Prospective

Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

Sept scénarios pour sortir de la crise

, par Ronan Blaise

Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

Trois mois après le vote irlandais négatif du 12 juin dernier, juste constater que la crise politique européenne n’est - elle, en tout cas - pas partie en vacances... Et reste entière : expression institutionnelle et impasse politique d’une Europe en panne.

En cette rentrée politique de septembre 2008 où les dossiers politiques "européens" divers et variés (énergétiques, diplomatiques, économiques et sociaux...) s’accumulent dangereusement sur le bureau de la présidence - française - du « Conseil de l’Union » ...

... et alors même que l’Union Européenne reste actuellement gouvernée par les stipulations - somme toute assez peu satisfaisantes - du « Traité de Nice » (de décembre 2000) …,

... les solutions qui se présentent à nous pour tenter de résoudre la "crise européenne" sont principalement - à ce jour - les sept options politiques suivantes : .

Option n°1 : Poursuivre le processus de Lisbonne

Il s’agit là de l’option actuellement officiellement poursuivie. Il n’est néanmoins pas politiquement garanti qu’elle soit vraiment la plus sûre d’aboutir...

En effet, jusque là, la stratégie des chefs d’Etats et de gouvernement (collectivement définie lors du « Conseil européen » des 19 et 20 juin derniers) aura été de poursuivre, malgré tout, le processus de ratification du Traité de Lisbonne. L’objectif étant surtout, pour les Etats ayant ratifié le Traité de Lisbonne, de "se compter" pour ainsi mieux mettre la république d’Irlande (accompagnée de la Pologne et de la République tchèque ?) en minorité, durablement marginalisée(s).

Et on imagine sans peine la suite du processus. A terme, il s’agirait là de soumettre à nouveau le « Traité de Lisbonne » au vote référendaire des Irlandais. Mais il s’agirait là d’un traité qui serait désormais assorti d’un "protocole additionnel" : codicile portant des éclaircissements sur certaines des thématiques politiques ayant suscité la controverse en juin dernier (i. e : respect de la neutralité irlandaise, respect des compétences des Etats membres sur les questions sociétales, etc).

Mais, à ce fameux scénario auquel le président français Nicolas Sarkozy (le 15 juiller dernier), l’ancien président (irlandais) du parlement européen Pat Cox (ce 26 août) et le secrétaire d’Etat irlandais (aux affaires européennes) Dick Roche (le 26 août dernier) semblent avoir récemment donné quelque crédit, rien ne dit néanmoins qu’alors les Irlandais accepteront finalement de répondre favorablement (et de voter « Oui »...).

Option n°2 : Ne rien faire (en attendant 2010…)

Bien entendu nos dirigeants pourraient fort bien, finalement, décider de ne rien faire. C’est là l’une des autres options dans le champs du possible. Mais il s’agirait là d’admettre, ainsi, l’échec définitif du processus constitutionnel (et le gâchis de huit années d’efforts...).

Mais on se consolera alors en se disant que - de toute façon, dans le calendrier européen - il existe désormais une nouvelle date butoir : « 2010 » (date de l’adhésion de la Croatie), date à l’occasion de laquelle il sera de toute façon nécessaire d’amender les traités existants... ainsi, l’UE en serait donc réduite à attendre la Croatie comme d’autres - hommage involontaire à l’Irlande de Samuel Beckett (?!) - attendent Godot...

Jusque là on avait dit pas d’élargissements futurs sans réforme institutionnelle préalable. Et voilà que l’élargissement à venir redeviendrait le moteur de l’approfondissement. Mais à condition - toutefois - qu’il se trouve là quelque authentique volonté politique...

En effet, voilà une nouvelle adhésion qui pourrait être là l’occasion d’adopter certains des changements annoncés dans le TCE (puis dans le Traité de Lisbonne). Et de soumettre une nouvelle fois ces énièmes propositions de changements aux Irlandais. Mais, là encore, rien ne dit que les Irlandais accepteront de dire « Oui »…

Option n°3 : Une renégociation (« Lisbonne revu et corrigé »)

L’hypothèse d’une renégociation complète poursuivie à vingt-sept voix discordantes semble - à ce jour - totalement exclue. En effet, une fois ouverte - à nouveau - la "boite de Pandore", ce serait là engager une nouvelle phase d’empoignades : un nouveau "round" que - visiblement - personne ne désire. Si renégociation il devait y avoir, ce serait donc, en bilatéral, entre - d’une part - les Etats ayant ratifié et - d’autres part - la république d’Irlande (accompagnée des autres éventuels "récalcitrants / réticents"...).

