Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

, par Jean-Michel Fayard

Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l'UE ?
Campagne référendaire 2005 - Jean-No sur Wikipedia (CC)

Ainsi, David Cameron a mis sur le tapis la perspective d’un référendum britannique sur la sortie de l’Union européenne. De quoi faire baver d’envie bien au-delà du Royaume-Uni les nationalistes qui rêvent de voir chez eux survenir un tel scénario.

Rêve silencieux la plupart du temps : fronts de droite ou de gauche, si vocaux d’ordinaires, préfèrent la plupart du temps tabler sur un pourrissement de la situation. Seuls des partis plus confidentiels plaident nettement pour un scénario Cameronais.

Mais attention ! Les voies de la construction européenne peuvent être impénétrables. Que les meilleurs ennemis des fédéralistes européens croient triompher ne doit pas nous empêcher de se demander s’il n’y a pas moyen pour notre courant de pensée de profiter de la situation.

Ne pas avoir peur d’un référendum... « européen »

Quel mal y aurait-il à consulter le peuple ? À le consulter qui plus est sur une question pour lequel le référendum est pertinent : le sentiment d’appartenance à cet ensemble européen en construction ?

En tant que fédéraliste et donc démocrate, ce qui doit choquer dans la proposition anglaise est finalement et une fois de plus (c’était déjà le talon d’achille du TCE et du traité de Lisbonne) que SEULS les Anglais soient appelés à voter... à moins que l’Europe — sous entendu la méchante Commission mais en réalité tous les autres pays et citoyens européens - se plie aux SEULS desiderata anglais. Autant il est normal qu’un pays puisse décider de se retirer de l’UE - c’est d’ailleurs explicitement prévu dans les derniers traités - autant ce chantage « faites tous la réforme que je veux MOI ou c’est le chaos » rend le référendum britannique illégitime.

Face à cette situation à nouvelle, il faut reprendre l’initiative, ne plus se contenter de demi-mesures. Proposons « de porter immédiatement l’action sur un point limité, mais décisif » qui prendrait David Cameron à son propre jeu :

Réclamons des référendums mais dans tous les pays pour permettre aux citoyens (c’est censé être leur année non ?) de pouvoir décider eux-mêmes s’ils souhaitent retrouver leur indépendance (Royaume-Uni, France... ?) ou rejoindre une fédération européenne (dont la constitution sera rédigée par une convention ou constituante ad-hoc) qui regroupera les pays ayant voté OUI.

« Cette proposition réalisera les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix » (voir le texte de la Déclaration Schuman de 1950)- et de la résolution des crises systémiques qui, ironie du sort, assaillent aujourd’hui moins les États-Unis qui en étaient l’épicentre qu’un vieux continent qui est resté au milieu du gué de l’intégration.

Europe « de l’Atlantique à l’Oural » ou Fédération européenne ?

ll peut sembler contre-intuitif que des partisans assumés de la construction européenne (ce qui n’est pas forcément la même chose que des supporters inconditionnels de l’UE actuelle) se proposent de faciliter le travail des europhobes. C’est que face à l’urgence de la crise « la fiction européenne du on avance tous ensemble petit à petit se brise aujourd’hui sur des intérêts nationaux trop différents » comme l’analyse Fabien Cazenave.

Une des critiques recevables qu’avait soulevé le fameux "NON pro-européen” de 2005 (qui a existé bien que certains s’en soient réclamés avec pas mal de mauvaise foi) est que "l’approfondissement aurait dû précéder l’élargissement". Entendez par là qu’il était couru d’avance que la rédaction d’une constitution européenne à 54 mains n’aboutisse pas sur un chef d’oeuvre de clarté. Et bien soit, faisons le cet élargissement à l’envers puisque vous dites à raison qu’une Europe à 20, 15 ou même 10 deviendrait beaucoup plus facilement démocratique et fédérale, les boulets ayant quitté le navire...

Seul problème du raisonnement, ce n’étaient pas forcément les 10 nouveaux venus qui posaient problème... parmi les anciens il y avait le Royaume-Uni... et parmi les glorieux anciens il y avait la France, qui s’en vente moins mais a pas mal contribué elle aussi à saboter les traités européens — de la règle "absurde" (Romano Prodi) des 3% qu’elle a inventé au traité de Nice. Alors si l’ancienneté n’était pas le critère à retenir pour décider qui fera partie du premier cercle, lequel choisir ? Euro ou non comme le propose Philippe Herzog ?

