La Suisse et l’UE

Le choix du bilatéralisme : opportunisme et « Europe à la carte »

, par Traduit par Emmanuel Vallens, Dominik Gerber

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Le choix du bilatéralisme : opportunisme et « Europe à la carte »

Si les Suisses apprécient et célèbrent les réalisations de leur fédéralisme, ils l’oublient totalement sur la scène internationale. Il semble que d’autres principes président à la politique européenne de la Suisse, des principes plus opportunistes.

La méfiance et la répugnance vis-à-vis de la coopération supranationale et des solutions cosmopolites font intégralement partie de la tradition politique suisse. C’est également vrai de l’intégration européenne. Au lieu de contribuer à la formation de l’idée européenne, la Suisse se consacre à une approche bilatérale avec l’UE.

Au cours des dix dernières années, divers accords ont été négociés et ratifiés sur des questions-clés, et les Suisses peuvent désormais bénéficier des réalisations européennes presque comme tout Etat membre - il suffit de penser aux panneaux au-dessus du guichet des douaniers dans les aéroports - mais sans assumer la moindre responsabilité dans la construction européenne. Les généreuses clauses d’opt-out (comme pour le tristement célèbre « secret bancaire ») n’ont pas exactement incité la Suisse à se départir de son attitude opportuniste consistant à choisir son acquis communautaire sur cette « Europe à la carte ». [1]

« Pourquoi adhérer à l’UE puisque nous avons tout ce que nous voulons ? » Cette attitude répandue a été à nouveau confirmée à l’été 2005 avec une très nette double confirmation du choix bilatéral, lors de deux référendums. Dans le même sens, le gouvernement a déclaré en octobre que l’approche du bilatéralisme constitue une « politique réussie, dans notre intérêt » et a engagé un changement de stratégie : l’adhésion à l’UE ne constitue plus un « objectif stratégique » ; elle se réduit désormais à une « option de long terme ». Le bilatéralisme semble constituer une stratégie de long terme de la politique étrangère suisse.

Comme sa propre histoire l’a enseigné à la Suisse, l’intégration fédérale est méthode viable pour faire coexister pacifiquement différentes cultures, afin de sauvegarder des intérêts communs à un niveau commun et pour que la diversité soit productrice de prospérité. Mais la tactique suisse du passager clandestin bilatéral est contraire à cet idéal. Mais la Suisse est au cœur de l’Europe, et bénéficie de son haut degré de stabilité. Elle a l’obligation morale de contribuer au projet européen et de participer à la politique européenne comme un acteur régulier, non comme un « cas particulier ».

(Article traduit par Emmanuel Vallens, membre du Bureau national des Jeunes Européens - France).

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Notes

[1en allemand dans le texte d’origine : Rosinenpickerei, littéralement « picorage de raisins secs ». N.d.t.

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