Et cela porterait sur un nombre limité de demandes irlandaises, notamment : le format et la composition de la Commission européenne (et le maintient d’un commissaire irlandais) et l’applicabilité de la Charte des Droits fondamentaux (avec la mise en place, pour la république d’Irlande, d’un régime dérogatoire semblable à celui arraché - in extremis - par les Britanniques lors de la rédaction finale du Traité de Lisbonne...).

Il s’agirait également d’apporter à la République d’Irlande un certain nombrede garanties sur le maintient de son régime (préférentiel) de fiscalité ainsi qu’à propos des questions politiques et sociétales déjà évoquées plus haut (i. e : respect de la neutralité irlandaise et respect des compétences des Etats membres sur certaines questions sociétales telles que le recours - ou non - à l’avortement, par exemple).

Mais un tel nouveau Traité devrait également (puisque comportant des transfert de souveraineté...) être soumis au vote du peuple irlandais, par référendum. Et il suffirait que les citoyens irlandais disent « Non » à ce nouveau traité pour que ce nouveau processus avorte également.

Option n°4 : Tirer parties des stipulations du Traité de Nice

Comme on vient de le voir dans les trois exemples développés ci-dessus, l’un des "gros" problèmes auxquels l’UE doit faire face à ce jour est le problème de l’unanimité pour - entre autres choses - la ratification des traités définissant l’Union, sa vocation, ses institutions et leur fonctionnement.

Or, il y aurait peut-être moyen de sortir d’un tel schéma en "maximisant" les stipulations du Traité de Nice et en invoquant la procédure de révision qu’il contient. En effet, il s’avère que celle-ci pourrait alors être invoquée pour permettre, pour certaines questions (dont l’adoption des Traités ?!) le remplacement de l’actuelle procédure à l’unanimité par une procédure à la majorité qualifiée.

Cela permettrait alors aux Etats ayant adopté le Traité de Lisbonne de pouvoir aller de l’avant. Ou, de façon plus restrictive (et dans une moindre mesure), cela pourrait également permettre à l’Union d’adopter la majorité qualifiée pour organiser ses délibérations portant sur certaines compétences (ce que prévoyait, d’ailleurs, le Traité de Lisbonne...).

Option n°5 : Revoilà le « Mini-Traité » !

Dans l’hypothèse où les chefs d’Etats et de gouvernements européens renonceraient à demander aux Irlandais de se prononcer à nouveau sur le Traité de Lisbonne (et renonceraient ainsi à l’application de ce Traité…), il reste néanmoins encore quelques options possibles.

Notamment la possibilité d’adopter certaines stipulations du traité de Lisbonne (celles, en tout cas, ne nécessitant aucune transfert de compétence…) en utilisant les mécanismes institutionnels européens déjà en vigueur. Ce qui pourrait se faire (puisque ne nécessitant aucun transfert de compétence...) sans être obligé de passer - comme cela l’aurait été alors obligatoire en Irlande - par la voie référendaire.

Renouant là avec l’idée sarkozyenne initiale de "Mini-Traité" (ambition proclamée lors de sa campagne présidentielle de 2007...), il s’agirait là d’un nouveau Traité - expurgé de tout ce qui touche aux transfert de compétences prévus dans « Lisbonne » - portant sur certains sujets jugés essentiels.

Dont, par exemple, la réforme des institutions communautaires (notamment concernant la présidence du Conseil européen, la création d’un poste de « ministre européen des affaires étrangères » ou la mise en place d’un « service diplomatique » commun...). Un "Micro-Traité" qui, en tout cas, pourrait alors entrer en vigueur grâce au seul processus législatif communautaire (puisque ne nécessitant là aucun transfert de compétences…).

Option n°6 : Revoilà l’ « Avant-garde » !

Autre option : nos chefs d’Etats et de gouvernements pourraient également en conclure à l’échec politique de l’Union européenne à vingt-sept pour abandonner l’actuel processus « Lisbonne » et promouvoir, dans le cadre des traités déjà existants, une nouvelle "génération" de coopérations renforcées. A l’image des actuelles coopérations renforcées portant sur les thématiques monétaires (Zone euro) et douanières (espace Schengen).

