Et en effet, puisque si l’un (i. e : la République tchèque, RTC...) vient effectivement - en ce 1er janvier 2009 - de prendre la direction de la présidence tournante du « Conseil de l’Union » [2], alors même que l’autre (i. e : la Slovaquie…) vient également de se "singulariser" en devenant, ce même jour - 1er janvier 2009 - le 16e Etat membre de la « Zone Euro »…
La Slovaquie au paradis ?
D’abord, autant souligner les efforts de la Slovaquie qui - après tant d’années d’efforts sociaux, de sacrifices et de restructurations économiques souvent délicates, sinon douloureuses - a, ce 1er janvier, dignement fêté son adhésion formelle à la « Zone Euro », abandonnant ainsi sa "Couronne slovaque" pour adopter la « Monnaie unique » européenne.
Comme les dix nouveaux Etats membres de mai 2004 [3], la Slovaquie s’était - en effet - officiellement engagée à adopter l’Euro. Depuis lors, ce pays s’est montré fidèle à cet engagement en adhérant (dès novembre 2005) aux mécanismes de convergence et de contrôle de l’Union monétaire.
Et, les résultats économiques de la Slovaquie lors de ces dernières années se sont montré à ce point satisfaisant qu’ils ont ainsi permis l’entrée de la Slovaquie dans le système Euro pour ce 1er janvier 2009 (proposition de la « Commission européenne », alors validée par le « Conseil européen »…). Cette décision définitive - rendue officielle de longue date (en mai dernier) - prenant donc effet en ce 1er janvier 2009.
Et c’est donc dans des feux d’artifices d’un « Nouvel An » spécialement "repeint" aux couleurs de l’Euro (et de l’Union européenne…) que les Slovaques sont entrés de plein pied dans l’année 2009… Le tout dans une ambiance de liesse populaire qui aurait de quoi laisser pantois bien des "Euro-blasés" des "Etats fondateurs"…
Un « Euro-Père Noël » aux couleurs de l’UE…
Et pour cause : juste souligner que les autorités de l’UE avait également autorisé la Slovaquie à réévaluer - dans le cadre du "système de convergence" des monnaies des Etats candidats à la "Zone Euro" - le cours définitif de sa monnaie de... 15 % : afin, disait-on alors, de permettre une intégration possible de la Slovaquie à la zone Euro.
Or, par cette opération financière strictement "comptable", le bas de laine des Slovaques recevait là - miraculeusement - un petit "coup de fouet" automatique de 15 % à l’occasion du "basculement" de la Saint-Sylvestre. De quoi faire bien des heureux. Et de quoi faire là de l’Euro un "objet" éminemment populaire.
Ce qui devrait, du coup, redonner confiance dans l’introduction de la monnaie unique (d’autant plus que la période de double circulation des monnaies est - dans ce cas très précis - limitée à quinze jours seulement…). Puisqu’iil est vrai que, jusque là, la population slovaque, selon bien des sondages, s’était révélée très inquiète de l’arrivée de l’Euro, redoutant là un éventuel dérapage des prix.
En tout cas, politiquement, c’est là un beau coup : "travailler dur (en couronnes) pour gagner encore plus" (en euro), bref un "travailler plus pour gagner plus" à la mode slovaque, en quelque sorte... Et nul ne doute que cette "première" financière était bien sûr regardée avec beaucoup d’intérêt (et - sans nul doute - jugée fort "intéressante"…) par bien d’autres pays ayant vocation à adopter l’Euro en essayant de surmonter, comme souvent, bien des réticences populaires…
La République tchèque bientôt dans la zone Euro ?
Ainsi, de ce fait, la "provinciale" et "petite" Slovaquie - jusque là souvent regardée avec condescendance et parfois de bien haut depuis « Prague » - prenait ainsi le pas sur sa cousine, voisine (et rivale ?) immédiate. De quoi également redonner du baume au cœur à des Slovaques désormais à juste titre fiers d’avoir, à force de travail et d’efforts, réussi à surmonter bien des obstacles. Et de quoi également, peut-être, rendre les voisins et cousins Tchèques jaloux et envieux…
En effet dans le même temps, la République tchèque - dont la devise nationale était, elle aussi, lourdement secouée par l’actuelle tempête financière - se mettait soudainement à trouver bien des mérites à la monnaie unique européenne, jusque là ostensiblement boudée…
Ainsi, en ce 1er janvier 2009, le premier ministre tchèque Mirek Topolanek suscitait la surprise (et tentait ainsi de voler la vedette à la Slovaquie voisine ?!) en déclarant qu’il était désormais officiellement envisagé de la part de son gouvernement que soit finalement décidé - en octobre / novembre prochains - de la date à laquelle la République tchèque déciderait d’entrer dans le système de la monnaie unique.