Et pourquoi pas tout simplement demander aux citoyens ce qu’ils préfèrent ? Le premier cercle, la fédération européenne qui se fait tant attendre depuis Robert Schuman, c’est ceux qui ont dit OUI, le second cercle, c’est la zone de libre échange pan-européenne. C’est simple, c’est clair et c’est net.

Vos commentaires
  • Le 31 janvier 2013 à 08:25, par Jacques En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    Ce qui est intéressant c’est de savoir, pourquoi on parle d’une sortie du Royaume-Uni. D’après ce que j’ai entendu c’est à cause du pouvoir trop important de la Commission européenne sur les domaines des citoyens européens. Quelques hommes politiques anglais, qui ne sont pas assez compétent pour se mêler à la grande politique européenne, éructent face à leurs électeurs en insultant l’Union européenne. Mais ce qui est intéressant c’est que quelqu’un comme Nigel Farage, à tête reposée fait sentir son « amour » pour l’Union européenne. C’est un peu un Mélonchon anglais, il sait faire passer ses idées, mais malheureusement elles ne sont pas constructives la plus part du temps mais destructives. Enfin tout ça pour dire que les Anglais nous lancent un défi, et ce défi est de déterminer précisément leurs arguments et de leur répondre point par point.

    Au travail !

  • Le 31 janvier 2013 à 08:33, par Robinson En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    « Que les meilleurs ennemis des fédéralistes européens croient triompher ne doit pas nous empêcher de se demander s’il n’y a pas moyen pour notre courant de pensée de profiter de la situation. »

    Qu’est ce que c’est drôle, un courant de pensée, rien que ça. Après le libéralisme, le socialisme, voici le fédéralisme. Par contre c’est intéressant, peut-être que les eurosceptiques ont en peut-être envers les fédéralistes et pas envers les européistes. Dommage iste aux deux derniers et pas aux premier. Car c’est un peu connoté idéologiquement. On pourrait dire les eurosceptiques ont envers les sociaux-démocatres, le PPE ou l’Alde, ce serait plus constructif.

    Tout en sachant que j’ose espérer que les auto-proclamé fédéralistes ne cherchent juste simplement qu’à unir le peuple européen d’une manière de plus en plus étroite. Qu’ils se nomment Pierre, Paul ou Jacques.

  • Le 31 janvier 2013 à 09:46, par Fabien Cazenave En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    @Robinson : oui le Fédéralisme est une manière d’envisager les relations au sein de la société avec ses penseurs (Kant, Proudhon, Spinelli, Habermas). Au final, les Fédéralistes s’opposent notamment aux Nationalistes et ne sont pas les soutiens de l’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui. Nous sommes plutôt très critiques de son fonctionnement.

  • Le 31 janvier 2013 à 09:56, par Jonathan Leveugle En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    @Robinson : Que vous le vouliez ou non le fédéralisme est bien un courant de pensée se basant sur certaines conceptions du monde développées par Kant, Proudhon, Marc, Hamilton... Il y a bien sur différentes représentations au sein de ce courant entre le fédéralisme intégral et le fédéralisme hamiltonien.

    Si vous voulez plus d’informations sur les courants fédéralistes et leur histoire je vous invite à lire cette série d’articles.

    Pour en connaître plus sur la base de la pensée fédéraliste, je vous invite à lire cet article et plus généralement de parcourir notre rubrique sur les penseurs du fédéralisme.

    Bien à vous

  • Le 31 janvier 2013 à 11:37, par Robinson En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    @ Fabien Cazenave

    Et est ce que vous, parce que je pense que vous vous y incluez, soutenez le fonctionnement de la République française ? Ou ça ne vous intéresse pas ?

    Mais c’est intéressant je savais pas que Kant et Proudhon était associé ou récupéré à la « doctrine » fédéraliste. C’est vrai que de ce que je crois savoir, Proudhon était pour une décentralisation du pouvoir. Mais je pense que dans le monde de l’entreprise ceci existe. Il y les chefs et les petits chefs. Chacun a une parcelle du pouvoir.

