Que l’école française ne soit pas aussi indépendante et capable d’assurer une éducation non idéologisée à nos enfants, on s’en doutait depuis longtemps, peut être depuis que Péguy clamait haut et fort : « Enseigner à lire, telle serait la seule et la véritable fin d’un enseignement bien entendu ; que le lecteur sache lire et tout est sauvé. » Que l’association Attac utilise des méthodes pour le moins douteuses, comme l’agitation populiste ou la désinformation systématique, nous nous en étions rendus compte plus récemment mais nous le savions également. Que ces deux fléaux se conjuguent pour rendre l’école de la République encore moins neutre et républicaine et Attac encore moins supportable et plus propangandiste, cela nous paraît suffisamment nouveau et suffisamment grave pour être dénoncé vigoureusement.
Ces programmes teintés de nationalisme et de nombrilisme ne gagnent en rien à être réformés par les militants d’Attac et mériteraient une bien autre cure de jouvence.
Il est difficile de reprocher à Attac qu’un tiers de ses adhérents soient salariés de l’éducation nationale, mais par contre il est normal de critiquer la présence de tracts, affiches et autres instruments de propagande ou de diffusion idéologique dans les écoles de la République. L’organisation de réunion « d’information » au sein des établissements scolaires est aussi déplorable. Il est également navrant de constater que le dogme anti-libéral de cette association puisse contaminer l’enseignement de certains professeurs, d’histoire ou d’économie.
L’élaboration d’un enseignement idéologisé en vue de contrer une soit disant « offensive libérale » qui viendrait « de l’intérieur même du secteur public » apparaît comme une négation du caractère indépendant et républicain de l’école française, dont les programmes et les enseignements devraient être libres de toute empreinte idéologique.
En tant que fervents partisans de l’unification européenne on ne peut que déplorer ces dérives alors même que l’européanisation de nos programmes scolaires se fait à reculons. L’enseignement des langues étrangères est toujours délaissé, et l’enseignement de matières comme l’histoire ou l’économie continue de se focaliser presque exclusivement sur le cas français. Ces programmes teintés de nationalisme et de nombrilisme ne gagnent en rien à être réformés par les militants d’Attac et mériteraient une bien autre cure de jouvence. Ouvrir nos écoles au monde, à l’Europe et aux autres cela signifie accepter de découvrir, développer l’esprit critique, permettre aux jeunes d’apprendre par eux-mêmes, se former des convictions indépendamment de ce que peuvent bien penser et voter leurs chers professeurs. Cela ne peut passer que par une confrontation active de notre jeunesse avec les autres jeunesses d’Europe et du monde. Le bourrage de crâne nationalisant ou idéologisant, qu’il soit mené par les jacobins de l’ancienne école ou par les militants d’Attac ne semble pas en mesure de préparer nos enfants à l’avenir.
Alors, parce que l’avenir de nos enfants nous tient à cœur nous demandons instamment à Attac de bien vouloir rester à la porte de nos écoles et à nos écoles de bien vouloir ouvrir leurs portes à l’Europe.
1. Le 10 août 2005 à 12:55, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : L’article du Figaro
Les gauchistes te diront qu’essayer d’informer honnêtement sur la construction européenne c’est de la propagande capitaliste... manifestement les grandes déclarations internationalistes de ces gens là c’est de la franche rigolade. Clairement c’est le traité de Rome et donc l’intégralité de la construction européenne que cette organisation conteste.
Les fédéralistes ont critiqués les modalités de cette construction depuis le début mais s’efforcent de la faire progresser - eux veulent juste casser au profit d’une utopie totalitaire. Dans la catégorie « utopies » je préfère franchement la nôtre.
Je joint le lien à l’article du Figaro. Bien sur comme c’est paru dans le Figaro j’imagine que ça suffit à le disqualifier intellectuellement au yeux de certains... je remarque essentiellement que le communiqué d’Attac botte en touche mais ne répond pas sur le fond.
2. Le 22 février 2006 à 10:45, par Stellaris En réponse à : Propagande d’état dans les écoles :
J’aimerais vous raconter l’affaire de propagande la plus grave qui est arrivée ces dernières années.
Cela a été relayé par le Canard enchaîné, avec talent.
Si vos assertions sur attac sont justes et non déformées, ce qui est loin d’être sûr, je condamne ses actes.
