Cet été, la Roumanie traversait une grave crise constitutionnelle couplée avec une cohabitation politique qui continue encore aujourd’hui. Le président roumain Traian Basescu du Parti Démocrate Libérale (PDL) est de droite alors que le gouvernement est dirigé par Victor Ponta, membre du Parti Social-démocrate (PSD) mais aussi chef de l’Union sociale-libérale (USL). Cette alliance électorale particulièrement étonnante regroupe le Parti social démocrate, le parti national libéral et ... le parti conservateur. Majoritaire au Parlement, l’USL a tenté de renverser le Président de la République. Après l’organisation d’un référendum en août 2012, pour ou contre la démission de Basescu, cette destitution a été invalidée du fait d’une participation inférieure à 50%. Les élections de ce dimanche ont pour objectif de résoudre cette crise constitutionnelle. Ou plutôt, de résoudre par les urnes le conflit qui oppose le Premier ministre, Victor Ponta au Président de la République.
Deux alliances électorales se font face : l’USL (Union sociale libérale) et l’ARD (Alliance de la droite roumaine). L’USL comprenant à la fois des sociaux-démocrates, des libéraux et des conservateurs, on ne peut même pas parler d’opposition idéologique entre ces deux alliances. Ces deux partis sont des machines électorales qui occupent la quasi totalité de l’espace médiatique et publicitaire. Elles disposent des moyens nécessaires pour acheter les voix des électeurs perdus dans ce bazar électoral. Ainsi, depuis un mois, les espaces publicitaires des grandes artères de Bucarest sont occupés par des posters géants des candidats. Et l’on devine aisément que c’est le parti qui met le plus d’argent sur la table qui obtient le droit de s’afficher sur les boulevards les plus empruntés. De plus petits partis sont également présents dans la course au Parlement, comme le parti du peuple de Dan Diaconescu, riche patron d’une chaîne de télévision qui enchaîne les promesses populistes (baisse des impôts, indépendance financière de la Roumanie). Ou encore, l’UDMR (Union démocratique des Magyars de Roumanie) qui compte bien faire élire des députés en Transylvanie, région où la minorité hongroise est majoritaire. Au total 30 partis se présentent, dont 19 partis représentant des minorités ethniques.
Les Roumains quant à eux sont particulièrement blasés par ces élections. Ils sont bien conscients que leurs représentants se moquent d’eux en changeant allègrement d’alliance électorale (la migration électorale est une pratique très répandue au sein du Parlement roumain) et que la corruption fait partie du quotidien des élites politiques. En ville comme à la campagne, les citoyens roumains reçoivent les cadeaux des différents candidats venus frapper à leur porte mais beaucoup n’iront pas voter. Pourtant, la plupart des grands partis disposent de moyens financiers considérables pour inciter les électeurs à leur donner leur voix. Le gouvernement a pris les devants en interdisant la distribution de cadeaux électoraux d’une valeur supérieure à 2 euros ainsi que la distribution de cigarettes et de boissons le jour du vote. Mais les Roumains, ont tous reçus les goodies (briquets, stylos, Cds de musique traditionnelle…) de l’USL et de l’ARD. La plupart des étudiants avec qui j’ai discuté, m’assurent quant à eux qu’ils se rendront aux urnes ce dimanche pour voter... blanc. Le gouvernement de Victor Ponta essaye tout de même de les rallier à sa cause, la rumeur circule que le lundi 10 pourrait être férié pour les étudiants ; un moyen comme un autre, d’acheter un vote...
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