Il faut cultiver notre jardin européen, de Sylvie Goulard

L’Union pour la Méditerranée ou la chronique d’un malentendu

, par Fabien Cazenave

Il faut cultiver notre jardin européen, de Sylvie Goulard

Sylvie Goulard, président du Mouvement Européen - France vient de sortir aux éditions du Seuil un nouveau livre : Il faut cultiver notre jardin européen. Il porte sur l’Union pour la Méditerranée promue par Nicolas Sarkozy et démontre que la France à intérêt à jouer le jeu de l’Europe à 27 sur ce dossier. Pour l’instant, l’Union pour la Méditerranée est un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire...

Alors que l’air du temps est au "Sarkozy-Bashing" dans les médias, le livre de Sylvie Goulard permet de remettre l’Union pour la Méditerranée sur le terrain des idées sans a priori idéologique.

Même s’il s’agit d’une dénonciation des erreurs réalisées au moment du lancement du projet d’union autour du bassin méditerranéen, ce petit livre d’une centaine de pages est une bonne occasion de revenir sur les enjeux de la construction communautaire.

Car aujourd’hui, la France ne peut plus faire comme si elle était seule. Or l’Union pour la Méditerranée a été lancée par la France sans aucune concertation avec nos partenaires. En plus du malentendu que cela crée entre nous, il s’agit d’un projet qui n’associe pas les citoyens à cette Union.

L’Union pour la méditerranée, un malentendu au départ

Guaino, une vision d’un passé où la France ne tenait pas compte de l’Europe

Si Henri Guaino n’est cité qu’une fois dans le livre [1], c’est clairement sa vision du projet qui est combattue. En effet, tout au long du livre, Sylvie Goulard se fonde sur les discours du Président de la République de Toulon et de Tanger où sa plume (Henri Guaino donc) avait dessiné les contours du projet d’Union Méditerranéenne que nous allions découvrir par la suite. On le voit au fur et à mesure du livre, plus l’ancienne plume de Jacques Chirac perd de l’importance dans la mise en place du projet, plus l’ancrage du projet dans l’Europe à 27 se fait jour. Mais la vision initiale du projet pose quand même question pour nos partenaires, notamment allemands, qui n’ont pas compris pourquoi nous étions partis seuls et sans les avertir dans ce projet original.

Car c’est bien cela qui pose le plus question après lecture de cet essai. Comment un projet si important a-t-il pu être lancé sans avoir pris l’avis de nos partenaires européens ? La France peut-elle impulser seule un tel projet ? La réponse est non quand on voit le résultat qui est entrain de se profiler. Mais qui sommes-nous pour lancer seul un « projet de civilisation » (pour reprendre les mots du président dans son discours de Tanger) alors que nous sommes partis prenantes déjà dans un projet de civilisation qu’est l’Europe [2] ? Le tout sans même prévenir nos partenaires de la Méditerranée ?

La France donne l’impression de danser seule au sein du couple franco-allemand. L’auteur pour expliquer l’incompréhension qui a eu cours outre-Rhin utilise la presse allemande pour nous permettre de nous rendre compte à quel point ce projet a été pensé par quelqun qui n’est pas dans l’optique de ce que le couple franco-allemand a apporté à nos deux pays et à l’Europe. C’est la première fois depuis des dizaines d’années que la France prend une telle initiative stratégique sans prévenir notre partenaire allemand... Comment réagirions-nous si l’Allemagne lançait une Union slavo-germanique sans en parler à la France et sans l’inclure dans le projet ? Tout le premier chapitre est tournée sur cette question : Avec ou sans l’Allemagne ? On a envie de poser la question du point de vue allemand : Avec ou sans Guaino ?

Replacer l’UPM dans le cadre de la politique européenne

Dans son second chapitre, Le Sud contre l’Est ou l’Union européenne loyalement ?, Sylvie Goulard nous présente l’un des travers du projet d’Union méditerranéenne : on fait comme si la Politique Européenne de Sécurité Commune (PESC) n’existait pas [3]. Donc cela nous amenait en réalité à choisir entre le « Sud » et « l’Est ». On a pas à privilégier au sein de l’Europe ce qui serait un « pré-carré » régional, comme pourrait l’être la Pologne pour l’Allemagne. Laissons la parole à l’auteur : La solution n’est pas de « rééquilibrer » l’influence allemande à l’Est par une contre-alliance au Sud, sous la direction de la France. Ce jeu rappelle trop les politiques « d’équilibre » de jadis qui, loin d’équilibrer quoi que ce soit, ont nourri tant de conflits. [4]

De plus, au-delà même de l’accord de nos partenaires, nous voyons avec ce livre combien nous ne pouvons pas faire comme si l’Union européenne n’existait pas. Il y a des vrais questions quant aux résultats d’accords de circulation des personnes par exemple qui iraient contre nos engagements quant à l’espace Schengen.