Cette option politique pourrait conduire - à terme - à l’éclatement voire à la désintégration de l’actuelle UE : bientôt écartelée, en "cercles olympiques", par divers systèmes "à la carte" de coopérations renforcées diverses et variées, et diversement approfondies selon les sujets ou selon les ambitions de chacun. Ce qui serait là une véritable catastrophe pour le projet politique intégré des Pères fondateurs.

A cette vision d’une Europe écartelée - "en cercles olympiques" - on pourrait également opposer celle, sans doute plus satisfaisante, d’une future Europe "en cercles concentriques" (et à plusieurs vitesses) au sein de laquelle se mettrait progressivement en place un "noyau dur" fédéral et institutionellement fortement intégré : une sorte d’ "avant-garde" (portée par les Etats fondateurs ?!).

Le seul problème dans une telle configuration, c’est qu’elle reste tout de même très théorique. Non seulement parce que les coopérations renforcées sont - à ce jour - des "outils" institutionnels politiquement sous-employés. Mais également parce qu’on a bien du mal à discerner aujourd’hui quels sont donc les Etats qui pourraient être les volontaires d’une telle "expérience"… Car pour fonder une telle avant-garde fédérale (hors ou au sein même des structures de l’UE ?!), on ne peut compter à ce jour guère plus que la Belgique (et encore…).

Néanmoins cette solution "avant-gardiste" aurait au moins là le grand mérite de dédramatiser la question des élargissements futurs (on pense surtout là à la Turquie...). Car, finalement, peu importerait donc le périmètre futur de cette « U.E. » - finalement devenue « Confédération souple » - dès lors que le véritable pouvoir fédéral serait réel, mais ailleurs... (puisque résultat de l’approfondissement voulu par d’autres, formant un tel "Noyau dur"...). Resterait néanmoins donc à définir les relations futures entre ce "Noyau dur" et sa périphérie...

Option n°7 : Une Constituante ?

Et enfin, pour trancher l’insoluble « Nœud gordien » de ces seules questions institutionnelles (qui "pourrissent la vie" de l’Union européenne depuis au moins 1992…), il reste donc une dernière option (option à laquelle on n’est pas vraiment sûrs que les chefs d’Etats et de gouvernement aient jamais vraiment sérieusement pensé…) : l’option de la future convocation d’une « Assemblée constituante » (ou de l’octroi d’un mandat constituant au Parlement européen qui sera élu en juin prochain…).

Or, comme on le sait bien, il est - à ce jour - bien peu probable que nos chefs d’Etats et de gouvernements acceptent jamais ainsi (sans disposer pour cela de quelque mandat populaire explicite…) de se délester ainsi de leurs souverainetés nationales, fût-ce au profit d’une Assemblée démocratiquement élue.

A ce titre, la convocation d’une « Convention » (en ouverture du processus dit « de Laeken », en décembre 2001...) semble là - hélas - avoir été le maximum qu’ils pouvaient jamais faire...

A ce jour, il semble donc que la balle soit désormais dans le camp de nos actuels et futurs eurodéputés. Mais, hormis quelques échanges strictement individuels entendus chez les « Verts » (lors de leurs récentes Universités d’été, le 25 août dernier), il semble que la « patate chaude » du projet constitutionnel européen ne fasse, malheureusement, plus guère recette [1].

Et ce, dans une ambiance d’ « euroscepticisme » grandissant, de morosité politique et d’ « eurolassitude » générale : climat politique délétère né des campagnes référendaires de 2005 (en France) et de 2008 (en Irlande). Mais il est vrai que nous ne sommes, à ce jour, qu’au tout début (à peine...) d’une campagne électorale européenne qui tarde tout de même à vraiment démarrer…

- Illustration :

Le visuel d’ouverture de cet article est tiré du site www.actu.gouv.fr.

- Sources :

A l’origine de cet article, le dossier spécial de l’hebdomadaire « Courrier International » publié - en juin 2008 - aux lendemains du référendum irlandais du 12 juin dernier : dossier réalisé avec des articles repris de la presse irlandaise (« The Irish Times », « Irish Independant », etc) et - plus largement - européenne (n°920 du 19 juin 2008 ; ici : pp. 14-15-16).

