Weltmeisterschaft 2006

Le Football peut-il réunifier l’Allemagne ?

Einigkeit, Recht, Freiheit (und Fussball...).

, par Ronan Blaise

Le Football peut-il réunifier l'Allemagne ?

Seize ans après la réunification du 3 octobre 1990, la question peut paraître provocatrice. Néanmoins un récent article du ’’Der Spiegel’’ (l’hebdomadaire de Hambourg) a dernièrement relancé la polémique.

Car ’’point n’est besoin de statistiques sur le chômage et le salaire réel pour constater que, seize ans après sa réunification, l’Allemagne reste profondément divisée’’.

Et, à l’heure où certains prétendent [1] que ’’le football est le seul point sur lequel il n’y a plus de différences entre l’Est et l’Ouest’’, ces différences restent pourtant particulièrement criantes en football : les anciens grands clubs de RDA végétant aujourd’hui dans les divisions inférieures.

Pourtant, de nombreux commentateurs prédisent que la Coupe du monde permettra enfin de fédérer les Allemands. Alors, le football peut-il donc réunifier l’Allemagne et de combler le fossé qui existe encore aujourd’hui entre l’Est et l’Ouest du pays ? C’est ce que nous nous proposons d’examiner ici.

L’occasion, pour nos lecteurs, de découvrir ici que le ’’fussball’, passion allemande méconnue, est un angle ’’porteur de sens’’ des plus intéressants et des plus révélateurs qui soit pour examiner attentivement le déroulement de l’Histoire de l’Allemagne contemporaine.

1904-1910 : La naissance d’un Empire...

Comme on l’a vu lors d’un article précédant, la fédération de football d’Allemagne (Deutscher Fussball-Bund / DFB) est l’un des membres fondateurs de la FIFA. Fondée en 1900, elle y adhère en effet [2] dès son Congrès fondateur de Paris, en mai 1904 [3].

Et l’on sait comment, soucieuse de maintenir l’unité impériale allemande fraîchement acquise, la fédération allemande s’opposera à la reconnaissance des fédérations écossaises, galloise et nord-irlandaise jusqu’à l’octroi de la fameuse dérogation ’’britannique’’ de 1910.

Depuis lors, la fédération allemande de football est l’un des ’’grandes puissances’’ du football mondial, avec ses six à huit millions de licenciés [4], avec ses trois victoires en Coupe du monde (en 1954, en 1974 et en 1990), ses nombreuses finales mondiales (en 1966, en 1982, en 1986 et - plus récemment encore - en 2002), ses nombreuses victoires en Championnat d’Europe des nations (en 1980 et en 1996) ou ses nombreuses finales européennes (en 1976 et en 1992).

Or, comme on va le voir ci-dessous, l’Histoire du football allemand épouse l’histoire du siècle. Ce qui n’est donc pas fait sans de nombreux soubresauts politiques.

France, 1938 : Un échec bienvenu.

Lors de sa première participation lors d’une phase finale de Coupe du monde, en Italie (dès 1934), l’Allemagne s’était alors glissée jusque en demi-finale, battant même la fameuse « Wunderteam » autrichienne lors du match pour la troisième place. Une seconde édition de Coupe du monde alors remportée par l’Italie qui, fascisme oblige, jouait alors en noir et faisait le salut mussolinien.

En 1938, quatre ans plus tard, le paysage international a changé et s’est - politiquement - considérablement dégradé. Signe des temps, le tirage au sort de la compétition aura même lieu dans les très diplomatiques salons du Quai d’Orsay. Alors, il n’y a plus d’Autriche (annexée par l’Allemagne nazie, au tout début de l’année...) et seuls quelques joueurs de l’ancienne « Wunderteam » sont alors intégrés à la sélection du « Grand Reich ». Une sélection ’’germanique’’ qui affichait alors la prétention d’aller jusque en finale du tournoi. Pour le gagner.

Las : la sélection adoubée par le régime nazi, pratiquant un football somme toute assez médiocre, sera alors battue dès les quarts de finale de la compétition par une surprenante équipe de Suisse [5]. Et, avec le recul, on se rend compte que ce fut là une véritable bénédiction pour le football allemand que cet échec qui a ainsi fait rater l’OPA politique lancée alors sur le ’’fussball’’ par le régime hitlérien.

