Petit déjeuner européen avec Michel Barnier

, par Maël Donoso

Petit déjeuner européen avec Michel Barnier

Le 7 avril a eu lieu une rencontre entre Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et vice-président du PPE, et une vingtaine d’étudiants et de jeunes actifs engagés sur les questions européennes.

Cette rencontre, organisée par l’équipe de campagne de Michel Barnier dans la perspective des élections du 7 juin, s’est déroulée autour d’un petit déjeuner où les questions de la communication européenne et du développement durable ont été abordées.

« Le projet européen est à la fois nécessaire et fragile », a déclaré Michel Barnier pour ouvrir le débat. Il a relevé que la poursuite de ce projet devait, pour une large part, fédérer les volontés françaises au-delà des partis, évoquant un thème « d’intelligence nationale ». Pour lui, les élections européennes seront surtout l’occasion de « remettre les choses à plat », de remédier aux divergences entre les citoyens et le projet européen, divergences auxquelles on n’a essayé de répondre, jusqu’à présent et sans succès, que par le biais de l’institutionnel.

Les Européens affrontent actuellement une double crise économique et écologique, et Michel Barnier a estimé que l’Europe, « parce qu’elle a pris un peu d’avance sur ces questions », peut « donner l’exemple » d’une éco-croissance et d’une maîtrise de la mondialisation. Il a relevé que le président de la République a fait preuve d’un « volontarisme » à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union. Il a aussi estimé que le Parlement européen avait aujourd’hui davantage d’importance que l’Assemblée nationale, d’où l’enjeu crucial d’une participation massive à ces élections.

La communication européenne

Maria Vaz, présidente des Jeunes Européens Professionnels Île-de-France, a pris la parole pour évoquer les questions liées à la communication, autour des élections mais aussi en ce qui concerne l’Europe en général, son fonctionnement et ses institutions. Estimant qu’il était insuffisant de parler d’Europe une fois tous les cinq ans, elle a proposé que les hommes politiques s’engagent à maintenir le dialogue avec leurs électeurs européens tout au long de leur mandat. Michel Barnier a approuvé l’idée, et a relevé que le mode de scrutin actuel n’était sans doute pas adapté, et que ce problème devra également faire l’objet d’une réflexion.

« Vous n’allez pas, a prévenu Michel Barnier, réparer en deux mois de campagne trente ans de silence, trente ans de démagogie, trente ans de couardise. » Il a déclaré qu’en tant que ministre de l’Agriculture, il a pris l’habitude d’envoyer des comptes-rendus après chaque séance du conseil des ministres, et que cette démarche de communication simple mais essentielle pourrait être généralisée. Faisant référence à la directive Bolkestein, il a également relevé que toutes les idées sortant de la Commission européenne devraient être aussitôt largement diffusées, au lieu de subir un silence médiatique complet et ne ressortir que longtemps après, mal comprises et décontextualisées.

David Soldini, vice-président de la branche française de l’Union pour l’Europe Fédérale, a ensuite évoqué le départ des conservateurs britanniques du PPE, et demandé si ce parti pourra se trouver une nouvelle identité politique. Pour Michel Barnier, les identités politiques se forgent par le dialogue et le débat, et de nouvelles identités se construiront sans doute grâce à la crise actuelle. « La crise produit un sentiment nouveau, a-t-il déclaré, et peut-être salutaire, qu’on ne s’en sortira pas seuls. » En réponse à une question, il a ajouté qu’il avait l’intention, au cours de cette campagne, d’inviter en France des responsables politiques d’autres pays européens. Il a résumé la position actuelle des Français par rapport à l’Europe en affirmant : « On en parle entre nous… C’est confortable, mais il faut en parler avec les autres, aussi. »

Vers un nouveau modèle économique

Michel Barnier s’est déclaré confiant quant au poids de l’Europe dans le monde, et a rappelé que ce sont les Européens qui ont initié le G20 et en ont fixé l’ordre du jour. « C’est la première fois depuis Rio qu’on a une vraie gouvernance mondiale », a-t-il ajouté. Il a estimé que pour l’Europe, 2010 sera une année charnière, l’année utile durant laquelle la politique budgétaire 2013-2020 sera fixée. Il a insisté sur la nécessité de tirer les leçons de la crise pour refonder l’Acte unique de 1986, et revoir en particulier à la hausse les ressources allouées à la recherche.

