Institutions

Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

Grave crise d’identité pour l’Organisation ’’doyenne’’...

, par Ronan Blaise

Quel avenir pour le Conseil de l'Europe ?

D’ordinaire, quand nous parlons d’Europe dans les colonnes de ce webzine, c’est d’habitude pour y parler de l’Union européenne et de son avenir souhaitable en tant que structure fédérale.

Exceptionnellement nous allons ici parler d’une tout autre Institution européenne : le Conseil de l’Europe, une organisation intergouvernementale complètement indépendante de l’UE mais qui va, prochainement, se retrouver sous les feux de l’actualité.

En effet on sait qu’en ce mois de mai 2006, c’est la Russie du président Vladimir Poutine qui va accéder à la présidence semestrielle du Conseil - ou Comité - des ministres, organe exécutif du Conseil de l’Europe.

Ce qui semble effectivement éminemment paradoxal au vu de ce qu’on sait de l’actuelle situation politique dans ce pays. Et eut égard au rôle d’observatoire de la Démocratie et des Droits de l’Homme dévolu au Conseil.

Or, d’ordinaire, on sait que le Conseil de l’Europe fait preuve d’une grande mansuétude et d’une indulgence coupable à l’égard de la Russie qui est - et pour cause - l’un des principaux contributeurs à son budget. Mais - au fait - qu’est-ce et à quoi sert donc le Conseil de l’Europe ?

Qu’est-ce que le Conseil de l’Europe ?

En Octobre 1948, fut réuni à la Haye (Pays-Bas) un Congrès des mouvements politiques favorables à la création d’une Union politique européenne. Durant ce fameux « Congrès de la Haye » (qui vit la naissance du « Mouvement européen » dont nous sommes nous, « Jeunes Européens Fédéralistes », la branche ’’jeune’’...) de nombreux Congressistes demandèrent la mise en place d’une « Fédération européenne » comportant d’importants abandons de souveraineté.

Mais on sait que le Royaume-Uni et les pays scandinaves - tenants d’une stricte coopération intergouvernementale - ont alors fait échouer ce projet, puisque supranational. Faute de mieux, les Etats européens représentés à la Haye décidérent donc la création du Conseil de l’Europe : une stricte organisation intergouvernementale de coopération internationale. Laquelle vit le jour l’année suivante : le 5 mai 1949, par la signature des « Statuts de Londres ».

De ce fait, le Conseil de l’Europe devenait, pour l’essentiel, une organisation ’’tricéphale’’ composée de trois principales instances : le « Comité des Ministres » (organe intergouvernemental) et son « Secrétariat général » (aujourd’hui occupé par le travailliste britannique Terry Davis), son « Assemblée parlementaire » consultative, strictement encadrée et placée sous la dépendance politique du Comité des Ministres (présidée, depuis 2005, par le chrétien-démocrate néerlandais René van der Linden) et sa Cour de Justice spécifique : la « Cour Européenne des Droits de l’Homme » (CEDH), fondée en 1959.

Aujourd’hui, le Conseil de l’Europe s’enorgueillit d’être la plus vieille organisation européenne et celle qui compte le plus d’Etats membres. Puisque rassemblant aujourd’hui - depuis l’adhésion de l’ensemble des anciennes républiques ex-soviétiques et autres démocraties populaires d’Europe centrale et orientale - 46 Etats membres. Soit tous les Etats d’Europe (dont la Turquie et la Russie...), hormis le Bélarus. Et puisque représentant ainsi près de 800 millions d’Européens.

Quel rôle pour le Conseil de l’Europe ?

Le Palais de l’Europe, Siège du Conseil de l’Europe

Cette organisation internationale - qui siège à Strasbourg, au Palais de l’Europe - prône la réalisation « d’une union plus étroite entre les Etats membres, sur la base d’un engagement commun en faveur de la Démocratie, des Droits de l’Homme et du principe de la primauté du Droit ».