Ainsi l’échec, le ’’bide’’ retentissant de 1938 aura eut pour conséquence positive que, dans la conscience collective du peuple allemand, il n’y a pas d’images négatives montrant une sélection allemande triomphante faisant le salut hitlérien. Et, dans un pays où la mémoires de ces ’’années de la honte’’ est encore - de nos jours - omniprésente, cette absence apparente de taches brunes sur le maillot national allemand ne peut qu’être ressentie comme un immense soulagement pour tous les amateurs de football [6].

Berne, 1954 : Un miracle sportif pour retrouver l’estime de soi.

En 1954, les joueurs allemands se transcendent et se hissent jusque en finale du tournoi mondial. Là, le 30 juin 1954, ils remportent une victoire surprenante (4/2) contre l’équipe hongroise des Czibor, Puskas, Kocsis, Kubala et autres Hidegkuti, fameuse équipe magyare alors invaincue et pourtant donnée archi-favorite du tournoi.

Depuis lors les historiens ne cessent de parler de ce fameux ’’miracle de Berne’’ qui allait permettre - à peine dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale - à une Allemagne alors en pleine reconstruction politique, démocratique, économique et morale de retrouver un peu de fierté et d’estime de soi en s’affirmant ainsi, pacifiquement, sur la scène internationale. Et ce, si bien que certains historiens vont jusqu’à parler là de la ’’vraie date de naissance de la République fédérale’’, année du retour pour l’Allemagne à une certaine ’’normalité’’ exemplaire.

En 1958, lors de cette fameuse Coupe du monde suédoise qui vit triompher le Brésil en Coupe du monde pour la première fois de son histoire, l’Allemagne confirmera son installation au plus haut niveau mondial en se glissant à nouveau en demi-finale : écartée in extremis de la victoire finale par le pays hôte de la compétition et battue par la France de Raymond Kopa et Just Fontaine lors de la ’’petite-finale’’.

Hambourg, 1974 : l’opposition des styles (et des systèmes politiques).

En 1974, c’est la RFA - demi-finaliste brillante de l’édition mexicaine précédante - qui est le pays organisateur de la compétition. Or, le hasard a voulu que la RDA, l’autre Allemagne, se qualifie elle aussi pour le tournoi final et qu’elle soit placée dans le même groupe préliminaire que sa voisine !

Dès lors se profile une confrontation lourde de sens sur le plan politique : celle de l’Allemagne de l’Ouest (fédérale, libérale et démocratique...) face à l’Allemagne de l’Est (régime policier, autoritaire et communiste et prétendument démocratique...). Une confrontation, bien qu’on soit alors en pleine Ostpolitik [7], néanmoins marquée par une certaine tension : la sélection est-allemande refusant même, dans les jours précédant la rencontre, de loger à l’hôtel qui lui avait été proposé à Berlin-Ouest.

La confrontation - forcément symbolique - entre les deux Allemagne (BDR et DDR) aura donc lieu à Hambourg, le 22 juin 1974. Et, contre toute attente, c’est la RDA de Jürgen Sparwasser qui alors s’imposera (1/0) face à la RFA de Franz Beckenbauer. Une victoire à la Pyrrhus néanmoins. Dans la mesure où cette victoire éphémère placera alors la RDA dans une poule de quarts de finale infiniment plus dure [8] que celle où allait se retrouver la RFA [9]. Ce pourquoi la RDA sera finalement bientôt éliminée, laissant alors la RFA - plus que jamais décidée à relever le défi et à se relever de son échec initial face à ses ’’frères ennemis’’ de l’Est - voler vers la victoire finale.

Et c’est ainsi que la RFA de Franz Beckenbauer, Overath, Breitner et Gerd Müller ira jusque en finale où elle s’imposera face à la (sans nul doute) plus belle équipe de l’époque : les Pays-Bas de Johann Cruyiff, Neeskens, Rensenbrink et Johnny Rep.

Rome, 1990 : Une victoire pour la réunification.

Après deux finales ratées [10] en 1990, lors de la Coupe du monde italienne, c’est la RFA (alors dirigée par son capitaine Lothar Matthäus et par Franz Beckenbauer, devenu sélectionneur) qui s’imposera en finale du tournoi.

