En effet, il est clair -à la lumière des récents événements survenus lors de ces derniers mois- que la thématique ’’anti-européenne’’ reçoit aujourd’hui des échos suffisamment favorables pour que plusieurs campagnes anti-européennes similaires aient été simultanément lancées dans différents États de l’Union européenne.
Non seulement en France, mais aussi -comme on va le voir ici- en Italie, en Autriche voire au Parlement européen, lui même !
En Italie : campagne nationale pour sortir de l’Euro
Au mois de juin 2005, la « Ligue du Nord » [1] lançait une grande pétition (après les deux « non » de la France et des Pays-Bas au TCE...) sur le thème de l’abandon de l’Euro. Ils avaient ainsi utilisé une possibilité du droit italien qui permet de lancer un référendum d’initiative populaire qui, s’il recueille 200.000 signatures, oblige alors le Parlement national à s’exprimer sur le sujet.
Une tentative avortée, mais qui est bien significative de la volonté de ce parti nationaliste de présenter l’Europe comme un faire-valoir négatif.
Ainsi, en Italie, les partis les plus à droite font souvent campagne contre l’Europe, telle « l’Alliance Nationale » [2] dans le cadre d’un discours demandant le renforcement de l’unité italienne, sujet fort dans la botte italienne.
En effet, la construction de l’État italien est récente et les tentatives séparatistes du nord riche vis-à-vis du sud pauvre par la Ligue du Nord font souvent couler beaucoup d’encre. Néanmoins, tous ces partis extrémistes se rejoignent dans leur rejet de l’Europe, rejet souvent mis en avant comme argument politique.
En Autriche : des campagnes nationalistes eurosceptiques sur fond d’islamophobie.
Le même procédé d’initiative populaire a été, plus récemment, utilisé par le « FPÖ » autrichien [3]. Cette fois-ci la campagne de pétition utilisait la peur de l’Islam. « Non à la folie de l’Europe » est ainsi le titre de la campagne de signatures récemment lancée par le FPÖ contre l’entrée de la Turquie dans l’Union et contre l’immigration musulmane.
Un autre slogan qui nous en rappelle d’autres, plus sombres encore : « Autriche, reste libre ! ». Le tout, sur fond d’affiches représentant des femmes voilées, avec des questions nauséabondes du genre « Est-ce là notre avenir ? ».
Ainsi, si le tryptique « xénophobie / anti-européen / opposition à l’entrée de la Turquie » est certes traditionnel pour ce parti, force est de constater qu’il reste toujours aussi fort pour alimenter les peurs et les préjugés de la population.
Pareillement, par le biais de cette campagne, le nouveau chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache [4], prétendait rendre possible « la première chance véritable d’arrêter la folie de l’UE et sa gabegie ». Sinon, « l’avenir de l’Autriche serait broyé par les rouages de Bruxelles ».
Mais, au final, cette campagne aura finalement été un échec puisqu’elle n’aura finalement recueilli « que » 100.000 signatures (et ne passera donc pas devant le Parlement autrichien) [5]. Les extrêmes de droite se ressemblent beaucoup par delà les frontières, que cela soit au pays de Molière ou celui de Mozart.
En France : des campagnes d’affichages europhobes
Si les nationalistes des pays voisins se montrent aujourd’hui si entreprenant, les activistes du nationalisme français mènent également de nombreuses campagnes similaires d’affichage, fondamentalement anti-européennes.
Ainsi, le club « Debout la République » [6] affiche clairement la chose suivante sur son site : « Retour de la constitution européenne = Retour de la Turquie ».
Pareillement, d’autres petits clubs nationalistes vont au devant des citoyens via les affichages publics, tel le club « Vive la République » avec l’affiche « L’Europe : ça suffit », ou d’autres formations qui affichent en gros « Sortons de l’Euro ».
Et tous ces réseaux se connaissent. Qu’ils soient de Gauche ou de Droite, ils n’hésitent guère aujourd’hui à mettre sur leur site des liens entre eux afin que leurs sympathisants aillent échanger ensemble [7].
Si l’émiettement est une constante dans l’extrême droite française, force est de constater que le nationalisme s’affirme de même aussi plus clairement à Gauche.
