Conflit russo-géorgien : plus de président Sarkozy pour représenter l’Europe

, par Fabien Cazenave

Conflit russo-géorgien : plus de président Sarkozy pour représenter l'Europe

Il y a un an, le conflit entre la Russie et la Géorgie démarrait. La Russie envahissait le territoire géorgien. Officiellement pour défendre les Russes habitants dans la région séparatiste d’Ossétie du Sud.

La présidence du Conseil de l’Union européenne était alors détenue par Nicolas Sarkozy qui avait su imprimer sa marque : de nombreux déplacements et une volonté de faire cesser le feu.

Il avait alors su faire feu de toute la diplomatie française au nom de l’Union européenne. Bien sûr, la tension actuelle entre les anciens belligérants d’hier montre que les résultats finaux n’avaient pas été merveilleux. Cependant, l’Union européenne avait su faire entendre sa voix. Les Etats-Unis en étaient bien contents du reste… occupés qu’ils étaient en Irak et en Afghanistan. De plus, l’Union européenne était intervenue sur sa force : le respect de la norme par la médiation et non par la loi du plus fort.

A l’aube d’un nouveau conflit, où en est l’Union européenne ?

La méthode sarkozyste avait eu un intérêt : obliger les parties à discuter, même avec un tiers. L’Europe intergouvernementale avait un leader fort avec des moyens diplomatiques « personnels » (ceux de sa Nation) et une certaine cohésion sur le sujet. Au moins sur l’essentiel : demander le cessez-le-feu.

Mais il en est du leadership en Europe comme des présidences du Conseil, ça tourne. Si un nouveau conflit éclate, est-ce que la présidence suédoise saura faire entendre raison à un Medvedev et à un Saakachvili ? De plus, la Suède n’a pas la même diplomatie que la France, même s’il ne faut pas surestimer les pouvoirs de notre Quai d’Orsay.

Y aura-t-il un nouveau consensus sur les moyens à mettre en oeuvre pour éviter un nouveau conflit ? Pour le moment, les diverses chancelleries s’expriment dans leur coin. Les députés eurosceptiques du Ukip avaient à l’époque, avec pertinence, demandé à Nicolas Sarkozy de justifier le mandat européen qu’il s’était auto-assigné pour aller parler au nom de l’Union. Qu’en sera-t-il si la présidence suédoise prend une initiative désapprouvée par Paris, Londres, Berlin ou Nicosie ou… ?

L’Europe intergouvernementale, le problème de l’Europe sur la scène internationale

Ne nous le cachons pas, la capacité de Sarkozy à pouvoir agir était le fruit des circonstances. Les autres égos nationaux des diverses chancelleries savaient qu’il n’y en avait que pour six mois à supporter les arrogants Français. Sans cette limite dans le temps, les services diplomatiques nationaux auraient fini par reprendre leur liberté. Inutile de préciser que la cacophonie est loin d’être une alliée sur la scène internationale.

L’Europe manque donc d’une voix unique dans le monde : il faut que tout le monde soit d’accord sur les questions de politique étrangère pour qu’elle puisse agir. Le plus petit dénominateur commun en est le résultat, mauvais de fait.Et ce n’est pas une Commission faible qui arrangera les choses. L’Europe intergouvernementale est voulue par Sarkozy, les Anglais et Berlin. Pas la peine donc d’espérer qu’ils délaissent leurs domaines réservées au profit d’un corps « européen ».

L’Europe manque aussi d’un véritable service diplomatique. Ce n’est pas en passant par les autres qu’on peut agir facilement. Tant qu’il y aura des ambassades différentes qui jouent un jeu dans des temporalités différentes, nous n’y arriverons pas. Ce n’est pas à l’approche d’une élection législative que les Allemands vont la jouer profil bas. Ce n’est pas après une présidence française « réussie » qui commence à dater que le Quai d’Orsay va laisser la place. Etc.

Aujourd’hui, si une nouvelle guerre éclate entre la Russie et la Géorgie, comment croire que l’Europe réussira réellement à faire entendre sa voix ? Décidément, l’Europe à la sauce intergouvernementale ne saura pas se faire aimer des peuples. Et pendant ce temps là, l’ogre russe montre déjà les crocs.

Illustration : poster placardé à Tbilisi, Republique de Georgie : « pas de guerre. La démocratie vaincra en Géorgie. Russie rentre chez toi »

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Vos commentaires
  • Le 14 août 2009 à 14:05, par Jean-Jo En réponse à : Conflit russo-géorgien : plus de président Sarkozy pour représenter l’Europe

    J’aurai plutôt mis comme titre : « où est le président de l’UE ? ».

  • Le 19 août 2009 à 06:06, par Martina Latina En réponse à : Conflit russo-géorgien : plus de président Sarkozy pour représenter l’Europe

    Par l’histoire et par les circonstances de sa naissance, l’Union Européenne dispose des atouts nécessaires à l’expansion de la paix hors de ses frontières, et d’abord à la concertation interne qu’exige une diplomatie communautaire. Il serait donc regrettable et dommageable au monde que nous manquions de courage civique, de rouages démocratiques, mais surtout de volonté pacifique pour aider les zones de conflit à sortir de la haine meurtrière et du chaos destructeur. Or notre nom d’EUROPE garde à notre coeur et notre esprit les harmoniques d’ouverture et de clarté liés à la lointaine Phénicienne tour à tour initiatrice, créatrice, fédératrice, qui nous lança, sur un fameux TAURILLON, dans son aventure conciliatrice.

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