Balkans occidentaux

Serbie : lmpasses, détours et sens interdits, ou le chemin tortueux vers l’Europe

, par Traduit par Emmanuel Vallens, Peter Strempel

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Serbie : lmpasses, détours et sens interdits, ou le chemin tortueux vers l'Europe

Demandez autour de vous ce que la Serbie évoque. Les gens mentionneront probablement Milosevic, le Kosovo, et... et c’est à peu près tout.

Le fait que les gens n’aient du plus grand pays des Balkans occidentaux qu’une vision limitée est un bon indicateur des problèmes auxquels la Serbie, sa classe politique et son peuple ont a faire face.

Mais quels sont les faits bruts ? Quelle est l’état d’avancement du processus de rapprochement entre la Serbie et l’Union européenne ?

L’UE a déclaré à de nombreuses reprises que l’intégration des Balkans occidentaux est une priorité et que tous les pays de la région doivent avoir et ont une perspective d’adhésion claire (sommet de Thessalonique, juin 2003). Le Président de la Commission, Barroso, et le Commissaire à l’élargissement Olli Rehn ont à nouveau souligné, lors de leur récente tournée dans les Balkans, que les Etats membres sont prêts à soutenir tous les progrès nécessaires, mais seulement à condition que les pays de la région prennent des initiatives et fassent preuve de leur volonté à coopérer les uns avec les autres.

Depuis 2001, l’UE apporte ses conseils dans la gestion des affaires publiques - par le biais du Dialogue permanent renforcé (Enhanced Permanent Dialogue ou EPD). Elle évalue et conduit les réformes sur la base du Partenariat européen adopté par le Conseil des ministres en juin 2004.

Des relations contractuelles formelles entre l’UE et la Serbie-Monténégro sont censées être établies par un Accord de stabilisation et d’association (ASA). En avril 2005, après un rapport de faisabilité positif de la Commission, le Conseil a invité cette dernière à soumettre les « directives de négociation » pour l’ASA.

Jusque-là, tout allait bien. Mais depuis, les obstacles à la conclusion de l’Accord d’association et de stabilisation sont devenus toujours plus nombreux.

Première difficulté, qui a ralenti tout le processus : l’union instable et peu durable entre la Serbie et le Monténégro. L’UE poursuit actuellement une approche de négociations parallèles, en discutant en même temps avec l’Union et avec les deux républiques dans leurs domaines de compétences respectifs. L’annonce par le Premier ministre monténégrin Milo Djukanovic d’un référendum sur l’indépendance du Monténégro le 21 mai et la sécession éventuelle qui en découlerait n’est certainement pas de nature à améliorer la situation de ce point de vue.

Un deuxième obstacle, encore plus immédiat, est le manque de coopération entre la Serbie et le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye. L’arrestation de Slobodan Milosevic et son extradition vers le TPIY en 2001 a sans doute constitué un premier pas positif, mais le gouvernement serbe et en particulier l’armée serbe ont très peu fait pour capturer les deux accusés les plus recherchés, Ratko Mladic et Radovan Karadzic. Le Commissaire Rehn a été très clair : toutes les négociations sur l’ASA seront gelées si Belgrade ne répond pas aux exigences du TPIY et du Procureur général de l’ONU, Carla del Ponte.

A cela s’ajoute la question encore irrésolue du statut définitif du Kosovo. Les discussions entre les gouvernements serbe et kosovar sur le futur cadre politique de la province dévastée ont commencé à Vienne il y a quelques semaines. Les négociations ont avancé lentement et peu de progrès ont été faits jusqu’ici, en raison du sentiment de résignation compréhensible des négociateurs serbes depuis que les décideurs européens ont exprimé en termes crus leur conviction que le Kosovo sera un Etat indépendant.

Les problèmes de politique étrangère et les relations avec l’UE s’accompagnent également d’une situation domestique plus que troublée. Le Président Kostunica montre son visage nationaliste bien connu, tandis que le Premier Ministre Tadic tente d’appaiser les observateurs internationaux avec son pragmatisme pro-européen.

Mais en dépit de l’ambiance de ressentiment et d’amertume, le peuple serbe sait où regarder : vers Bruxelles. Son espoir de rapprochement avec la Communauté européenne rencontrera un accueil enthousiaste. Car l’Union est avant tout un projet de paix.

Ne l’oublions jamais...