Michel Barnier a évoqué des exemples concrets de politiques européennes qu’il serait nécessaire de développer : un plan pour financier des voitures écologiques, et un autre pour les transports publics par exemple. Au sujet du financement de l’Union, il a estimé que le budget pourrait augmenter au-delà de la limite actuelle, fixée à 1% du PIB des États membres.

Michel Barnier a relevé que les normes européennes, souvent décriées, sont fondamentales pour remplacer les normes nationales, tout aussi coercitives et moins rationnelles dans une Europe où les grandes décisions doivent se prendre en concertation. Pour lui, s’engager dans le nouveau modèle économique signifiera en particulier la réduction de notre consommation d’énergies fossiles. « Ce n’est pas une option, c’est une nécessité », a-t-il déclaré en faisant référence aux effets concrets provoqués par le réchauffement climatique dans l’agriculture et la viticulture.

Vers un Grenelle européen ?

Michel Barnier a estimé que la France possédait au cœur de l’Europe une centralité qu’elle n’utilisait pas suffisamment, « par arrogance peut-être », alors qu’avec le Grenelle de l’environnement, les Français ont inventé une méthode qui pourrait être étendue à toute l’Union. « On a appelé cela le Grenelle de l’environnement, mais en fait on a parlé de beaucoup d’autres choses que l’environnement. » Il est revenu sur la notion de TVE (taxe sur la valeur écologique) qu’il avait lui-même lancée, mais a admis qu’il n’y avait pas encore de ligne politique sur ces sujets au sein du PPE.

Évoquant l’Afrique, Michel Barnier a affirmé la nécessité d’un plan de développement régional, en particulier pour combattre la famine. « Ce n’est pas vivre dans la nostalgie et le passé que de rappeler les valeurs initiales », a-t-il déclaré en rappelant que la paix et la démocratie ne sont pas des acquis. Pour lui, il faut pouvoir sortir du cadre européen et « parler aux gens de l’état du monde », car au-delà de l’Europe, de grandes insécurités existent.

« C’est le devoir principal d’un homme politique de dire ce qu’on peut voir à l’horizon », a affirmé Michel Barnier. Que peut-on voir, alors, à l’horizon européen ? Un espace d’intégration, de dialogue et d’échange, capable de proposer ses valeurs au reste du monde. Et concrètement, quelle priorité politique proposer ? « Concrètement, a conclu Michel Barnier, je vais mettre l’accent sur ce nouveau modèle économique. »

Illustration : Wikimedia

Vos commentaires
  • Le 17 avril 2009 à 06:40, par Martina Latina En réponse à : Petit déjeuner européen avec Michel Barnier

    Merci au TAURILLON de nous inviter en différé à un petit déjeuner aussi substantiel ! Car il est temps pour nous tous, pour cette bête de race et de tête comme pour les EUROCITOYENS, d’entrer en campagne... EUROPEENNE, d’en finir avec « le silence, la démagogie, la couardise », qui ont trop souvent et trop longtemps caractérisé l’attitude française sur les champs EUROPEENS.

    Il est temps de parler de l’EUROPE « avec les autres » EUROPEENS, pour communiquer sur le bien commun, pour pouvoir ensemble - par exemple, mais surtout - « combattre la famine » en nous ancrant dans les « valeurs initiales » et les yeux tournés vers notre « horizon » commun : un exceptionnel « espace d’intégration, de dialogue et d’échange ».

    Il est enfin temps, bien entendu, de suivre le regard d’EUROPE elle-même, cette princesse mythique devenue pour les Grecs VASTE-VUE, cette fille bien réelle d’une terre asiatique attirée par un étrange TAURILLON, par la mer pourtant redoutable et par une autre terre qui au bout des vagues, de la peur, de la nuit, lui apparut à l’horizon : bref, par les rivages qu’elle nous ouvrit, nous offrit à cultiver comme une aventure fertile sur terre et sur mer, en leur donnant avec les instruments de culture novatrice inventés par son peuple phénicien - de bons navires et l’alphabet - son propre nom d’EUROPE.

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