Or, le 7 juin dernier, les « Jeunes Européens » de Nancy organisaient un café débat sur cette question : occasion de découvrir cette langue méconnue et peu médiatisée, à tort...
Un café débat dont voici un très bref compte rendu, ci-dessous...
’’Cxu vi parolas esperanton ?’’
Si vous répondez par l’affirmative à cette question (i. e : ’’Parlez-vous l’Espéranto ?’’), c’est que vous faîtes donc bel et bien partie des près de deux millions de personnes qui - dans le monde d’aujourd’hui - maîtrisent cette langue.
L’espéranto fait partie de ce qu’on appelle les langues ’’artificielles’’, langues ’’construites’’ ou langues ’’synthétiques’’, par opposition aux langues ’’vivantes’’ usuelles. (Nb : On désigne par l’expression ’’langues vivantes’’ ces langues nées d’une évolution grammaticale ’’naturelle’’ et dont on peut clairement étudier les origines...).
Parmi les langues ’’artificielles’’, on recense aussi le Volapük, le Glosal, le Novial, l’Ido, l’Interlingua (ou ’’Latine sine flexione’’, i. e : Latin sans déclinaison), etc. Toutes langues dont, aujourd’hui, le grand public ignore majoritairement l’existence.
Or, contrairement à ses ’’concurrents’’, l’espéranto ou ’’Internacia Lingvo’’ (i. e : « langue internationale ») a cependant connu - lui - un succès plus heureux. Avec - aujourd’hui, de par le monde - plus de deux millions de locuteurs se reconnaissant dans ce drapeau vert de l’espérance (et de l’esperanto, bien sûr...).
Comment l’espéranto est-il apparu ?
Dans la seconde moitiée du XIXe siècle (dans les années 1870-1880), à Bialystok (dans le nord-est de l’actuelle Pologne), Ludwig Lejzer (i. e : Louis-Lazare) Zamenhof - médecin ophtalmologiste de formation, linguiste amateur à ses heures et homme épris d’idées humanistes (1859-1917) - se lance dans un projet ambitieux : la création - pour le grand bénéfice de toute l’humanité - d’une langue ’’universelle’’ synthétique, l’espéranto.
Pour comprendre précisément de quoi il retourne, il faut bien considérer le contexte de l’époque : une Pologne orientale alors sous occupation russe où polonais, russes, lituaniens, ukrainiens, blanc-russiens, juifs (etc) se côtoyent. Et, cela, dans une ambiance souvent riche de conflits communautaires et nationaux, sociaux et raciaux, culturels et religieux.
Pour tenter de résoudre ces difficultés, L. Zamenhof (lui-même israélite polonais...) avait entrevu l’idée d’une langue commune à toutes ces diverses communautés, espérant ainsi réduire d’autant les incompréhensions entre ses contemporains...
Cette nouvelle langue - d’apprentissage facile et culturellement ’’neutre’’ - aurait ainsi eu vocation de devenir une ’’langue internationale’’ maîtrisée par tous en tant que seconde langue. Et ce, pour favoriser la communication entre les hommes et les différentes cultures.
Et Zamenhof pensait pouvoir élargir son raisonnement : envisageant d’essayer de l’appliquer jusque dans les relations internationales...
Rêvant ainsi d’une langue universelle pour faciliter les relations entre êtres humains et pour l’humanité toute entière, Zamenhof publiera donc en 1887 (date de ’’naissance’’ officieuse de l’espéranto) une brochure - intitulée ’’Langue internationale’’. Une brochure où, sous le pseudonyme de Dr Espéranto, il jette ainsi les bases de ce qui deviendra plus tard l’ ’’Internacia Lingvo’’, autrement dit : l’espéranto...
Quel pourrait être le nouvel avenir de l’espéranto ?
Cent vingt ans après, le rêve de L. Zamenhof reste encore à accomplir. Cependant on dénombre aujourd’hui, à travers le monde, des centaines de milliers de locuteurs de l’espéranto [1].
« Quand les peuples pourront enfin se comprendre, ils cesseront de se détester. » (L. Zamenhof)
Et aujourd’hui, à l’heure où l’Europe manque effectivement d’unité politique et où la construction européenne semble singulièrement marquer le pas, les espérantistes formulent un voeu : que les peuples et Etats de l’Union européenne puissent, dans le futur, s’approprier cette langue et - en complément de leurs langues propres, en tant que ’’seconde langue’’ commune, en plus de leurs langues maternelles - en faire alors leur ’’lingua franca’’ [2].
Ainsi, après la mise en place en Europe de politiques communes et d’une monnaie commune, pourquoi ne pas en effet adopter une langue commune qui en serait le ciment ?! Voilà en tout cas le projet politique aujourd’hui formulé par les espérantistes d’Europe : que l’Union européenne soit ainsi, plus que jamais ’’Unuiĝinte en diverseco’’ (i. e : ’’Unie dans la diversité’’, en espéranto).
L’espéranto a-t-il les moyens de ses ambitions ?
Facile d’accès, avec une construction des mots aisée sur des bases morphologiques (et lexicales (i. e : grammaire et vocabulaire...) similaires à celles des langues indo-européennes [3], sans conjugaison véritable, reprenant 22 lettres de l’alphabet latin, l’espéranto présente - de prime abord - de nombreux avantages pour le novice ayant choisi de l’apprendre.
Une structure linguistique simple afin - précisément - de pouvoir être très rapidement acquise, en l’espace de seulement six-huit mois à un an [4]. Un seul exemple : en espéranto « Parolo » désigne le nom (i. e : la ’’parole’’, le ’’mot’’), « Parole » l’adjectif correspondant (i. e : bavard, verbeux ?!), « Paroli » le verbe (parler, s’exprimer) et « Parola » l’adverbe (en parlant), etc.
De même, outre ces avantages au niveau de l’apprentissage de la langue, l’espéranto offre également une certaine neutralité. En effet, son usage ne profiterait à aucun Etat directement que ce soit au niveau culturel, commercial (contrairement à l’anglais, par exemple). Puisque les espérantistes voit aussi dans leur projet linguistique le moyen de ’’rééquilibrer’’ le monde et de lutter contre l’actuelle suprématie linguistique, culturelle (et politique) anglo-américaine, dont certains d’entre eux estiment qu’elle ’’phagocyte’’ et ’’appauvrit’’ les autres langues du monde d’aujourd’hui (notamment sur le plan des vocabulaires spécifiques nouveaux, scientifique en tout particulier...).
En tout cas, on peut constater que l’espéranto a déjà fait l’objet d’initiatives précises et parfois officielles, notamment en termes de radiodiffusion quotidienne (sur la Radio publique polonaise ainsi que sur Radio China International, etc) ou hebdomadaires (notamment sur la RAI, en Italie, ou sur Radio Vatican, par exemple...).
De même, juste souligner qu’en Hongrie également, l’espéranto est un enseignement nécessaire pour obtenir la validation du diplome de fin d’études en lycée. Donc, des expériences très concrètes qui plaident en faveur de l’espéranto et qui illustrent son possible développement à venir [5].
Finalement, l’espéranto a tout pour plaire, alors pourquoi ne pas franchir le pas ?
