, je vous le concède. Mais la mesure est efficiente. Et écolo, par-dessus tout.

    Ben justement je croyais que le thème de l’article était de chercher à « remettre les citoyens au cœur de la construction européenne ». Quant à l’argument écolo c’est super facile à trouver maintenant : il suffit d’expliquer qu’on imprime sur du papier recyclé. ;-)

    Si, elle aura besoin de l’autorisation des Etats (Conseil) pour la créer, et il n’est pas certain que le traité le lui permette. En fait, on peut considérer qu’un telle chaîne existe déjà : Euronews et Arte, au choix. Très bon programmes adaptés à des publics-cibles définis. Le problème étant que ces chaînes ne correspondent pas à la touche « 1 » de la télécommande.

    C’est pas forcément le plus ennuyeux qu’une telle chaîne soit « mal classée » sur la télécommande. Ensuite comme je l’ai dit, Arte c’est bien pour se cultiver. Quant à Euronews, c’est payant... Bref si Arte et Euronews sont permises, une chaîne européenne gratuite et « eurocitoyenne » doit pouvoir se faire aussi.

    “Comme un journal gratuit distribué dans le métro aussi.”

    Oui, ce serait un succès en termes de communication. Les gens vont adorer voir leurs impôts passer dans 500 millions d’exemplaires par jour.

    A bon parce que vous payez des impôts pour « Direct Soir », « Direct Matin », « Metro France », etc. qui sont distribués gratuitement dans les transports en commun ? Ces journaux sont financés par la pub, l’UE n’a qu’à faire pareil.

    L’UE produit déjà des tracts et brochures de toutes sortes diffusées en masse en région. Visiblement, leur impact est très modeste. Et on a souvent l’impression de voir davantage de fonds FEDER partir dans des brochures FEDER que dans des projets FEDER.

    « diffusées en masse » ??? J’en ai pas encore vu une seule de ces brochures ?! Pourtant je vis comme tout le monde et dans une grande ville. Métro, boulot, dodo, les courses, les sorties... il faut que je fasse quoi de particulier pour qu’on m’en distribue une ?

    “Vous ne savez pas à quel point c’est terrible de voir la plus belle chose sortie d’un esprit humain rejetée parce qu’incomprise…”

    Pauvre UE est incomprise ? Ça doit être l’adolescence… Ôtez-moi d’un doute : en démocratie, n’est-ce pas aux élus de comprendre les citoyens ?

    La démocratie est un outil formidable utilisé par les citoyens. Mais cela suppose que les citoyens qui l’utilisent sont clairvoyants, or ce ne peut être manifestement le cas s’ils sont mal informés...D’ailleurs je crois que vous en avez des exemples dans les articles de ce web-magazine. Par exemple, quand l’Etat a fait monter la TVA sur les accès internet, le gouvernement a dit que c’était la Commission qui l’y obligeait. Et la Commission s’est défendue en disant qu’elle n’avait jamais demandé un truc pareil. Mais comme elle n’a pas de « porte-voix », personne ne l’a entendue. Avant hier soir, et de lire l’article sur le taurillon, je pensais que c’était la Commission qui était derrière cette augmentation. Alors moi je le sais maintenant, mais mes concitoyens certainement pas à moins qu’ils soient tous allés sur le taurillon lire la nouvelle (permettez-moi d’en douter). Après ce genre de coup fumeux, vous demandez à ces fameux citoyens de voter à un référendum. Tenez pour une intégration européenne plus poussée par exemple... Vous connaissez le résultat du référendum. Voilà pourquoi je pense que l’UE est incomprise parce que muette, et pourquoi je dis que la démocratie n’est utile que si le peuple est bien informé. De toute façon, les faits me donnent raison. Il n’y qu’à voir la montée du populisme, du nationalisme, de l’euroscepticisme et compagnie. Si la communication européenne était si efficace, vous ne croyez pas qu’on aurait l’effet inverse ?

    C’est drôle mais vu la teneur de votre réponse vous avez l’air véxé, votre ironie feinte cache de la colère. Vous travaillez dans la communication ? :-O Ne voyez pas d’attaque personnelle dans ce que j’écris en tout cas. J’essaie juste d’être constructif en proposant quelque chose qui sorte de l’ordinaire tout en donnant mon point de vue.