Vos commentaires
  • Le 9 mars 2007 à 14:14, par sabina suljovic En réponse à : Serbie : lmpasses, détours et sens interdits, ou le chemin tortueux vers l’Europe

    Je ne suis pas forcément d’accord avec ce que nous dit l’auteur de cet article , outre que son titre ne corresponde pas forcément à son contenu.Cependant un point très intéressant appelle mon attention : celui de l’intégration de la Serbie à l’UE. En lisant un certain nombre de commentaireset d’articles, notamment sur le site de la radio serbe B92,j’en suis venu à constater que la marche de la Serbie vers l’UE constituait à mon sens un précédent dans l’histoire de la formation de l’UE. A cela j’ai retenu deux idées,les deux étant liées à la définition immédiate du statut du Kosovo,-dont les négociations se tiennent actuellement à Vienne en Autriche et qui devraient s’achever au mois de mars de cette année. La première repose sur le fait qu’à Vienne l’ASA est devenu un moyen de conviction , voir une sorte de chantage pour que la Serbie céde sans trop d’amertume le Kosovo aux Albanais de cette province. D’après ce que j’ai pu comprendre, ce serait la première fois que l’UE européenne propose de sa propre initiative une intégration accélérée, voir en quelque sorte forcée à pays de son continent, s’agissant de surcroît de la région balkanique et d’un pays qui est vraiment loin répondre à tous les critères exigés parl’UE. La délégation serbe chargée de défendre à Viennele maintien du Kosovo au sein de la Serbie avait réagi vivement à chaque fois que l’on a envisagé cette éventualité de compensation, prétextant que ce n’était que fois de plus la politique de bâton et de la carotte tenue par les Occidentaux, et quel’intégration à l’UE européenne ne valait pas la perte de 15 pour cent de son territoire. Ma conclusion est qu’en analysant le schoses d’encore plus près,on verrait que le cas de la serbie reste réellement un précédent.

  • Le 11 mars 2007 à 16:02, par Ronan En réponse à : Serbie : lmpasses, détours et sens interdits, ou le chemin tortueux vers l’Europe

    Quel lien factuel y a-t-il donc (???) entre :

    (1) Les actuelles « Négociations internationales de Vienne sur le statut du Kosovo » : placées et se déroulant sous le haut-patronage des Nations Unies (et non de l’UE), par l’intermédiaire du ’’Groupe de contact des Nations Unies pour l’ex-Yougoslavie’’, une structure ’’ad hoc’’ des Nations unies (et non de l’UE) formée de six Etats (i.e : Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, Italie, France et Allemagne) mais dont l’UE ne fait, très officiellement, absolument pas partie...

    (2) Et ces toutes dernières spéculations quant à un éventuel chantage à l’adhésion (i. e : moyennant abandon du Kosovo...) que l’UE exercerait à l’égard de la Serbie ??? L’UE n’étant pas impliquée dans ces négociations de Vienne et n’étant représentée ni présente à Vienne, comment pourrait-elle donc y utiliser l’ASA comme d’un moyen de pression à l’égard de la Serbie ???

    A supposer que de telles pressions aient effectivement eu lieu de la part de l’UE à l’égard de la Serbie (mais, alors, en dehors même des négociations de Vienne...), quels sont donc les faits précis qui peuvent vraiment accréditer l’existence d’un tel ’’complot’’ ou d’une telle ’’manoeuvre’’ diplomatique souterraine ???

    Des pressions, oui, il y en a effectivement - mais très officiellement - eu : notamment à cause des particuliers poursuivis par la Cour de justice internationale (des Nations Unies) de La Haye suite à certains faits averrés ayant eut lieu pendant les guerres des années 1990 dans l’ancien espace yougoslave. Et l’UE a effectivement - très officiellement - fait de la résolution de ces seuls problèmes là l’une des conditions ’’sine qua non’’ de l’ouverture de toute négociation de partenariat, pour association comme adhésion (voire...) entre elle et la Serbie.

    Pour le reste, indépendamment même de la conférence de Vienne, l’UE a bel et bien une opinion très précise sur le sujet : comme annoncé à la mi-février dernier (lors d’une réunion des 27 mae de l’Union), aujourd’hui l’UE soutient effectivement (et très officiellement, comme ce fut le cas le 12 février dernier de la part de Franz-Walter Stenmeier, mae de l’Allemagne, pays qui préside actuellement le Conseil de l’Union...) l’actuel plan de Martti Ahtisaari (représentant spécial du secrétaire des Nations Unies), plan qui ouvre la voie à une véritable indépendance de la province du Kosovo (ce dont on peut fort bien admettre que cela contrarie les Serbes, et plus encore les nationalistes serbes...). L’UE ayant également annoncé qu’à la suite de la signature de quelque accord conclu, elle comptait envoyer une mission de police sur place pour garanti la paix au Kosovo.

    Mais, pour ma part en tout cas, je n’ai personnellement absolument jamais entendu parler de pressions de l’UE à l’égard de la Serbie portant très précisément sur le statut du Kosovo et conditionnant quelque future adhésion de celle-ci à quelque préalable cession territoriale que ce soit. Et je ne demande pas mieux que d’être éclairé à ce sujet, voire démenti...

