« La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

Un colloque à Paris : deux jours de rencontres et de débats pour découvrir et pour comprendre.

, par Victoria Pétrova

« La Roumanie et la Bulgarie dans l'UE : un défi et une chance » :

Le mardi 16 mai dernier, la Commission européenne présentait un rapport très attendu : son dernier rapport relatif à l’état de préparation de la Bulgarie et de la Roumanie sur le chemin de leur adhésion à l’Union Européenne.

Une procédure inédite

Ainsi, la Commission devait rendre son verdict. Et l’enjeu était le suivant : les deux pays seraient-ils estimés prêts à entrer dans l’Union dès 2007 ou seulement en 2008 ? Or, jamais encore adhésion (déjà négociée et signée...) de deux pays ne s’était trouvée suspendue à une telle clause de sauvegarde relative à leur date d’entrée.

On pourrait penser que cette innovation est, comme souvent, le fruit de la sagesse et d’objectifs moins avouables. Certes, comme pour tous les autres pays aujourd’hui membres, les critères définis en 1993 à Copenhague (notamment dans le cas de ces pays, ceux relatifs à la réforme de la justice...), doivent être scrupuleusement respectés.

Mais il serait bien naïf de ne pas y voir aussi - en ces temps de fracture civique entre gouvernants et gouvernés - une habilité permettant à nos hommes politiques de se réfugier derrière la froide évaluation technique pour ne pas avoir à manifester la moindre volonté politique d’accueil ni à s’aventurer sur le sentier de l’information et l’explication (un sentier très peu battu depuis un certain NON français, il y a maintenant un an...).

La répétition d’une erreur ?

Mais on pourrait aussi rappeler qu’il en avait été de même pendant les 12 années précédentes. Donc, comment s’étonner que beaucoup de Français aient donc ainsi pris peur de ce qu’il ne leur avait jamais été présenté : l’élargissement historique à 12 pays déclarés candidats en 1997, dont 8 pays de l’ancien bloc de l’Est ?

Or, on pourrait considérer que les mêmes gouvernants commettent aujourd’hui à nouveau la même erreur, en évitant soigneusement de parler de ce qui est en jeu : l’accomplissement de cet Élargissement historique commencé en 2004. Sans doute pensent-ils encore que c’est en construisant l’Europe dans le dos des gens que ceux-ci voteront « OUI » la prochaine fois ?!... (Refermons la parenthèse...).

Donc, la Commission a choisi la solutions médiane, en disant « Ni oui, ni non » ou plutôt « probablement, mais pas encore ». Aussi, si l’on me demandait mon sentiment sur cette question, au risque de surprendre, je considérerais que cette position est une... bonne position. En effet, le doute est certainement encore le meilleur stimulus qui soit pour pousser ces pays à faire les derniers efforts nécessaires dans la bonne direction et pour engager nos diplomates et hommes politiques à vraiment prendre leurs responsabilités et à débattre enfin.

Sur quoi porte le vrai débat aujourd’hui ?

Non pas sur une date : laissons cela aux experts. Mais bien plutôt sur le projet européen de l’Union européenne, que nous soyons 25 ou 27. En effet, on peut considérer que l’apport de sang neuf ne peut, de ce point de vue, qu’être salutaire pour l’UE : en aidant ainsi les pays fondateurs à sortir de leur hibernation politique et de leur actuelle panne socio-économique.

Et l’autre débat portera sur ce que vont nous apporter ces pays de façon plus générale : aux plans géopolitiques, économiques, culturels etc. Quels sont leurs atouts, leurs forces et faiblesses ? Voilà ce qu’il faut avoir le courage et le bon sens de se dire les yeux dans les yeux !

Un colloque à Paris : deux jours de rencontres et de débats pour découvrir et pour comprendre.

Pour répondre à ces questions et pour en débattre, nous invitons citoyennes et citoyens européens à investir la Maison de l’Europe, les 31 mai et 1er juin prochains, à l’occasion de ce colloque intitulé « La Bulgarie et la Roumanie dans l’Union européenne : un défi et une chance ».

40 intervenants de la société civile (intellectuels, politiques, scientifiques, dirigeants d’entreprises...) venus de Bulgarie, de Roumanie, de Bruxelles et de l’Hexagone... se retrouveront pour échanger - EN PUBLIC - leurs points de vue et pour confronter leurs convictions.

Illustration :

Comme visuel, nous avons choisi cette carte émanant des services de la Commission européenne.

Un document représentant l’actuelle Union européenne (en bleu), ses futurs adhérents de 2007 ou 2008 (Roumanie et Bulgarie), ainsi que les divers pays actuellement candidats à l’adhésion à l’UE : qu’ils soient officiellement reconnus en tant que tels (Croatie, Macédoine, Turquie, etc) ou souhaitant prochainement l’être... (pays des Balkans occidentaux, Ukraine, etc.).

(Sources : Encyclopédie ’’libre’’ en ligne wikipédia, images libres de droits).

Vos commentaires
  • Le 31 mai 2006 à 04:45, par Ali Baba En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Où peut-on trouver une version lisible de cette carte ? Merci.