Exemple, on se souviendra que le « Parti des Travailleurs » [8] affichait récemment les choses suivantes : « Le 29 mai dernier le peuple souverain a démocratiquement dit NON. Il faut respecter la parole des citoyens. Il faut rompre avec l’Union Européenne. »
Au Parlement européen : vers la création d’un groupe parlementaire clairement d’extrême droite ?
Au niveau du Parlement européen [9], les députés souverainistes s’étaient déjà regroupés au sein du groupe « Indépendance et Démocratie ». Or, ce groupe a récemment voulu expulser de ses rangs les quatre eurodéputés de la « Ligue du nord », dont était son leader Umberto Bossi (notamment en raison des propos xénophobes de ce parti lors de l’affaire des caricatures de Mahomet).
Mais, comme les membres polonais (issus de la « Ligue des familles », formation actuellement au pouvoir dans la coalition gouvernementale en Pologne) faisaient barrage à cette décision, ce groupe parlementaire s’est dissout... pour se refonder, amputé du tiers de ses membres. Du coup, les ’’bannis’’ sont déjà en contact avec les députés « non inscrits » du parlement européen [10] pour fonder un nouveau groupe politique d’extrême droite, avec les députés du Front National et ceux du BZÖ de Jorg Haider.
Idéologies nationalistes : attention danger !
Comme nous le voyons bien -ainsi- au travers de ces nombreux exemples, les thèses anti-européennes font aujourd’hui recette dans les formations politiques nationalistes. Lesquelles risquent même, donc, de pouvoir désormais se coordonner au niveau du Parlement européen.
Le désenchantement que connaissent les populations vis-à-vis de la politique (en général) et vis-à-vis de l’Europe, indirectement, est l’une des raisons qui nous font dire que l’Européisme seul ne suffit décidément plus et qu’il est d’autant plus urgent que l’Union européenne se dôte, à court terme, d’une identité politique forte : en devenant une Union politique.
-Illustrations : Photographies prises au Raincy, affiches diffusées dans le secteur de Montfermeil, Clichy ou Villemomble, notamment (93).
1. Le 28 mars 2006 à 21:37, par Jérôme Brouillet
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Juste une petite précision : la pétition du FPÖ sera bien discutée au Parlement, mais elle n’a pas été soutenue par sufisamment de personnes pour être soumise au référendum (il aurait fallu 250 000 signatures) Jérôme Brouillet
2. Le 29 mars 2006 à 08:32, par Ronan Blaise
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
C’est juste des discussions pour discuter (?), des discussions pour vote symbolique (juste histoire de marquer le coup...) (?) ou d’authentiques discussions parlementaires pour adoption de normes de droit normatives juridiquement effectivement contraignantes ?
3. Le 29 mars 2006 à 12:46, par Fabien
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
D’après ce que j’avais lu dans différents journaux, le Parlement autrichien n’est pas tenu de voter une loi mais doit avoir une « discussion » sur le sujet sans engagement sur ce qu’il doit en sortir.
4. Le 2 avril 2006 à 22:46, par Héloïm Sinclair
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Les nationalismes se revigorent et progressent, se déclinent même à l’occasion en patriotisme économique (un non sens libéral, une remise en cause des traités fondateurs de l’UE, ...). Aux pro-européens de défendre la vérité, d’établir un diagnostic partagé sur les bénéfices et les enjeux « du vivre ensemble en Europe » dans une dynamique d’intégration.
Cela passe par la culture, le développement économique, universitaire, la recherche, la défense, ... L’Europe est partout, à nous de la matérialiser, d’entraîner cette jeunesse qui a peur dans un projet mobilisateur. Pourquoi pas un service civile européen obligatoire, une prime pour les PME qui embauche un jeune issu d’un autre pays de l’UE, changer de pignon pour Erasmus en visant 1 million d’échanges par an, ...
Dans tous les cas, il va falloir communiquer, convaincre, être ambitieux et opiniatre pour défendre et construire le projet d’Europe. Tisser des liens par delà les frontières, pour ne plus jamais revivre sous le bruits des bottes et sous le joug des idées obtues.
5. Le 29 mars 2007 à 22:06, par Patriote et Européen
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Très chou, la conclusion :« l’Européisme seul ne suffit décidément plus et qu’il est d’autant plus urgent que l’Union européenne se dôte, à court terme, d’une identité politique forte : en devenant une Union politique. » J’imagine que l’auteur de ces lignes sort tout juste d’une adolescence boutonneuse, naïve et gnangnan. Quelle découverte : l’européisme ne suffit plus ! Ben non, la preuve des faits, ça te dit quelque chose ? Il y a quantité de pays européens qui ne sont pas soumis aux contraintes de l’UE et/ou de l’Euro, qui n’en sont évidemment pas moins européens et manifestment pas plus malheureux (Royaume Uni, Suisse, Suède, Norvège, Danemark) ! Quant à ta conclusion :« il est d’autant plus urgent que l’Union européenne se dôte, à court terme, d’une identité politique forte : en devenant une Union politique. », elle est sincèrement affligeante. Crois-tu qu’une identité se décrète ou naisse d’arrangements bureaucratiques ? Quand vous comprendrez que l’Europe est un ensemble de peuples, de Nations diverses qui n’a nullement besoin d’un super-Etat pour prospérer et développer des solidarités et des projets communs, vous cesserez de courir après votre chimère stalino-bureaucratique qui n’a rien à voir avec l’Europe, la vraie.
6. Le 29 mars 2007 à 22:26, par Fabien Cazenave
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Et dire que nous croyions être de sales libéraux de Bruxelles, nous voilà couronnés stalino-bureaucratiques ! Par mi les pays que vous citez, il y a des pays qui supportent les contraintes de l’UE puisqu’ils en font partis même s’ils ne sont pas dans la zone euro. Pour autant, ce ne sont pas ces pays qui sont premiers exportateurs européens... mais l’Allemagne.
Enfin, je vous rappelle la devise de l’Union européenne : unis dans la diversité. Mais peut-être avez-vous du mal avec ce concept !
Dire que l’Européisme ne suffit plus est au contraire une preuve de volonté d’avancer plutôt que de retour en arrière comme vous le proposez.
7. Le 31 mars 2007 à 16:58, par Ronan
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Comme l’histoire le montre bien, l’Europe est effectivement un ensemble de peuples et de Nations diverses qui n’a nullement besoin de règles communes communément acceptées et communément reconnues pour (plutôt que prospérer et plutôt que développer des solidarités et des projets communs...) se faire la guerre ou - au mieux, en temps de paix - se livrer à la guerre économique à coup de dumping social ou de concurrences déloyales effrénées.
NB : Je ne comprends toujours pas qu’on mélange ici encore le concept ’’fourre tout’’ d’identité (mot qui - à convenance - signifie absolument tout et son contraire, comme en attestent encore le ’’post’’ publié ci-dessus ainsi que certaines récentes polémiques de campagnes électorales...) avec un projet d’Union politique qu’on ferait bien mieux de définir une bonne fois pour toutes comme étant résolument post-national, résolument supra-identitaire et strictement complémentaire (mais non substituant) à tout ce qui existe déjà par ailleurs (ce qui nous épargnerait bien des polémiques inutiles et nous ferait ainsi gagner un temps précieux...).
Les Etats, les Peuples, les Nations, les frontières : il ne s’agit pas de les effacer ni de les supprimer : il s’agit d’en comprendre les défauts et les inconvénients (et d’apprendre à les dépasser). Nuance...
De même (et quant aux vieilles identités nationales et quant à l’Europe), il ne s’agit pas de substituer celle-ci à celles-là : il s’agit d’apprendre à dépasser les conceptions identitaires rigides d’autrefois, d’apprendre à conjuguer le mot ’’identité’’ au pluriel et - surtout !!! - d’apprendre à relativiser le facteur identitaire dans toute démarche politique. Est-ce vraiment si compliqué ?!
8. Le 31 mars 2007 à 17:08, par ?
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Je crois effectivement que l’Union européenne conduit à une uniformisation inutile, voire nuisible des peuples européens. A ce titre, elle est bien plus stalinienne que libérale. Et ce n’est pas un slogan creux comme « unis dans la diversité » ou autres niaiseries de ce genre dont sont si friands les européistes qui y changent quoi que ce soit. Lorsque j’évoquais les contraintes européennes ; je signalais que certains pays avaient eu l’intelligence de se soustraire aux règles européistes complètement (comme la Suisse, qui n’est pas à proprement parler un pays sous-développé) ou partiellement, en n’acceptant pas, notamment, de se soumettre à une monnaie unique (Royaume Uni, Danemark, Suède, Norvège, dont les performances économiques sont pour le moins enviables). Ces pays ont simplement eu l’intelligence de mener chez eux les réformes nécessaires, ou ont adopté de longue date des politiques économiques adéquates, sans attendre les gnômes de Bruxelles ou de Francfort. Que l’Allemagne tire plutôt son épingle du jeu en termes d’exportations, ce qui est parfaitement exact, m’inspire deux réflexions : 1) Les bonnes performances de l’économie allemande à l’exportation sont dues à une spécialisation industrielle judicieuse. Aucune nécessité d’Europe là-dedans. 2) Un excédent commercial n’est pas en soi une bonne chose, en tout cas pas un objectif de politique économique, comme l’ont bien vu de bons auteurs libéraux. A titre plus polémique, que l’Allemagne inspire l’orientation fédéraliste de l’Europe, et en tire profit n’a rien pour me rassurer. Je ne souhaite pas en effet voir se construire un nouvel empire germanique ( le 4è !). Franchement, je crois que les projets à la Monnet-Schumann(« casque à pointe ») ne sont que des vieilleries des années 50, complètement dépassées aujourd’hui. Que la coopération européenne ait accéléré le redressement économique des pays au lendemain de la Seconde guerre mondiale, j’en conviens tout à fait. Mais nous n’en avons absolument plus besoin. Les nations européennes doivent trouver en elles-mêmes les ressources nécessaires pour s’intégrer à la mondialisation (exemple : la concurrence fiscale est bien préférable à l’harmonisation fiscale, tout comme la concurrence des monnaies). C’est ça, pour moi, aller de l’avant !
9. Le 1er avril 2007 à 09:44, par Fabien Cazenave
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Grattons un peu et que voyons nous ? Une certaine dose de peu de l’Allemand... Si vous avez l’occasion de partir nach Deutschland, vous verrez que les Allemands, malgré le retour de la fierté d’être allemand, n’ont pas envie de dominer toute l’Europe.
Nous avons un besoin de réforme justement dans l’Union européenne, pour que cela soit ensemble que nous avancions. Par exemple, sur l’immigration, si chaque Nation s’occupait de ses propres frontières, elles seraient encore plus vite débordées.
Nous devrions au contraire encore plus mettre nos moyens en commun à ce niveau-là.
10. Le 1er décembre 2008 à 17:03, par cloridrique
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
le nationalisme, c’est le dernier recours des imbéciles ! je ne sais pas si quelqu’un l’a dit avant moi, mais je suis d’accord Au secours, on est cernés !
11. Le 1er mai 2009 à 12:24, par Nico
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Votre remarque est stupide !
C’est précisement votre "nationalisme" européen qui est dangereux.
Vous avez décrété, comme la plupart des contibuteurs de ce site, que l’Europe était une Nation qui sevait se doter d’un gouvernement central.
Petite phrase à méditer...
Elle résume la teneur d’une lettre adressée par l’historien Numa Denys Fustel de Coulanges (1830 - 1889) à l’un de ses homologues prussiens à propos de l’appartenance de l’Alsace à la France :
« Ce qui distingue les nations, ce n’est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu’ils sont un même peuple lorsqu’ils ont une communauté d’idées, d’intérêts, d’affections, de souvenirs et d’espérances. Voilà ce qui fait la patrie. »
Ces ingrédients ne sont manifestement pas réunis, à voir l’intérêt que portent les européens aux prochaines élections.
Soyez tous moins péremptoires !
12. Le 1er mai 2009 à 19:07, par Laurent Nicolas
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Les Jeunes Européens et a fortiori le Taurillon n’a jamais défendu la vision d’une Nation européenne, ou d’un nationalisme européen. Un ensemble politique fédéral européen serait précisément post-national. Ce qui n’est pas sans poser de nombreux problèmes tant sur le plan théorique que pratique, mais c’est toute la beauté de ce projet européen en construction permanente, oui sui generis pour ceux qui aiment les citations latines :)
13. Le 25 octobre 2011 à 16:55, par Tythan
En réponse à : Les Nationalistes se mobilisent dans toute l’Europe
Si bien entendu certains slogans de Debout la République sont caricaturaux, voire cette formation amalgamée au FPÖ et à des mouvements d’extrême droite est proprement scandaleux ! Ce n’est pas du journalisme !
Suivre les commentaires :
|
