Durant ce procès, il a été établi que le général a fermé les yeux sur des exactions commises contre les Serbes durant l’opération « Tempête », qui avait pour but de mettre fin à la rébellion séparatiste serbe, partisan de la « Grande Serbie » dans la région de la Krajina. Cette opération a permis de précipiter la fin d’un conflit qui aurait duré encore longtemps et aurait fait des victimes plus nombreuses encore, dans les deux camps.
Le 15 avril dernier, le verdict est rendu et retransmis sur la place principale de Zagreb. La sentence déclenche la consternation, la tristesse et la colère de beaucoup de Croates. Le Premier Ministre, Madame Jadranka Kosor, considère le verdict « choquant et inacceptable ». Le Général est en effet condamné à 24 ans de prison ferme.
La condamnation de Gotovina, un laissez-passer pour l’UE ?
Le 16 avril, 30 000 personnes ont manifesté dans les rues de Zagreb où des drapeaux de l’Union européenne ont été brûlés. On peut voir dans de nombreuses villes des bannières sur lesquelles sont inscrits ces mots : « Gotovina libre, non à L’Europe ». Dans la conscience des Croates, la condamnation du Général est étroitement liée à la volonté du gouvernement d’entrer dans l’Union européenne.
Le 24 juin dernier, le Conseil européen a donné son accord pour la conclusion des négociations, mais l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne n’est pas pour autant une affaire réglée. L’article 135 de la Constitution croate prévoit en effet que l’adhésion et la signature d’un tel traité doivent être soumises à un référendum populaire. Il faut espérer que la campagne de sensibilisation et d’information organisée à la suite de la condamnation du Général Gotovina a porté ses fruits, et que ce référendum n’est pas uniquement influencé par la décision du TPIY.
Ce n’est pas le sens de la décision du Tribunal, mais beaucoup de Croates assimilent cette condamnation à la remise en cause de la légitimité de la guerre qui a conduit à l’indépendance de la Croatie. Inversant les rôles d’agressé/agresseur, le TPIY ferait d’un héros national un criminel.
Alors que le devoir de mémoire fait partie intégrante de l’éducation, il est demandé aux Croates de renier ceux qui leur ont rendu la liberté. Mais tel n’est pas le tempérament de ce peuple, et l’attachement qu’il porte au Général Ante Gotovina pourrait compromettre fortement l’entrée dans l’Union européenne.
La question qu’il faut se poser : étaient-ils prêts ?
Un pays dont l’indépendance est si récente, un peuple dont le cœur est empli de patriotisme, est-il prêt à s’associer de nouveau à d’autres Etats, sachant que la dernière association qu’était la Yougoslavie s’est soldée par une guerre ?
N’a-t-on pas voulu aller trop vite dans l’intégration de nouveaux pays ? Une Europe forte doit être une Europe unie, pas une longue liste de pays sur un traité. Unis dans la diversité, oui car l’union fait la force, pas le nombre !
1. Le 6 juillet 2011 à 13:50, par Jacques Delimoges En réponse à : L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie ?
Le cas du général Gotovina est symptomatique. L’Europe jadis porteuse d’ouverture et de fraternité européenne se comporte de plus en plus en machine anti-identitaire anonyme. Sa passion idéologique pour une certaine conception perverse des droits de l’homme finit par la rendre odieuse à ses citoyens. Quelle déception et quel malheur ! le seul chef-d’oeuvre durable de la génération d’après-guerre se perd sous nos yeux. L’Europe reste très chère à nos coeurs, mais pas celle de Strasbourg, et de moins en moins celle de Bruxelles.
2. Le 6 juillet 2011 à 16:36, par Laurent Leylekian En réponse à : L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie ?
Le commentaire de « machine anti-identitaire anonyme » me paraît parfaitement adapté. C’est l’Europe sans les Européens, celle des technocrates et des procédures...triste palliatif à l’absence de vision.
3. Le 7 juillet 2011 à 11:19, par Bernard Deladerrière En réponse à : L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie ?
Comment imaginer que les choses puissent se dérouler harmonieusement lorsque les nationalismes sont en jeu ? Les Croates ne sont pas les seuls en Europe à témoigner ainsi leur attachement à de fausses valeurs, à des personnages douteux, et l’ « adhésion » à l’Union européenne ne peut pas venir seulement par des incantations, par des appels à la raison, par de beaux discours. Il y faut du temps, beaucoup de pédagogie et de courage politique. Parallèlement, le monde évolue très vite, les forces centrifuges existent, les puissances intéressées à la division de l’Europe existent également, et il faut donc parfois essayer de forcer l’allure, de faire avancer les peuples malgré eux dans un premier temps. Sinon, où en seraient les Français et les Allemands ??? Plusieurs pays ont dit non à l’Union européenne qui n’en est pas morte, et la porte reste ouverte. C’est aux partis croates de faire progresser l’opinion publique et de voir où sont les intérêts essentiels de la Croatie. Personnellement, je suis assez optimiste sur leur décision lorsqu’il s’agira de se décider en son âme et conscience dans le secret des isoloirs... L’attitude de la Serbie, paradoxalement, les y aidera peut-être !
4. Le 8 juillet 2011 à 15:57, par Lucile V En réponse à : L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie ?
Le général Gotovina a été condamné au nom des droits de l’Homme ; quiconque tue est puni, si bonnes en fussent les raisons ou même les conséquences. L’héroïsme, le patriotisme, si pur soit-il, n’a pas sa place dans des entités internationales telles que l’Union européenne. Dommage ? Honteux ? En tant qu’européenne, je me fais quand même à l’idée que malgré cette absurdité du droit international et cette fin tragique pour le général, les croates font sûrement un pas vers la paix en souhaitant mettre leur nom sur un traité qui, ayant beau décevoir les plus têtus, reste garant de paix sur notre continent...
5. Le 8 juillet 2011 à 20:51, par Jean-Baptiste Kastel En réponse à : L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie ?
Je trouve cet article limite, pardon, mais autant sur le fond que sur la forme. Certaines phrases sont probablement mal tournées, mais nous avons l’impression de lire un discours de nationaliste croate. Le pays à fait pénitence de Gotovina, depuis les annonces de Barroso et du Conseil les choses changent. Les sondages internes étaient très pessimistes lorsque le Général a été condamné, mais l’UE à enfin accepté l’idée que la Croatie était prête et la population a changé d’avis. Le marathon, justifié, dans lequel était le pays exaspérait les croates. Lorsque l’UE a dit ’OUI’, enfin, les choses changèrent, et c’est un signe fort pour la région. Depuis la chute de Franjo Tuđman le pays s’est profondément modifié, il faut l’accepter, et étant un petit pays, la Croatie sait combien il est nécessaire de coopérer et proposera probablement des avancées significatives comparé au triumvirat européen ! Nous n’avons qu’a regarder la position de la Slovénie en matière d’intégration...
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