Il cherche ainsi à organiser dans ces domaines une action conjointe de ses Etats membres, action fondée sur la coopération de ses Etats membres mais sans grande obligation pour ceux-ci.

En pratique, le Conseil de l’Europe est donc - avant toute chose - l’observatoire des Droits de l’Homme, des Libertés fondamentales, de l’Etat de Droit et de la bonne santé démocratique des pays d’Europe, comme on l’a vu il n’y a pas si longtemps encore lors de ses enquêtes diligentées sur les agissements clandestins récemment menés par la CIA en Europe.

En effet, le Conseil de l’Europe a - depuis 1949 - développé toute une panoplie de mécanismes d’observation et de protection des libertés fondamentales lui permettant d’identifier les cas de non-respect. Parmi lesquels la « Convention européenne des Droits de l’Homme », traité international et document de référence adopté en 1950. Ce qui permet au Conseil de l’Europe d’adresser des recommandations à ses Etats membres. Sa Cour de justice spécifique (la « Cour européenne des Droits de l’Homme ») rendant des avis contraignants pour les Etats, chaque fois que ces normes ne sont pas respectées.

De même, par l’envoi d’ ’’Observateurs’’, le Conseil de l’Europe procède - conjointement à l’OSCE - à l’examen attentif des scrutins électoraux sujets à contestation. Et, comme dernièrement à propos de l’Ukraine et de la Biélorussie, il s’autorise à porter appréciation sur les situations les plus litigieuses.

Et, jusqu’à une date récente, le Conseil de souvent regarder avec dédain l’UE, sa cadette, en considérant qu’il incarne les ’’principes’’ et les ’’valeurs’’ là où la plus jeune n’est qu’une organisation ’’économique’’. Mais la « vieille dame de Strasbourg », la « vénérable institution », la « doyenne des Institutions européennes » traverse aujourd’hui - visiblement - une grave crise d’identité.

Une organisation aujourd’hui en rivalité avec l’Union européenne

L’époque actuelle est effectivement caractérisée par une rivalité de pouvoirs entre les deux Institutions européennes : l’une cherchant à élargir ses prérogatives (l’UE), l’autre cherchant à conserver les siennes (le Conseil de l’Europe). En effet, si l’on songe à l’évolution des institutions européennes depuis le début des années 1950, on aura bien vu que les Communautés européennes - devenues Union européenne - ont finalement finit par éclipser le Conseil de l’Europe en le confinant à ne plus jouer qu’un second rôle sur le plan européen.

Ainsi, avec la progressive construction de l’UE, on a de plus en plus utilisé le mot « Europe » pour désigner l’UE plutôt que le Conseil de l’Europe. Une sourde rivalité qui s’est exprimée jusque dans la sphère du symbolique lorsqu’on a vu les Communautés européennes (aujourd’hui l’UE) récupérer pour elles-mêmes (en 1983-1986) deux symboles pourtant initialement nés dans la cadre du Conseil de l’Europe : le drapeau ’’bleu étoilé’’ et « l’Ode à la joie » (adoptés par le Conseil de l’Europe en 1955 et 1972). De même on constate que la ’’Fête de l’Europe’’ initiée par l’UE chaque 9 mai (anniversaire de la fameuse « déclaration Schuman » du 9 mai 1950), éclipse chaque année davantage la très confidentielle célébration du 5 mai organisée par le Conseil de l’Europe pour l’anniversaire de sa fondation (le 5 mai 1949).

De plus, ces dernières années, l’UE s’est aussi singulièrement aggrandie et approfondie. Non seulement sur le plan strictement territorial, mais aussi par un élargissement de son champs d’action : dépassant la stricte intégration économique pour se consacrer à des thématiques (Droits de l’Homme, protection des minorités, coopération culturelle, etc...) jusque là relevant du domaine de compétence du Conseil de l’Europe.

