Български възход, Bulgarie
“Réveil bulgare” est fondé en mai par l’ancien ministre Stefan Yanev. Ce militaire de carrière, qui a fait ses armes dans l’artillerie et au sein de l’OTAN, a multiplié les positions politiques depuis quelques temps, et plus précisemment depuis le début de la crise politique sévère qui paralyse le pays. De vice-Premier ministre et ministre de la Défense du gouvernement intérimaire Guerdjikov, il accède lui aussi au poste de Premier ministre intérimaire durant la seconde partie de 2021, avant d’être renommé à son portefeuille de la défense par le gouvernement libéral Petkov. Seulement, ses positions prorusses crispent le gouvernement jusqu’au début de la guerre en Ukraine, notamment lorsque Stefan Yanev reprend le vocabulaire du Kremlin dans ses discours. Il est alors limogé de son poste. Réveil bulgare présente des positions nationalistes, proches des idées de Vladimir Poutine qui n’a recueilli, coalisé avec des formations conservatrices et agrariennes, que 4,6% des votes lors du dernier scrutin en date du pays, en octobre 2022. Cette mouvance prorusse se traduit également en Tchéquie avec la création de Loi, Respect, Expertise à l’issue des manifestations pro et anti-Kremlin qui ont agité le pays en automne.
Centrum dla Polski, Pologne
Le “Centre pour la Pologne” est fondé en mai 2022 par des dissidents des deux partis majoritaires de la vie politique polonaise : la Plateforme civique (PO) de centre-droit libéral et Droit et Justice (PiS) de droite nationale-conservatrice, au pouvoir depuis 2015. L’intérêt est d’attirer l’aile droite de PO et l’aile gauche du PiS pour créer une formation conservatrice plus traditionnelle sur le modèle de la CDU en Allemagne, sans le caractère populiste et judiciairement contestable du PiS, régulièrement attaqué à Bruxelles pour ses remises en cause répétées de l’indépendance de la justice. L’ancien Président Bronisław Komorowski (2010-2015) a d’ailleurs apporté son soutien à ce nouveau Centre, qui fera ses armes lors des élections générales de novembre prochain, qui s’annoncent déjà serrées. À noter par ailleurs, toujours en Pologne, la création d’un micro-parti libéral et pro-européen “J’en ai assez 2023”, dont le nom est une attaque à peine voilée contre le gouvernement, fondée par la femme d’un ministre de ce même gouvernement ! Une belle illustration de ce que peut être la démocratie.
Les Engagés, Belgique
Ici, il s’agit plutôt de la refonte d’un parti politique déjà existant. Du Parti catholique (en 1972), en passant par le Parti social-chrétien, pour aller vers le Centre démocrate chrétien, Les Engagés abandonnent peu à peu un héritage chrétien passé de mode à la faveur d’une social-démocratie, en vogue sur le continent. Se prononçant en faveur d’un sécularisme institutionnel, ce “nouvel-ancien” parti s’engage dans un soutien sans faille à l’appartenance de la Belgique à l’alliance nord-atlantique ainsi qu’à l’Union européenne, allant jusqu’à militer pour une fédération continentale. La défense des droits LGBT marque un courant fort des Engagés qui promettent notamment un remboursement des frais de transition, dans ce pays pionnier de l’égalité. Cette nouvelle mue doit donner un nouveau souffle au parti qui n’a obtenu que 5 sièges (sur 150) lors des élections fédérales de 2019, le plus faible score de son histoire.
Pokret Evropa sad !, Monténégro
“L’Europe maintenant !” est fondé en juin par deux anciens ministres du gouvernement Krivokapić. Issu des législatives d’août 2020 qui avaient vu la première défaite du Parti démocrate socialiste au pouvoir depuis la naissance du Monténégro, le gouvernement pro-européen et pro-serbe n’a tenu qu’à peine un an et demi sur fond de tensions politico-religieuses. Deux motions de censure plus tard, le Parlement entre en fronde contre le Président et profite d’un vide constitutionnel pour investir un nouveau chef de gouvernement, un ancien diplomate qui n’est pas du goût du Président Đukanović. Profitant de cette crise politique majeure, la nouvelle formation promouvant un modèle libéral et des engagements anti-corruption monte dans les sondages, elle a d’ailleurs obtenu un très bon score lors du scrutin municipal dans la capitale Podgorica d’octobre dernier. L’adhésion au projet européen est un élément significatif de la création partisane en 2022 : des dirigeants de centre-droit roumains tentent de capitaliser sur Bruxelles pour tenter d’enrayer la disparition du centre libéral en créant REPER (acronyme de Renouveler le projet européen en Roumanie).
Fokus, Luxembourg
Créé en février, “Focus” a vocation à transcender les formations politiques classiques luxembourgeoises. Parmi les fondateurs, on trouve des transfuges du Parti populaire chrétien social (qui a gagné toutes les élections législatives depuis 1945…), du Parti démocratique (de centre-droit) qui dirige le gouvernement et des Verts (membres de la coalition au pouvoir). D’inspiration centriste, Focus propose un programme libéral et pro-européen, assez classique dans le paysage politique luxembourgeois. Il participera aux élections législatives prévues en octobre prochain.
Vapauden liitto, Finlande
“L’Alliance pour la liberté” est fondée en mai dernier par des partisans du VKK, formation populiste d’extrême-droite, opposée à la vaccination et russophile… L’invasion de l’Ukraine par la Russie débutée le 24 février 2022 a rendu quelque peu caduque l’exaltation d’un soutien à la politique de Moscou et de Vladimir Poutine, d’autant plus dans un pays qui partage 1000 km de frontière avec un État qui envahit ses voisins. Cette Alliance euro et climatosceptique vient étoffer un bouquet déjà bien garni à l’extrême-droite du champ politique finlandais. Elle participera aux élections législatives du pays prévues le 2 avril prochain, qui annoncent déjà un virage à droite pour un pays aujourd’hui gouverné par une large coalition de gauche.
Moderaterne, Danemark
“Les Modérés” sont regroupés en juin par l’ancien Premier ministre Lars Løkke Rasmussen. Il rallonge ainsi la longue liste des libéraux-centristes du pays dans un éventail politique très morcelé. L’objectif est de s’intercaler entre une droite “tourmentée par l’idéologie” et une gauche dotée d’une “vision passéiste de l’individu et de l’État”, selon les mots de LLR. Lors du scrutin de novembre 2022, les Modérés atteignent la troisième place et décroche la place confortable de faiseur de rois, Rasmussen s’étant engagé à ne pas retrouver le poste de Premier ministre. Le pari semble néanmoins réussi puisque les Modérés forment le ciment de la Große Koalition à l’allemande de la Première ministre social-démocrate Mette Frederiksen, la première du genre au Royaume scandinave. Lars Løkke Rasmussen obtient par ailleurs la place honorable de ministre des Affaires étrangères.
Climate Party, Royaume-Uni
“Le Parti du climat” est fondé en septembre par un conseiller local du Buckinghamshire. Ce parti concrétise une tendance à l’écologie-libérale, dite turquoise, couleur entre le vert de l’écologie et le bleu du libéralisme. De là à noter que le turquoise est une variante du bleu, et pas du vert, il n’y a qu’un pas. Ce parti du climat cherche donc à offrir une alternative climatique sérieuse mêlée d’une affiliation “business-friendly”. Leur objectif tient principalement en la neutralité carbone du Royaume à l’horizon 2030 par le développement de la technologie verte notamment. Le Parti souhaite répondre aux partisans déçus des Conservateurs britanniques, et ils ont l’air nombreux depuis quelques temps. Si le libéralisme écologiste ne fonctionne pas en Australie, il est au pouvoir en Autriche où l’alliance entre la droite et les Verts fonctionne tant bien que mal depuis 2019.
Parempoolsed, Estonie
“La Droite” est sobrement fondée en août par des déçus du parti de la droite classique, Isamaa, en chute libre dans les sondages malgré sa présence au gouvernement Kallas. Une nouvelle formation conservatrice et libérale, pro-européenne, dans un pays qui ne connaît pas de gauche (moins de 10% cumulé dans les sondages d’opinion). La Droite, craignant un virage à gauche de l’Estonie, propose des solutions libérales : une privatisation totale du système de santé, une baisse des taxes et de la fiscalité et assume son soutien à l’immigration pour des intérêts économiques, dans un pays où la balance démographique est en berne. Un conservatisme libéral classique en somme, qui se lancera dans la bataille des législatives prévue le 5 mars prochain.
Платформа за життя та мир, Ukraine
“La Plateforme pour la vie et la paix” est fondée en avril sur les ruines d’un parti d’opposition du même nom, victime collatérale de la guerre en Ukraine. Son fondateur, Youri Boykov, candidat malheureux à la présidentielle de 2019, qui avait vu la victoire d’un certain Volodymyr Zelensky, est un ancien ministre de Viktor Yanoukovitch avec qui il partageait donc une volonté de maintenir de bons rapports avec Moscou. Seulement, Moscou décide l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Des procédures de dissolution à l’encontre de tous les partis d’opposition soutenant le Kremlin ont été lancées. Tous derrière Kiev ! La Plateforme pour la vie et la paix affiche donc un dévouement total à l’Ukraine et va même jusqu’à soutenir l’adhésion du pays à l’Union européenne. Il n’en fallait pas moins pour continuer d’exister politiquement.
Российский комитет действия, Russie
“Le Comité d’action russe” est fondé en mai par le champion d’échecs Garry Kasparov et l’opposant historique et businessman Mikhaïl Khodorkovsky en réaction à l’invasion de l’Ukraine orchestrée par leur pays. Dès le lendemain du lancement de la guerre, des centaines de manifestations monstres ont éclaté à travers tout le pays, malgré une censure omniprésente et des représailles violentes. On a pu y voir des drapeaux russes sur lesquels la bande rouge du bas était remplacée par une bande blanche : la paix au détriment du sang et de la guerre. C’est cet appel que relaie le Comité d’action russe mais également nombre d’autres formations plus ou moins partisanes créées après le 24 février : s’opposer à la politique belliqueuse et contraire au droit international. On y retrouve notamment des groupes féministes, un parti autour de la figure d’Alexeï Navalny ou encore un parti régionaliste réclamant la scission pure et simple de la Russie.
Apvienotais Saraksts, Lettonie
“La Liste unie” est fondée en juillet autour de trois formations défendant des positions régionalistes, conservatrices et localistes. Elle résulte d’une scission de l’Union des Verts et des Paysans, principal opposant du gouvernement. À l’occasion du scrutin législatif en octobre dernier, la Liste Unie a profité de la disparition de l’éternel opposant socialiste pro-russe Harmonie, et obtient plus de 11% des suffrages. Fort de ses 15 sièges sur les 100 du Saeima, le parti se classe facilement dans les partenaires de coalition incontournables. Arturs Krišjānis Kariņš, le Premier ministre sortant, forme alors un gouvernement avec la Liste Unie et l’Alliance nationale, formation nationale-conservatrice, poursuivant son record de longévité au pouvoir.
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