Or, à cette époque là, l’Allemagne est précisément en train de se réunifier. Ce pourquoi nul ne s’étonnera que cette victoire de 1990 sera alors célébrée dans toute l’Allemagne, et tout particulièrement dans les nouveaux Länder issus de l’ancienne RDA, amenés à bientôt rejoindre la nouvelle république fédérale, Allemagne réunifiée. Une victoire donc bienvenue puisque annonciatrice des retrouvailles de la réunification, quelques mois plus tard.

Et une victoire qui en annonçait là bien d’autres puisque l’Allemagne unie, sans toutefois être toujours irrésistible, n’en réussira pas moins à se hisser en finale de l’Euro 1992 (perdue face au Danemark), en finale de l’Euro 1996 (gagnée face à la république tchèque) et en finale de la Coupe du monde 2002 (perdue face au Brésil).

Que reste-t-il de la RDA ?

Mais que reste-t-il de la RDA aujourd’hui ? Et bien plus grand chose, justement. En effet, dans l’ensemble, les grands clubs de l’actuelle Bundesliga (soit la ’’Ligue fédérale’’, première division allemande, aujourd’hui composée de 18 clubs) sont des clubs de l’ancienne RFA, un seul d’entre eux venant des nouveaux Länder issus de l’ancienne RDA : le Hertha Berlin. De même, sur 18 clubs de l’actuelle Ligue 2 allemande (i. e : la deuxième division allemande), seuls trois d’entre eux sont effectivement originaires de l’Est (i. e : le Hansa Rostock [11], le Dynamo de Dresde ou l’Energie Cottbus [12]).

Ainsi, si dans l’ensemble, les grands clubs de l’Ouest des années 1980 sont toujours au sommet (i. e : le Bayern de Munich, le Hamburger SV, le FC Cologne, l’Eintracht de Francfort, le Werder de Brême, ou le Bayer Leverkusen, etc), en revanche une grande partie des clubs les plus puissants et les plus prestigieux de l’ancienne ’’Oberliga’’ est-allemande, la première division de l’ancienne RDA (i. e : le Dynamo de Berlin, le Lokomotiv de Leipzig, le Dynamo de Dresde, le FC Magdebourg ou le Carl Zeiss Iéna, etc) sont aujourd’hui complètement tombés dans l’anonymat. Soit qu’il aient été dissous (en raisons de leurs relations parfois étroites avec l’ ’’ancien régime’’ communiste) ou, dans le meilleur des cas, qu’ils évoluent aujourd’hui en troisième, quatrième voire cinquième division allemande.

En effet, après la réunification, les meilleures clubs de l’ouest (et leurs puissants sponsors) ont attiré à l’Ouest les meilleurs talents de la RDA et ainsi scellé le déclin sportif et la dégringolade des meilleurs clubs de l’Est. Ainsi, les anciens très grands clubs de l’ex-RDA qu’étaient autrefois le Dynamo de Berlin [13], le Lokomotiv de Leipzig [14], le Dynamo de Dresde [15], le FC Magdebourg [16] et le Carl Zeiss Iéna [17] se morfondent aujourd’hui en ’’Régionalliga’’, l’actuelle troisième division allemande.

Cependant, il semblerait que tout cela soit sur le point de devenir ’’une vieille histoire’’ sans prise véritable sur les passions d’aujourd’hui. Ainsi, si - en 1996 - il semblait encore important de souligner que le capitaine de la sélection nationale (et dernier ’’Ballon d’or’’ allemand) Matthias Sammer était bien originaire de l’Est, aujourd’hui plus personne ne semble véritablement n’attacher d’intérêt véritable au fait que l’actuelle capitaine de la ’’Mannschaft’’ (Michaël Ballack, né à Gorlitz, en Saxe et ex-RDA) le soit aussi. Et cela montre toute l’ampleur des progrès mentaux accomplis depuis quinze ans.

Le football peut-il réunifier l’Allemagne ?

Néanmoins, on aurait bien tort de sous-estimer le rôle éminemment symbolique qu’à toujours joué l’équipe nationale allemande dans un pays où les symboles nationaux - hymnes, drapeaux, territoire - ont toujours été maniés avec prudence, suscitant davantage de scepticisme et de méfiance que d’attachement et d’enthousiasme de la part des citoyens.

Ainsi, à côté du bon vieux Deutsche Mark aujourd’hui disparu, l’équipe nationale a sans doute été pendant longtemps l’un des seuls vrais symboles de rassemblement dont disposaient les allemands. Ayant ainsi peut-être mieux réussi l’intégration des deux Allemagne que bien d’autres facteurs de la vie publique.