Ainsi, l’UE a progressivement érigé la protection des Droits de l’Homme au premier rang de ses préoccupations, créant ainsi en son sein - en décembre 2003 - « l’Agence des Droits de l’Homme » de Vienne : une organisation devant contribuer à la collecte d’informations spécifiques à ces questions ainsi qu’à l’intégration des normes relatives aux Droits de l’Homme dans le fonctionnement de l’UE.

La Cour européenne des Droits de l’Homme

Et le Conseil de l’Europe alors de s’inquiéter d’éventuels chevauchements de compétences avec cette récente ’’création’’ de l’UE. Puisqu’ayant déjà mis en oeuvre, depuis plus de cinquante ans, des mécanismes similaires d’observation et de protection des Droits de l’Homme.

En tout cas, en concurrençant ainsi les principales prérogatives du Conseil de l’Europe, l’UE a provoqué là une crise identitaire sans précédant au sein de l’organisation intergouvernementale : désormais forcée de s’interroger sur ce que pourrait être son avenir au sein d’une architecture institutionnelle européenne de plus en plus complexe et, aujourd’hui, en pleine mutation...

Une grave crise d’Identité

On attendait là une réaction vigoureuse et énergique de la part du Conseil de l’Europe. Cependant, le Conseil de l’Europe semble être aujourd’hui atteint d’une sorte de ’’langueur’’ dépressive, réclamant parfois avec véhémence à ce que soit respecté sa primauté sur les questions relevant du respect des droits de l’Homme. Mais constatant avec impuissance -malgré l’actuelle crise de l’UE- le dynamisme d’une structure rivale empiêtant aujourd’hui avec succès sur ses missions initiales : allant ainsi jusqu’à doubler une bonne partie du travail du Conseil de l’Europe et, de ce fait, provoquer en son sein une véritable crise identitaire.

D’où la nécessité d’une clarification des prérogatives et de la mise en valeur des spécificités de l’une et l’autre des deux institutions. Ce qui a été l’objet du récent sommet des Etats membres du Conseil de l’Europe tel qu’il s’est tenu en 2005, à Varsovie. Sommet exceptionnel du Conseil de l’Europe durant lequel Jean-Claude Juncker (PM du Luxembourg et alors Président en exercice de l’UE...) a été ’’missionné’’ pour rédiger un rapport sur les relations entre Conseil de l’Europe et Union européenne.

Un rapport récemment rendu public par le Conseil de l’Europe - début avril 2006 - et dont voici les premières mesures préconisées : que l’Union européenne se dote d’une personnalité juridique propre (prévue dans le TCE) et qu’elle adhère - en tant que 47’ ’’membre’’ - au Conseil de l’Europe ainsi qu’à la Convention européenne des Droits de l’homme (ce qui était également prévu dans le TCE). En espérant que de telles mesures permettent de redonner visibilité et de redéfinir efficacement les relations entre les deux Institutions.

La Présidence russe : une Présidence ’’coup de grâce’’ ?

Or, la prochaine présidence russe du Conseil des Ministres - organe exécutif - du Conseil de l’Europe (présidence semestrielle qui commence en ce mois de mai 2006...) ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes. En effet, bien que Moscou ait adhéré au Conseil de l’Europe il y a très exactement 10 ans - en mai 1996 - ses rapports avec lui sont plus que tendus. Ainsi il s’avère que la Russie est effectivement très régulièrement admonestée et rappelée à l’ordre par le Conseil de l’Europe pour les nombreuses atteintes aux Droits de l’Homme commises en Russie, comme pour les exactions régulièrement commises en Tchétchénie.

Ainsi, dernièrement (début avril 2006), le Conseil de l’Europe a récemment dénoncé le manque de respect des Droits de l’Homme dans l’armée russe : une armée de conscription où les jeunes appelés subiraient de mauvais traitements, sévices, bizutages et autres brimades les conduisant parfois même au suicide. Mais où, esprit de corps et loi du silence oblige, ces actes restent la plupart du temps impunis. Une situation justement dénoncée par le Conseil de l’Europe qui demande à tous ses Etats-membres, y compris la Russie, d’assurer le respect des Droits de l’Homme dans leurs forces armées.