  • Le 14 janvier 2011 à 15:54, par Cédric En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Je ne travaille pas dans la communication, et pas pour celle de l’UE. Et je ne suis pas (encore) vexé ;)

    Ok pour communiquer sans jeter l’argent par les fenêtres (et surtout sans en donner le sentiment). L’Europe du Nord est très sensible à l’utilisation que fait l’Europe des deniers publics, notamment à ses dépenses de communication. Dépenser davantage dans ce domaine me paraîtrait être une mesure à double tranchant.

    Et de ce point de vue, je pense que la communication politique efficace serait non pas une chaîne euro-publique ou un journal gratuit de l’UE mais des commissaires impliqués et engagés. Car, trop souvent, la question est assez simple : comment communiquer quand on n’a rien à dire. Il faudrait des commissaires qui ne mettent pas trois semaines à émettre des doutes sur la situation en Hongrie ou qui accepteraient de venir sur un plateau télé français pour contredire le gouvernement sur la TVA ou les roms (au lieu de se contenter d’un communiqué de presse). Des commissaires qui maîtriseraient un autre langage que le jargon eurocrate lors de leurs très rares passages télé.

    Et puisqu’il s’agit de communication politique, pas de la communication d’une firme multinationale qui voudrait redorer son image, il faut offrir du grain à moudre médiatique, des intrigues, du buzz. Si possible sur des confrontations politiques qui ont un sens.

    D’où l’idée de primaires au sein des partis politiques européens pour 2014, à commencer par le PSE : http://campaignforapesprimary.blogspot.com/

  • Le 14 janvier 2011 à 17:11, par HR En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Tout ça c’est très bien, mais il faut en finit avec les grandes déclarations de principe qui en restent là.

    La démocratie n’est fondamentalement pas une idéologie. Elle n’est pas réductible à une philosophie morale. C’est une philosophie politique, qui englobe entièrement, certes, la philosophie morale, mais qui se traduit obligatoirement par une théorie extrêmement pragmatique de l’exercice du pouvoir, en décrivant notamment dans quelles conditions les citoyens l’exercent par une délégation à des représentants très limitée dans le temps, et pour des pouvoirs législatifs, excutifs et judicaires complètement séparés.

  • Le 15 janvier 2011 à 11:00, par Fanny Dubray En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Très intéressant débat, qui me donne envie de réagir sur plusieurs points :

    Concernant les médias européens, qu’il s’agisse de la chaîne culturelle Arte, de la chaîne d’information Euronews, de celle du Parlement européen ou autres, leur principale faille réside dans leur spécialisation. En tant que tels, ils s’adressent à un public cible, déjà relativement bien informé. S’ils échouent à toucher les masses, ce n’est pas parce qu’ils ne font pas correctement leur boulot, ni parce qu’ils ne sont pas assez nombreux, mais parce que tel n’est pas leur rôle. Le véritable enjeu n’est donc pas de créer un ènième média européen, estampillé Commission européenne. Il s’agit plutôt d’européaniser nos médias nationaux, ou comme le suggérait l’un de nos auteurs, de « tuer la rubrique europe » (http://www.taurillon.org/Il-faut-tuer-la-rubrique-Europe). Cela ne sera possible que si les journalistes politiques de tous les pays d’Europe sont formés aux questions européennes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Dans le milieu journalistique comme ailleurs, l’Europe reste affaire de spécialistes.

    Ainsi, pour impliquer les citoyens européens dans la vie politique européenne, il faut faire en sorte de donner un sens européen aux grands enjeux qui structurent la vie politique nationale. Cela implique que les médias, les enseignants, mais aussi les hommes politiques, les syndicats dans leur ensemble changent leur cadre de pensée. Il convient donc de changer radicalement la manière de former les professionnels de l’espace public, en leur donnant, si ce n’est l’envie, au moins les moyens d’aborder les questions politiques sous l’angle européen.

    Quant à la question de la communication : il faut être clair, la Commission européenne n’est pas la mieux placée pour communiquer efficacement. Avez-vous remarqué à quel point les fameuses brochures manquent de personnalité ? Si vous les avez manquées Jonathan, ce n’est pas une grande perte ! Tout est d’ailleurs disponible en ligne sur le site d’info de la Commission, récemment remis à neuf (http://europa.eu/index_fr.htm). Leur graphisme doit leur permettre de s’adapter à tous les pays d’Europe, sacrée gageure ! En revanche, les brochures réalisées au niveau national ou local sont en général beaucoup plus intéressantes et nous touchent plus directement (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/europe_828/index.html). Ce serait donc davantage aux Etats, aux régions et aux municipalités de communiquer sur l’Europe avec honnêteté et... enthousiasme.