Si bien qu’aujourd’hui, de la mer du nord aux Alpes bavaroises et du Rhin à l’Oder, c’est en effet tout un pays qui semble communier à la même passion pour cette ’’Nationalmannschaft’’, en attendant l’heure euphorique de la victoire. Et c’est bien dans toute l’Allemagne qu’aujourd’hui on accroche des drapeaux ’’noir-rouge-or’’ à tous les balcons.

Mais le football peut-il, à lui seul, ressouder une société en manque de repères et l’aider ainsi à surmonter son actuelle crise existentielle ? Sans ambition collective audacieuse et sans volonté politique pour clairement l’exprimer, rien n’est moins sûr...

Car si le sport en général (et le football en particulier) sont effectivement de bons éléments fédérateurs, rien ne vaut néanmoins un authentique projet politique pour rassembler les énergies et coaliser les volontés. Et un projet autant que possible civique et démocratique, altruiste et pacifique, bien entendu.

Et de là à reparler du fameux ’’Patriotisme constitutionnel’’ cher à un certain Jürgen Habermas (patriotisme complètement déconnecté de l’Etat-Nation traditionnel et fondé sur l’attachement prioritaire des citoyens aux institutions démocratiques...), il n’y a qu’un pas...

Puisque ce n’est sans doute que dans un tel cadre que ’’Ce qui est fait pour vivre ensemble finira par grandir ensemble’’ comme l’avait alors, dans les transports de l’émotion de 1989, audacieusement formulé Willy Brandt, cet ancien Chancelier qui - en son temps - avait tant fait pour le rapprochement et l’unité des deux Allemagne...

- Illustration :

Supporters allemands durant la Coupe du monde 2006, photographie flickr

- Sources :

Pour approfondir le sujet, on se reportera à l’excellent numéro ’’spécial Allemagne’’ de l’excellent hebdomadaire spécialisé « France Football » du 9 juin 2006.

En tout particulier on se rapportera (pp. 18 et 19) aux travaux de M. Albrecht Sonntag, sociologue, membre de la direction des relations internationales de l’Ecole supérieure des sciences commerciales (ESCCA) d’Angers.

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Notes

[1Comme l’a affirmé - récemment - le social-démocrate Peter Dankert, actuel président de la Commission des Sports du Bundestag.

[2Tout comme la France, l’Espagne, le Danemark, la Suède, les Pays-bas, la Belgique ou la Suisse, etc.

[3En 1905 pour l’Angleterre, l’Italie, l’Autriche et la Hongrie. En 1908 pour la Finlande. En 1910-1911 pour les nations britanniques ’’autres’’ que l’Angleterre. Et en 1912 pour la Russie, etc.

[4A titre de comparaison, il y a aujourd’hui environ 3.5 millions de licenciés en Angleterre, 3 millions en Russie, 2.5 millions en Italie, 1.5 millions en France, 1.5 millions aux Pays-bas, et entre 1 million et 500 000 licenciés en Ukraine, en Norvège, en Belgique, en Suède, en Bulgarie, en Grèce et en Espagne, etc.

[5Une étonnante équipe suisse qui sort alors la Mannschaft en deux matches. À égalité 1-1 à l’issue d’un tout premier match, les Suisses s’imposent finalement 4-2 au cours d’une partie rejouée cinq jours après la première ’’manche’’.

[6Surtout si l’on se remémore que c’est normalement l’Allemagne nazie qui aurait dû être le pays organisateur de la Coupe du monde 1942, édition annulée pour les raisons que l’on sait.

[7« Ostpolitik » : La fameuse politique d’ouverture à l’Est lancée par le Chancelier ouest-allemand Willy Brandt.

[8Avec le Brésil, les Pays-bas et l’Argentine.

[9Avec la Yougoslavie, la Suède et la Pologne.

[10En 1982, en Espagne et en 1986, au Mexique.

[11Club favori de l’actuelle Chancelière, Mme Angela Merkel.

[12Lequel disputera à nouveau le championnat de Bundesliga, lors de la saison 2006-2007 à venir.

[13Le Dynamo de Berlin, aujourd’hui FC Berlin : dix fois consécutivement champion de RDA de 1979 à 1988.