Mais de plus - ce qui ne va sans doute pas améliorer les relations entre la Russie et l’Institution ’’doyenne’’ - c’est surtout qu’il semblerait, aux dires d’officiels et de diplomates russes, que Moscou chercherait désormais à profiter de sa présidence semestrielle du Conseil de l’Europe pour dépolitiser l’institution et pour, au passage, réduire sa contribution au budget. Ce qui risque de s’avérer d’autant plus dommageable au travail du Conseil de l’Europe que le Comité des ministres, bientôt présidé par la Russie, a précisément pour mission d’exécuter les arrêts de la Cour européenne des Droits de l’Homme !

Bref : payer moins et faire passer la promotion de la « Culture européenne » avant la défense des « Droits de l’Homme » et avant la lutte contre la torture, telle semble être la conception du Conseil de l’Europe que la Russie cherchera à mettre en avant dans les mois à venir.

Une conception qui risque fort de ne pas faire l’unanimité au sein de l’organisation. Et de remettre singulièrement en question l’actuelle politique d’affirmation d’un Conseil de l’Europe se voulant être, décidément, la seule Institution européenne légitime à même de parler des Droits de l’Homme sur notre continent.

Et l’Union européenne pourrait fort bien en profiter pour asseoir, plus que jamais, son rang aujourd’hui incontestable d’organisation politique la plus importante en Europe.

- Le Conseil de l’Europe sur wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Consei...

- Illustrations :

 Photographie du "Palais de l’Europe’’, siège du ’’Conseil de l’Europe’’, à Strasbourg (Sources : Kpalion, mai 2004, wikimédia).

 Photographie de la ’’Cour européenne des Droits de l’Homme’’ (CEDH), à Strasbourg (Sources : Nico-dk, avril 2004, wikimédia).

Sources : cet article compile des informations notammées tirées d’un article du chercheur Thibault Courcelle (doctorant à l’Institut français de Géopolitique, Université Paris VIII) : un document publié dans la revue trimestrielle « Hérodote » n°118, du troisième trimestre 2005 (ici : pages 48-67).

Voir en ligne, notre fiche de lecture sur cet ouvrage : « L’Europe et ses limites » (revue trimestrielle « Hérodote », n°118)

Vos commentaires
  • Le 26 avril 2006 à 12:32, par Cédric Puisney En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Cet article résume parfaitement le rôle du Conseil de l’Europe. Cette insitution, supplantée par l’UE, ne sert plus à grand chose, pour ne pas dire « à rien ». Que faut-il en faire dès lors ?

  • Le 27 avril 2006 à 00:51, par Emmanuel Vallens En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    A noter, le rapport de Jean-Claude Juncker sur les relations UE/Conseil de l’Europe...

  • Le 3 mai 2006 à 13:46, par Ali Baba En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Oh si, elle sert encore à quelque chose : elle est au moins le porte-drapeau du mouvement abolitionniste, et rien que pour ça il faut la garder.

  • Le 3 mai 2006 à 20:25, par Ronan Blaise En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    En même temps, tout n’est pas non plus complètement négatif dans l’action récente du Conseil de l’Europe. Ainsi, pour mémoire, on se rappellera des enquêtes diligentées -en 2005- sous l’autorité du Conseil de l’Europe sur l’affaire des ’prisons secrètes’, ’enlèvements’, ’actes de torture’ et autres ’actions illégales’ de la CIA sur le territoire de certains pays européen.

    Enquêtes qui ont donné lieu à la publication de deux documents (rendus publics le 24 janvier 2006) dans lesquels le rapporteur Dick Marty (homme politique suisse, membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe) indiquait que « de nombreux indices convergents permett(ai)ent de conclure à l’existence d’un système de ’délocalisation’ ou de ’sous-traitance’ de la torture » dans certains pays d’Europe de la part de l’officine de renseignement des Etats-Unis.

