Leurs thèses vont à l’encontre du projet européen

Carton rouge à MM. Le Pen (FN) et Calderoli (Ligue du Nord)

Pour déclarations racistes et xénophobes

, par Fabien Cazenave

Carton rouge à MM. Le Pen (FN) et Calderoli (Ligue du Nord)

La récente Coupe du Monde a été mise sous le signe du Fair-Play et de la lutte contre le racisme par la FIFA et son président Joseph Blatter. Mais si, globalement, la compétition a été le théâtre d’un grand événement festif, des déclarations extérieures aux joueurs et aux supporters ont néanmoins ternie cette rencontre des Nations autour du ballon rond.

En effet les commentaires de certains dirigeants extrémistes italiens et français sur l’équipe de France ont été terribles par leur caractère raciste et xénophobe.

Or, le projet européen va précisément à l’encontre de ce repli sur soi et du rejet de l’autre.

Ainsi, le chef de l’extrême droite française et certains dirigeants de la « Ligue du Nord » italienne n’ont malheureusement pas hésité à ce servir du football pour diffuser leurs thèses racistes.

Des propos inacceptables tenus de part et d’autre des Alpes

Quelques jours avant le début de compétition, Jean-Marie Le Pen, président du Front National en France (FN) a estimé que le sélectionneur Raymond Domenech avait "peut-être exagéré la proportion de joueurs de couleur" en équipe de France. Le Pen avait également insisté sur "l’impression que les Français ne se sentent pas complètement représentés" et avait reproché aux Bleus de ne pas suffisamment chanter la Marseillaise avant les matches. [1] Lilian Thuram avait alors vivement réagi à ces propos avant que le parcours des Bleus déchaine les passions dans toutes les couches de la société française.

Juste après la compétition, au lendemain de la victoire de l’Italie sur la France en finale de la Coupe du monde, l’un des dirigeants de la Ligue du Nord, Roberto Calderoli [2], avait déclaré dans un communiqué que "la victoire de Berlin est une victoire de notre identité, d’une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné conte une équipe qui a sacrifié sa propre identité en alignant des noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats" [3]. Si le football a toujours tenté les volontés de récupération de la part des extrémistes (l’Italie dans les années 30, l’Argentine en 1978), de tels propos heurtent les principes mêmes du sport par leur caractère xénophobe et raciste.

Le nationalisme à l’opposé du projet européen

Ces propos animés par le rejet de l’autre sont bien loins de notre idéal européen. L’Europe d’aujourd’hui est née sur l’idée que les guerres entre les Nations de notre continent pouvait prendre fin par le resserement des liens entre nos pays. Sinon, comment expliquer qu’aprs trois guerres en moins de cent ans, la France et l’Allemagne soient aujourd’hui des partenaires moteurs dans la construction européenne ? Le projet européen est ainsi l’adversaire désigné de tous les extrêmistes qui sont les premiers critiquer en permanence tout ce qui touche à la construction de l’Europe. Jean-Marie Le Pen parle ainsi des « diktats de Bruxelles » et salue les déclarations du Premier ministre polonais qui prétend « renforcer l’État-nation » [4].

Cependant, ne nous le cachons pas, les thèses nationalistes ont le vent en poupe dans une société où ceux qui prêchent le repli sur soi séduisent une partie de nos concitoyens. Ils sont ainsi à l’encontre du progrès. Florent Banfi l’expliquait ainsi dans les colonnes du Taurillon : « le mélange trop souvent effectué entre identité, nationalité et citoyenneté porte majoritairement la population à un renfermement sur soi et à une conception erronée des relations entre l’Etat et le citoyen. » [5] Le dépassement de l’aspect identitaire des citoyens européens paraît ainsi la meilleure solution pour détruire le nationalisme à l’origine de tant de guerres depuis des siècles. La réduction que font Le Pen et Caldoreli des citoyens à la couleur de leur peau est la pire dérive de ce nationalisme.