Notes

[1Alors même que les autres partis politiques français semblent - à l’évidence - plus préoccupés par des questions de politique intérieure ou par des querelles d’appareil que par la définition la plus claire possible de quelque « idéal européen » :

Socialistes profondément divisés (à quelques mois d’un futur Congrès avant lequel il sera décidément bien difficile d’y voir plus clair...), Centristes déchirés (orphelins d’une UDF défunte, restés inconsolables de l’implosion de leur parti « référence »...), Conservateurs et Libéraux de l’UMP (surtout intéressés de savoir qui sera tête de liste...) et Communistes, toujours enlisés dans leur « position de principe » de critiques non constructifs...

Vos commentaires
  • Le 11 septembre 2008 à 08:39, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Dommage que Ronan Blaise (obstacle épistémologique ?) n’aille pas jusqu’au bout de la problématique.

    En effet, ce dont il s’agit ici, c’est de la conséquence de la Construction Européenne, elle-même conséquence de la Seconde Guerre Mondiale et de la défaite de l’Europe dans cette guerre entre 1939 et 1945. D’autres diraient entre 1914 et 1945. D’autres comme moi, diraient : conséquence de la défaite de la Démocratie en Europe entre 1815 et 1945.

    La Construction Européenne a abouti à l’UE en 1992 avec le Traité de Maastricht. Ce traité est porteur d’une ambiguïté : il est à la fois porteur de l’UE des Etats, ce qui n’est pas nouveau, en restant, du point de vue des institutions politiques de l’UE, dans la logique de la Construction Européenne. Personnellement, je dirais : dans la logique du « Concert Européen ».

    Dans ce cas, pour simplifier, ce sera un des six premiers scénarii cité par Ronan qui s’appliquera.

    Mais Ronan se trompe complètement sur le septième. Obstacle épitémologique oblige, il refuse de voir l’élément fondamental du Traité de Maastricht qui annonce les échecs programmés de ces six scénarii, dont nous avons été déjà les témoins avec les échecs des Traité de Nice, du TCE et de Lisbonne : C’est que le septième scénario ne peut se faire qu’au nom de cette « création » du Traité de Maastricht : le citoyen européen.

    En ne citant jamais le citoyen européen né du Traité de Maastricht, Ronan montre que, pour l’instant, incapable de comprendre l’Europe autrement que du point de vue du Congrès de Vienne de 1815 qui signa la première grande défaite de la Démocratie en Europe, il ne peut pas effectuer cette rupture épistémologique qui permet de dire que l’UE ne peut être que l’UE des citoyens de l’UE. A l’aube du 21ème siècle, l’UE des Etats est condamnée à l’échec, quelque soit le scénario choisi pour y parvenir.

    Les livres d’histoire distribués en classe dans l’UE interdisent de penser la Démocratie. Je crains que Ronan, pour qui j’ai beaucoup de respect, n’ait trop bien appris sa leçon.

  • Le 11 septembre 2008 à 15:35, par Fabien Cazenave En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Je vous trouve bien affirmatif... Le citoyen en tant que tel ne peut avoir de pouvoir qu’au travers de l’institution qui le représente : le Parlement européen. Or dans les sorties de crise, on ne peut pas faire l’impasse sur « l’Europe de 1815 », terme que vous employez à la place de l’Europe diplomatique qui marque comme pour nous votre rejet de l’Europe intergouvernementale.

    Cependant, la prise du pouvoir par le citoyen ne peut passer que par une sortie politique. La constituante ou les élections européennes de 2009 avec un parti imposant son candidat à la présidence de la Commission peut être une première marche.

  • Le 11 septembre 2008 à 16:31, par Ronan En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    D’abord, je souhaiterais qu’on comprenne que je ne fais ici qu’essayer d’énumérer des scénario du « champs du possible ». Et ce, sans les arrières pensées que vous me prêtez.

    Parmi ces scénarii, il en ait qui me plaisent, d’autre moins. Mais, croyez moi en tout cas sur parole, ce n’est pas un hasard absolu si en fin d’article il s’y trouve un lien électronique menant vers un autre article traitant précisément de... Constituante.

    (D’ailleurs c’est précisément pourquoi j’ai intentionnellement mis ce scénario là en fin de liste, histoire de proposer une chute remarquable...) (Et oui, un article, ça se construit... ; - ))

    Les citoyens européens saisiront-ils la balle au bond des prochaines élections européennes pour vraiment prendre le pouvoir ?! Effectivement, c’est la question. Cela va-t-il vraiment se produire ?! : vous semblez persuadé que OUI quand - moi - j’ai encore de sérieux doutes. Mais il est absolument très clair que s’ils y tiennent vraiment on ne va certainement pas les en dissuader !!! (Surtout pas moi...).