    En l’occurrence, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme avaient fait là preuve d’un courage politique dont on aurait été bien en droit d’attendre la pareille de la part des autorités politiques de l’Union européenne.

  • Le 8 juin 2008 à 10:58, par ? En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Bonjour M. Blaise,

    Votre article est intéressant et résume assez bien la situation actuelle du Conseil de l’Europe vis-à-vis de l’UE.

    Mais je constate un certain nombre d’emprunts à mon article paru dans la revue Hérodote n°118 de septembre 2005 : « Le Conseil de l’Europe et ses limites. L’organisation paneuropéenne en pleine crise identitaire. », notamment dans vos parties « Quel rôle pour le Conseil de l’Europe ? », « Une organisation aujourd’hui en rivalité avec l’UE » et « Une grave crise d’Identité ».

    C’est quand même dommage de ne pas le citer dans vos sources, ce serait la moindre des choses.

    Cordialement, Thibault Courcelle

  • Le 9 juin 2008 à 08:13, par Fabien Cazenave En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    M. Courcelle,

    Après vérification avec Ronan Blaise, nous nous sommes aperçus que nous n’avions pas indiqué effectivement cette source. Veuillez-nous en excuser car nous essayons toujours de citer les travaux qui nous ont permis de préparer nos articles.

    Nous vous remercions donc de votre veille. Nous avons indiqué la source à la fin de cet article.

    Nous espérons que notre réaction vous montrera notre bonne foi et notre souhait de proposer à nos lecteurs un site « propre ».

    Salutations européennes,

    Fabien Cazenave Rédacteur en chef du Taurillon

  • Le 9 juin 2008 à 09:25, par Ronan En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Juste confimer les propos de Fabien tenus ci-dessus.

    Oui, je le confesse humblement, j’ai oublié de mentionner les sources. Et oui, c’est une erreur que j’accepte bien volontiers de corriger (d’autant plus que c’est le genre d’erreur que je ne fais pas d’habitude...).

    Bref : c’est un oubli. Désormais corrigé. Avec le plus grand empressement et la meilleure volonté possible. Vous trouverez d’ailleurs ci-dessous le lien qui mène vers la fiche de lecture qui a été rédigée à propos du Numéro de la revue « Hérodote » auquel vous avez ainsi contribué.

  • Le 9 juin 2008 à 15:57, par ? En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Merci pour votre rapidité ! Je ne doute pas de votre bonne foi.

    J’en profite pour vous informer que je soutiendrai bientôt ma thèse sur « Le Conseil de l’Europe. Enjeux et représentations. », à priori le 16/09 à l’Institut Français de Géopolitique de l’université Paris 8. Je vous confirmerai la date lorsque tous les membres du jury l’auront validé.

    Bonne continuation,

    Thibault Courcelle

  • Le 16 octobre 2009 à 10:43, par Charles En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    En 2009 soit trois ans après la rédaction de cet article on peut constater que le Conseil de l’Europe a encore de l’avenir. Il est probablement même le seul garant de la liberté démocratique de ses membres, quant au rythme et à la manière de vivre l’Europe. Le Conseil de l’Europe n’exclut ni la Russie ni la Turquie, la question de leur présence ne se posant même pas. La Suisse a son rôle à jouer, tout comme la Norvège, sans la lourdeur dépressive des menaces de l’UE à leur encontre, et le déficit démocratique y est moins risqué. Le drapeau européen procède du travail du Conseil de l’Europe (vilains turcs et vilains suisses qui y ont travaillé !) et n’en déplaise, la fin du CdE sonnerait peut-être le glas des propres rêves que vous défendez dans vos colonnes.

  • Le 16 octobre 2009 à 11:02, par Fabien Cazenave En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    En même temps Charles, vous constaterez que l’Union européenne est d’un point de vue démocratique plus intéressante sur le plan institutionnel : ce ne sont pas que des négociations diplomatiques bien loin des citoyens.

