Partis politiques

Extrême droite : crise profonde ou turbulence passagère ?

Après la dissolution du groupe Identité Tradition et Souveraineté au Parlement européen

, par Sophie Gérardin

Extrême droite : crise profonde ou turbulence passagère ?

Le parti ultra-nationaliste Identité, tradition, souveraineté (ITS) s’est dissout le 14 novembre dernier, après le départ de ses cinq eurodéputés roumains. Cet événement marque la fin d’une union entre les partis politiques d’extrême droite représentés au Parlement européen. Preuve que les mouvances extrémistes n’ont pas réussi, une fois de plus, à dépasser leurs aspirations souverainistes et identitaires pour défendre une vision commune de l’Europe. Au niveau national aussi, l’extrême droite française connaît des difficultés. Ces événements marquent-ils un recul de l’extrémisme en Europe ? Le Taurillon vous donne quelques pistes de réflexion…

Le départ des eurodéputés roumains du parti Identité, tradition, souveraineté (ITS) lui a porté un coup de grâce, après dix mois d’existence. Ces derniers protestaient contre les propos d’un des leur, Alessandra Mussolini, après la mort d’une Italienne assassinée par un Roumain d’origine Rom. La petite-fille du Duce avait alors qualifié les Roumains d’avoir « fait de la délinquance un mode de vie ». Tentant de calmer les esprits, ITS s’est fendu d’un communiqué le 6 novembre dernier précisant que « le Bureau du groupe ne fait aucun amalgame entre ces délinquants et l’ensemble du peuple roumain. »

En vain, ses excuses, puis le départ d’Alessandra Mussolini d’ITS, n’ont pu retenir les eurodéputés roumains. Ce groupe a été contraint de se dissoudre, le seuil pour constituer un parti au sein du Parlement européen étant fixé à vingt membres. Il perd les avantages accordés à tous les partis européens : des moyens matériels supplémentaires et un temps de parole plus important. Les eurodéputés de l’ex-groupe continuent toujours de siéger, en tant que non-inscrits.

Dix mois de divisions

Accueillie avec une salve d’applaudissements par l’assemblée, cette dissolution a réjoui plus d’un eurodéputé. Et pour cause. Reconnaissance des souverainetés, protection des valeurs chrétiennes et des traditions nationales, engagement en faveur de la famille traditionnelle… ITS était loin de défendre une Union européenne ouverte, fédérale et égalitaire.

Depuis 1994, toutes les tentatives pour constituer un parti d’extrême droite à l’échelle européenne ont échoué. Comment des groupes tournés vers la protection des frontières et s’illustrant par le rejet de l’étranger, réussiraient-ils à collaborer ? Le paradoxe semble évident et les divisions continuelles au sein de l’ex-ITS depuis sa création, en sont la preuve frappante. L’eurodéputé Bruno Gollnisch ne désespère pourtant pas de reconstituer son groupe, avec des partis comme La Ligue des familles polonaises ou La Grande Roumaine. L’extrême droite en ressort donc affaiblie, mais n’a pas pour autant disparu. Quoi qu’il en soit, ses difficultés font écho à celles que connaît le Front National (FN), depuis les dernières élections françaises.

L’extrême droite en recul en France ?

Avec huit millions d’euros de dette, le principal parti d’extrême droite de l’hexagone pourrait être contraint de vendre son siège des Hauts-de-Seine, à Saint-Cloud, ou en tout cas de se séparer d’une partie de ses permanents. En effet, ses médiocres résultats aux élections législatives (4,93% des suffrages) ne lui permettent pas d’être remboursé de ses frais de campagne. Qui plus est, le parti aurait du mal à constituer des listes dans toutes les villes pour les prochaines municipales, certains de ses militants ayant rejoint l’UMP. Même le XIIIe Congrès du Front National des 17 et 18 novembre derniers à Bordeaux, n’a pas rassemblé les foules.

Lors de son discours, Bruno Gollnisch, nommé vice-président exécutif avec Marine Le Pen, a de nouveau fustigé l’Europe, la qualifiant de « technocrato-fédéraliste » et affirmant que « la composante de ce « non » était, et de loin, l’électorat Front National », en référence au référendum du 29 mai 2005. Selon lui, le texte que s’apprête à signer le Président de la République à Lisbonne, le 13 décembre prochain, est quasiment identique au traité établissant une Constitution pour l’Europe. Une tonalité et des thèmes de prédilection que les dirigeants frontistes ne semblent pas vouloir changer.

Scores en baisse, guerre de succession en perspective, difficultés financières… Le FN connaît-il une crise profonde ou une turbulence passagère ? Il n’en reste pas moins une force politique de poids dans le paysage politique. Les prochaines élections, aux niveaux national et européen, seront déterminantes pour le parti.

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