Brexit : un accord, enfin !

, par Rémi Laurent

Brexit : un accord, enfin !
Vendredi 8 décembre, la Commission a annoncé que des progrès suffisants ont été fait sur les négociations sur le Brexit, permettant le lancement des négociations commerciales. CC - Number 10

Un peu plus de deux siècles après la bataille de Waterloo qui a les troupes du duc de Wellington battre les troupes de Napoléon au sud de Bruxelles (grâce au renfort alors bienvenue des troupes prussiennes de Blücher), c’est un tout autre combat qui s’est déroulé à Bruxelles avec les « négociations » sur le Brexit.

Un an et demi après le rédérendum…

En juin 2016, David Cameron convoquait un référendum non contraignant sur la sortie ou non du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pour calmer l’aile souverainiste du parti conservateur, il avait annoncé que s’il était élu, il convoquerait un tel référendum. Réélu mais pensant néanmoins l’emporter, David Cameron dut constater que les choses ne s’étaient pas passé comme prévues puisque le « leave » l’emportait de peu.

Printemps 2017, David Cameron ayant quitté la vie politique, c’est Theresa May, son ancienne ministre de l’Intérieur qui lui a succédé au 10, Downing Street et activé l’article 50 du traité de Lisbonne enclenchant le processus de sortie de l’Union européenne. Theresa May qui avait eu une position ambigüe lors du référendum soutenant le « remain » du bout des lèvres tout en souhaitant la victoire du « leave » dans son for intérieur, clamait à qui voulait l’entendre : « Brexit means Brexit » laissant paraître que le Royaume-Uni retrouverait son entière souveraineté sans pour autant en payer le prix.

Moins d’un an après le référendum sur le Brexit, Theresa May convoquait des élections anticipées espérant ainsi renforcer sa majorité face à une opposition divisée. Mais, là aussi, les choses ne se sont pas exactement passé comme prévues puisque d’une courte majorité, Theresa May, a vu son parti devenir minoritaire et n’a dû son maintien à Downing street qu’à une coalition avec le DUP, un petit parti nord-irlandais réactionnaire – coalition fragilisée par les négociations sur le Brexit.

Un accord, enfin ! Enfin…

Mais, magie de Noël, un accord est né le 8 décembre 2017. Bien aidée par les fiançailles du Prince Harry, Theresa May a pu négocier avec Michel Barnier (le négociateur désigné par les 27 Etats membres) à l’abri de la pression des tabloïds eurosceptiques.

Il y a donc un accord. Enfin, accord… Voilà qui est vite dit puisqu’en réalité, nos voisins d’outre-Manche ont cédé sur tout. Le statut des ressortissants (à qui Theresa May entendait appliquer le droit commun en matière d’immigration) ? Ils pourront « continuer leur vie comme avant » a-t-elle affirmé en conférence de presse. Le chèque de sortie ? Du côté européen, on a laissé entendre dès le début qu’il y en aurait au bas mot pour 50 milliards d’euros, ce qui correspond à peu de choses près au montant acté ce 8 décembre 2017. La frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande ? Theresa May a assuré qu’il n’y aurait aucun retour à une frontière en dur ce qui aurait remis en cause les accords du Vendredi saint mettant fin au conflit sanglant ayant marqué l’Irlande durant des décennies. Si les détails en la matière ont été renvoyés à plus tard, il semble acquis qu’il n’y aura pas de retour en arrière brutal en Irlande.

Tout ça pour ça…

Au final, le Royaume-Uni a dû céder sur tout, l’Union européenne ne lui faisant cadeau que des frais de déménagement des agences européennes du médicament et de l’autorité bancaire dont les frais tourneraient néanmoins autour du milliard d’euros (le dédit du bail de l’agence européenne du médicament avoisinant à lui seul les 500 millions €). Affirmant fièrement que l’Union ne pourrait se passer du Royaume-Uni et escomptant sur une division des Européens, Theresa May a dû en rabattre pour concéder dans la douleur aux Européens tout ce qu’ils voulaient.

En réalité, les Britanniques semblent découvrir avec effroi que dans tout accord commercial, c’est la partie la plus forte qui impose ses conditions à la partie la plus faible comme l’a bien décrit le professeur Ngaire Woods sur la BBC en juin 2016. [1]

Les 27, voyant les dégâts du Brexit sur le Royaume-Uni ont serré les rangs, convaincus à juste titre que leur propre survie était en jeu. Du côté britannique, on a naïvement pensé que les Européens accepteraient de concéder le beurre et l’argent du beurre. A tort donc ! On attend désormais que l’accord soit entériné lors du prochain sommet européen, à Bruxelles, les 14 et 15 décembre prochains, avant l’ouverture des négociations commerciales.

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