François Fillon, ce qu’il pense de l’Europe

, par Eric Drevon-Mollard

François Fillon, ce qu'il pense de l'Europe
François Fillon, candidat aux primaires Les Républicains. CC Wiki / Rama

L’Union Européenne a peu de place dans le programme de François Fillon, candidat à la primaire des Républicains.

L’Europe n’est pas au centre de la campagne de François Fillon

Il suffit de lire ou d’écouter le candidat aux primaires de droite pour constater que la construction européenne n’est pas un axe prioritaire de sa campagne. Son discours se centre plutôt sur le redressement économique de la France, censé nous permettre de "retrouver notre rôle de leader en Europe". Il flatte également les souverainistes et les nationalistes : en effet, il affirme notamment sur Europe 1 le 18 septembre : « Toute l’histoire de France depuis son origine, c’est un combat pour l’unité nationale, et c’est un combat pour la souveraineté nationale. Aujourd’hui ce combat est à mener. On a des problèmes de souveraineté économique, financière, de souveraineté en terme international, de souveraineté par rapport à l’Union Européenne  ».  Pour trouver des positions plus argumentées sur l’Europe, il faut remonter au mois de juin, où l’actualité du Brexit obligeait le futur candidat à la primaire des Républicains à s’expliquer de manière plus précise.

Fillon, partisan de l’Europe des nations

Comme il pense que la France a perdu en partie sa souveraineté, il appelle de ses vœux une Europe des nations, et à rejete la construction d’un Etat fédéral. Le 28 juin, devant l’Assemblée Nationale, il déclare que «  l’Europe à 28 a rendu caduc l’objectif d’une Europe fédérale – à laquelle [il] n’a jamais cru  ». Il dénonce donc les récents élargissements, et le manque de légitimité démocratique de la Commission Européenne et du Parlement Européen. Il proclame la nécessité de défendre le principe de subsidiairité, tablant sur le fait que les commentateurs et ses auditeurs ne savent pas ce qu’il signifie, pour le résumer faussement à un moyen pour avoir "moins d’Europe". Il dénonce également la bureaucratie et une harmonisation réglementaire qu’il considère, peut-être pas totalement à tort, comme trop tatillonne, et qui passe à côté des enjeux essentiels.

Cependant, au fur et à mesure de ses interventions, il semble que s’il s’oppose à plus d’intégration européenne dans son ensemble, il appelle de ses voeux une intégration centrée sur la zone euro. Il préconise en effet la création d’un parlement de la zone euro, la nomination d’un ministre des finances permanent de la zone euro, et une harmonisation fiscale réservée toujours à cette même zone.

On sent chez François Fillon un manque d’enthousiasme pour la construction européenne, qui s’explique par son parcours politique. Les Républicains, anciennement UMP, sont depuis longtemps un parti divisé sur la question européenne. Rappelons que ses ancêtres des années 1990, le RPR et l’UDF, se sont écharpés lors du referendum du 20 septembre 1992 pour la ratification du traité de Maastricht. Les deux partis politiques de la droite modérée étaient déchirés de l’intérieur entre les partisans du oui et ceux du non. Fillon, lui, suivait son mentor Philippe Séguin, le chef de file des opposants au traité. Les français ayant approuvé le texte à une courte majorité, le camp du oui devint la ligne officielle du centre droit en France, mais on peut légitimement douter que les anciens opposants au traité européen, dont François Fillon, ont renié de bon cœur leurs convictions profondes. C’est plutôt le pragmatisme politique et économique qui tiendra lieu de projet européen pour ce courant de la scène politique française, d’où cette attitude suiviste, passéiste, qui consiste à prendre acte de la construction européenne plutôt que de lui impulser une nouvelle dynamique.

Qu’attendre du candidat Fillon pour l’Europe  ? Certainement pas une foi inébranlable dans le projet européen, mais au moins une volonté de continuer, l’assurance de ne pas l’empêcher d’aller dans la bonne direction, vers plus d’intégration. Mais il est indéniable que la construction européenne ne connaîtra pas d’accélération sous son impulsion. Le premier débat de la primaire de la droite, le 13 octobre dernier, où aucun candidat dont François Fillon n’a parlé de l’Europe, l’a confirmé.

Vos commentaires
  • Le 27 novembre 2016 à 05:25, par Erwann En réponse à : François Fillon, ce qu’il pense de l’Europe

    Fillon a des points communs avec Marine Le Pen sur certaines de ses idées mais le fait qu’il ne préconise pas de sortir de l’Union Européenne montre qu’il se plait aux bénéfices du système fédéral et que c’est plus un leurre pour empêcher toute avance du Front National qu’un véritable souverainiste.

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