  • Le 15 janvier 2011 à 12:19, par HR En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    @ Pierre-Franck HERBINET

    J’aurais dû préciser que mon commentaire précédent s’adressait à vous.

    J’en profite pour relever ceci chez vous en conclusion d’un commentaire précédent : « Nul doute que le défi de la décennie est l’implication de nos euro-concitoyens dans la construction européenne. »

    Vous faites erreur.Ca, c’était le défi des années 1999-2009, soit la décennie précédente, induit par l’échec du traité de Nice, qui s’est traduit par la problématique de la « Constitution » européenne, et qui s’est terminé par ratification du traité de Lisbonne.

    Inutile d’épologuer ici sur cet épisode douloureux, quant à « l’implication des citoyens ». On peut sans risque conclure, parce que les arguments ne manquent pas, que sur le plan de l’implication des citoyens de l’Union Européenne, ce fut un échec complet. Non pas que les citoyens ont renoncé à s’impliquer, au contraire.... Rien ne scelle mieux cet échec que les élections européennes de 2009, qui ont vu un record d’abstention dans l’histoire des ces élections, en particulier dans les Etats membres fondateurs de la Construction européenne.

    Nul doute que le défi, maintenant, est de savoir si les actuelles institutions de l’Union Européenne parviendront à toujours maintenir les citoyens de l’Union Européenne à l’écart. Surtout avec une « campagne d’information » du type, « on va voir comment on pourrait se rapprocher des citoyens dans 10 ans. »

  • Le 20 janvier 2011 à 16:53, par Krokodilo En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    "une chaîne européenne gratuite et "eurocitoyenne" doit pouvoir se faire aussi.

    “Comme un journal gratuit distribué dans le métro aussi.” Oui, ce serait un succès en termes de communication. Les gens vont adorer voir leurs impôts passer dans 500 millions d’exemplaires par jour."

    Cela pourrait être peu coûteux hors frais techniques, si chaque pays donnait certaines de ses emissions de ses chaînes publiques, à charge pour chacun de les doubler ou sous-titrer. En outre, notre propre télé French 24 nous coûte 100m/an alors qu’on nous interdit de la regarder ! Et cette somme serait plus utile dans un tel projet. Le vrai obstacle est idéologique : cette UE a une sainte horreur de tout ce qui ressemble à un service public, alors une télévision publique européenne, beurk !

    Et, comme toujours dans ce type d’article, l’obstacle linguistique est totalement passé sous silence comme si on avait honte de quelque chose d’inavouable, une vérité gênante politiquement... Pourtant, si des citoyens européens existent un jour, il faudra bien qu’ils aient une langue commune pour causer entre eux !

  • Le 21 janvier 2011 à 11:57, par Cédric En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Ce serait un beau projet, mais seulement s’il repose sur l’existant (Arte / Euronews). N’allons pas créer de nouvelle structure.

    Ne faisons pas la même erreur que Chirac / Sarko avec la création de French 24 (je plussoie), gouffre financier et désastre organisationnel. La France / Francophonie aurait dû concentrer ses efforts sur l’existant (RFI ou TV5 Monde) au lieu de chercher à satisfaire les délires mégalo de ses deux présidents.

  • Le 21 janvier 2011 à 23:58, par Jonathan Gillot En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    Je pense que Krokodilo a raison. Il suffit de voir le succès qu’ont les quotidiens gratuits dans le métro. Ce que je veux dire, c’est qu’on ne risque même pas l’échec puisqu’on sait que ça marche...Tenez je suis prêt à parier que les rédacteurs du Taurillon seraient ravis de voir leur web-magazine publié et lu par des millions d’usagers tous les jours. Imaginez l’impact.

    Arte est culturelle, pas « eurocitoyenne ». Quant à Euronews, elle est payante, et ça, c’est rédhibitoire. Par contre le problème de la langue n’est en fait qu’un problème de délai de traduction, mais les interprètes c’est pas ça qui manque.

  • Le 22 janvier 2011 à 07:40, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : « Remettre les citoyens au cœur de la construction européenne »

    « Tenez je suis prêt à parier que les rédacteurs du Taurillon seraient ravis de voir leur web-magazine publié et lu par des millions d’usagers tous les jours. »

    Je confirme. C’est d’ailleurs pour encourager leur diffusion qu’ils sont sous licence Creative Commons.

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