Le projet EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté : une remise en question de la place de la culture dans les institutions européennes

, par Stéphanie Khoury Lattouf

Le projet EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté : une remise en question de la place de la culture dans les institutions européennes

Parmi les reproches dont les institutions en général et européennes en particulier souffrent régulièrement, le manque de considération envers la population civile arrive souvent en première position. Si vous aussi vous trouvez que l’Europe manque un peu de citoyenneté parfois, le projet EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté est une réponse parfaite à vos inquiétudes.

Lancé en 2008 par l’association pour le Développement culturel européen et international (ADCEI) et son réseau EUROMEDINCULTURE(s), soutenu par la Commission européenne dans le cadre du programme « L’Europe pour les citoyens », ce projet mène des enquêtes auprès des citoyens européens afin de connaître leurs réponses à des problématiques culturelles.

Développer la consultation des citoyens

Le projet EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté a donc pour but premier de promouvoir le rôle citoyen dans l’agora européen. Comme le nom l’indique implicitement, il s’agit de déterminer, d’après une consultation effectuée sur tout le territoire européen, la place de la culture dans la construction européenne, l’axe général se retrouvant derrière l’interrogation ambitieuse suivante : « Quelle place pour la culture dans l’Europe de demain ? ». Cette enquête, menée en 2009 et inscrite dans l’Agenda européen pour la culture à l’ère de la mondialisationde la Commission européenne, a donné lieu à neuf forums régionaux rassemblant citoyens, professionnels de la culture et personnalités politiques de différents pays. L’Agenda comporte trois axes : la promotion de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, la promotion de la culture en tant que catalyseur de la créativité dans le cadre de la stratégie de Lisbonne et enfin la promotion de la culture en tant qu’élément indispensable dans les relations extérieures de l’UE. Projet ouvert, il s’est agrandi à la Méditerranée grâce à un partenariat tunisien qui a traduit et diffusé le questionnaire en arabe. Le questionnaire peut être renseigné en ligne sur leur site, point positif à l’heure du tout numérique.

Inviter la population civile à des festivals et des débats

Plus directement, ce projet permet la mise en place de débats sur un vaste territoire : Albanie, Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, Finlande, France, Italie, Malte, Portugal et Slovénie. Les réflexions issues de ces rencontres seront intégrées à un ensemble de recommandations finales qui seront remises aux institutions européennes dans le but de s’insérer dans la programmation politique de l’UE pour 2012-2020. EUROMEDINCULTURE(s) se fait le relais de colloques et autres festivals aux thématiques variées, invitant des interlocuteurs inattendus, des pays arabes à la Catalogne. Tout cela a été hiérarchisé selon les « priorités retenues pour 2010 » : le renforcement de la mobilité des artistes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, l’intégration plus active de la culture au sein des politiques éducatives, la mise en valeur du « potentiel économique » du champ culturel et enfin la mise en valeur de la place de la culture dans les relations extra-UE, notamment dans l’Euro-Méditerranée. Un grand forum euro-méditerranéen aura lieu en octobre afin de faire le point sur les pistes de réflexions lancées par les différents débats, à l’image de celui de Montpellier en 2009 qui avait réuni, grand succès, plus d’un millier de personnes.

« Une occasion historique » pour les citoyens… et la culture

Tout cela est présenté comme « une occasion historique, pour les citoyens européens, de participer concrètement à la construction d’un avenir commun », cela avec un point d’exclamation soulignant l’enthousiasme qui accompagne sans conteste ce projet. C’est une des rares fois où l’on peut mesurer de manière réelle l’impact de la consultation citoyenne. En la portant ainsi aux institutions, l’EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté donne une voix, enfin, à ceux qu’on ne sollicite, d’un point de vue européen, qu’une fois tous les cinq ans pour les élections des eurodéputés. Consolation également pour la culture, souvent négligée lors des politiques globale sauf quand il s’agit de se mettre en valeur. Entre ce projet ambitieux et les capitales européennes de la Culture, on est en droit d’espérer, à long terme, une véritable valorisation du patrimoine artistique européen. À supposer, bien sûr, que les personnes qui répondront au questionnaire seront un échantillon représentatif de la population européenne… Si ce n’était pas le cas, seule la culture « légitime », encore une fois, serait mise en valeur, au détriment de cultures plus populaires. Heureusement, en incluant des interlocuteurs variés et locaux, le projet EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté semble se préoccuper de tous les acteurs artistiques et culturels du Vieux Continent.

Illustration : EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté

Source : www.euromedinculture.org

Vos commentaires
  • Le 6 mai 2010 à 07:05, par Martina Latina En réponse à : Le projet EUROMEDINCULTURE(s) Citoyenneté : une remise en question de la place de la culture dans les institutions européennes

    Tout en m’interrogeant sur le titre de cet article et sur une appellation à colorations opaques, voire ambiguës, je me suis promenée sur le site d’EUROMEDINCULTURE(s) ; je considère donc que de telles initiatives doivent être non seulement encouragées, mais largement partagées, de manière que le tissu si ancien des relations euro-méditerranéennes se consolide et s’enrichisse pour le bien des citoyens et des sociétés vivant sur les rives de la Méditerranée ainsi qu’en EUROPE :

    ce nom ne nous vient-il pas d’une figure qui, précisément, franchit l’est de Méditerranée vers la Crète sur le dos d’un TAURILLON plus séduisant qu’effrayant, pour incarner l’envol des moyens de CONTACT et de CULTURE durable inventés par la terre natale de cette première EUROPE - la Phénicie devenue le Liban, c’est-à-dire l’art nautique et la technique alphabétique ? C’est notamment pour cette raison que L’EUROPE, C’EST NOUS, et que les institutions européennes doivent être au service des réseaux humains qui relient les citoyens européens dans notre lutte toujours pressante pour la justice, pour la paix, pour l’harmonie et pour la démocratie nées en Grèce.

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