Certains rétorquent qu’on tombe là dans la facilité et déplorent, a priori, quelque absence de richesse de la part de cette langue (en seuls termes de vocabulaire...). Laquelle, effectivement, emprunte son vocabulaire aux autres langues plus qu’elle ne crée ses propres termes spécifiques. De même, les sceptiques s’inquiétent du manque d’authenticité et de profondeur culturelle d’une langue qui ne puiserait pas là dans un patrimoine linguistique original et culturel propre, issu d’une maturation historique millénaire.
Ce à quoi les partisans de l’espéranto rétorquent en exprimant l’idée que leur langue est précisément l’opportunité de garantir - par l’intermédiaire d’une ’’interface’’ d’apprentissage facile et potentiellement universelle - un accès égalitaire et aisé à toutes les cultures du monde. Et ce, sans devoir passer par les longues années d’apprentissage de cette autre langue ’’pivot’’ intermédiaire qu’ils considèrent comme autrement plus difficile, autrement plus contraignante et favorisant ainsi de manière unilatérale, sinon injuste, une partie de l’humanité : l’anglais [6].
De même, certains émettent la crainte comme quoi, si l’espéranto se généralisait à travers le monde, il pourrait alors y avoir des évolutions différentes de l’espéranto d’une région à l’autre du globe, ainsi que des risques de ’’pidginisation’’ (i. e : mélange de la langue nationale avec l’esperanto). Mais à ce seul titre, l’expérience ’’espéranto’’ n’ayant guère plus d’un siècle, nous manquons singulièrement de recul et nous en pouvons guère émettre de véritable constat objectif...
Autre problème : si l’espéranto devait acquérir à l’avenir quelque statut supérieur, on s’exposerait alors sans doute très vite à des limites pratiques en raison de la faible importance du nombre initial de locuteurs et, donc, d’enseignants potentiels.
Ce à quoi les défenseurs de l’espéranto répondent en insistant sur le caractère facile de l’apprentissage de cette langue : une facilité dans l’apprentissage qui laisse entrevoir la possibilité que chaque ’’apprenant’’ devienne, très rapidement un potentiel enseignant à son tour [7]. Ce qui permettrait alors de résoudre le problème souligné...
De l’indifférence du monde politique...
Aujourd’hui, malgré l’existence de militants convaincus et de quelques ’’lobbies’’ actifs pour faire la promotion de l’espéranto, les politiques restent sourds à cette idée d’une langue synthétique universelle. Et, pour que l’espéranto ne s’impose vraiment, il lui manque donc le préalable et l’accompagnement d’une réelle volonté politique.
Or, à ce jour, force est de constater que - malgré l’existence de rapports favorables à cette ’’hypothèse espéranto’’ [8] et malgré la ’’bénédiction’’ d’éminentes personnalités [9] - l’espéranto n’est pas (encore ?) un enjeu de politique, ni même de politique scolaire aujourd’hui ressenti, en tout cas, comme prioritaire par les formations politiques ni par l’opinion publique.
Totalement absente des actuels plans du Ministère (i. e : de l’Education nationale) tout comme des plateformes éducatives des grandes formations politiques se présentant devant le suffrage, la question de l’espéranto (et d’une éventuelle organisation expérimentale de son enseignement) est, donc, peu susceptible de déterminer le choix des électeurs...
Question perçue comme marginale, victime du scepticisme des uns voire de l’ignorance des autres, des indéniables lourdeurs structurelles du système scolaire actuel, de l’indifférence des grands médias et des priorités politiques (politiciennes ?) du jour, la question de l’espéranto reste donc somme toute peu traitée par les décideurs en la matière. Ne reste donc à l’opinion publique qu’à s’intéresser vraiment à la question et à se saisir du dossier !
Néanmoins, malgré le nombre encore très modeste de locuteurs, on constate que l’espéranto continue aujourd’hui de se diffuser lentement dans le vaste monde.
Bénéficiant aujourd’hui - notamment - non seulement de militants et lobbyistes convaincus mais, surtout, de l’essor d’internet (et de sa ’’nouvelle’’ presse) et du développement de ses nouvelles potentialités : tant en termes de lobbying et d’information, effectivement, qu’en termes de vulgarisation ou d’aide à l’apprentissage.
Alors, l’espéranto, future ’’lingua franca’’ européenne et future langue commune universelle ?! A voir...
1. Le 28 octobre 2006 à 03:54, par Olso En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Pour réagir rapidement, félicitations pour cet article très objectif, factuel, neutre sur un sujet qui d’habitude déclenche les passions et donne lieu à pas mal de contre-vérités, de moqueries, de critiques le + souvent infondées. Bref un article comme on aimerait en voir plus souvent, et dans d’autres médias.
Le seul petit bémol (mais on peut pas tout avoir), c’est que les auteurs ne répondent pas à la question du titre, ils préfèrent ne pas se mouiller. Mais bon, c’est déjà très bien comme ça !
Peut-on savoir qui représentai(en)t les espérantistes à Nancy le 07 juin ?
2. Le 28 octobre 2006 à 08:54, par Henri Masson En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Cette présentation me paraît équilibrée. Rien n’est plus normal que de s’interroger sur une proposition dont trop peu de citoyens imaginent l’existence et la portée de son application. C’est déjà un fait que l’espéranto fonctionne et qu’un professeur de linguistique aussi éminent qu’André Martinet avait vu en lui une une solution digne d’attention : "Le problème d’une langue de communication internationale se présente actuellement comme un conflit entre une langue planifiée, l’espéranto, au sujet de laquelle on sait qu’elle fonctionne de façon satisfaisante pour ses utilisateurs, et une langue nationale hégémonique qui, comme nous le savons tous, est l’anglais."
Cette langue est effectivement méconnue et trop peu médiatisée. Le seul fait d’en avoir entendu parler ne signifie pas que l’idée ait été saisie dans toute sa profondeur. Un sondage effectué en 1984 par SAT-Amikaro durant les douze jours du 1er Salon de l’Étudiant, à Paris, auprès de 409 visiteurs, aussi bien étudiants qu’enseignants ou parents, avait montré que 45% ne savaient rien de l’espéranto, 29% n’en avaient qu’une idée assez vague, et 26% en avaient une idée plus précise sans toutefois bien connaître la langue ou la parler. Il serait intéressant, aujourd’hui, d’effectuer un tel sondage auprès de l’« homme de la rue ».
Un autre sondage avait été réalisé en 2001 par 3 lycéennes du Lycée Pierre Mendès-France de La Roche-sur-Yon pour le compte d’Espéranto-Vendée. Il s’était déroulé dans le cadre d’Actions professionnelles appliquées, obligatoires pour les élèves des sections de techniciens supérieurs assistants de gestion en PME-PMI, auprès d’établissements d’enseignement secondaire et supérieur de La Roche-sur-Yon. Il était apparu que, sur les 411 étudiants interrogés, 393 (96%) estimaient qu’il était important pour eux de communiquer avec l’étranger. Une langue commune apparaissait utile à 296 (72%), mais pas à 108 (26%). 215 pensaient qu’une langue universelle existait déjà : l’anglais ; 50 estimaient que l’espéranto répondait à cette définition et 84 qu’une telle langue n’existait pas. 311 étudiants (76%) reconnaissaient ne rien savoir de l’espéranto avant d’avoir lu cette définition : "L’espéranto est une synthèse des principaux types de langues parlées dans le monde et qui s’est popularisée sous ce nom". 100 seulement (24%) avaient répondu par l’affirmative. 218 (53%) s’étaient montrés intéressés par la découverte de la langue et 200 (49%) pensaient souhaitable que la langue soit proposée comme enseignement facultatif, voir en option au baccalauréat. Des propositions de loi avaient d’ailleurs été déposées en ce sens à la présidence de l’Asssemblée nationale, avant 1981, par le PS et les Radicaux de gauche et apparentés. Elles ont été "oubliées" lorsque ces partis ont accédé au pouvoir. Mais il y aurait beaucoup à écrire sur ce seul sujet au vu des réponses stéréotypées des ministre de l’éducation, y compris le dernier.
