Un chercheur au chevet de la démocratie européenne
En observant les tendances des votes au Parlement européen, Simon Hix a établi, de manière empirique, que le consensus politique qui était la règle à Strasbourg (le PPE et les socialistes trouvant plus ou moins un terrain d’entente à l’avance) tend à se transformer en un véritable affrontement parlementaire. Ramenés à des problèmes ou fractions spécifiques, il apparaît que des coalitions changeantes dégagent des majorités. Bien qu’il soit le groupe le plus important (pas seulement au Parlement mais aussi au Conseil et à la Commission) le centre-droit (PPE) n’a pas la main mise sur les décisions prises dans l’hémicycle.
Fait intéressant : le clivage gauche-droite prend de l’ampleur, ce qui donne un rôle pivot aux partis siégeant plus au centre, entre le PPE et les socialistes. En votant soit avec les conservateurs, soit avec les sociaux démocrates, ces partis fournissent les votes nécessaires pour former une majorité.
Hix en conclut donc que le Parlement européen devient une arène politique de plus en plus attractive, un parlement bien portant qui reflète les contradictions et clivages démocratiques en Europe. Ce faisant, il contraste avec le Conseil, structurellement plus proche d’un sénat dans son mode de fonctionnement, où la prise de décision se fait derrière des portes closes. Simon Hix a achevé sa démonstration en posant la question suivante : comment réduire l’écart entre le sentiment généralisé de déficit démocratique et les bonnes performances du Parlement européen ? Il précise que résoudre ce problème sera crucial pour le Parlement européen s’il entend gagner en légitimité populaire.
Dans la discussion qui suivit, Hix plaida en faveur d’une élection du président de la Commission qui serait le fruit d’une compétition entre candidats d’obédiences rivales afin de donner un point de focalisation aux décisions prises au Parlement, l’élection directe de celui-là n’étant toujours pas à l’ordre du jour. (Co-écrit par Lutz Gude.)
Perspective fédéraliste, rapide commentaire
Les découvertes de Simon Hix révèlent à nouveau le besoin de politiser davantage le Parlement européen – pas seulement son cadre institutionnel mais le contenu des débats qui y sont tenus. Son idée de laisser le Parlement choisir le président de la Commission parmi un groupe de compétiteurs est résolument un pas dans la bonne direction. Les Jeunes européens réclament cette réforme depuis des années. A côté de cela, les candidats aux élections européennes devraient être libérés des frontières nationales. Ce Parlement ne devrait pas seulement être européen mais aussi transnational. Par conséquent, des listes transnationales devraient être introduites comme le propose l’eurodéputé Andrew Duff. L’idée derrière ces deux propositions est de permettre aux citoyens européens de réaliser combien le Parlement européen est un acteur important et de s’en approprier les décisions.
1. Le 8 décembre 2011 à 20:30, par Roni En réponse à : Simon Hix : De la démocratie en Europe
Dans les listes transnationales l’idéal serait d’avoir des candidats parlant au moins trois langues. En faisant un réseau, un maillage l’ensemble des députés de la liste s’adresseraient à l’ensemble des citoyens européens.
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