La France a tout intérêt à inclure l’Union européenne dans ce projet. Cela permettrait un dialogue dépassionné avec nos partenaires qui auront toujours l’œil à ne pas se laisser dicter quoique ce soit par les anciens colons. Sylvie Goulard cite ainsi les propos de M. Navarro (du ministère espagnol des Affaires étrangères) qui ne voient que des avantages à laisser aux Nordiques le soin d’expliquer au Maghreb les exigences européennes en matière de droits de l’homme [5]...

La France ne peut plus exister seule et sans les citoyens

Un projet retoqué par nos partenaires

Le projet a évolué et l’évolution démontrée par Il faut cultiver notre jardin européen insiste notamment sur deux acteurs Jean-Pierre Jouyet et Angela Merkel. Si le Secrétaire d’État aux Affaires européennes a permis dans ses déclarations claires dans la presse à montrer que la France allait finalement jouer le jeu européen, c’est l’action de la chancellerie allemand qui a été déterminante.

La connaissance de l’auteur du point de vue allemand nous permet de voir l’importance de ce qui a été la rencontre de Hanovre et du Conseil européen de mars 2007. Le refus allemand d’une deuxième union a obligé la France à évoluer et à présenter une déclaration commune pour ce qui est désormais appelé « L’Union pour la Méditerranée », impliquant totalement cette fois les 27 pays de l’Union européenne.

Dès lors, nous voyons que la France est dans l’obligation de passer par ses partenaires pour lancer un projet. Tout au long du livre, il est ainsi subtilement rappelé tous les avantages que la France a eus à être moteur dans des projets communs. Le contraste en devient alors saisissant avec ce projet.

Un projet intergouvernemental

Sylvie Goulard, peut-être parce qu’elle est présidente d’une association qui vise à rassembler "au delà de leur appartenance politique, les hommes, les femmes et les associations qui souhaitent s’engager en faveur de la construction européenne dans une perspective fédérale", consacre le dernier chapitre aux citoyens.

Page 85, le constat est accablant : une Union pour la Méditerranée appellerait, pour aboutir, l’adhésion des personnes concernées, citoyens du Nord et du Sud. Or les affinités ne peuvent être décrétées d’en haut.« Sylvie Goulard nous rappelle que ce type de décision se dit en anglais »top down« et en allemand une expression pourrait se traduire »par ordre du mufti".

Alors qu’en France, le référendum de 2005 avait montré durant la campagne (dans les rangs du Oui et du Non) que les citoyens demandent à être réellement partie-prenante de la construction communautaire.

En conclusion, l’Union pour la Méditerranée est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire... comme type de projet pour traiter une question fondamentale comme nos rapports avec les autres pays et nos partenaires de la méditerranée en particulier. Sylvie Goulard note que le « Président français a eu l’intelligence de comprendre l’enjeu » après le rappel de la Chancelière allemande.Que cela soit sur cette question ou même sur le projet que nous voulons porter dans l’Union européenne, nous nous devons de cultiver notre jardin européen.

États Généraux de l’Europe le 21 juin à Lyon

Un évènement de la société civile, festif et populaire

Les États Généraux de l’Europe (EGE) sont conçus avant tout comme un lieu de débats ouverts et accessibles au grand public sur les enjeux européens. Ils sont organisés par la société civile, en toute indépendance, dans une approche pluraliste, en coopération avec les autorités publiques nationales et locales. Organisés sur une journée, les EGE se décomposent essentiellement en trois types d’activités :

• 2 plénières :

 Plénière d’ouverture : de grandes figures européennes lanceront cette grande journée de débats en évoquant la citoyenneté européenne sous ses différentes déclinaisons : économique et sociale, politique et culturelle. Avec notamment : Giorgio Napolitano, Président de la République d’Italie ; Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes ; Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne ; François Chérèque, Secrétaire Général de la CFDT, Elie Barnavi, Historien.
 Plénière de clôture : des députés européens de tous pays et des responsables français, seront interpellés par les trois représentants des associations organisatrices (Europanova, le Mouvement Européen - France et Notre Europe) pour réagir aux questions posées pendant la journée dans le cadre des ateliers-débats. A un an des élections européennes, les députés européens mettront en lumière la pluralité des sensibilités et des positions présentes au Parlement européen. Avec notamment : Daniel Cohn-Bendit, Martine Roure, Alain Lamassoure, Pat Cox, etc.

• 18 ateliers-débats autour des trois thèmes suivants :

 les outils de la démocratie en Europe (le droit de vote, la représentativité des citoyens, l’échange des idées par internet…)
 les échanges humains en Europe (la mobilité des jeunes, le sport, la santé, la culture, …)
 les responsabilités de l’Europe (la mondialisation, le développement durable, la responsabilité sociale des entreprises, les migrations…).