    Vous semblez laisser entendre que la ligne éditoriale du Taurillon serait de défendre l’Europe des Etats. Franchement, depuis bientôt trois ans qu’existe ce webzine, lisez vous vraiment sérieusement ce que nous écrivons (voir lien électronique ci-dessous) ou avez vous en fait décidé de nous faire tourner en bourrique ?! ; - ))

  • Le 13 septembre 2008 à 15:50, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    « ... Les citoyens européens saisiront-ils la balle au bond des prochaines élections européennes pour vraiment prendre le pouvoir ?! »

    On en est pas en 1789. Ce n’est donc pas ce dont je parle. La question est de savoir si, pour reprendre l’exemple que je cite, les Verts vont reprendre cette proposition dès le lancement de leur campagne. Etant donné la nature de la proposition, s’ils vont la mettre en tête de programme. Si, dans ce cas de figure, ce programme a une répercution immédiate sur l’électorat, qui est, selon moi, chauffé à blanc, en particulier sur la question de la Constitution(TCE) et du Traité de Lisbonne. Et dans ce cas quellle serait la réaction des autres partis...

    Politique fiction ?

    Scénario ?

    En tous les cas un scénario que vous n’avez pas envisagé.

  • Le 13 septembre 2008 à 21:31, par Ronan Blaise En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Vous proposez là une variante du point n°7 ...

  • Le 14 septembre 2008 à 09:29, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Ce n’est absolument pas une variante. Je comprends que vous soyez passé à côté de ma première remarque.

    En effet, dans votre Option 7, vous considérez que tout, absolument tout est « conditionné » par l’assentiment des chefs d’Etats.

    Vous ne pouvez pas imaginer qu’un mouvement politique en UE, venu des citoyens, puisse « accepter les citoyens de l’Union Européenne », pour inverser votre horizon politique.

    Il vous reste donc bien à faire votre « révolution copernicienne ».

    Parce que la mécanique pragmatique du scénario que je propose part d’un point de vue complètement opposé au votre. D’ailleurs, vous vous contentez de la juger de votre point de vue, ce qui vous empêche complètement de voir quelle est la mécanique à l’oeuvre. Plus généralement c’est ce point de vue qui a interdit à Le Taurillon d’anticiper le NON irlandais, par exemple...

  • Le 14 septembre 2008 à 16:13, par Ronan En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    dans votre Option 7, vous considérez que tout, absolument tout est « conditionné » par l’assentiment des chefs d’Etats.

    Ah - non, non, non - c’est pourtant très clair (relisez bien le paragraphe en question...) : en fait tout dépendra bien de l’offre qui sera faite aux citoyens par les partis politiques se présentant au suffrage (et par les citoyens qui les composent et co-rédigent leurs programmes politiques). Et tout dépendra de l’assentiment ou du rejet que les citoyens formuleront à l’égard de ces propositions, dans le secret de l’isoloir. Et les Etats n’auront absolument rien à voir avec cela (et rien à redire à l’égard de ce processus électoral là).

    Seulement voilà : pour l’instant je ne vois absolument aucun parti politique concourrant au suffrage faire clairement et officiellement sienne la proposition d’une « Assemblée Constituante européenne ». Hélas. Mais si ça devait néanmoins arriver, je serais alors bien l’un des premiers à dire "tant mieux".

  • Le 15 septembre 2008 à 08:24, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    pour l’instant je ne vois absolument aucun parti politique concourrant au suffrage faire clairement et officiellement sienne la proposition d’une « Assemblée Constituante européenne ».

    Cette phrase est exactement la raison pour laquelle je me demande si, à l’occasion des législatives européennes, Le Taurillon va se décider à arrêter de publier des devoirs de Sciences Po sans intérêt pour commencer enfin à proposer des analyses politiques pragmatiques et opérantes.

    D’abord, passons sur l’expression "Assemblée Constituante". Personnellement, je dis simplement que les citoyens européens, dans le contexte de vide politique ouvert par le succès du référendum irlandais(j’avais d’abord écrit l’échec, mais j’ai corrigé), sont désormais dans la position de s’emparer directement de la question des institutions politiques de l’Union Européenne, avec une possibilité de voter dans moins d’un an.