L’espéranto est encore trop souvent perçu comme rien de plus qu’un passe-temps, ou alors comme une "utopie", alors que nous sommes tous des usagers d’utopies antérieures... Edmond Privat, citoyen du monde, qui appuya fortement l’indépendance de la Pologne, avait donné son avis sur cette "utopie" .
Les termes « lobby » ou « lobbying » me paraissent impropres et excessifs par rapport à l’espéranto, car il n’y a derrière lui aucune puissance étatique ou financière. Il s’agit plutôt de la convergence de bonnes volontés individuelles dont la seule ambition est l’intérêt général, de l’expression du besoin de communiquer sans entraves. L’espéranto doit beaucoup actuellement à Internet car le public peut enfin le découvrir, l’essayer, s’en servir, savoir où sont le vrai et le faux sans dépendre des médias et du ouï-dire. Bon nombre de ses défenseurs n’y sont venus que récemment et ont du mal à comprendre le silence et les tabous qui entourent encore cette idée dont l’émergence est inéluctable. La parution récente d’un DVD intitulé « Esperanto Elektronike » représente un nouvel atout pour le découvrir et l’apprendre à partir de 25 langues, donc pour ne plus dépendre totalement des médias traditionnels.
3. Le 28 octobre 2006 à 09:56, par Germain Pirlot En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Toutes mes félicitations pour cette excellente présentation de l’espéranto !
4. Le 28 octobre 2006 à 10:21, par claude piron En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci pour cet article, qui contribuera sans doute à faire mieux connaître l’espéranto, malgré un certain nombre d’inexactitudes (p. ex. en Hongrie, l’espéranto est une option pour le baccalauréat, et s’il est vrai que beaucoup de jeunes la choisissent, ce n’est tout de même pas une branche obligatoire ; par ailleurs, si c’était une « tentative » de langue vers 1887, c’est depuis belle lurette une langue à part entière : plus d’un siècle d’usage dans les situations les plus diverses l’ont transformée en une langue vivante).
Critiquer l’espéranto pour son absence de richesse, c’est montrer qu’on ne le connaît pas. C’est comme si l’on reprochait à la vie de ne pas être riche sous prétexte que tout ce qui vit consiste en un nombre ridiculement petit de matériaux : carbone, hydrogène, oxygène, azote, quelques métaux. . . Pourtant quelle richesse la nature ne nous offre-t-elle pas ! Ce qui fait la richesse, ce n’est pas le nombre des éléments de base, c’est la liberté avec laquelle ils s’associent. Comme le chinois, l’espéranto se compose exclusivement d’éléments invariables qui se combinent sans restriction. De même que parol engendre parolema ’bavard’ et tim ’avoir peur’ timema ’timoré’, de même vous pouvez former fotema ’qui est tout le temps en train de photographier’ ou kisema (< kis ’embrasser’), ’qui embrasse pour un oui ou pour un non’. La série est infinie. En français les prairies verdoient et les feux rougeoient, mais rien n’est prévu pour le bleu. En espéranto on peut dire la maro bluas ’la mer « bleu-oie », c’est-à-dire qu’elle étincelle de bleu, qu’elle frappe ou suscite l’admiration par l’impression de bleu qu’elle dégage’. Cette expression toute simple est intraduisible. (Voir à ce sujet « Combien de mots en espéranto ? » : http://claudepiron.free.fr/lettresouvertes/combien.htm ).
Contrairement à ce que vous dites, l’espéranto s’est doté d’un vocabulaire infiniment riche qui se développe logiquement à partir d’un petit nombre d’éléments. Il comprend bien des mots qui n’existent pas dans notre langue. Un jour, un Africain avec qui je discutais en espéranto a utilisé, en décrivant la vie de son village, le mot kaprejo. C’est un mot que je n’avais jamais entendu, mais, connaissant les règles de la langue, j’ai su immédiatement ce qu’il signifiait : le lieu où l’on garde les chèvres.
C’est pourquoi l’espéranto s’apprend très vite et se manie avec aisance. Demandez au Français moyen comment on appelle le petit du chameau. Il y a de fortes chances qu’il n’en ait aucune idée. Demandez à un enfant qui a fait quelques mois d’espéranto, il vous répond par réflexe : kamelido. Il sait qu’on dit katido ’chaton’, bovido ’veau’, azenido ’ânon’ et qu’il a le droit de généraliser toute structure, donc, dès qu’il a appris kamelo ’chameau’, il n’a pas à apprendre séparément le nom du petit (kamelido se dit en français chamelon). Et si les Bédouins regroupent leurs chameaux, vous savez d’avance que c’est au kamelejo.
Pour qui cherche honnêtement ce qu’il en est, la supériorité de l’espéranto sur les autres moyens qu’utilisent les gens d’origines différentes pour se comprendre – anglais, broken English, interprétation simultanée, multilinguisme, gestes, etc. – est très vite apparente. N’est-il pas étonnant qu’il soit si difficile de le faire admettre aux élites et aux médias ? Il suffit pourtant d’assister à une séance internationale en espéranto et à une séance analogue tenue en anglais ou faisant appel à des interprètes pour voir que la fluidité des débats, la spontanéité des intervenants, l’égalité dans la prise de parole et l’humour sont nettement plus présent du côté de l’espéranto que des autres formules. J’ai bien peur que l’être humain ne soit foncièrement masochiste. Et sadique. Pour imposer à des millions et des millions de jeunes de par le monde des années et des années d’étude d’une langue frustrante comme l’anglais, dont la maîtrise s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance, et ce pour le résultat pitoyable dont se plaignent d’un bout à l’autre de la planète les ministres de l’éducation, alors qu’en une année on pourrait doter tous les élèves d’un moyen de communiquer avec aisance dans le monde entier, il faut une sacrée dose de sadisme. Ou du moins – soyons plus gentils – d’inertie.
5. Le 28 octobre 2006 à 10:37, par krokodilo En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Bravo pour cette présentation détaillée de l’Eo, honnête et nuancée. C’est rare dans les médias français, c’est peut-être même la première qui évite les clichés et les préjugés habituels, et la plus complète. C’est d’autant plus méritoire qu’il m’a semblé par vos articles que vous adhériez au multilinguisme prôné par l’Union Européenne ; encore bravo donc pour avoir présenté les arguments de ceux qui pensent que ce ne sera pas possible comme solution à grande échelle, et que l’Eo est une voie possible, rationnelle et efficace, simple à mettre en œuvre. Quelques remarques :
– L’analogie entre l’euro et l’Eo est tentante, mais c’est une analogie très trompeuse : il faut bien préciser que ce n’est absolument pas le remplacement des langues nationales par l’Eo. Ce serait impossible et absurde, les espérantophones sont très attachés au respect des langues, petites ou grandes, à commencer par la mienne le français, et à la diversité linguistique. L’Eo ne se propose que comme langue auxilaire commune, facile et neutre, et dont le vocabulaire est européen, libre à chacun d’étudier sa langue régionale plus une ou deux langues nationales à l’école. L’étude de l’Eo étant largement moins difficile, cela laisse de la place et du temps pour les autres.