Vers novembre 2004, les sondages qui relataient des intentions de vote pour la constitution européenne ne donnaient pas des scores trop spectaculaires au « non ». Le ministère de l’éducation, en concertation avec les collègues, a alors décidé d’envoyer aux profs d’histoire-géo un texte sur le TCE, bien équilibré, avec le texte d’une personne qui est pour le « oui » et un texte pour le « non ».
Mais vers le printemps, quand le non a remonté la pente, Gilles de Robien et Jacques Chirac ont décidé d’expurger le texte en enlevant toute la partie du document qui argumentait en faveur du « Non ». Ce document a ensuite été envoyé aux profs, qui ont très vite porté plainte pour atteinte à la neutralité de l’école. Vous pouvez bien vous douter que la plainte a parfaitement abouti, et a donné raison et entière réparation à l’école républicaine ainsi menacée...
Cela préfigure bien ce qui risque encore d’arriver les prochaines années, avec les évolutions qu’on connaît tous. Merci de votre attention.
3. Le 22 février 2006 à 11:27, par Ronan Blaise En réponse à : Propagande d’état dans les écoles :
S’il s’agit de dire ici que la défense du TCE par le gouvernement d’alors a été extraordinairement maladroite, pour le moins inappropriée aux enjeux, pour ne pas dire lamentable voire pitoyable (volontairement suicidaire ?), voilà bien un point de vue sur lequel nous nous retrouvons tous deux, cher Collègue.
Ronan (Prof d’Histoire) (et oui...)
4. Le 28 mai 2007 à 22:21, par Mathide Lacouture En réponse à : Propagande d’Attac dans les écoles
Mon professeur de philosophie (membre d’Attac), a passé 8h à "expliquer" le libéralisme (lors d’un cours sur le droit que j’attend toujours) Ce qui donne :
– « Cela fait trente ans qu’on nous sert la propagande sur l’assistanat alors qu’il n’y a là qu’une question de solidarité »
– « Travailler + pour gagner + :à Sao Paulo, des flics en civil tuent des enfants la nuit, ramassent les corps dans des camions benne, ils travaillent plus et il gagnent plus ».
– « Libéralisme économique = état de nature = anarchie(comparaison avec l’état actuel de la Tchétchénie) = aberration ».
– « la croissance a fait exploser les inégalités ».
– « Tt ce qui n’a pas été volé par Goldsmith et Slater a été récupéré par Thatcher ».
– « Thatcher (théorie appliquée à la bourse) :"l’Etat est mort amusez-vous" ».
– « Les libéraux sont soit très naïfs, soit cyniquement intéressés ».
– « Les libéraux ont tjrs une situation sociale élevée ».
– « Le libéralisme est une idéologie au mm titre que le communisme de Staline ».
– « Le libéralisme est une faute, tellement ça va loin dans la bêtise ».
– « le principal ennemi du libéral est Robin des Bois. Selon lui, Robin des Bois allait chercher le produit du travail et de l’intelligence des hommes pour le donner aux incompétents, alors qu’on sait très bien que c’était déjà le produit d’un vol ».
– « Le RMI permet de survivre si tu perds ton boulot : parce que ta tête ne revient pas au patron, parce que t’es trop vieux et que ton boulot était vraiment trop pénible, ou parce que tu es une femme enceinte donc un fardeau pour l’entreprise. » (ce sont les trois seuls exemples donnés par le professeurs).
– « Les communautaristes font passer le Bien avant la loi, les libéraux la loi avant le Bien. On devrait donc plutôt être du côté des communautaristes. D’ailleurs, le débat américain entre communautaristes et libéraux c’est l’affaire Dreyfus »
– « Les premiers principes du libéralisme (mérite-courage) sont les même prônés à Buchenvald : « à chacun selon son mérite » (ce qui est faux par ailleurs, puisqu’il était écrit : « à chacun selon son dû », nuance notable, mais on n’en est plus à une déformation près).