    Merci Jonathan Leveugle, je vais essayer de parcourir les informations. Mais je voulais savoir si vous pouvez parler en quelques mots de cette « doctrine », ce que vous en penser vous, personnellement, d’après vos connaissances, sans reprendre des éléments de langage qu’on peut trouver sur internet. Enfin si, mais je veux dire spontanément.

    Et puis je me demande, est ce que le Fédéralisme est équivalent au Socialisme, au Libéralisme, et autre courant ? Est-ce de l’économie politique ?

    Merci

  • Le 31 janvier 2013 à 13:39, par Fabien Cazenave En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    @Robinson : vous nous demandez de nous justifier mais vous vous posez en censeur et en juge... Nous n’avons pas de brevet de patriotisme ou de fédéralisme à donner. Surtout que cela n’a rien à voir spécifiquement de l’article ci-dessus. Vous prétendez participer au débat mais vous me faîtes un procès en non soutien de la République française (sans qu’on sache ce que vous incluez dedans du reste et comme par hasard...).

  • Le 31 janvier 2013 à 13:42, par Fabien Cazenave En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    D’ailleurs cette personne est tellement « démocrate » qu’elle prend plusieurs pseudo : la même adresse IP renvoie ainsi à « Robinson », « Aurore » ou « Marc »... il sont décidément bien nombreux dans cette tête.

    Cette technique a un surnom sur internet : faire le troll.

  • Le 6 février 2013 à 19:49, par Letaulier En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    Un référendum doit être claire et c’est pas la première qualité de ta proposition. Proposer un référendum pour « rejoindre une fédération européenne (dont la constitution sera rédigée par une convention ou constituante ad-hoc) qui regroupera les pays ayant voté OUI. » C’est du grand n’importe quoi car l’électeur ne connais ni le nom des pays qui vont voter « oui » (je suppose que le référendum sera organisé le même jour dans tous les pays) et beaucoup de citoyen n’ont peut être pas envie de faire couche commune avec la Grèce ou le Royaume-Uni ni le contenu de cette nouvelle constitution (puisque c’est une constituante).

    En plus c’est la garantie de voir le parlement européen quitter Strasbourg (500 millions d’euro de frais de déplacement, il n’y a que les Alsaciens pour trouver cela supportable).

  • Le 7 février 2013 à 09:37, par Fabien Cazenave En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    Un référendum pour donner mandat à une assemblée constituante possède un énoncé plutôt clair au contraire. La question à la limite est de savoir si nous devrions élire des députés européens dans le même temps.

  • Le 26 février 2013 à 12:23, par ChristainPascal En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    A propos de l’expression démocratique sur l’Europe, en Europe, un article inquiétant paru dans The Daily Telegraph : « The European Parliament is to spend almost £2 million on press monitoring and trawling Eurosceptic debates on the internet for »trolls" with whom to debate in the run-up and during euro-elections next year amid fears that hostility to the EU is growing. The Daily Telegraph has seen confidential spending proposals and internal documents planning an unprecedented propaganda blitz ahead of and during European elections in June 2014."

    Source : http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/eu/9845442/EU-to-set-up-euro-election-troll-patrol-to-tackle-Eurosceptic-surge.html

    S’il faut embaucher des gens pour prêcher la bonne parole face à l’expression populaire des mécontentement sur les réseaux sociaux et autres blogs, pourquoi le faire en cachette ? Si la contestation monte, il semble plus judicieux de poser clairement la question de l’Europe que l’on veut. De plus, cela jettera le discrédit sur toute expression pro-européenne sur le Net, expression qui pourra être suspecte de ne pas être sincère mais largement financée.

  • Le 26 février 2013 à 15:03, par Jonathan Leveugle En réponse à : Faut-il craindre... ou encourager les référendums sur la sortie de l’UE ?

    @ChristainPascal

    Il faut prendre cette information avec précaution. Le Télégraph est connu pour ses visions conspirationnistes du monde. Le plus connu de ses rédacteurs étant Ambrose Evans-Pritchard, conspirationniste convaincu.

    Cela dit, si cela est vrai, nous devons condamner ce type de pratiques.

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