La (Neue) Kronen Zeitung

Qui est-elle vraiment, cette « Krone » ?

, par Traduit par Guillaume Amigues, Marietheres Potuček

La (Neue) Kronen Zeitung

C’est en terme de diffusion par habitants l’un des six journaux les plus lus au monde : une immersion dans l’histoire du plus puissant quotidien autrichien et son influence sur la politique autrichienne.

La Kronen Zeitung a été créée par un ancien officier du nom de Gustav Denis, son premier numéro est paru le 2 janvier 1900. Le nom du journal n’est pas une révérence au pouvoir monarchique, mais indique le prix mensuel d’une couronne. Si la Krone était l’un des quotidiens les moins vendus en Autriche lors de ses trois premières années d’existence, elle devient immensément populaire après la publication d’un bulletin « assassinat royal à Belgrade ».

Reprise en main par Hans Dichand en 1959, la Krone s’appelle depuis Neue Kronen Zeitung. Il s’agit aujourd’hui du premier quotidien en Autriche. Elle est connue pour ses articles simplificateurs et courts (les rédacteurs sont limités à 1600 signes) et ses gros titres provocateurs.

Hans Dichand – la main invisible du gouvernement autrichien

Hans Dichand est né le 29 janvier 1921. Journaliste et éditeur de la Neue Kronen Zeitung, il se décrit comme « dans l’antichambre du pouvoir » - c’est d’ailleurs le titre de ses mémoires. L’éditeur, qui a nommé son fils Christoph rédacteur en chef, s’occupe personnellement de la publication ciblée de certains « courriers des lecteurs ». Ainsi la rubrique « le théâtre de l’UE » ne publie que des textes eurosceptiques, et les lecteurs réclament la sortie de l’Union dans de nombreux courriers publiés.

Hans Peter Martin, qui a été élu député européen sur sa propre liste lors des dernières élections, peut s’estimer heureux d’avoir trouvé dans la Krone un porte-voix pour sa critique incendiaire de l’Union européenne. Chaque jour on peut y lire de nouvelles critiques de la bureaucratie tentaculaire bruxelloise et le catalogue des privilèges accordés aux députés du Parlement européen.

Martin réclame une nouvelle Union européenne, qui devrait être plus sociale, plus juste et plus transparente. Afin de justifier son image (auto-attribuée) de « dévoileur », il ne quittait jamais sa caméra dans l’enceinte du Parlement européen. Son immunité parlementaire lui a été retirée par un vote des eurodéputés.

Quand Werner Faymann n’était que ministre des transports

Au moment de l’Euro 2008 de football, des supporters autrichiens particulièrement enthousiastes ont eu l’idée de fixer sur leurs voitures des drapeaux autrichiens. La loi autrichienne n’autorise le port du drapeau que pour les hauts représentants de l’État, et à des occasions particulières. Werner Faymann a fait lever cette interdiction par un décret pour la durée du championnat d’Europe, fortement appuyé par une campagne médiatique de la Neue Kronen Zeitung.

Mais c’est la mise à genoux de la SPÖ face au journal à propos des traité européens par référendum qui a eu le plus de retentissement en Europe. Dans une lettre ouverte ( !) à la Krone, Faymann et le désormais ex-chancelier Gusenbauer ont donné satisfaction à une grande revendication de Hans Dichand en promettant de faire voter le peuple autrichien à propos de tout futur traité européen ; et ce même en l’absence de référendum européen.

Tour d’horizon de la presse quotidienne autrichienne

La Neue Kronen Zeitung est, avec des publications de qualité comme Die Presse (conservateur et libéral économiquement) ou Der Standard (gauche intellectelle), le journal qu’on trouve le plus souvent dans les kiosques. Avec près de 200.000 abonnements annuels, c’est de loin le journal qui touche le plus de lecteurs.

La Neue Kronen Zeitung n’est désormais plus le seul journal en « petit format » (A4). W.Fellner a apporté un souffle de renouveau sur la presse autrichienne en créant le quotidien Österreich. Paru pour la première fois le 1er septembre 2006, ce journal s’adresse à un lectorat similaire et a effectivement réussi à détourner certains lecteurs de Hans Dichand.

Il est surprenant de voir le pouvoir qu’un journal peut avoir dans un pays. Au delà de son poids économique, la Neue Kronen Zeitung a la capacité d’influencer fortement la volonté populaire, et encore davantage son expression. On peut pratiquement dire que le choix du nouveau chancelier Werner Faymann -un ami de « l’oncle Hans »- n’aurait pas pu se faire sans sa volonté. Sale temps pour la démocratie autrichienne.

Illustration : Bâtiments de la rédaction de la Neue Kronen Zeitung à Vienne. Source : Trainler, wikipedia

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