    On me retorquera très probablement que c’est sans doute là de la diplomatie secrète et que de telles pressions se font (bien entendu...) dans le secret. Mais combien de rumeurs de prétendues pressions (en fait souvent complétement imaginaires...) n’ont-elles pas été, ainsi, instrumentalisées par les uns et/ou les autres dans le cours de l’Histoire ???

    On me répondra sans doute également que les 27 ne sont pas unanimes sur la question. Certes, puisqu’effectivement le Royaume-Uni, l’Espagne et la Slovaquie semblent avoir des appréciations dissemblables et divergeantes d’une majorité de leurs partenaires sur le sujet. Toujours est-il que la seule position officielle de l’UE (et méritant donc d’être regardée comme telle...) reste donc celle, de compromis, définie et finalement unanimement reconnue lors de la réunion des mae des 27, à la mi-février dernier (et dont il est question précédemment).

    Toujours est-il, donc, à la lumière de ce sujet complexe du Kosovo (et des négociations multilatérales qui président actuellement à son avenir...), qu’on peut effectivement se reconnaître dans un certain nombre de principes de base qui font l’essence même de la pensée fédéraliste et ’’européenne’’ : pas de diplomatie secrète, contrôle démocratique des actes de nos représentants, association des populations aux décisions prises à leur égard, démocratie sans populisme, autodétermination sans nationalisme et mise en place de projets communs fédérateurs...

    PS : Entre autres sources sur le sujet, on lira l’excellent dossier récemment publié dans l’hebdomadaire « Courrier International » n°851 du 22 février dernier (ici : pages 12-13-14) ; en particulier, on lira très attentivement - sur le sujet très précisément évoqué ici - l’article d’Handelsblatt (le i.e : le fameux quotidien économique de Düsseldorf) ici publié en page 14 et intitulé « De l’insoutenable légéreté des Européens » (titre qui ne valide l’hypothèse ni ne présume en rien des éventuelles pressions dont il est fait écho dans le post précédant...).

  • Le 21 mars 2007 à 15:49, par JO En réponse à : Serbie : lmpasses, détours et sens interdits, ou le chemin tortueux vers l’Europe

    Je souhaiterais simplement apporter mon opinion sur ce forum par rapport a ce sujet. Il est clair que la Serbie doit (et ce sera difficile) trouver les moyens de lui confèrer une place sur la scène régionale et sur la scène internationale. Un tel pays ne peut rester isolé. Il lui faudra faire preuve de plus d’efforts et de relations diplomatiques afin de favoriser les échanges économiques avec tous les acteurs de la région (les autres pays des balkans mais aussi avec les pays limitrophes de l’ex yougoslavie tels que l’Italie, l’Autiche, la Hongrie et la Grèce notamment) parce que le seul moyen de discalifier le discours des ultra-nationalistes c’est de montrer au peuple serbe que leur discours isolationiste n’apportera en definitive plus de soucis que de bienfaits à la Serbie. C’est trivial mais a partir du moment ou la serbie se developpera economiquement et ou tout le monde parviendra a manger, travailer et avoir un toit descent, il y aura comme par enchantement moins de soucis, de jalousie, moins de discrimination ou de racisme. Enfin, autant je suis contre l’idée d’une grande Serbie autant j’espère que l’on (nous occidentaux) ne favovisera pas une grande Albanie (soutenue en sous main par la turquie). C’est pourquoi la solution choisie par les émissaires de l’ONU au Kosovo devra être la plus équitable pour chacune des 2 parties. Qui ne nous dit pas que le Kosovo une fois indépendant decidera de demander son ratachement a l’Albanie (la mère patrie des Kosovars Albanais). C’est bien cela qui m’inquiète, c’est de voir discrètement la grande albanie voir le jour.Tout simplement parce que dans ce cas nous aurions refusé a l’un (la serbie) ce que nous accepterions pour d’autres (l’albanie via le kosovo). A partir de là, les Serbes se sentiraient humiliés une deuxième fois(l’histoire a montré qu’un peuple qui se sent humilié se refugie dans l’ultra-nationalisme, on peut en voir les resultats avec la Prusse avant la grande guerre 14-18, puis l’Italie fasciste de Mussolini et l’Allemagne d’Hitler dans l’entre deux guerre). Voulons-nous re-créer les germes du fascisme nationaliste aux portes de l’europe ???

    Et puis une dernière chose qui m’exaspère au plus haut point, c’est de toujours montrer les serbes comme des fascistes en puissance, vous croyez que les Croates de Tudjman etaient tendres, et puis les independantistes de l’UCK ne faisaient pas dans la dentelle non plus. il y a du fascisme partout. Vous êtes-vous posé la question de savoir comment les kosovars voyaient la présence de l’onu au kosovo ? l’onu vient en force neutre pour eviter toute violence et voila comment elle est remerciée (peut être que les radicaux Kosovars ne valent pas mieux que les ultra-nationalistes Serbes).

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