    Or une simple confédération ne sera jamais suffisante face aux défis globaux qui nous attendent. Par exemple, on a pas entendu le Conseil de l’Europe sur la question géorgienne ou sur la question kosovarde. Il a pris position mais par rapport à l’UE, c’est plus une agora servant à la discussion diplomatique entre Etats qu’un acteur politique. Et pourtant sur les deux sujets évoqués, l’UE a été loin d’être irréprochable.

    Alors ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain et ne croyons pas trop vite que l’herbe du pré est plus verte ailleurs.

  • Le 16 octobre 2009 à 12:19, par Manu En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Le Conseil de l’Europe a au moins le mérite, contrairement à l’UE actuelle et à de nombreux prétendus « fédéralistes », d’assumer son crédo « l’unité à tout prix, et tant pis si cela suppose le prima de la diplomatie des Etats ».

    Ce faisant, et cette limite posées, le CdE est en mesure - avec le maigre budget de 200 millions d’euros par que les Etats lui octroient généreusement, comparé aux 2 milliards de l’Union européenne - d’exercer une pression par les pairs extrêmement importante et de permettre la promotion et la diffusion des valeurs de démocratie et des droits de l’Homme sur tout le continent.

    On parle de la cour européenne des droits de l’Homme : son poids est quand même extraordinaire si on considère qu’elle n’a aucun pouvoir de sanction !

    L’Assemblée parlementaire du Conseil et le Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux vont quant à eux bien au-delà des « discussions diplomatiques » et sont au moins un excellent forum d’échanges et de bonnes pratiques (qui vaut largement, et pour bien moins cher, ma « méthode ouverte de coordination » de l’UE).

    Et je crois que les mesures de soutien à la citoyenneté active et à l’échange interculturel (jusque dans les actions de la Commission européenne) doivent énormement au Conseil de l’Europe (et notamment le Centre européen de la jeunesse).

    Le Conseil de l’Europe devrait sans doute taper plus souvent du poing sur la table, mais peut-être qu’il serait moins dépendant d’Etats aux pratiques douteuses, et plus visible dans son action pour la démocratie et les droits de l’Homme si les Etats de l’UE décidaient de plus le financer (par exemple au lieu de le dupliquer dans le cadre de l’UE, avec l’agence des droits fondamentaux de Vienne ou avec les programmes redondants des DG EAC ou JLS de la Commission de Bruxelles).

  • Le 17 octobre 2009 à 12:04, par Ronan En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Quelques remarques :

     1- « Le Conseil de l’Europe (...) est probablement le seul garant de la liberté démocratique de ses membres (...). Le Conseil de l’Europe n’exclut ni la Russie ni la Turquie, la question de leur présence ne se posant même pas.

    Re : Vu la qualité actuelle (franchement toute relative...) de la Démocratie en Russie, on serait pourtant en droit de se poser quelques questions sur la présence (franchement incongrue...) de ce pays dans un organe européen ayant précisément pour objectif de promouvoir et défendre la démocratie et les libertés fondamentales...

    Quant à la Turquie, j’avais cru comprendre que ce pays était actuellement en pleine transformation. Et (même si celle-là est, à l’heure actuelle, bien loin d’être achevée...), qui s’en plaindra ?!

     2- « La Suisse a son rôle à jouer, tout comme la Norvège, sans la lourdeur dépressive des menaces de l’UE à leur encontre, et le déficit démocratique y est moins risqué. »

    Re : OK pour le déficit démocratique de l’UE dont ceux-là (Suisses et Norvégiens) souhaitent (très légitimement) se prémunir. Tout comme d’ailleurs, récemment, les Allemands : via le récent arrêt de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe prononcé (le 30 juin dernier), à propos du Traité de Lisbonne.

    Mais de quelles "menaces" dépressives nous parlez-vous donc exactement ?! (PS : et très loin de moi l’idée de traiter les suisses et les turcs de « vilains » comme vous seul le faites... vu qu’il n’est pas du tout dans l’esprit de cet article - ni dans le mien - de les traîter ainsi...).