  • Le 31 mai 2006 à 11:37, par Ronan Blaise En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Comme indiqué plus haut, on peut trouver ce document (en des versions il est vrai plus lisibles...) sur le site de l’encyclopédie libre ’’en ligne’’ wikipédia.

    Sinon, techniquement, vous pouvez aussi enregistrer ce document sur votre propre PC (petit clic droit...) avant de procéder à quelques petites ’’manips’’ de traîtement de l’image...

  • Le 31 mai 2006 à 16:07, par ? En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Madame Petrova, Il n’y a aucun doute quant à l’élargissement de la Bulgarie et de la Roumanie. La Commission n’aura pas la force de dire NON en octobre. C’est du vent ce qu’ils racontent. Et vu la situation actuelle, c’est triste. Et je vois mal les politiciens bulgares et roumains penser autrement. De toute manière même si doute il y a, l’adhésion aura lieu au plus tard en 2008.Quel suspens !!! Les problèmes ne seront résolus d’ici là. La Bulgarie a eu toutes les cartes en mains pour se reformer dans des secteurs très importants dont la Justice. Où en est la réforme après toutes les remontrances de BXL ? Les critères de Copenhague ? Sont-ils respectés ? J’en doute fort. Pensez-vous à un seul moment qu’il y aura unanimité au Conseil ? Jamais. La messe est dite. Nos politiciens ont commis l’erreur en imposant une date d’adhésion. Sous pression de qui ? Qui a imposé cette date et pourquoi ? Difficile d’être motiver à 100% lorsqu’on connait d’avance la date butoir. La Commission aurait du avoir le 16 mai une position forte. Ce fut un ramassis de bêtises. Ce rapport ne fait peur à aucun roumain ou bulgare. La Commission est-elle aveugle ? Est-elle incompétente ? Faire adhérer un pays qui ne semble montrer aucun signe politique à vouloir combattre le crime organisé est adhéré à cette philosophie criminelle. Cela m’inquiète énormément. A moins que la criminalité, les abus de pouvoirs, les discriminations... en Roumanie et en Bulgarie soient aux normes européennes.

  • Le 31 mai 2006 à 21:37, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Tu peux trouver la carte de l’Union avec les pays candidats à l’adresse : http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_...

    Pour les contributeurs du site vous pouvez importer une image de (relativement) grande taille en « document » joint (et non pas en mode « image ») et insérez dans le texte une balise de type (ici pour le document n°471 pour lequel une version réduite s’affichera). Un clic sur l’image réduite permettra alors de l’ouvrir en grande taille.

  • Le 1er juin 2006 à 06:47, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Les opinions ont été échaudées par l’élargissement précipité de 2004 qui a fait entrer - sans information ni consultation des citoyens - des pays dont les niveaux de vies sont très différents de ceux des pays membres de l’Union européenne. Or l’Europe ne peut se construire contre ses citoyens : elle est plus en effet qu’un machin économico-administratif mais il s’agit d’une communauté où l’on doit vivre ensemble.

    La démarche purement comptable de la Commission est donc largement insuffisante.

    Le plus importants des critères de Copenhague c’est la capacité de l’Unin à acueillir de nouveaux États-membres.

    De ce point de vue avec l’échec du traité d’Amsterdam et de celui de Nice et l’enlisement du processus constitutionnel, l’Union est bien incapable d’avancer dans ce sens et de fonctionner correctement.

    Avant tout élargissement il est indispensable que les réformes nécessaires dans le fonctionnement de nos institutions soient mises en oeuvre. Or tuot nouvel élarissment complique cette réforme en rendant plus complexe une décision unanime.

    Accueillir aujourd’hui de nouveaux pays serait une faute grave et il convient aux partisans d’une Europe politique et démocratique de s’y opposer sans ambiguité.

  • Le 1er juin 2006 à 14:13, par Ronan Blaise En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Pourrions-nous donc savoir sur quelles données objectives vous vous appuyez pour ainsi déclarer de façon aussi péremptoire que la Bulgarie ne fait décidément aucun effort et ne manifeste ainsi aucune véritable volonté politique pour lutter contre tous les maux que vous soulignez ou pour aligner son économie (et son Etat de droit) sur les standarts européens ?

    Et pour déclarer ainsi que la Commission ne dit décidément sur le sujet que des ’’bêtises’’ (sic) et qu’elle est - sur ce dossier précis - complètement ’’aveugle’’ et ’’incompétente’’... (resic).

    Par ailleurs, juste rappeler un détail (de taille) dans l’actuelle procédure d’adhésion de ces deux pays : Si, il est vrai, le traité d’adhésion signé par l’UE (ses 25 Etats-membres) et la Bulgarie ne prévoit pas de reporter cette adhésion au-delà de 2008, il n’empêche que cette adhésion peut tout de même très bien être reportée indéfiniment si seulement l’un des 25 Etats-(déjà)-membres de l’UE refuse finalement de ratifier le traité.

    Donc, que l’adhésion de la Bulgarie soit de votre part considérée comme une chose absolument acquise pour l’année 2008 me semble paraître quelque peu excessif... car il existe un autre scénario possible.

