L’Europe comme bouc-émissaire
De part ses statuts, la BCE est une institution autonome en fait une institution autonome qui a pour objectif de contenir l’inflation. Son action dans ce but ces dernières années a été exemplaire, ce qui a été même souligné par les analystes d’Outre-Atlantique, pourtant assez critiques au début. Par contre, les Européens sont quelquefois aveugles dans leurs points de vue. Ils râlent à cause de la hausse des prix, sans se rendre compte du fait que le monde économique a complètement changé et que nous vivons dans une région où l’inflation est l’une des plus basses du monde.
La BCE protège donc les consommateurs de l’inflation, une valeur non négociable, et rend ainsi service aux couches sociales les plus défavorisées, qui sont aussi les plus vulnérables face à l’inflation. L’autonomie de la BCE est aussi très importante et ne devrait pas être remise en cause. Elle nous protège contre les dépenses qui ne seront pas compensées par des rentrées équivalentes, y compris des dépenses militaires, décidées par les gouvernements et les parlements.
Aujourd’hui certains critiquent la BCE, parce que sa politique sur les taux directeurs freinerait la croissance économique. Ces critiques viennent de la part des gouvernements qui ont la responsabilité de prendre des décisions qui soutiendraient la croissance économique. Les gouvernements, cependant, ont du mal de faire ces choix et préfèrent chercher des boucs émissaires.
Regardons comment les Gouvernements européens et les Institutions européennes pourraient promouvoir la croissance et laisser tranquille la BCE qui fait du bon travail.
Regardons comment les Gouvernements européens et les Institutions européennes pourraient promouvoir la croissance et laisser tranquille la BCE qui fait du bon travail.
Au mois de mars 2000, le Conseil européen de Lisbonne a élaboré un plan pour rendre l’économie européenne en 2010 la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Une telle Europe devrait être capable d’avoir une croissance économique durable avec plus de travail de meilleure qualité et plus de cohésion sociale. Huit ans après, on constate que ces objectifs n’ont pas été atteints, et, comme le démontre le rapport Kok, ne le seront pas.
En prenant du recul, on peut constater que les mesures pour accélérer la croissance économique ont été clairement définies dans le Livre Blanc présenté par Delors en 1993. Jacques Delors écrit dans ce Livre Blanc que pour atteindre une société de la connaissance il faut qu’il y ait une coopération entre le secteur privé et le secteur public pour accélérer la construction de réseaux de communication, de transport et des réseaux énergétiques, promouvoir la recherche dans le domaine de l’information, les biotechnologies, investir dans l’éducation et la formation. L’étude prévoit également la réduction du coût du travail non qualifié par des coupes aiguisées dans des contributions sociales pour améliorer l’emploi et les revenus des populations les plus fragiles.
Le financement de ce grand projet, en dehors des sources de fonds privés devrait venir de trois canaux publiques : du budget de l’Union européenne (UE), des prêts de la Banque européenne d’investissement et de l’émission d’obligations de l’Union.
Un échec
Il faut dire que, malgré tous les efforts et les bonnes intentions, les résultats sont décevants pour l’instant. Les raisons de cette échec se résument à l’idée que ce plan pourrait être réalisé seulement en coordonnant les politiques nationales en Europe et que même sans des modifications importantes des institutions européennes, on pourrait tranquillement suivre le chemin tracé par le Plan Delors et la Stratégie de Lisbonne. Il est clair que c’est impossible de mettre en application un tel projet en l’absence d’une volonté politique forte portée par un Gouvernement européen.
Les gouvernements nationaux préfèrent cependant continuer à conserver le peu de pouvoirs qu’ils leur reste, critiquant le Traité de Maastricht ou l’action de la BCE pour embrouiller les citoyens européens afin qu’ils ne découvrent pas que la conservation de la souveraineté nationale est la principale responsable de la stagnation économique.
1. Le 5 août 2008 à 14:03, par Jean-Jo En réponse à : Banque Centrale Européenne et croissance économique
Bonjour,
Donc, si je comprends bien, l’objet de cet article est de démontrer l’importance d’une politique économique et sociale au niveau communautaire (chose qui n’existe à l’heure actuelle que sous la forme d’une politique de « coordination » et pas sous la forme d’une politique entièrement communautarisée) ? Le hic c’est que personne ne veut en entendre parler, résultat on a un système où les Etats sont sourds (ils disposent de la plupart des leviers économiques et sociaux et ne veulent pas s’en séparer) et la BCE est muette (elle ne dispose « que » de l’instrument monétaire), reste à compléter le tableau : la Commission est aveugle (elle ne joue pas les intermédiaires entre monnaie et politique économique et sociale). Super ! Cela dédouanne t-il pour autant la BCE de toute responsabilité ?? Ce n’est pas parce qu’elle dispose d’une indépendance (sur le papier), qu’elle doit être exonérée de tous reproche, à l’inverse, lorsqu’elle n’a rien à se reprocher, elle pourrait faire usage de son indépendance pour taper du poing sur la table afin de rappeler aux Etats leurs responsabilités.
2. Le 12 août 2008 à 11:30, par justin En réponse à : Banque Centrale Européenne et croissance économique
« La BCE protège donc les consommateurs de l’inflation, une valeur non négociable, et rend ainsi service aux couches sociales les plus défavorisées »
Passons sur la traduction « valeur non négociable » dans ce contexte. Valeur commune sans aucun doute ???
Mais sur le fond c’est complètement faux. La BCE n’est qu’un instrument d’une politique financière favorable aux rentiers. Elle est effectivement l’outil rêvé d’un Raymond Barre et de son incroyable discours « vive des rentiers » des années 70.
Comme l’avoue le militant auteur de cet article, la BCE empêche toute politique de relance économique et d’investissement public (que par ailleurs les gouvernements ne veulent pas).
Elle n’est donc pas opposée aux Etats, mais globalement complice de leur renoncement à l’action politique.
Elément essentiel du garrot libéral qui étouffe les politiques sociales de redistribution, la BCE garantie également le recours à l’endettement des Etats au profit des institutions financières et bancaires privées.
Elle retrouve là son objectif ultime : assurer aux rentiers de s’enrichir et rendre pérenne la captation des richesses produites collectivement au profit de l’oligarchie financière.
3. Le 12 août 2008 à 16:15, par Fabien Cazenave En réponse à : Banque Centrale Européenne et croissance économique
La BCE n’empêche pas une politique de relance, ce n’est pas dans ses attributions... Elle est donc loin de sa devancière américaine qui a des pouvoirs beaucoup plus étendus.
Après, dans le coup du complot des banquiers, vous avez oublié les Francs-Maçons et les Juifs...
Le domaine social est du domaine des Etats, Sarko a bien rappelé cet état de fait lors de son intervention sur France 3 fin juin. Si vous voulez une politique sociale en Europe, cela passe par le Parlement européen qui peut infléchir les politiques, à défaut d’avoir suffisamment de pouvoirs du fait du Traité de Nice.
La BCE a des défauts (je trouve que cet article le démontre bien) mais elle n’est pas le comploteur que vous décrivez non plus.
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