– Vous avez interverti le a et le e : les adjectifs ont une finale en –a, et les adverbes en –e
– L’espoir de l’Eo est avant tout une communication plus facile, nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu’une langue auxiliaire suffirait à garantir la paix, les guerres civiles sont là pour le prouver.
– Le français et l’anglais ne sont pas « millénaires », et sont à peine plus âgés que l’Eo : il y a 2 siècles, la majorité des français ne parlaient que leur langue régionale. Le français a souvent été imposé dans les provinces de façon musclée… Nous proposons au contraire de discuter de la communication en Europe sur la base d’arguments rationnels, ce qui changera un peu de la lutte d’influence entre les langues des grandes puissances…
– Il est bon de signaler qu’il existe de nombreux sites de qualité réalisés par des asiatiques de diverses nationalités, preuve que l’ambition de langue inter/nationale (entre les nations) n’est pas usurpée, et que malgré un vocabulaire européen, la grammaire régulière a séduit ailleurs qu’en Europe. Il existe en outre le « pool » de mots internationaux (télévision, docteur, etc.)
– Certains anglophones aussi soutiennent l’Eo, dont des enseignants, navrés de voir l’anglais se dialectiser entre les différents continents, ou s’abâtardir et s’appauvrir en un « anglais international. »
Quelques liens :
– Le Monde diplomatique en Eo (que vous avez cité) : http://eo.mondediplo.com/
Pour télécharger des émissions radios, par curiosité, (je recommande les infos de la Radio Italienne RII en Eo) http://209.85.129.104/search?q=cache:SsObbc3R3h0J:esperanto-panorama.net/franca/radio.htm+radio+arkivo&hl=fr&gl=fr&ct=clnk&cd=3
Portail de la ville de Montpellier (que vous avez cité) en 8 langues http://209.85.129.104/search?q=cache:WXD9SjkGH_sJ:www.montpellier.fr/+Montpellier&hl=fr&gl=fr&ct=clnk&cd=1
Une ville d’Allemagne dont le conseil municipal milite officiellement en faveur de l’Eo http://www.ic-herzberg.de/
Un site québécois expliquant en quoi l’anglais est une langue en fait très difficile : http://www.esperanto.qc.ca/faq-mensonges-fr.htm
Un site chinois : http://www.china.org.cn/world/
Un site fait par des asiatiques de 4 pays différents http://www.la-amikeco.net/
6. Le 28 octobre 2006 à 12:43, par krokodilo En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Pour répondre à la question de l’article, qui finalement n’est pas débattue, « l’Europe a-t-elle besoin d’une langue commune ? », je rajoute juste ce que j’ai déjà mis sur un autre article, à savoir que les militaires, qui sont des gens pratiques, ont depuis longtemps répondu que oui, et ont choisi l’anglais pour les discussions d’état-major, déjà maintenant, et bientôt demain pour la Force d’Action Rapide européenne (peut-être sous commandement OTAN, ce n’est pas clair.) Ils n’ont pas envisagé une seconde de pratiquer le multilinguisme, ni l’intercompréhension passive ou de faire suivre chaque officier d’une vingtaine d’interprètes !
7. Le 28 octobre 2006 à 12:52, par mslagmu En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Ecoutez, je propose que le groupe d’eurocitoyens qui rédigent ce journal réticulaire se mettent à l’espéranto. Ils pourront par eux même se rendre compte de bien fondé de cet article.
Félicitation en tout cas pour votre objectivité.
8. Le 28 octobre 2006 à 13:20, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci pour vos encouragements. Quant à se mettre à l’espéranto, ma foi pourquoi pas : si seulement l’association et mes devoirs d’Etat professionnels m’en laissaient seulement le temps (mais bon, vous me dîtes que c’est facile et que ça ne prend pas tant de temps que cela, alors pourquoi pas...).
Toujours est-il que l’Eo me semble effectivement être une option ’’raisonnable’’ qu’il me semblerait - au minimum - sage d’examiner attentivement. Quant à son adoption ou quant à la généralisation de la possibilité de la choisir, c’est là une autre affaire.
Pour ce faire, sans doute faut-il d’abord promouvoir certaines réformes et certains changements de mentalité et de comportements préalables (et laisser du temps au temps...).
9. Le 28 octobre 2006 à 13:29, par frederiko En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci pour cet article qui pose de façon très satisfaisante l’enjeu d’une langue commune. Sur le terrain culturel j’ajouterais qu’en un siècle les espérantistes ont également développé une culture propre au mouvement avec ses propres références historiques, culturelles et également ses propres traits d’humour. Pas besoin d’être millénaire pour développer une culture... ou alors il n’existe pas non plus de culture née sur internet (alors que c’est tout l’inverse il n’y a qu’a regarder la culture du monde des logiciels libres... dont spip, le logiciel servant à créer ce site). Ors, c’est surtout grâce à cette communauté et à sa culture que l’espéranto continue d’exister. J’ai appris l’espéranto par idéal, convaincu de son apport pour la communication, je suis resté espérantiste grâce à la communauté des espérantistes.
Un autre point sur lequel je voulais intervenir est sur le vocabulaire. Oui, « emprunte son vocabulaire aux autres langues plus qu’elle ne crée ses propres termes spécifiques », c’est même une de ses caractéristiques. Cela facilite son apprentissage. Un français peut reconnaître immédiatement 70% des mots et un russe 50% sans les connaître (en ayant comme seule connaissance l’alphabet et quelques principes simples). De plus le principe d’agglutination et de terminaison fait de l’espéranto une langue très riche avec un effort de mémorisation relativement faible. C’est parfait pour une seconde langue que l’on ne va pas forcément utiliser quotidiennement. Ayant appris l’anglais, il suffit de ne pas le pratiquer quelques mois pour perdre une bonne partie du vocabulaire acquis. Il faut dépenser beaucoup trop d’énergie pour maintenir son niveau
Enfin, je crois que l’essor futur de l’espéranto peut passer par son adoption par des structures associatives, syndicales ou politique désireuses de réellement s’organiser internationalement (notamment au niveau européen). En effet ces organisations manquent généralement des moyens financiers pour disposer de services de traductions. Ensuite vouloir imposer aux délégués de parler anglais parfaitement (car ici l’approximatif ne suffit pas) empêcherait à certains des plus compétant de participer. Évoquons aussi la supériorité qu’acquièrent les natifs anglophones dans ces structures. Toute organisation internationale adoptant aujourd’hui l’espéranto pourrait lever toutes les difficultés puisqu’en quelques mois chacun peut atteindre un niveau de langue satisfaisant, notamment par le biais de stages. Reste donc seulement la volonté de l’organisation et celle de ses membres de recherche l’équité et l’efficacité.
10. Le 28 octobre 2006 à 13:32, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Souhaitant ouvrir des portes plutôt que d’asséner des vérités préconçues et pré-machées, les auteurs de cet article ne pouvaient guère se permettre de donner - dans le corps de cet article - des points de vue tranchés sur les questions posées.
Dans cet article, les auteurs ont surtout cherché à apporter des éléments d’information et de réflexion devant permettre à nos lecteurs de se faire leur propre opinion et de répondre par eux-mêmes à la question.
L’Europe (le monde ?) ont-ils besoin d’une langue commune ? Celle-ci peut-elle être l’espéranto ? Ma foi personnellement je n’en sais encore rien très précisément à ce jour, mais - en tout cas pour ce qui me concerne - la réflexion et le questionnement ne font que commencer.
Et l’espéranto me paraît effectivement apporter quelques éléments de réponse (à ces questions) qui me semblent être effectivement loin d’être complètement négligeables. Maintenant, à chacun de se poser ces mêmes questions, de s’informer et de se forger - en toute autonomie - sa propre opinion.
Quant à la question militaro-linguistique soulignée ici, nous y revenons plus loin...
11. Le 28 octobre 2006 à 13:50, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci beaucoup pour vos encouragements, pour vos complèments d’infos (et/ou corrections nécessaires) et pour les nombreuses adresses internet que vous nous avez donné ici (lesquels liens internet permettront à nos lecteurs d’aller au-delà de cet article, d’approfondir le sujet et de compléter leur information à ce propos).
Deux remarques cependant :
(1) Faute de langue commune ’’européenne’’ véritable à l’heure actuelle, le multilinguisme officiel et institutionnel actuel reste une exigeance politique et démocratique de transparence (politique, juridique...) aujourd’hui encore incontournable.
Cela pourrait éventuellement changer à l’avenir avec l’émergence véritable d’une langue commune vraiment diffusée dans l’ensemble (dans toute ?) la population de l’Union, mais force est de constater que nous n’en sommes pas là encore à ce jour. Donc, faute de mieux, reste le multilinguisme institutionnel... (et ce : pour des raisons politiques et éminemment juridiques).
(2) La domination du français sur l’ensemble du territoire français n’est certes pas millénaire (vu la permanence des langues minoritaires et des parlers locaux sur une bonne partie du territoire jusqu’à la première - voire la seconde - guerre mondiale). Néanmoins cette langue est un ’’objet historique’’ dont l’être et l’évolution s’inscrivent bel et bien dans une histoire millénaire... A ce sujet, nous n’avons pas cherché à en dire plus.
12. Le 28 octobre 2006 à 13:51, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci pour vos encouragements.
13. Le 28 octobre 2006 à 14:03, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci beaucoup pour votre appréciation quant à cet article et pour vos compléments d’informations.
Nb : Par lobbying nous ne cherchions pas à désigner quelque action institutionnelle coordonnée en la matière mais bel et bien à désigner cette convergence de bonnes volontés individuelles dont vous faites ici l’écho...
14. Le 28 octobre 2006 à 14:17, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Il ne m’appartient pas de juger quant au degrès de sadisme et/ou tendance au masochisme inhérent (dans des proportions certes variables...) chez tout être humain. ; - )) En revanche je peux vous remercier pour vos complèments d’informations voire corrections nécessaires.
Cependant, juste souligner que certaines de vos appréciations relèvent cependant d’un jugement qualitatif : Or si nous avions effectivement parlé de pauvreté initiale propre à l’espéranto en seuls termes de vocabulaire (puisque fonctionnant par emprunts lexicaux à d’autres langues...), nous n’en n’avions néanmoins pas moins souligné (sans doute pas dans le même paragraphe, mais bon...) la richesse effective de l’espéranto en seuls termes de combinaisons (effectivement infinie, visiblement, comme vous nous le confirmez ici...).
15. Le 28 octobre 2006 à 14:45, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci pour vos encouragements. Néanmoins :
(1) Quant à Culture, nous voulions principalement parler de Lettres (et autres expressions littéraires et artistiques : poésie, théatre, musique, chant, etc) et non pas seulement du développement de traditions et/ou savoir-faires techniques (comme c’est effectivement le cas sur internet, notamment avec - effectivement - les boites aux lettres, les courriels, les logiciels spécifiques, les encyclopédie en ligne interactives, les listes de diffusion, la nétiquette, etc).
(2) Beaucoup d’entre nos lecteurs soulignent également - tout comme vous - la difficulté véritable qu’il y a - sans pratique - à se maintenir ’’à flot’’ - sans pratique - dans l’expression d’une langue, quelle qu’elle soit. Et de l’injustice qu’il y aurait à privilégier telle ou telle langue ’’nationale’’ dans les grandes instances internationales au seul plus grand profit de ses seuls locuteurs natifs.
Merci pour votre commentaire et pour votre intervention.
16. Le 28 octobre 2006 à 16:28, par Pauline Lanon En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Un article fort intéressant sur les vertus et les légers désavantages de l’espéranto. Il est vrai que je serais curieuse de connaître votre opinion sur la question posée dans le titre. En ce qui concerne la ficilité à apprendre cette langue, je suis plutôt d’accord avec vous. Reste à savoir maintenant si les citoyens auront l’envie et le temps (vous l’avez souligné dans un de vos messages de réponse) de « se mettre » à une autre langue... Pour ajouter de la fantaisie, en tant que personne issue d’une des fameuses régions ultra-périphériques (RUP), ou plus particulièrement un des départements d’Outre-Mer (DOM), je propose la candidature du créole comme « lingua franca » au sein de l’Union européenne. En effet, dialecte formé à partir du français, de l’anglais, de l’espagnol et du portugais, le créole est parlé - avec de légères différences selon les régions - par la Caraïbe tout entière et par les autres DOM, voire les TOM. Le créole est, d’autre part, relativement facile à comprendre et à parler étant donné que l’on écrit exactement ce que l’on dit. On pourrait ainsi imaginer un mélange des créoles de la Caraïbe (martiniquais, guadeloupéen, haïtien, dominicain...) avec celui de la Guyane et celui de la Réunion. Ce qui permettrait sans doute aux « Européens ultrap-périphériques » (parfois oubliés) de se faire entendre des Européens du continent, mais c’est un autre débat... En tout cas, re-félicitations pour cet article, qui redonne espoir dans ce monde d’incompris.
17. Le 28 octobre 2006 à 22:43, par ? En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
L’espéranto a bien une culture au sens ou vous l’entendez : une riche littérature (voir par exemple de la littérature traduite mais aussi originale en e-librejo http://esperantujo.org/eLibrejo ou encore des chansons : http://www.vinilkosmo.com/). L’espéranto utilise tous les vecteurs culturels (avec quelques limites concernant le cinéma pour cause du budget nécessaire). Néanmoins je considère qu’il est bien plus important d’avoir une culture commune car celà implique que par la langue on verra apparaitre des choses originales dans les oeuvres. En esperantio (pays de l’esperanto), c’est sans doute l’universalité des oeuvres.
Enfin, je considère malgré tout que le monde de l’internet est vecteur de culture autrement que technique. C’est notamment un monde ou le travail collaboratif et l’autogestion ont atteint un degré jamais égalé jusqu’ici avec des attitudes basées sur le respect mutuel (alors qu’avec l’anonymat de l’écran on aurait pu attendre l’inverse), la solidarité, l’entraide sans recherche de profit. Les logiciels libres ont de plus eux aussi amené cette culture qui se traduit par des oeuvres : il existe de la musique libre, de la photographie, des dessins, de la littérature (qui plus est collaborative !). Et souvent ces projets sont largement influencés par la part culturelle propre au monde du libre. On est bien loin de la technique. Pour ma part, je me sens bel et bien baignant dans ces deux « bains culturels ».
18. Le 29 octobre 2006 à 10:28, par claude piron En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous entendez par « pauvreté initiale propre à l’espéranto en seuls termes de vocabulaire (pusique fonctionnant par des emprunts lexicaux à d’autres langues) ». Toute langue tire son lexique d’autres idiomes. Il n’existe pas un mot français qui ne soit emprunté au latin, au grec, au germanique médiéval, au gaulois, à l’arabe ou à quelque autre parler. Même l’argot emprunte tous ses mots aux autres langues. L’espéranto n’a donc rien d’original à cet égard, et donc rien d’anormal ou de pauvre. Cela dit, je vous renouvelle mes félicitations pour avoir lancé le débat.
19. Le 29 octobre 2006 à 10:44, par Henri Masson En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Quelques témoignages :
Outre le fait que l’espéranto soit encore trop souvent perçu comme un passe-temps, il arrive que certains voient en lui, à tort, une invitation à la paresse. Certes, les « partisans du moindre effort » seront pleinement satisfaits, mais ceux qui veulent gérer leur effort de façon optimale, de façon intelligente, y trouvent déjà leur compte. Sa connaissance est toujours un « plus », un investissement léger pour un usage tout à fait rentable.
J’ai appris, hier, qu’un inventeur parisien avait demandé, pour tenir son stand à une foire des inventeurs qui s’est tenue à Genève, une personne parlant couramment le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’espéranto. Certes, c’est encore une chose très rare, mais c’est le début d’une évolution. Ce poste a été obtenu par Joëlle, l’une des filles de Mme Mireille Grosjean, auteure de "Échanges de classes clé en main" et qui effectue un travail fort intéressant dans les échanges internationaux et dans le domaine pédagogique.
Sur la liste « Lingva demokratio » (Démocratie linguistique), sur laquelle les échanges se font en espéranto, un Allemand a écrit dernièrement qu’outre l’allemand, il connaît, par ordre décroissant de connaissance : l’espéranto, l’anglais, l’espagnol, le français, le latin, le japonais. Il précise que ces deux dernières ne lui conviennent que pour le « small talk », donc une communication élémentaire. Il se sentirait visiblement incapable d’intervenir en français sur « Le Taurillon ». En effet, avant de me préciser cela, il avait écrit, en réponse à une proposition d’apporter un témoignage sur une autre liste (traduction de l’espéranto) : « Je suis allé à l’adresse indiquée et j’ai lu au moins une partie des nombreux textes. Je connais un peu le français pour l’usage quotidien, et j’ai même lu un livre entier en français (Robineau : »Et leur vie, c’est la terre« [remarque HM : il s’agit du récit d’un jeune couple qui a effectué un voyage de 8 années autour du monde avec l’espéranto comme sésame]). Cependant, je ne peux pas ajouter de commentaire en français. Pourquoi ? Je ne comprends pas la langue difficile, de haut niveau, des commentaires. Ceci me démontre à nouveau que les langues nationales sont de loin plus difficiles à apprendre que l’espéranto. Malgré le fait que j’ai appris l’espéranto en beaucoup moins de temps, je peux suivre, mieux et plus clairement, des textes compliqués. Lorsque l’on compare la facilité et la difficulté des langues, on ne juge trop souvent que le langage simple, par exemple le fait de commander une bière ou de faire du »small talk« . C’est facile dans n’importe quelle langue. Ce qui est important, c’est de pouvoir discuter sans malentendus de choses complexes ! Avec l’espéranto, c’est possible après un nombre d’heures d’étude peu important. »
Une expérience récente à laquelle j’ai assisté au collège de St Michel-en-l’Herm, un village côtier du sud-vendéen, a encore confirmé que les élèves comprennent le fonctionnement de l’espéranto avec une facilité inimaginable pour les autres langues. Il serait bon que les professeurs de langues fassent cette expérience, et ils découvriraient en l’espéranto un formidable auxiliaire pour faciliter l’assimilation de la langue qu’ils enseignent. Ceci tout simplement parce que, en plus d’être logique, la langue est ludique, ce qui augmente son attrait et atténue les blocages et inhibitions dus à l’enseignement préalable d’une langue telle que l’anglais, la langue la plus propice qui soit à la dyslexie (autre étude). L’effet est bénéfique pour l’apprentissage d’autres langues.
Enfin, puisque l’UE ne pourra se passer de communiquer et d’échanger avec le reste du monde, j’ai depuis peu des échanges avec une jeune fille, fort charmante d’ailleurs, de Taïwan qui apprend l’espéranto et qui donne déjà des cours. Elle est stupéfaite par les progrès qu’elle accomplit et participe à la diffusion d’un bulletin qui paraît sous le nom de "Formoza Folio".
Il est important de rappeler que l’espéranto n’est pas une fin en soi, mais un moyen accessible au plus grand nombre pour une première approche globale des cultures. A chacun de faire ensuite son choix après des échanges. Si nous voulons une Europe et un monde équilibrés, il faut commencer par donner à tous les peuples, et pas seulement aux élites, l’aptitude à bien se comprendre et à travailler dans un esprit constructif.
20. Le 29 octobre 2006 à 11:09, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Effectivement, de ce point de vue vous avez parfaitement raison à une restriction près : dans une langue comme le français ou l’anglais (par exemple...) les emprunts lexicaux sont le fruit de hasards, de circonstances historiques et d’une évolution ’’naturelle’’ (et par la suite consacrés par l’usage...), et non pas une règle (systématique) préétablie ni un mode fonctionnement initial ’’académiquement’’ décidé a priori.
21. Le 29 octobre 2006 à 15:53, par skirlet En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Félicitations ! Bravo et merci d’avoir fait votre travail tout simplement. Aller au-delà des clichés, chercher l’information et livrer au lecteur une base de réfléxion, c’est ça le journalisme :-)
(une mention à part pour le titre - aucune ironie, je suis sincère)
22. Le 29 octobre 2006 à 16:41, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Merci pour vos encouragements mais juste vous demander de ne pas non plus surestimer ce qui relève ici avant toute chose du strict journalisme ’’amateur’’ : dans la mesure où ce webzine associatif (’’jeune, européen et fédéraliste’’) n’est ici animé que par de seuls bénévoles, passionnés d’Europe...
Cependant, merci encore pour vos encouragements.
Ronan Blaise (Rédacteur en chef)
23. Le 29 octobre 2006 à 19:51, par skirlet En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Si un amateur fait du travail professionnel, je le félicite. Si un professionnel se comporte en amateur, il discrédite son métier :-)
24. Le 29 octobre 2006 à 22:01, par Robeto En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Les diplomates du Quai d’ORSAY ont dépensé beaucoup d’énergie depuis 80 ans pour ironiser sur l« artificialité » de la langue internationale...N’oublions pas que l’Espéranto a failli réussir au moment où la Société des Nations commençait à prendre de l’importance. Beaucoup de pays étaient prêts à imposer cette langueà l’ensemble du corps diplomatique à une époque où les cabines de traduction étaient de mauvaise qualité ! C’est la France qui a fait tout capoter !