Et cela même alors que, jusque-là, le parti au pouvoir [4] avait, jusqu’à ces dernières semaines, ostensiblement refusé d’envisager une quelconque date d’entrée de la République tchèque dans le système « Euro », invoquant un contexte général défavorable… (la réalité politique de la question étant - en fait - l’euroscepticisme clairement affiché de bon nombre de ses cadres…) [5].
Or, comme le dit fort bien Jean Quatremer (journaliste de « Libération » accrédité à Bruxelles auprès des autorités et institutions de l’UE…) sur son blog « Coulisses de Bruxelles » [6] : "si même les eurosceptiques tchèques - pourtant parmi les plus virulents de l’UE - trouvent des vertus à la monnaie unique, cela devrait interpeler"…
Une République tchèque aux accents présidentiels…
Mais il est vrai que - dans l’immédiat - la République tchèque aura - sans nul doute - bien des priorités autres à régler… Ne serait-ce qu’en étrennant, ce 1er janvier, sa présidence du « Conseil Européen » de ce premier semestre 2009. Et ce, dans le contexte international brûlant que l’on sait [7] et avec les moyens diplomatiques pourtant réduits qu’on lui connaît.
Une présidence de l’Union européenne placée sous - entre autres slogans politiques - la devise « L’Europe sans barrière » et durant laquelle, la République tchèque a surtout proclamé son souhait d’œuvrer pour l’achèvement du marché intérieur en obtenant la suppression des derniers obstacles existant encore - dans l’UE - au libre marché du travail (et à la libéralisation des services). Il n’est pourtant pas sûr que ces thèmes soient tout particulièrement populaires dans les opinions publiques des "pays fondateurs"...
Une présidence tchèque, décidément placée sous l’angle économique, dont les principales priorités seront donc placées sous le signe de trois « E » : l’Economie, la sécurité Energétique et l’ « Europe dans le monde » : la République tchèque s’engageant ainsi à assurer - notamment - la coordination du plan de sauvetage des économies des pays membres (adopté en décembre dernier, à Bruxelles) et à poursuivre l’actuel processus de mise en place de la politique énergétique européenne.
Enfin, pour tous ceux qui redouteraient que la République tchèque ne se tourne que vers des considérations économiques aux orientations délibérément "libérales" et "libre-échangistes", juste signaler que les autorités politiques de ce pays [8] ont également clairement annoncé qu’elles envisageaient surtout de se poser en tant que "coordinateurs-animateurs" dans le cadre des discussions devant toucher à bien d’autres sujets brûlants, comme la révision de la politique agricole commune, la révision du budget communautaire, la poursuite de la discussion à propos du « Traité de Lisbonne » voire la mise en place d’un "partenariat oriental" avec certains pays de l’ex-URSS [9].
Reste donc à savoir comment la République tchèque réussira à mener à bien tous ces divers projets ; et notamment à rendre enfin possible l’adoption du « Traité de Lisbonne » en se faisant ainsi (?!) l’avocat de l’adoption d’un texte qui - ironie du sort (décidément...) - aurait précisément dû entrer en vigueur au premier janvier dernier : un Traité que la République tchèque n’a - d’ailleurs, tout de même - pas encore elle-même ratifié...
Et cela même alors qu’elle succède là à une présidence française tout particulièrement prolifique en sommets européens nombreux et en résolutions diverses et variées. Alors même que la République tchèque est elle-même présidée par un certain Vaclav Klaus : Chef d’Etat tchèque décidément non-conformiste qui ne cache guère, ouvertement, son euroscepticisme… [10].
Succéder à l’omniprésidence « volontariste » française avec des moyens réduits (des envies politiques limitées ?!) et - malgré les embuches à venir - essayer de faire aussi bien que la Slovaquie en matière économique : autant donc dire que la pression est - pour le meilleur et pour le pire - déjà sur les épaules tchèques...
1. Le 9 janvier 2009 à 06:13, par Martina Latina En réponse à : République tchèque, Slovaquie : recentrer l’UE ?!
La culture et l’histoire peuvent nous aider à résister à toute tentation eurosceptique indigne du Taurillon et à croire dans l’action européenne de la république tchèque : il suffit de se rappeler quelques Praguois dont l’oeuvre a favorisé l’ouverture chez leurs lecteurs, comme RILKE et KAFKA, ou de grands hommes d’action et de pensée plus récents, comme PATOCKA que j’ai eu l’honneur de citer dans ce magazine et V. HAVEL. De telles influences continuent forcément d’agir sur ces peuples d’Europe centrale, venus de si loin à la démocratie, ainsi que sur les « eurocitoyens » : il serait bon de s’en imprégner encore pour comprendre l’évolution actuelle de l’Europe et pour soutenir avec clairvoyance l’implication de la République tchèque dans la marche de l’Union Européenne.
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