Dois-je, si je suis libérale, comprendre qu’entre moi et un nazi la différence est faible ? Dois-je, puisque nous sommes dans le cadre d’un cours, marquer, apprendre et intégrer ceci comme une vérité incontestable et universelle ? Dois-je me trahir et renier mes convictions pour avoir une bonne note ? Que puis-je opposer (du haut de mes 18 ans) à un professeur de 36 ans, qui maîtrise parfaitement son discours ? Et le plus écoeurant : Comment puis-je prouver que mon professeur de philosophie, qui a prétendu en début d’année nous apprendre à penser, est dogmatique, dangereux pour ses élèves et ne verse que dans l’idéologie ? Car tout cela, vous vous en doutez, se fait dans le huis clos de la classe, et personne, pas même un inspecteur, ne viendra voir comment la jeunesse de la France est formée ou formatée. Mon professeur est protégé, nous, élèves de 18 ans encore bien naïfs sommes en danger. Les seuls professeurs ayant jamais tenus ce genre de propos étaient tous membres d’Attac. Ainsi, l’ex -président d’Attac Landes et accessoirement professeur de français au lycée, fait étudier la scène de l’hypocrisie dans Dom Juan : « les vices sont toujours très bien cachés, voyez avec les OGM censés combattre la faim dans le monde, on fait croire qu’on donne aux pauvres du blé et ce sont des blés OGM » ou (en se tapant la tête contre le bureau) : « aujourd’hui, on donne dix ans de prison à un type parce qu’il à arraché un brin d’herbe ! »(=José Bové bien-sûr). Je ne parle pas du mépris pour la religion (catholique évidemment) : « les Chrétiens sur le parvis de l’Eglise, le dimanche, sont les pire, les plus hypocrites » (mais ne leur demandez pas de critiquer l’Islam.. .), de l’anti-mondialisation (pardon :de l’altermondialisation), ou de l’anti-américanisme latent, (« les Américains savaient depuis 43 que les camps de concentration existaient, mais ce n’était évidemment pas leur priorité militaire »). Ces gens-là sont les seuls à ce point convaincus de détenir la vérité sur ce qui est « bien pour l’Homme », qu’ils s’arrogent une supériorité morale qui leur permet de violer la loi, en passant outre le devoir de réserve que se doit d’avoir tout professeur. Mais ne vous inquiétez pas, si sortir de la pensée unique vous effraie, (car il y a effectivement un prix à payer) ils vous sera très facile de les défendre, leur discours est beau : ils prônent la tolérance, défendent la liberté de penser et condamnent toute forme d’embrigadement intellectuel, de propagande d’idéologie et de racisme. Je ris jaune. Le pire restant de constater qu’ils sont toujours bien vus, souvent admirés, confortablement installés dans leur « bien-pensance » et à l’abri de toute sanction, comme toute corporation en France qui a assimilé qu’il suffisait de brailler pour que la minorité fasse taire la majorité (mais oui, ils défendent aussi la démocratie). Voici donc le « cours » de philo auquel nous avons droit, voguant entre non-sens total et méconnaissance profonde du libéralisme. Et nous, à 18 ans et du « tréfond de notre ignorance » (insulte de ce mm prof, sic !), devons tout seuls dépêtrer le cours du discours.
J’ai de bonnes notes, aucun problème de discipline, j’irai peut-être en prépa l’année prochaine, et je hais ce qu’on appelle l’école. Merci donc à Attac, merci à tt ceux qui vont se scandaliser en silence, merci aux professeurs de mon lycée qui m’ont soutenue en privé et m’ont condamnée lorsque la critique s’est faite en public. Vive les Lumières et la patrie des droits de l’Homme !
PS : (A Attac) Je voudrais savoir : assumez-vous l’action militante de mon professeur ? Je vous invite à revoir, pour plus de crédibilité, votre réponse qui comprend quelques « erreurs » : « Attac n’est pas une organisation d’extrême-gauche ou de quelque obédience partisane que ce soit. » Mes deux professeurs soutiennent suffisamment José Bové pour se sentir obligés de nous le faire savoir en cours. Petites incohérences au sein de votre « association » ? « Attac n’infiltre pas l’école. Elle compte, parmi les enseignants, des militants respectueux de la laïcité et de l’autonomie pédagogique des maîtres » Sans commentaire. Sachez enfin que je n’ai jamais entendu un seul discours de droite, et encore moins libéral (mm légèrement connoté), depuis que je vais à l’école. Vous êtes les seuls, au nom de votre idéologie, à vous permettre de violer la loi.
Suivre les commentaires : |