[14Le Lokomotiv de Leipzig, aujourd’hui VfB Leipzig : six fois vainqueur de la Coupe de RDA, finaliste malheureux de la coupe des coupes 1988 (face à l’Ajax d’Amsterdam).

[15Le Dynamo de Dresde : huit fois champion de RDA, six fois vainqueur de la coupe de RDA.

[16Le FC Magdebourg : trois fois vainqueur du championnat de RDA, six fois vainqueur de la coupe de RDA et seul club est-allemand à avoir jamais remporté une coupe d’Europe : la Coupe des coupes 1974 (face au Milan AC).

[17Le Carl Zeiss Iéna : trois fois champion de RDA, quatre fois vainqueur de la coupe de RDA, finaliste malheureux de la coupe des coupes 1981 (face au club alors soviétique du Dynamo de Tbilissi).

Vos commentaires
  • Le 22 juin 2006 à 17:18, par Fabien En réponse à : Le Football peut-il réunifier l’Allemagne ?

    En 1998, j’étais en Allemagne pour la finale. Dans un bar, tous les Allemands étaient pour le « Brazil » et notre groupe d’une 20aine de Français pour les Bleus. Cela charriait gentiment... à coup de bières payées à l’autre parce qu’après tout le foot c’est la fête !

    À la fin du match, la Berliner Pilzner avait coulé à flot. Et que cela soit dans le bar ou dans le u-bahn (le metro) , même réaction des Allemands : ils étaient contents pour nous qui vivions pour la première fois ce qu’il avait ressenti déjà trois fois...

    Alors autant dire que le nationalisme allemand n’est plus dangereux, nous avons pu chanter la Marseillaise à tue-tête dans les rues de Berlin ce soir-là sans sourcil réprobateur. Dans ces cas-là, le foot a vraiment une valeur positive.

  • Le 26 juin 2006 à 20:29, par Ronan Blaise En réponse à : Le Football peut-il réunifier l’Allemagne ?

    Et juste signaler l’existence d’un très bon papier sur cette question dans le quotidien « l’Equipe » (www.lequipe.fr) du 22 juin dernier.

    Juste rappeler que le ’’slogan’’ de cette coupe du monde (i. e : ’’Die welt zu gast bei Freunden’’) ne signifie jamais rien d’autre que ’’le Monde accueilli -en Allemagne- par des amis’’, preuve de la sincère hospitalité allemande telle que nous avons effectivement pu l’admirer à l’égard de ses hôtes, durant cette compétition : amicale, ouverte, chaleureuse, accueillante.

    Enfin, juste préciser que l’Allemagne d’aujourd’hui ne communie pas dans le nationalisme agressif d’autrefois, mais dans un patriotisme de bon aloi, avec le retour à une estime de soi sans arrière pensée et méritée.

    Alors : que l’Allemagne soit demain éliminée de son ’’Weltmeisterschaft’’ ou qu’elle soit finalement sacrée championne du monde, le 9 juillet prochain, on peut aujourd’hui dire que l’Allemagne a déjà été récompensée : aujourd’hui le monde la regarde différemment.

  • Le 4 juillet 2006 à 14:45, par Ronan Blaise En réponse à : Le Football peut-il réunifier l’Allemagne ?

    A nouveau, juste signaler un très bon papier (signé par le géopolitologue Pascal Boniface) dans l’Equipe d’aujourd’hui, mardi 4 juillet 2006 (page 9).

    Un article intitulé « Les trois triomphes de l’Allemagne » où l’auteur revient très largement sur les circonstances politiques, à chaque fois très particulières, de chacunes des trois victoires de l’Allemagne en coupe du monde (en 1954, 1974 et 1990).

    1954 : « Das wunder von Bern » (i. e : le miracle de Berne) : le match de la réhabilitation et du retour à l’estime de soi pour une Allemagne alors moralement effondrée, au fond de sa dépression de ’’post-guerre mondiale’’.

    1974 : Consécration sportive et reconnaissance internationale sur fond d’Ostpolitik (oeuvre du Chancelier Willy Brandt) et de politique de détente (avec, en points d’orgue, la finale gagnée à Munich et le fameux match RFA-RDA du tout premier tour...).

    1990 : Une victoire ’’courage’’ sur fond (pacifique) d’enracinement démocratique et de réunification politique, la douloureuse page de la division allemande étant enfin surmontée et tournée.

    Et 2006 ? L’accueil, l’hospitalité, l’ouverture à autrui, une fierté sans orgueil d’être soi-même et d’accueillir le monde avec générosité. Le visage souriant et amical de la nouvelle Allemagne. Alors, plus que jamais : ’’Blüh im Glanzes dieses Gluekkes, blühe deutsches Vaterland !’’

  • Le 6 juillet 2006 à 14:46, par Ronan Blaise En réponse à : Le Football peut-il réunifier l’Allemagne ?

    Encore un très bon papier sur le sujet (du journaliste Jean-Marc Butterlin) dans l’ « Equipe » de ce jour, jeudi 6 juillet 2006 (page 13), à la suite de l’élimination de la Nationalmannschaft (en demi-finales du tournoi, face à l’Italie : 0-2, a.p), ce mardi 4 juillet.

    ’’Malgré son élimination en demi-finales, la Nationalmannschaft a réussi son pari de séduire le monde.’’

    Où on apprend que les joueurs allemands ont -sitôt la fin du match- reçu mardi soir, dans leurs vestiaires, la visite de la Chancelière Angela Merkel et du président de la république fédérale Horst Köhler. Lequel aurait déclaré ’’cette équipe est entrée dans le coeur des Allemands’’.

    En effet : « Ne pleurez pas, pour nous vous êtes des héros », « Une victoire malgré la défaite », « Vous êtes quand même des héros, nous pleurons avec vous », voilà quelques uns de ces titres parus hier en une de titres de la presse allemande comme le « Bild », le « Berliner Courrier » ou la très sérieuse « Frankfurter Allgemeine Zeitung » : mélange d’un double sentiment de déception sportive et de fierté légitime.

    De même : ’’on n’a plus connu une telle liesse populaire depuis la chute du mur’’ ajoutait M. Gerhardt Mayer-Vorfelder (Président de la fédération allemande de football). Tout est dit.

    Le titre de l’article ?! : « Allemagne, on t’aime »

  • Le 10 juillet 2006 à 16:07, par Ronan Blaise En réponse à : Le Football peut-il réunifier l’Allemagne ?

    Dernier, sans doute (quoi que...) ’’post’’ sur le sujet, juste pour signaler que dans l’Equipe de samedi dernier, Pascal Boniface (Directeur de l’ « Institut de Relations Internationales et Stratégiques » IRIS) en ’’remet en couche’’ sur le sujet dans une tribune (toujours dans la même rubrique ’’Le Monde est foot’’, page 12...), tribune ainsi intitulée : ’’La vraie victoire allemande’’.

    Et tribune où on peut lire la chose suivante :

    « L’Allemagne n’ajoutera donc pas à son formidable palmarès un quatrième titre de champion du monde. Le rêve allemand a été brisé par l’Italie. Les Allemands ont néanmoins remporté une belle victoire, celle de l’image. Le degré de sympathie des autres nations à l’égard du pays est sans contexte plus fort après le Mondial qu’avant.

    L’organisation de la compétition a été parfaite. Les matches se sont déroulés dans des stades magnifiques, flambant neufs et confortables, véritables écrins qui mettent en lumière le spectacle du football. L’organisation a été « à l’allemande », efficace et sans faille. Tout fonctionne de façon rigoureuse. De plus, tout cela s’est accompagné de sourires, avec le sens de la fête et une chaleur dans l’accueil des visiteurs étrangers. On n’attend généralement pas les Allemands sur ce terrain.

    Mais c’est peut-être dans la défaite que les Allemands ont été les plus grands. Jürgen Klinsmann, ce jeune entraîneur ouvert sur le monde, a eu des paroles d’une très grande dignité. Les joueurs, bien qu’abbatus, se sont comportés en champions, aussi bien avec leurs rivaux vainqueurs italiens qu’avec le public, un public qui, malgré la défaite, n’a pas exprimé la moindre colère ou hostilité à l’égard des vainqueurs.

    L’Allemagne a montré que le football peut engendrer un patriotisme soft, un nationalisme tranquille. Que l’amour de son équipe ne signifie pas la haine des autres, et que la grande communion nationale autour de son équipe ne signifie pas forcément déclenchement de pulsions agressives. L’Allemagne, grâce à la Coupe du monde 2006, a confirmé son statut de grand pays pacifique dont le patriotisme de nouveau affiché, n’est en rien agressif ».

    Qu’on se le dise...

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