L’indépendance de l’Ecosse ? L’heure est venue.

Analyse des résultats des élections écossaises

, par Traduit par Emmanuel Vallens, Anonymous

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L'indépendance de l'Ecosse ? L'heure est venue.

C’est la fin de cinquante ans de règne travailliste : les nationalistes écossais ont remporté les élections au Parlement écossais. L’intégrité de l’union britannique est sérieusement menacée depuis que le parti d’Alex Salmond l’a emporté d’un siège sur le parti travailliste de Jack McConnel.

Le peuple écossais, déçus de la dévolution et de la politique en général, a finalement donné sa chance au Scottish National Party (Parti national écossais - SNP) – qui faisait campagne pour l’indépendance de l’Ecosse. Mais s’agit-il d’un nouveau vote protestataire contre le Parti travailliste britannique de Tony Blair ou bien l’Ecosse envisage-t-elle sérieusement d’en finir avec 300 ans d’Union ?

Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais ce qui est clair est que l’Ecosse veut le changement. Le 3 mai est une journée historique, avec des implications sérieuses, non seulement pour l’Ecosse, mais pour l’ensemble du Royaume Uni.

Alex Salmond l’a emporté de 47 sièges contre 46 au Parti travailliste en réunissant une majorité des voix aussi bien au niveau des circonscriptions que des listes régionales (système mixte). Toutefois, aucun parti n’a obtenu une majorité des sièges, ce qui signifie qu’à moins que le SNP ne forme un gouvernement minoritaire, il sera forcé d’entamer les négociations avec les autres partis pour former une coalition. C’est l’option préférée de M. Salmond, qui réalise les difficultés auxquelles un gouvernement minoritaire devrait faire face. M. Salmond a déjà commencé les négociations avec deux membres Verts et seize Libéraux Démocrates. Avec ces deux partis, le SNP atteindrait le nombre nécessaire à la formation d’un gouvernement majoritaire.

Toutefois, le problème est que les Libéraux Démocrates sont opposés à un référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, prévu par le SNP pour 2010. Nichol Stephen, le dirigeant des Lib Dems, avait déclaré avant les élections qu’il refuserait d’entrer dans une coalition avec les nationalistes tant qu’ils n’abandonneraient pas leur projet de référendum. Le référendum sur l’indépendance est pourtant la raison d’être du SNP, et son abandon est inimaginable

Quels sont donc les choix qui s’ouvrent ?

Un scénario serait d’entrer en coalition avec les Verts et les Libéraux pendant deux, trois ans, pour traiter les questions politiques sur lesquelles les trois partis sont d’accord, avant de se séparer en laissant le SNP faire campagne seul lors du référendum.

Une autre option serait de laisser la question référendaire hors du cadre de l’exécutif, en laissant les députés en faire une proposition de loi qui laisserait les partis de la coalition se positionner sur la question comme bon leur semblera.

Tout cela suppose néanmoins que le Parlement accorde à Alex Salmond et au SNP sa confiance et son accord pour gouverner. Dans le cas contraire, le Parti travailliste pourrait, en tant que deuxième parti le plus important, en profiter pour former un gouvernement avec les Libéraux Démocrates. Les Travaillistes écossais pensent qu’il y a encore un espoir d’arriver au gouvernement, si les nationalistes ne parviennent pas à recueillir la confiance du Parlement.

Conséquences sur la démocratie ?

L’opinion la plus communément admise est que le Parti travailliste a désormais perdu l’autorité morale qui lui permettrait de gouverner l’Ecosse, après la perte de nombreux sièges dans tout le pays. Le SNP, avec une majorité des voix et des sièges, est clairement le choix du peuple, et si les autres partis ignorent ce fait lors de la question de confiance, la démocratie pourrait être sérieusement mise en cause. Margot McDonald, une députée indépendante au Parlement écossait, a déjà fait clairement savoir qu’elle soutiendrait une autre coalition Travaillistes/LibDems si Salmond devait échouer à devenir Premier Ministre. Mais tous les partis ont déclaré qu’ils soutiendraient le vainqueur de l’élection lors de la question de confiance.

Il sera donc crucial pour le SNP de marchander avec les Libéraux et les Verts dans les jours qui viennent, afin de s’assurer d’une coalition qui puisse représenter la voix du peuple.

Image :

 Alex Salmond en campagne, source :Flickr

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