Le moins qu’on puisse dire est, décidément, qu’on parle ces jours-ci vraiment beaucoup des Balkans : cette ’’bête noire de l’Europe’’...
Et il est vrai que si les problématiques sont diverses, en effet ces pays ont aujourd’hui pour point commun de tous être à la croisée des chemins : entre passé nationaliste et vocation européenne [1].
Petit tour d’horizon dans la péninsule des Balkans...
Ainsi le week-end prochain, les 21 et 22 mai 2006, le petit Monténégro (Crna Gora, pour les intimes...) vote, par référendum d’autodétermination, son éventuelle (mais fort possible) accession à l’indépendance. Une option qui le verrait alors se séparer de la Serbie et affirmer ainsi davantage encore sa volonté de rejoindre, à terme, l’Union européenne [2].
Une Serbie qui essaie aujourd’hui - à l’heure où les fugitifs Ratko Mladic et Radovan Karadzic [3] sont encore en cavale, malgré les rumeurs de la fin février et fin avril derniers - de se débarasser, parfois non sans difficultés, des dernières scories du régime nationaliste et autoritaire de Slobodan Milosevic [4].
Et ce alors même que la province du Kosovo, sous protectorat international onusien depuis 1999, se cherche (depuis l’ouverture des négociations sous l’égide des Nations unies, en octobre 2005) un statut viable entre indépendance possible, comme on le souhaite parfois ardemment à Pristina, ou ’’autonomie substantielle’’ comme on le préférerait sans doute à Belgrade [5]. Le tout, en essayant d’éviter, autant que possible, les éventuels heurts qui pourraient advenir entre des communautés nationales encore souvent hostiles l’une à l’autre.
Pendant ce temps là la Bosnie-Herzégovine, elle panse ses plaies et essaie de se trouver un nouvel équilibre dans un cadre politique précaire qui se veut officiellement presque transnational mais où les nationalismes exacerbés restent néanmoins vivaces, et la situation tendue. Une Bosnie-Herzégovine qui, pour les dix ans de la ’’paix’’ de Dayton (en novembre dernier...) a néanmoins récemment signé un accord de partenariat (i. e : ’’de stabilisation et d’association’’) avec l’Union Européenne.
Un choix européen qui se refuse aujourd’hui encore à la Serbie puisque, le 3 mai dernier, les autorités de l’Union européenne ont décidé de suspendre (pour les raisons ’’politiques’’ et ’’judiciaires’’ que nous avons déjà vu plus haut...), les négociations pour ouverture d’un partenariat (i. e : ’’accord de stabilisation et d’association’’) présenté comme un premier pas vers, à terme, l’adhésion pleine et entière de la Serbie à l’UE.
Mais un choix européen déjà pleinement assumé pour les candidats ’’officiels’’ à l’adhésion que sont actuellement, respectivement depuis les 3 octobre et 15 décembre 2005, la Croatie [6] et la Macédoine.
Un choix européen déjà effectif pour la petite Slovénie, déjà entrée dans l’Union européenne lors du dernier élargissement de mai 2004 et qui vient, ces derniers jours [7], de recevoir l’aval des autorités communautaires pour entrer dans la zone euro en janvier prochain [8].
Et choix européen bientôt confirmé pour les prochains néo-adhérants à l’UE que seront très prochainement -quelque soit la date définitive qui sera finalement fixée, janvier 2007 ou janvier 2008- la Roumanie et la Bulgarie...
Une semaine spéciale, pour y voir plus clair...
Afin d’y voir plus clair sur toutes ces questions, complexes s’il en est, nous publions donc dans nos colonnes - à partir de ce jour - une série d’articles consacrés à ces sujets. Des documents écrits par nos amis et partenaires de différentes sections locales de la « JEF-Europe » (« Jeunes Européens Fédéralistes »), le réseau ’’jeune’’, associatif et militant, européen et fédéraliste auquel nous appartenons.
L’occasion d’entendre leur point de vue. L’occasion de mieux comprendre quels sont les enjeux, les tenants et les aboutissants de la situation actuelle. Et une occasion de découvrir que la « JEF-Europe » est, décidément, une très grande famille puisque nous sommes -comme en témoignent ces articles- bien implantés dans cette région des Balkans occidentaux : le sud-est de notre Europe.
Et pour cause : cette Europe à construire, sa raison d’être, c’est la paix. Et quoi donc de plus naturel pour des jeunes gens de cette région, meurtrie par les guerres cruelles qui s’y sont déroulées il n’y a pas si longtemps encore, que de vouloir se construire enfin un autre avenir en militant pour une Europe unie, pour la liberté, la paix et la démocratie.