    Envisager cet autre scénario là, c’est certes envisager effectivement là une configuration de ’’crise’’ - entre l’UE, cet (ces) éventuel(s) Etat(s) récalcitrants(s) et la Bulgarie - mais c’est aussi là néanmoins, dans le contexte actuel, un scénario pourtant tout à fait envisageable...

  • Le 1er juin 2006 à 14:52, par Ronan Blaise En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Nous sommes donc bien d’accord pour dire qu’il faut urgemment une réforme des Institutions de l’Union. Dans l’idéal : avant tout élargissement ; et dans le pire des cas, après.

    Car la présence des néo-adhérents compliquerait le processus de décision ?! Peut-être que oui, mais peut-être pas...

    En effet, je trouve qu’il est vraiment très facile de rejeter ainsi les actuels blocages de l’UE sur les néo-adhérants (ou adhérents potentiels...) alors qu’il me semble que les actuels blocages viennent aujourd’hui, surtout, de la part de certains Etats membres de l’UE depuis belle lurette... (quand ils n’en sont pas carrément les membres fondateurs...).

    Je ne suis pas non plus certain que dans le consensus européen à construire dans les années à venir, ce soient ces néo-adhérents qui seront les plus hostiles à la réforme des institutions de l’Union (et qui poseront le plus de problèmes à ce sujet...).

    A ce titre, n’oublions pas -par exemple- que les gouvernements bulgares et roumains ont très récemment annoncé qu’ils feraient ratifier le TCE par leurs Parlements dès leur adhésion à l’UE. Alors, franchement - ici - qui bloque l’intégration européenne : les anciens ou les nouveaux ?!

    En tout état de cause : affaire à suivre...

  • Le 9 juin 2006 à 21:40, par R. En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Bonsoir, Pour répondre à Ronan, j’ai eu l’occasion de lire les réponses des uns et des autres, et je pense que personne n’a tort. D’un coté, vous n’avez pas tort Ronan lorsque vous faites référence à la ratification du traite. En effet, un pays pourrait ne pas le ratifier ce qui compliquerait l’élargissement aux 2 pays. En théorie c’est vrai. En pratique, les enjeux geo-strategique et autres sont tellement importants que je ne vois pas comment un pays oserait ne pas ratifier le traité. L’Allemagne sera à mon sens le dernier pays à le ratifier mais uniquement pour mettre encore un peu de pression sur les 2 futurs Etats membres. Rien de plus. La raison politique passera bien au-delà des critères d’adhésions et autres. L’exemple de 2004 nous l’a déjà prouvé. La Bulgarie fait en effet des efforts mais ceux-ci sont loin d’être suffisants. En effet, la réforme de la Justice est un véritable casse-tête. Le plan de relance (100 points) pour l’adhésion est une bonne chose mais sera t-il réellement suivi ? Pensez-vous qu’en 4 mois il sera possible de changer un système ? Jamais. Il faut laisser le temps au temps mais sous haute surveillance. On peut faire voter des lois, mais il faut encore les appliquer. Je vous donnerais l’exemple d’une loi sur la discrimination en fonction de la nationalité, loi votée au Parlement bulgare sous pression de BXL en décembre 2004 et mise en application en février 2005 si ma mémoire est bonne, est loin d’être d’application sur le terrain encore aujourd’hui. Il arrive régulièrement que les étrangers payent le double prix dans les hôtels, jusqu’a 5x le prix dans les musées. Lorsque la personne dit« La Commission ne raconte que des bêtises », ce n’est probablement le bon terme mais néanmoins il est vrai que l’exemple de 2004 est très explicite. Quels pays étaient prêt a adhérer en 2004 ? J’ai l’impression de revivre les discours de Verheugen. Pourtant, tout le monde a adhéré. Politiquement, il est impossible qu’un non vienne sanctionner la fin du parcours en octobre. Politiquement impossible. Il se peut que je me trompe mais j’en serais très étonné. Néanmoins Ronan, comme vous l’avez signalé, une non ratification est toujours possible. Elle serait politiquement supprenante. Plus que 4 mois dormir. De toute façon, les dés sont déjà certainement jetés. Mais il faudrait néanmoins revoir en profondeur la manière dont sont gérés ces élargissements. Les méthodes me laissent perplexes.

  • Le 2 janvier 2007 à 18:18, par Simon En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Bonjour,

    C’est une bonne chose ... pour eux, mais qu’en est-il des répercutions sur la France ??

  • Le 2 janvier 2007 à 18:29, par Fabien Cazenave En réponse à : « La Roumanie et la Bulgarie dans l’UE : un défi et une chance » :

    Nous continuons à organiser un espace de paix sur notre continent par exemple... Pour nous également, nous gagnons des facilités de passage et d’établissements dans ces pays. Ce qui est plutôt bon économiquement et humainement aussi.

    Par ailleurs, il est important de noter qu’il y a des limitations d’arrivées de personnes pour venir travailler dans le sens Bulgarie et Roumanie -> France, ce qui n’est pas le cas à l’inverse.

    De plus, l’Union européenne y gagne en surface et donc en poids international => la France y gagne donc aussi.

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom