Selon ses détracteurs cette loi va considérablement réduire la liberté de la presse et constitue une menace directe à la démocratie.
La nouvelle loi hongroise sur les médias va à l’encontre des nos « standards » de la liberté des médias, déclarait ainsi l’OSCE le 21 décembre 2010 lors de l’adoption de cette loi controversée. Elle met l’indépendance éditoriale en danger, ainsi que le pluralisme des médias.
Cette loi n’est pourtant rien de plus qu’un nouveau symptôme reflétant une tendance inquiétante qui sévit en Europe.
Un calendrier maladroit
Plusieurs organisations telles que Reporters Sans Frontières, l’Association Internationale de la Presse et la Fédération Européenne des Journalistes expriment leur inquiétude, se fondant notamment sur la Charte des Droits Fondamentaux et l’article sur la liberté et le pluralisme des médias.
Certains groupes parlementaires européens ont même publié des communiqués de presse cinglants, affirmant que « le temps de la Pravda est révolu » et que « cette loi draconienne sur les médias renvoie à un passé européen antidémocratique, nous en appelons au président de la commission Barroso pour qu’il engage une procédure d’infraction à l’encontre de la Hongrie ».
Le 23 décembre, le commissaire européen en charge de la société numérique a adressé une lettre aux autorités hongroises dans laquelle elle exprime son inquiétude. Malgré ces déclarations, la commission européenne et son président s’obstinent dans leur attentisme et ne montrent aucune volonté d’entreprendre un examen juridique de cette loi.
L’examen juridique de la commission européenne
Ce n’est finalement que le 5 janvier que José Manuel Barroso a réagi en déclarant que la liberté des médias est un principe sacré au sein de l’Union Européenne avant d’ajouter que sa prochaine visite à Budapest serait consacrée à des discussions sur de cette loi.
Un porte-parole de la commission a entre-temps déclaré que celle-ci avait reçu une traduction de 194 pages de la loi et qu’elle examinait actuellement cette question sensible et extrêmement complexe d’un point de vue juridique.
En dépit des déclarations initiales de Viktor Orbán, le Premier Ministre hongrois, un membre du parti actuellement au pouvoir a affirmé sa volonté de faire amender la loi si celle-ci était appliquée à tort où si des problèmes survenaient. Cet espoir a cependant été rapidement balayé.
Car selon une déclaration officielle du Ministère des Affaires Étrangère hongrois « le gouvernement de la République de Hongrie se consacre fermement à la réalisation du programme de la présidence tournante, mais elle rejette fermement tous les doutes exprimés quant à la capacité de la Hongrie à agir et toutes les propositions de limitation des responsabilités de la Hongrie dans le cadre de cette présidence ».
Un des porte-parole de monsieur Orbán est allé jusqu’à affirmer que « [notre] loi sur les médias est européenne jusqu’au dernier article et nous ne n’envisageons pas de l’amender ».
Mais cette loi est-elle vraiment une exception en Europe ? Sans entrer dans les détails juridiques, nous affirmons que non. Non et cette loi n’est qu’un signe de plus d’une tendance de fond inquiétante.
Italie, Roumanie, Bulgarie, Lituanie... Une tendance qui se généralise en Europe
Freedom House, une ONG qui milite pour la liberté des institutions dans le monde a récemment publié son « indice de la liberté de la presse » basé sur une enquête conduite chaque année dans 196 pays.
Des pays européens tels que l’Italie, la Bulgarie et la Roumanie figurent dans la catégorie « partiellement libre » aux côtés de pays comme le Nigéria, la Colombire ou la Sierra Leone.
Rien de surprenant à cela. Nul besoin d’aller chercher loin quand on se rappelle qu’en 2009 le Parlement européen avait voté sur la question de la liberté de la presse en Italie. Les députés avait rejeté à une courte majorité une proposition visant à garantir le pluralisme des médias dans l’UE.
Avec 338 voix contre et 335 voix pour, L’UE ne s’était pas mise en travers de Berlusconi et aujourd’hui encore, celui-ci continue à exercer un contrôle et une influence sur près de 90% des téléspectateurs italiens.
Un appel en faveur d’une directive européenne contre la concentration des médias a aussi été rejeté, suite à quoi plusieurs parlementaires européens ont parlé de « jour noir pour la liberté de la presse en Europe ».
Toujours en 2009, une loi tchèque interdisait l’accès des médias à des enregistrements de mise sur écoute, avant d’être remise en cause par le conseil constitutionnel tchèque.
Le 3 janvier, la Biélorussie a décidé de mettre fin à la surveillance des élections présidentielles par l’OSCE, la jugeant désormais inutile. Environ 200 personnes dont 20 journalistes sont aujourd’hui toujours derrière les barreaux. Rien de surprenant donc à ce que la Biélorussie soit classée comme « non libre », avec une liberté de la presse « extrêmement restreinte » sur cet index.
La Lituanie a été rétrogradée sur ce même index en 2010 en raison de son interdiction des informations encourageant les relations sexuelles en général et les structures familiales non traditionnelles en particulier.
On constate d’ailleurs une même évolution en Estonie, où l’indépendance financière des médias a diminué en raison de la situation économique actuelle.
Aurons-nous le courage d’une réponse européenne ?
La nouvelle loi hongroise sur les médias s’inscrit clairement dans un contexte européen plus large. Même si un examen juridique substantiel établissait la compatibilité de la loi hongroise avec les lois européennes, l’inquiétude subsiste.
La possibilité d’une directive sur le pluralisme et la liberté des médias est une source de discorde au sein du parlement européen, car les points de vue varient beaucoup entre les tenants d’une non-ingérence de l’Europe et ceux qui pensent que de telles situations sont anormales en Europe.
Restreindre le pluralisme et la diversité des médias restera une entreprise difficile, car au bout du compte il s’agit toujours d’une question de morale et de valeurs. Mais, s’il-vous-plaît, ne prenez pas un air surpris la prochaine fois qu’un pays européen vote une loi douteuse sur les médias. Car personne ne peut nier que l’Europe a un problème avec la liberté des médias.
1. Le 9 février 2011 à 07:32, par Martina Latina En réponse à : Ou le calendrier maladroit de la Hongrie et une tendance inquiétante en Europe
A l’heure où la démocratie tente de naître dans le sang et les larmes sur d’autres continents, comment l’Union Européenne qui l’a mise au monde peut-elle se laisser bâillonner ici ou là jusqu’aux oreilles, jusqu’aux yeux, alors qu’EUR-OPE signifie VASTE-VUE et que ce nom lui vient d’une princesse, enlevée certes par un fameux TAURILLON mythique, mais symbolisant l’expansion réelle, et toujours en cours, des moyens proche-orientaux de contact - la navigation lointaine et le limpide alphabet ?
2. Le 11 février 2011 à 07:30, par Valéry En réponse à : Hongrie, Italie, Roumanie... les médias européens sous le joug du pouvoir politique ?
En Flandres ça va être pas mal aussi en cas d’indépendance : Libération officiellement boycotté par les indépendantistes flamands de la N-VA
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