Bonnes lectures.
Ronan Blaise, rédacteur en chef.
1. Le 24 mai 2006 à 02:29, par Ali Baba En réponse à : Editorial : Une semaine dans les Balkans...
J’ai un peu de mal à comprendre la logique des macédoniens... déclarer son indépendance pour demander illico une adhésion à l’Union européenne ? J’ai l’impression que ça dénote une vision de l’Union européenne quelque peu différente de celle qu’on en a dans les États fondateurs. Une adhésion macédonienne ne viendrait-elle pas encore renforcer le bloc eurosceptique, de plus en plus puissant ?
2. Le 24 mai 2006 à 08:14, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Editorial : Une semaine dans les Balkans...
Tu ne veux pas parler du Monténégro en fait ?
Cela me semble assez logique au contraire : il est clair qu’un petit pays ne pèse guère s’il ne fait pas partie de l’Union européenne. En ùmême temps il est sur que ses intérêts y seront respectés, ce qui n’est aps nécessairement le cas dans une fédération à deux, en face à face inégal avec la Serbie.
C’ets à mon sens une démarche plutôt saine - qui limite la dimension nationaliste du vote - sous réserve qu’ils se rendent bien compte de la vocation fédérale de l’nion européenne.
3. Le 24 mai 2006 à 09:28, par Ronan Blaise En réponse à : Editorial : Une semaine dans les Balkans...
J’ai peur de ne pas bien comprendre la problématique développée ici.
Il me semble clair que les Monténégrins, les Macédoniens aussi (tout comme en leur temps les Slovènes et les Croates...) ont pris la décision de quitter l’ancienne Yougoslavie parce qu’ils jugeaient qu’il s’agissait là d’un cadre politique oppresseur, instrumentalisé au service du seul nationalisme ’’grand-serbe’’ (tout du moins était-ce alors leur point de vue...).
Ces déclarations d’indépendance du début des années 1990 (tout comme ’’celle’’ de dimanche dernier, pour ce qui concerne plus directement le Monténégro...) devant donc être lues comme l’expression d’autant d’aspirations à la liberté et à la démocratie (sinon à la seule constitution d’un Etat national...).
Et maintenant, une fois ces nouveaux Etats consolidés, effectivement démocratisés, en voie de se débarrasser des scories les plus caricaturales des discours nationalistes des années 1990, il me semble clair que ces nouveaux Etats indépendants souhaitent désormais rejoindre l’UE : un cadre européen démocratique et d’Etat de droit dans lequel ils espèrent pouvoir trouver une place et une protection, et être respectés pour ce qu’ils sont. Ce qui n’était apparemment (malheureusement...) pas le cas dans l’ancienne Yougoslavie.
4. Le 26 mai 2006 à 02:03, par Ali Baba En réponse à : Editorial : Une semaine dans les Balkans...
Oui effectivement, je veux bien parler du Monténégro... je ne sais pas pourquoi j’ai parlé de Macédoine - probablement parce que je venais de lire un article sur le conflit gréco-macédonien.
5. Le 26 mai 2006 à 02:15, par Ali Baba En réponse à : Editorial : Une semaine dans les Balkans...
Oui, je comprends. En somme, c’est un peu comme le mouvement souverainiste au Québec : ils ne sont pas contre le principe du fédéralisme (au contraire, puisque pour le mouvement souverainiste, la souveraineté ne va pas sans l’association avec le reste du Canada au sein d’une nouvelle fédération), mais contre l’esprit avec lequel il est mis en œuvre dans leur fédération : un esprit de domination d’une nation sur l’autre (il est absolument anormal que le Québec ne soit toujours aujourd’hui qu’une province d’un fief de la Couronne britannique).
Exactement la vision qu’a Sarkozy du fédéralisme, quoi : un directoire de 6 grands qui prennent les décisions, et les autres comptent pour du beurre, ou presque. Une vision dangereuse pour la pérennité d’une fédération donc, et qu’il faut combattre avec autant de force que le repli nationaliste.
Bref, pour en revenir au Monténégro, si dans l’esprit du peuple l’indépendance a été choisie avec pour objectif de pouvoir adhérer à une fédération saine au lieu d’une fédération dominée par l’un de ses membres, c’est très positif. J’exprimais simplement mes craintes au regard de la situation polonaise par exemple, où les gens ne semblent pas près d’abandonner une souveraineté qu’ils viennent de reprendre aux soviétiques.
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