25. Le 29 octobre 2006 à 23:16, par Ronan Blaise En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
En effet, il est parfaitement exact de dire que, dans le cadre de la SDN (en 1921-1922), l’espéranto a effectivement été proposé comme langue auxiliaire internationale par onze Etats membres de l’organisation : dont la Chine, la Perse (i. e : l’Iran d’aujourd’hui), le Japon et - en Europe - certains pays bilingues (comme la Belgique, la Finlande, la Roumanie et la Tchécoslovaquie).
Un projet qui n’a en fait jamais fait l’objet d’un vote négatif, mais qui - visiblement - a été mis ’’de côté’’ à la suite de manoeuvres procédurières de la part des grandes puissances (notamment de la France...).
26. Le 30 octobre 2006 à 02:04, par Tim Morley En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
En risquant un peu de répétition, je voulais juste rajouter mes féliciations et un grand merci pour cet article. J’y ferai sans doute référence la prochaine fois que le sujet se lève dans une discussion en ligne.
27. Le 30 octobre 2006 à 16:45, par Claude Piron En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Vous simplifiez à l’excès une réalité complexe. Les mots français qui sont le fruit d’une évolution naturelle sont peu nombreux : dire, faire, aller, père, fleur, bon etc. et ces mots avaient une forme différente selon la région jusqu’à ce que le français soit codifié à la renaissance par les écrivains et, surtout, les imprimeurs. Des mots comme pétrole, gaz, capital, hépatite, ordinateur, géographie, paternel et des milliers d’autres sont entrés dans la langue comme ceux de l’espéranto : ils ont été proposés consciemment par UNE personne, bientôt soutenue par un groupe. Certains ont cédé la place à une forme plus commode : météo, vélo, etc. On retrouve le même phénomène en espéranto, qui a fait lui aussi l’objet d’une évolution naturelle. Si vous lisez l’anglais, voyez mon article « Evolution is proof of life » (http://claudepiron.free.fr/articlesenanglais/evolution.htm). Bien des mots qui se sont imposés en espéranto sont différents de ceux qui avaient été proposés « artificiellement ».
Une langue, et les éléments d’une langue, résultent toujours d’une proposition ou d’une contre-proposition. Si les descendants d’Astérix & Co n’avaient pas accepté, souvent par snobisme ou par ambition, la langue que leur proposaient les occupants romains, nous parlerions une forme moderne de gaulois. Ce qui est vrai d’une langue entière vaut pour chacun de ses éléments. Il y a eu un jour une personne qui a dit « j’en ai ras-le-bol » dans le sens de « j’en ai assez ». L’expression a été acceptée, sans doute au début par un petit groupe, puis elle s’est répandue. Elle aurait pu ne pas l’être. Mais au départ il y a UNE personne qui a l’idée et la propose.
Le trait de génie de Zamenhof a été de ne pas proposer une langue complète, mais un embryon de langue, en faisant confiance à la vie pour combler les lacunes et pour régler les innombrables problèmes qu’un homme seul ne pouvait résoudre, ce qui s’est produit. Bien sûr, l’embryon était remarquable et avait tout pour survivre et se développer sans se compliquer, mais c’est une erreur de ramener l’espéranto d’aujourd’hui au projet de Zamenhof. L’espéranto est l’œuvre, à bien des égards inconsciente, d’une collectivité en grande partie anonyme qui s’en est servie pour ses échanges mondiaux, ainsi que d’un certain nombre d’écrivains qui ont trouvé intéressant d’être lu dans l’original dans les pays les plus divers. Si ce qui était proposé a plu, c’est entré dans la langue. D’innombrables propositions n’ont pas eu de succès et sont mortes, de même qu’une partie du vocabulaire de Zamenhof. D’autres, on ne sait pourquoi, ont eu un succès étonnant, comme l’étrange mot krokodili (théoriquement « agir en crocodile »), qui signifie « parler une langue nationale dans un groupe international qui parle espéranto, (et donc exclure de la conversation l’une des personnes présentes) ». Les mots « systématique » et « académique », dans votre réponse, ne donnent pas une idée exacte de ce qui s’est passé. La part de spontanéité dans la formation de l’espéranto est beaucoup plus grande qu’on ne l’imagine en général.
28. Le 31 octobre 2006 à 13:02, par Wàng En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Je me joins à ce concert de louanges. Un tel point de vue est suffisemment rare pour être apprécié à sa juste valeur. :)
Wàng
29. Le 12 novembre 2006 à 22:00, par ? En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Le 7 novembre, Christian Garino, porte-parole du mouvement Espéranto Liberté et candidat à l ?élection présidentielle, était l ?invité du journal de France 3 Grenoble.
http://ecoutevoir.blogspot.com/2006/11/esperanto-libert-candidat.html
30. Le 26 avril 2007 à 17:24, par pepe En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
J’avais des préjugés sur l’espéranto jusqu’à ce que je l’apprenne GRATUITEMENT et en QUELQUES HEURES sur internet. C’est, je crois, le secret le mieux gardé en matière de communication internationale (on peut se demander pourquoi...)
31. Le 8 mai 2007 à 08:46, par ? En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Yes ! Eùropo bezonas komunan lingvon kaj (et) tiu lingvo nomiĝas esperanto. Ĉu vi komprenas ? Esperanto estas tiel(si) facila ke oni povas studi, kompreni, kaj paroli tiun lingvon sen malfacileco(sans difficulté). La Hongrie (tiens, quelle coincidence !) a mis l’espéranto en option au bac depuis 1995 si je ne me trompe et ça marche. Alors, pouvons-nous compter sur notre président pour s’inspirer des bonnes idées de son pays d’origine ?? Je croise les doigts. C’est la seule et unique langue accessible à tous, même à ceux qui quittent l’école très tôt pour aller travailler. Ce qui, tout le monde le sait depuis longtemps, n’est absolument pas le cas de l’anglais.
32. Le 23 juin 2007 à 10:27, par Ronan En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Qui a dit ça ? :
« Il est temps que les diverses nations comprennent qu’une langue neutre pourra devenir pour leurs cultures un véritable rempart contre les influences monopolisatrices d’une ou deux langues seulement, comme ceci apparaît maintenant toujours plus évident. Je souhaite sincèrement un progrès plus rapide de l’espéranto au service de toutes les nations du monde. »
Réponse : c’est Mme Vigdís Finnbogadóttir, présidente de l’Islande entre 1980 et 1996, première femme démocratiquement élue à accéder à la présidence d’un pays, l’Islande (en 1980).
33. Le 9 septembre 2008 à 00:18, par ? En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
« C’est, je crois, le secret le mieux gardé en matière de communication internationale » vous avez tout à fait raison ! et c’est peut-être finalement le caractère le plus marquant de ce dossier ! quand on voit de l’intérieur ce que c’est quand on le vit , en profite (1), voit les gens qui le vivent, on se voit comme dans la publicité pour Astra « délivré d’un préjugé ridicule et qui vous coûtait cher » ! et on se demande comment se fait-il que tout ça soit si peu connu ! et quand c’est connu tellement caricaturé désinformé !