La lutte contre les nationalismes comme combat

Ces théories sont inacceptables en Europe alors que nos peuples ont connu dans leurs chaires les souffrances qu’elles entrainent. Actuellement, les nationalistes populistes gagnent du terrain : les dernières élections en Europe de l’Est le montrent. L’exemple slovaque est encore plus frappant. À la différence de l’Autriche où la droite faisait alliance avec l’extrême droite, c’est le parti Smer qui adhérait au Parti Socialiste Européen qui a formé un gouvernement avec les populistes et le parti xénophobe [6]. Le PSE a choisi d’exclure le Smer de ses adhérents. [7] Cette décision permettra aux citoyens de mieux lire ce qui se passe au niveau européen et au niveau national.

En effet, il serait nécessaire qu’il y ait une véritable clarification à tous les niveaux politiques pour les citoyens : le refus des alliances avec l’extrême-droite doit également se retrouver au Parlement européen. Doit-on accepter que des députés, dont le parti fait alliance dans son pays avec un parti nationaliste, puisse siéger au sein du PPE, du PSE, des Verts ou de l’ADLE ? Est-ce que l’exemple du Smer fera jurisprudence ? Alors que les nationalismes montent en Europe, nous ne pouvons que regretter d’avoir le sentiment aujourd’hui que ce qui avait mobilisé toute l’Europe à l’époque de l’entrée du parti de Jorg Haider dans le gouvernement autrichien semble être désormais si loin.

- Illustration :

Le logo d’ouverture de cet article est le drapeau de la « Ligue du nord », parti politique populiste italien dont il est question dans cet article.

(Sources : encyclopédie en ligne wikipédia).

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Notes

[1A propos de cette controverse entre Lilian Thuram (joueur de l’équipe de France) et Jean-Marie Le Pen (président du Front national), on consultera cette dépêche de l’Agence de presse ’’Associated Press’’, document publié le 29 juillet dernier.

[2Roberto Calderoli : Elu de Lombardie (Bergame), anciennement ministre des réformes institutionnelles du gouvernement de Silvio Berlusconi en 2004-2006 et, depuis mai 2006, à nouveau vice-président du Sénat après avoir déjà occupé ce poste en 2001-2004. Consulter sa biographie sur wikipédia.

[3Autrement dit : « È una vittoria dell’identità italiana, di una squadra che ha schierato lombardi, napoletani, veneti e calabresi e che ha battuto una squadra, la Francia, che, per ottenere dei risultati, ha sacrificato la sua identità schierando neri, musulmani e comunisti. » . Cf. Encyclopédie en ligne wikipédia : article en italien.

[4Cf. Communiqué de presse du Président du Front national, document publié le 10 juillet 2006.

[5Cf. Article publié - le 19 avril dernier - dans le Taurillon : ’’Pour une citoyenneté européenne fondée sur la résidence’’.

[6Cf. Article publié - le 5 juillet dernier - dans le Taurillon : ’’Slovaquie : les rouges-bruns entrent au gouvernement’’.

[7Cf. Communiqué de presse du PSE (Parti Socialiste Européen), document publié le 5 juillet 2006.

Vos commentaires
  • Le 19 juillet 2006 à 14:50, par Tarass En réponse à : Carton rouge à MM. Le Pen (FN) et Calderoli (Ligue du Nord)

    Je site : « la victoire de Berlin est une victoire de notre identité, d’une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné conte une équipe qui a sacrifié sa propre identité en alignant des noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats »

    En tant que français originaire d’Italie du Sud par ma mere, le coup de l’union des calabrais et des napolitains me fait bien marrer quand on sait que la Lega Nord et la Ligue Lombarde tiennent des propos Xénophobes y compris envers leurs concitoyens du Mezzogiorno (le midi)...

    Et cette mauvaise confusion entre islamiste et musulman me fait plutot gerber... Si Ribery par exemple bon franchouille s’est converti par amour, c’est peut etre le plus beau geste qu’il ai eu a faire envers sa femme et nous pouvons etre fiers que cela soit possible aujourd’hui en France !

    Fier d’etre Français, et fier de mes grands parents Italiens qui ont accepté le déracinement pour donner à leurs enfants un avenir plus radieux... et fier de la France que défend Lilian Thuram ;-)

  • Le 28 avril 2009 à 21:51, par christophe En réponse à : Carton rouge à MM. Le Pen (FN) et Calderoli (Ligue du Nord)

    je vie en france et je suis nee de parent francais mais je connait la haine des italien du fait que mon oncle en etait un et fue tue part un extremiste de gauche dans les annee 80 les chose on guere changer

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