Sylvie Guillaume sur le référendum irlandais : « le vote de 4 millions d’Européens peut-il bloquer les 500 millions de citoyens de l’Union ? »

, par Fabien Cazenave

Sylvie Guillaume sur le référendum irlandais : « le vote de 4 millions d'Européens peut-il bloquer les 500 millions de citoyens de l'Union ? »

Sylvie Guillaume a été élue eurodéputée de la circonscription du Sud Est pour la France le 7 juin 2009. Elle revient pour nous sur ses premiers pas avec la délégation socialiste française au Parlement européen et s’exprime sur le futur référendum en Irlande sur la ratification du traité de Lisbonne.

Le Taurillon : C’est votre premier mandat européen. Comment se passe votre intégration au Parlement européen ?

Plutôt bien. Mais il faut apprendre tout très vite, assimiler beaucoup d’informations, de procédures, d’usages, de visages, de fonctions, de codes… ce n’est pas évident, mais c’est passionnant. Au Parlement Européen, tout est « en plus grand » !
Nous sommes un petit nombre de députés socialistes français, 14, c’est peu ; alors cela nous oblige tous à travailler beaucoup, à être très vigilants ; cela crée une forme d’exigence.

Le Taurillon : Les députés socialistes français se sont abstenus pour l’élection du Président (PPE) du Parlement européen au nom d’une "lisibilité institutionnelle". Vos collègues socialistes ayant voté pour lui ont-ils eu tort ?

La délégation socialiste française a en effet fait le choix de s’abstenir sur le candidat à la Présidence du Parlement Européen, Jerzy Buzek. Ses propos vagues en réponse aux questions qui lui étaient posées sur ses déclarations sur l’homosexualité notamment n’étaient pas convaincants. Mais notre position était aussi en cohérence avec notre désaccord avec ce qu’on appelle « l’accord technique », c’est à dire l’accord entre le PPE (la droite européenne) et d’autres groupes dont principalement le groupe S&D (les socialistes et démocrates, notre groupe) pour alterner à la présidence du Parlement Européen ainsi que diverses responsabilités dans le mandat 2009-2014.

Cet accord technique n’apporte pas grand chose à la gauche européenne et,cette confusion des genres, contribue à faire dire ensuite à de nombreux citoyens que la droite et la gauche, c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

Nous n’avons certes pas été suivis.. Nous le regrettons.

Le Taurillon : Vous êtes membre suppléante à la Commission Affaires Constitutionnelles. Si l’Irlande votait non au Traité de Lisbonne une deuxième fois, l’Europe serait plongée dans une grave crise institutionnelle. Ne pensez-vous pas que le Parlement européen aurait alors un rôle très important à jouer ?

Nous n’en sommes pas encore à cette issue ; attendons donc le résultat du référendum du 2 octobre. Les premières estimations donnent 46% de votes favorables, 25% d’indéterminés et la plus grosse centrale syndicale s’est prononcée en faveur du oui. J’espère donc que suite à cette consultation, le traité de Lisbonne sera ratifié, sachant également que les présidents tchèque et polonais doivent aussi de leur côté apposer leur signature.…

Si jamais l’Irlande rejetait la ratification du traité de Lisbonne, la crise institutionnelle serait effectivement prégnante et je suis certaine que la question suivante se poserait : le vote de 4 millions d’Européens peut-il bloquer l’ensemble des 500 millions de citoyens de l’Union ?

Aujourd’hui, les traités doivent être ratifiés à l’unanimité, mais dans une Europe à 27, ne faut-il effectivement pas réfléchir à des fonctionnements plus souples ?

C’est le genre de sujets qu’il faudra aborder dans la commission affaires constitutionnelles.

Le Taurillon : Depuis votre prise de fonction, vous écrivez sur votre blog des billets sur vos activités sans langue de bois. Une manière de rapprocher l’Europe des citoyens pour vous ?

Je suis ravie que cela vous plaise ! Ce blog est tout neuf, mais j’espère le faire vivre dans ce sens : avec un contenu politique solide certes, mais surtout sur un ton qui rende l’Europe accessible à tous. Je suis très attachée à faire partager des informations, des prises de positions, des explications j’espère, et j’attends aussi des retours et des interrogations de manière à faire évoluer ce média.

Je suis encore novice dans l’univers des institutions européennes, en phase d’apprentissage dirais-je, et ce que j’apprends, ce que je comprends je veux le faire fructifier !

Illustration : photographie de Sylvie Guillaume fournie par son équipe.

Le Taurillon remercie Cécile Michaux et Barnabé Louche pour leur concours à la réalisation de cette interview.

Vos commentaires
  • Le 19 septembre 2009 à 14:22, par Martina Latina En réponse à : Sylvie Guillaume sur le référendum irlandais : « le vote de 4 millions d’Européens peut-il bloquer les 500 millions de citoyens de l’Union ? »

    Oui, l’Europe c’est nous ; il suffit d’en prendre conscience et d’en tirer les conséquences : merci de nous y aider par votre action notamment au Parlement européen et sur votre blog !

    Concernant la force des 500 millions d’Européens que nous sommes, je soulignerais les gênes qui peuvent l’entraver : la crise du lait, la démarche constitutionnelle de l’Allemagne difficile à comprendre, et la timidité de l’Europe en général, surtout en matière d’intégration à l’échelle de son propre territoire, à l’égard des handicapés ou des immigrés.

    Il faudrait néanmoins saluer non seulement la récente idée d’évaluer une nation par un autre indice que le PIB, mais aussi la nette réussite de la chaîne franco-allemande ARTE, qui reste juvénile malgré ses dix-neuf ans, et de la 17e édition des Journées européennes du Patrimoine (« on est très sérieux quand on a dix-sept ans », faudrait-il dire à leur propos pour contredire Rimbaud !) qui se déroule ces jours-ci : tant il est vrai que la première EUROPE, qui sut changer son enlèvement en un jaillissement de dons porteurs pour les relations à venir, à mûrir, mit au monde la deuxième Europe en la pétrissant de rayonnement, de jeunesse et d’union, en lui confiant un vibrant PATRIMOINE de communications (nautiques et alphabétiques grâce aux techniques phéniciennes, adoptées par la Crète au même titre, en même temps, qu’EUROPE) et surtout en lui attribuant son propre nom de « VASTE VUE »... Autant de chances que d’exigences, reposant toutes sur les citoyens européens, et d’abord sur les EURODEPUTES : à vous donc merci et, de tout coeur, bon vent !

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