C’est bien l’image d’un « tigre baltique » que Margus Rahuoja s’est employée à donner de son « petit pays », un nouvel État membre de l’UE que la France « voit à peine » mais qui pourrait être « un très bon allié » pendant la présidence française de l’UE. L’Estonie, qui n’a eu cesse de devenir membre de l’Union, a engagé des réformes depuis 1991 et les a poursuivies jusqu’à présent. Certes, pendant la transition, des domaines se sont avérés sensibles — les questions sociales et de circulation des personnes, celles liées aux transports et à l’application des normes européennes, en particulier environnementales… — mais l’Estonie n’a pas relâché ses efforts et quand elle a adhéré à l’Union européenne en 2004, elle était « déjà très prête ».
L’Estonie cherche dans l’Union le dynamisme et la solidarité, a insisté Margus Rahuoja. Pour se développer, ce pays, pauvre en ressources naturelles, n’a pas d’autre choix que l’ouverture économique et la conquête de marchés extérieurs. En Estonie, le libéralisme est synonyme « d’ouverture au monde ». C’est cette approche que les Estoniens veulent promouvoir au sein de l’Union, a expliqué Margus Rahuoja, « nous ne demandons pas de l’aide mais le droit de participer à l’élaboration des futures lois européennes ».
L’indépendance énergétique : une question de sécurité d’État
Dans cette perspective, l’Estonie attache une attention particulière à la politique énergétique de l’UE. Pour ce pays frontalier de la Russie, et qui produit 95% de son électricité, l’indépendance énergétique ressort de la « sécurité d’État ». L’exploitation des schistes bitumineux garantit une sécurité d’approvisionnement à un horizon de quinze à vingt ans mais cette production est polluante et coûteuse dans le cadre du respect des normes environnementales européennes. Le besoin d’un nouveau mix énergétique est clairement posé.
Question liée : les relations avec la Russie. Elles doivent être « positives » a souligné Margus Rahuoja, et en ce sens, l’expérience des pays Baltes peut inspirer la construction d’un partenariat équilibré entre l’UE et la Russie.
Autre dossier important pour les Estoniens : la fiscalité. « Nous avons besoin d’une fiscalité attractive pour attirer les investissements étrangers nécessaires à la croissance économique » a noté Margus Rahuoja.
Évoquant ensuite le travail de la délégation estonienne à Bruxelles, il a montré combien il était important pour chaque pays membre d’avoir un commissaire européen. C’est une expression de la solidarité portée par le modèle européen. Le traité de Lisbonne, que l’Estonie soutient car « il pousse l’Union en avant », change la donne [1].
Aux Européens, a-t-il suggéré, de retrouver un espace dans lequel les États se sentiront à égalité.
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