(1) Tiens, par exemple, rien qu’en pratiquant le nouveau site Ipernity, qui est une vraie jouissance !
34. Le 13 septembre 2008 à 16:40, par ? En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Eh oui ! Souvenons-nous de la proposition folle de Clémenceau, après la victoire de 1918, de rédiger les traités en anglais, alors que les anglo-saxons n’avaient rien demandé !!! Il y a des détails passés aux oubliettes qui sont la cause de grandes défaites de l’humanité. Y aurait-il eu la seconde guerre mondiale ? Y aurait-il aujourd’hui un pays qui se comporte comme l’Empire du Monde ? Et l’Europe ressemblerait à autre chose que ce qu’elle est et on voterait tous le même jour...
35. Le 13 septembre 2008 à 18:56, par ? En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
L’ancienne présidente islandaise parle très bien le français, entre autre. J’ai d’ailleurs remarqué que les personnes qui parlaient plusieurs langues étrangères étaient le plus souvent favorables ou très favorables à l’Esperanto.
Inversement, ceux qui parlent l’anglais de façon plus ou moins satisfaisante (mais tout de même limités dans les thèmes, le vocabulaire et l’aisance), étaient souvent ceux qui avaient profité dans leur parcours professionnel et social : pas touche à une situation qui me profite ! Pas touche à mes prérogatives ! Et ce pas grave, s’ils font des contre-sens, des approximations... (la guerre d’Ossétie du Sud a duré plus longtemps pour une simple erreur de traduction, entre Sarkozy et Medvedev).
L’Europe et l’Esperanto ? Tant pis si je politise mais les faits parlent d’eux-même. Les citoyens de l’Europe n’ont prise sur rien. Lorsqu’ils votent, Bruxelles s’arrangent pour ne pas faire voter les pays le même jour, dès fois qu’ils prendraient conscience de leur force.
La France et l’Esperanto ? L’option planche à voile existe. Demain, ce sera l’élevage de coccinelles. L’Esperanto, jamais ! ont décidé les politiciens et autres enarques qui... (voir la raison plus haut). Il faudra que la lame de fond parte du bas. Peut-être grâce à Internet... Mais ne comptez pas sur ce qui nous sert d’élite. Vous marcheriez sur leurs plats de bande, sur leur marché, leur business, car la politique est devenu un métier très rentable. Même pas besoin de citer les anglo-saxons. Même Clémenceau y avait été de sa bourde lors du traité de Versailles...
36. Le 13 septembre 2008 à 21:44, par Ronan En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Oui, enfin bon : vous oubliez de dire que la SDN est l’enfant du président Woodrow Wilson (à qui on doit les « Quatorze points » de règlement du premier conflit mondial), que c’est le seul caractère déséquilibré de certaines des stipulations du traité de Versailles (notamment à l’égard de la Chine) qui ont poussé le Sénat US à le rejeter dans l’état, que la Cour de justice internationale de la Haye a longtemps été présidée par l’ancien président Howard Taft, que les secrétaires d’état Dawes et Hugues ont essayé de trouver une solution acceptable pour tous sur la question des réparation de l’après première guerre mondiale, que le pacte rendant la guerre illégale a été cosigné par le secrétaire d’Etat Kellog, que l’ONU est l’enfant du président Franklin Roosevelt, que son épouse Eléonore est corédactrice de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme... (et que les Européens sont eux-mêmes grandement responsables de leurs propres malheurs...).
Bref : il faudrait peut-être arrêter de stigmatiser les « méchants anglo-saxons » dont la contribution à la recherche de la paix dans le monde (dasn le respect de l’Etat de droit) n’est peut-être (sans doute ?) pas si nulle que ça...
37. Le 3 décembre 2008 à 20:05, par Echo En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Tout comme il n’est pas question d’imposer une langue nationale plus qu’une autre comme langue commune pour l’Europe afin, entre autres choses, de ne pas compromettre un équilibre déjà assez fragile, il n’est pas non plus question d’imposer la seule solution Espéranto qui pèche quand même sur plusieurs points : d’un point de vue purement linguistique, sa prétendue facilité d’apprentissage et son expressivité discutable, et d’un point de vue idéologique, sa supposée neutralité alors que la langue est quand même bien accaparée par le mouvement espérantiste dont on pourrait analyser la neutralité.
Il existe, parallèlement à l’Espéranto, d’autres projets qui peuvent aussi prétendre au titre de langue internationale, voire même plus car ils sont moins compromis dans une propagande ou un mouvement quelconque et s’attache plus à promouvoir le côté linguistique de l’affaire, ce qui somme toute est l’essentiel.
Si l’on souhaite réellement un moyen de communication international neutre et capable de traduire aisément et avec le plus de précision possible la plupart des nuances des langues nationales, il vaut mieux étudier sérieusement la question avant de se lancer dans la première solution proposée qui s’auto-proclame l’unique et la meilleure, occultant toutes les autres ...
38. Le 2 janvier 2009 à 19:16, par Bertrand En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Pourquoi une langue construite comme langue commune ?
Une langue construite est-elle vraiment une langue, quand elle élimine, au prétexte d’en faciliter l’apprentissage, toutes les « imperfections », exceptions et idiomatismes des langues naturelles, qui ne sont pas apparus par hasard. Les langues naturelles tendent généralement à la simplification ... naturellement au fil de leur évolution.
Les « imperfections » (ou exceptions, idiomatismes, etc.) ne sont pas des complications inutiles ou insensées. Au contraire, il se pourrait que l’absence d’exceptions (qui quelquefois confirment la règle) ou même une certaine régularité imposée soit en fait complètement arbitraire et aussi réductrice. Simplification ne signifie pas réduction (de l’expression et de l’expressivité). Il serait absurde (et arbitraire) aussi de créer artificiellement des exceptions ou des idiomatismes pour faire plus « naturel ». Une langue artificielle ne peut donc être une langue à part entière. Et proposer (ou imposer par décret) une langue construite comme langue commune me parait donc aussi dangereux et néfaste que d’imposer une langue naturelle unique dans le même but.
Il se peut que le multilinguisme soit une solution provisoire, en attendant la naissance d’une langue commune naturelle avec toutes les « imperfections » inévitables, et sans doute utiles, qu’elle comportera.
Vaut-il mieux un multilinguisme, peut-être difficile (à mettre en oeuvre et à vivre), mais enrichissant (sur un plan culturel général) ou une seule langue commune, construite (et donc « artificielle »), facile mais inexorablement réductrice. Facilité d’apprentissage ne signifiant pas forcément facilité d’utilisation... Faut-il plutôt tirer l’expressivité d’une langue vers le bas ou vers le haut ?
39. Le 5 avril 2009 à 10:17, par bressopa En réponse à : L’Europe a t-elle besoin d’une langue commune ?
Il est certain qu’une Europe multilingue (23 actuellement et plus demain) ne peut tenir la route ; La langue constitue une donnée essentielle dans un objectif commun, il est donc crucial d’y songer dès maintenant en abordant le sujet de façon strictement pragmatique et objective, la subjectivité de chacun et l’éternel sondage du pour ou contre NE SOLUTIONNE RIEN, bien au contraire, l’Europe ne pourra exister que dans une langue commune et historique !
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