Premier débat de la primaire de droite : Bonjour tristesse, au revoir l’Europe.

, par La Rédaction du Taurillon, Les Jeunes Européens - France

Premier débat de la primaire de droite : Bonjour tristesse, au revoir l'Europe.
Drapeaux français place de la Concorde à Paris. Les primaires à droite ne laissent aucune place aux questions européennes.

Le premier débat de la primaire Les Républicains a opposé les 7 candidats de la Droite et du Centre pendant 2h 30. Economie, travail, sécurité, immigration, diplomatie, laïcité : un large panel de sujets a été balayé. Sauf que : aucune solution européenne n’a été avancée et le mot « Europe » lui même n’a quasiment pas été prononcé.

Jeudi 13 octobre, la soirée est fraîche mais claire, on rentre tranquillement vers 20h 30. Ce soir, on a prévu de suivre le débat de la primaire Les Républicains. On ne sait pas trop à quoi s’attendre, mais l’exercice est rare dans la vie politique française. Il aiguise la curiosité. On déchante vite.

Le débat est séparé en deux parties : l’économie et l’emploi, une pause, puis la sécurité, les affaires étrangères, la diplomatie et la laïcité. Les 3 journalistes de TF1, RTL et Le Figaro interrogent les candidats qui leur font face. L’interaction entre ces derniers est rare, mais parfois violente. Les échanges sont tendus.

La première partie de l’émission voit s’égrener les comptes d’apothicaire. Bruno Le Maire et François Fillon suppriment des centaines de milliers d’emplois publics. Nathalie Kosciusko-Morizet fait des ajustements de prélèvements obligatoires, Nicolas Sarkozy soulage les masses de la pression fiscale. Chacun déroule ses chiffres : en milliers, millions mais de préférence, en milliards -ça impressionne plus l’électeur.

On attend désespérément une vision, une vraie politique économique. On espère une feuille de route pour prendre la révolution numérique au bond, on attend une rénovation de la vision politique d’entreprise, ô combientrop archaïque. Au lieu de ça, s’ensuit un débat plat sur la durée hebdomadaire du travail. Certains laissent la décision aux entreprises, d’autres non. Au final, ça n’avance à rien.

Pendant cette première heure de débat, le mot « Europe » a été prononcé 5 fois. Les solutions avancées ont toutes été franco-françaises. Nous évoluons pourtant dans une économie globalisée. La France fait partie d’un marché unique de 500 millions de consommateurs. Elle est aussi le deuxième pays de l’Union européenne. Dans ce contexte, aucun candidat n’ envisage que le retour à la stabilité économique passe par une solution continentale. On a du mal à y croire. Il faudrait la mise en place d’une – véritable - stratégie d’investissements stratégiques communs.

Les candidats passent sous silence les bénéfices d’une politique industrielle, commerciale et géopolitique unifiée. Ceci, alors même que les 27 chefs d’Etats de l’Union, réunis en septembre dernier à Bratislava, rappelaient l’importance d’investir ensemble les domaines critiques de notre développement économique, notamment dans le secteur de la Défense.

Devant notre écran de télévision, nous sommes restés atterrés. Après une courte page de pub, la 2e partie du débat concerne la sécurité, l’immigration, les affaires étrangères et la laïcité. On s’attend à une surenchère. Mais la gravité des questions soulevées nous laisse espérer un niveau de débat plus élevé. Quelle naïveté !

Sécurité. Terrorisme. Fichés S. Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé proposent en chœur l’internement des personnes concernées. Alain Juppé contrecarre en demandant à ce qu’on laisse les services de renseignement travailler, avec plus de moyens. Jean-François Copé passe la barre du son : on parle de 50 000 policiers et gendarmes supplémentaires, ça s’enflamme. On perd le sujet : le débat passe soudain à l’immigration, sans crier gare. Le débat est de plus en plus creu.

Ici encore, la dimension européenne n’est pas intégrée aux propositions des candidats. Si le terrorisme n’a pas de frontières, la justice, les forces de renseignements et de police ne devraient pas en avoir non plus sur le continent. Pourtant, nous n’entendrons pas les candidats énumérer d’options concrètes pour améliorer la lutte anti-terroriste à l’échelle de l’Union. Pas de traces d’un ‘FBI’ européen dans les échanges, ni d’un parquet européen antiterroriste.

On aurait pu passer rapidement sur l’étalage de casseroles judiciaires, qui a occupé 10 minutes du débat et chercher à contrario à pousser les candidats à dévoiler leur vision de l’Europe. Visiblement, traiter des sujets de fond ne ramène pas assez d’audience.

Au final, ça n’a rien de surprenant. Dans une primaire qui penche à droite, les candidats semblent convaincus qu’une ambition européenne fait perdre des voix. Alors chacun joue le jeu et reste cantonné à des solutions franco-françaises. Pourtant, quel que soit le candidat élu à l’arrivée, nous savons tous que ces questions seront traitées au niveau européen. Quelle hypocrisie.

Le manque d’une vision stratégique ressort donc cruellement. Lequel des discours entendu jeudi est-il adapté aux enjeux de demain ? Adapté à une société qui se précarise, à un vivre-ensemble qui se crispe ? Lequel des candidats présents jeudi soir semble préparé à affronter la digitalisation intégrale de notre économie ? Quelles solutions sont avancées pour faire face à une situation géopolitique en tension constante ? Pire : lequel a un projet concret pour relancer l’Europe ?

Le « débat » fini sans répondre à ces questions. 11 fois seulement le mot « Europe » aura été prononcé en 2h 30 de débat. Un indicateur parmi d’autre de la pauvreté des échanges.

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