Ces tables rondes ont été conçues pour donne l’occasion à tous de s’exprimer et dialoguer avec des responsables européens, locaux, des syndicalistes, des chefs d’entreprises, des journalistes, des écrivains de tous horizons, sur l’Europe ! Seront notamment parmi nous : Michel Barnier, Jacques Barrot, Tommaso Padoa-Schioppa, Elisabeth Guigou, Bronislaw Geremek, Gérard Onesta, Bernard Soulage, Mercedes Bresso, Jean Besson, Didier Jouve, Thierry Philip, Jean-Michel Aulas, etc.

• Des activités ludiques seront proposées tout au long de la journée :

 Des activités pour les plus jeunes permettront aux parents de faire découvrir l’Europe à leurs enfants. Un spectacle pour enfant et des jeux « européens » seront prévus pour eux !
 Le café littéraire sera l’occasion de rencontrer les auteurs de livres consacrés à l’Europe avec la présence de Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Bibliothèque Nationale de France, de Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre Belge, de Daniel Henri auteur du manuel d’histoire franco-allemand, etc.
 Le village européen rassemblera tous les partenaires de l’évènement.
 La simulation des travaux du Parlement européen. Pour fêter les 50 ans du Parlement européen, la « simulation » rassemblera près de 500 jeunes citoyens de 15 à 22 ans, de la région mais également d’Italie. Ils débattront et voteront une résolution sur « la participation des citoyens européens au développement durable ». La résolution, sera remise à Didier Jouve, Vice Président de la Région Rhône-Alpes, comme une des contributions à l’élaboration d’une vision partagée de Rhône - Alpes au 21ème siècle. Elle sera également remise symboliquement aux Députés européens.

Les associations impliquées dans l’organisation :

Action fédéraliste - Socialisme et Liberté, AFCCRE, Association Européenne Des Enseignants, Agence de l’Education par le Sport, Association réalités et relations internationales, Banlieues d’Europe, Bouge ta ville, bouge l’Europe !, Bruegel, cafebabel.com, FONDA/CAFECS, CCMSA, Cercle des Européens, Centre des Jeunes Dirigeants, CFDT, CGI, Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, CIDEM, CIMADE, Commission européenne, Commission pour l’étude des Communautés Européennes, Communauté urbaine Grand Lyon, Confrontations Europe, Conseil Général du Rhône, Conseil Général des Jeunes du Rhône, Conseil régional Rhône-Alpes, Conseil syndical interrégional Alpes Arc alémanique, Débarquement jeunes, Decitre, EAPN France, EUCIS-LLL, EUNIC, Euractiv.fr, European Coalition for Corporate Justice, Europe Direct Rhône-Alpes, Europe et mondialisation, Europe et Société, Euros du Village, Fédération des centres sociaux, Fondapol, Fondation Armée du Salut, Fondation Robert Schuman, Forum civique européen, French American Foundation, GENEPI, GISTI, GL Events, Goethe Institut – Lyon, Groupe des Belles feuilles, Imagine ton futur, Institut ASPEN France, Institut de la Protection Sociale Européenne, Jeunes Européens – France, Jeunes Décideurs Europe Young leaders, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, L’Europe à la Une, Ligue de l’enseignement, Ligue Européenne de Coopération économique, Maison de l’Europe, Movimento Federalista Europeo – Italie, Ministère des Affaires étrangères / Secrétariat d’Etat aux Affaires européennes, Mouvement rural de jeunesse chrétienne, Musée de l’Europe, Musée des confluences, Mutualité Sociale Agricole, Nouvelle Europe, Parlement européen, Parlement européen des jeunes, Plateforme sociale européenne, Pole européen de Lyon et Rhône-Alpes-Réalités européennes du présent, Sauvons l’Europe, Secours catholique, Sport et Citoyenneté, Taurillon, Terra Nova, Touteleurope.fr, UEF - Rhône-Alpes, Union pour une Europe Fédérale, UNIOPSS, URIOPSS Rhône-Alpes, UNSA, Ville de Lyon / Communauté urbaine.

Illustration :
 couverture du livre Il faut cultiver notre jardin européen.
 photographie de Sylvie Goulard issue de son blog.

Découvrez Il faut cultiver notre jardin européen aux éditions du Seuil, 107 pages, 13 €.

Sylvie Goulard a déjà publié :
 Le Grand Turc et la République de Venise
 Le Coq et la Perle, 50 ans d’Europe
 L’Europe pour les Nuls

A lire :
 Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union européenne.
 L’échec du projet d’Union méditerranéenne ?.
 Union méditerranéenne, qu’en est-il exactement du projet de Nicolas Sarkozy.

Mots-clés
Notes

[1p. 17

[2p. 41

[3p. 36

[4p.44

[5p.89

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