  • Le 19 octobre 2009 à 20:53, par Ronan En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    C’est quoi « l’unité à tout prix, et tant pis si cela suppose le prima de la diplomatie des Etats » ?!

    En l’occurrence là, ce n’est pas l’unité à tout prix (au prix de la désunion et de l’impuissance ?!) mais l’Europe à tout prix (au prix de la désunion et de l’impuissance !).

    Or l’Europe (géographique) et l’Union (politique), ce n’est pas exactement synonyme. Hélas.

  • Le 20 octobre 2009 à 06:25, par Laurent Nicolas En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    @ Ronan sur la Russie :

    C’est pas compliqué, y’a 2 alternatives, que l’on peut dupliquer dans plein d’autres cas de relations internationales : est-ce qu’on exclut pour sanctionner, au nom des principes OU est-ce qu’on intègre pour garder le dialogue, des relais d’opinions et éventuellement, de pressions.

    Le CdE a fait un choix, depuis longtemps, et s’y tient. Comme Manu je trouve ça cohérent, pragmatique. Ils assument ce choix. Pour moi, le choix inverse, exclure la Russie, ce serait très hypocrite. Qu’est-ce que ça changerait sur la situation des droits de l’homme dans ce pays si on le mettait à la prote du CdE ? Ca améliorerait la situation ? Convenons que non. Garder la Russie membre, en revanche, permet de diffuser, auprès des représentants russes au CdE, les messages et les opinions des autres démocraties européennes. Ca ne transformera pas en une nuit Poutine et Medvedev en grands démocrates, mais ça permet de maintenir un canal de dialogue, de relations diplomatiques, de pressions potentielles, ouvert et à la disposition des diplomates européens.

  • Le 20 octobre 2009 à 09:01, par Charles En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

    Ronan, alors parlons démocratie, puisque vous citez celle de la Russie (qui n’est pas un exemple, certes, mais que penser des orientations démocratiques françaises et italiennes actuelles ?) À titre de ressource alternative, voici un avis tout-à-fait pertinent d’un auteur et journaliste allemand http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=1826

    Selon ce journaliste, ce qui est féodal ce n’est pas tant la croix suisse au milieu d’une Europe unie, mais bien le retour à un Empire dont les fondements n’étaient ...pas si démocratiques que ça. Et comme l’a fort judicieusement mentionné un intervenant, le CdE, compte tenu de ses moyens, fait effectivement de l’excellent travail et son influence (ou leadership) ne devrait pas être mis si rapidement sous le tapis. C’est mon avis. Car l’UE n’est actuellement vraiment pas un exemple de démocratie et n’en prend pas le chemin. L’une des raisons s’explique peut-être par l’arrière-plan troublant décrit dans l’article mentionné ci-haut.

  • Le 20 octobre 2009 à 11:30, par Ronan En réponse à : Quel avenir pour le Conseil de l’Europe ?

     1- Bah, en France on n’assassine pas encore les journalistes (en Italie non plus, d’ailleurs...). Tout du moins pas encore. Mais y-a-t-il encore seulement des journalistes ?!

     2- Si l’UE n’est pas démocratique, et bien alors figurez-vous bien que le CdE (qui n’est là qu’un sommet diplomatique parmi tant d’autres...) - l’est encore moins.

     3- Faire du CdE un « canal pour le dialogue entre Europe et Russie » ?! Pourquoi pas, sauf que ce n’était pas là la mission originelle de cette instance. Or la présence de la Russie dans uns instance initialement prévue pour développer la Démocratie en Europe est au moins aussi incongrue que celle de la Libye à la tête d’une commission des droits de l’homme de l’ONU, par exemple.

     4- Quant à dupliquer les institutions : figurez-vous qu’il existe effectivement un sommet annuel entre l’UE et la Russie : instance sans doute plus efficace pour développer quoi que ce soit avec la Russie (et pour développer la Démocratie en Russie...) que tous les comités réunis du CdE...

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