    Pour reprendre mon "scénario", voyons.

    Comme je l’avais "prédit" (sur le blog de J4M), dès la première réunion politique d’un groupe politique français représenté au PE, les Verts, la question des institutions politiques de l’UE a été soulevée. Daniel Cohn-Bendit a même été obligé de dire "banco" à l’idée d’une "Constituante", justement.

    On le sait aujourd’hui, Daniel Cohn-Bendit vient de réussir son OPA sur la liste des candidats des Verts.

    Continuons le scénario. Est-ce que Cohn-Bendit, qui est devenu un politicien classique, opportuniste, va pouvoir se permettre d’oublier ce qu’il a dit à Toulouse ? Est-ce que la question de la Constituante va être oubliée ? Moi, je dis simplement la chose suivante. Evidemment, les Verts sont représentatifs d’une minorité. Mais c’est justement là-dessus que ça se joue. Par ailleurs, il se trouve juste qu’ils ont été les premiers à aborder la campagne des législatives de 2009. On verra ce qu’il en sera des autres partis.

    En attendant, suite du scénario, que va-t-il se passer pour les Verts ? On sait qu’ils cherchent à élargir leur assise électorale à cette occasion, et on sait que la question de la Constituante a été présentée comme une condition de cet élargissement. La question qui se pose alors en termes politiques pour les Verts, c’est de savoir si l’élargissement à ce thème pourrait les priver d’une partie "naturelle" de leur électorat.

    Mon analyse politique : Ce thème fera consensus non seulement chez ceux vers qui les Verts veulent élargir leur électorat, mais il fera consensus chez les Verts eux-même. Faut-il vous l’expliquer ? Refusez-vous à ce point de voir que depuis la réussite (voir plus haut) du référendum sur le TCE, le débat sur la question des institutions politiques de l’UE est chauffé à blanc en France ?

    Parce que mon scénario va jusque là : si, dès le départ, les Verts annoncent clairement qu’ils entrent en campagne électorale avec pour programme d’arriver au PE pour reprendre directement la question des institutions politiques de l’UE, sur le simple thème classique de "institutions plus démocratiques", ce thème va susciter un tel engouement que le PS, prochain sur la liste à devoir aborder la campagne pour les législatives européennes, ne pourra pas y échapper non plus. Refusez vous à ce point de voir que le "Socialisme" est dans l’impasse en Europe, comme le montre le PSE, et que la seule porte de sortie, c’est la Démocratie ?

    Politique fiction ? Si c’est le cas, je n’interviendrais plus.

    Si ce que j’analyse s’avère juste, Le Taurillon, pour avoir été incapable de l’anticiper, doit impérativement se saborder pour passer à autre chose.

  • Le 15 septembre 2008 à 08:51, par Valéry En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Si la perspective de démocratiser encore plus l’Union européenne et de la doter d’une constitution fédérale est prise en compte par les partis politiques européens lors de la prochaine campagne comme vous en faites le pronostic, veuillez croire que nous serons nombreux ici à applaudir des deux mains.

    L’expérience nous prouve toutefois que même de telles déclaration d’intention n’aboutissent pas nécessairement à des initiatives par la suite et que même lorsqu’elles ont prises, comme en 1984, les gouvernements ne donnent pas nécessairement suite. Si l’on doit se féliciter dès lors que l’un de nos thèmes entre, ou plutôt revient, dans le débat public, encore faut-il rester vigilant quant aux suites qui sont données par les décideurs.

    La fait que le thème de la constitution européenne se soit imposé au plus haut niveau après l’échec du traité de Nice a été une victoire des fédéralistes, mais le texte médiocre signé en 2004 et le mini-traité en cours de ratification actuellement sont très loin de ce dont l’Europe a besoin. Les militants européens doivent donc rester mobilisés et non pas se saborder comme vous dites.

  • Le 15 septembre 2008 à 10:08, par Fabien Cazenave En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Quittez votre rôle de moraliste, et réalisez un journal en ligne comme le Taurillon (de manière bénévole, hein...) et après on verra. Parce que vous pouvez critiquer tous ces jeunes qui écrivent (souvent pour la première fois) dans nos colonnes sur un sujet qui leur tient à coeur... mais vous, vous restez tranquillement dans votre anonymat demandant à ce qu’on vous suive. Vous devriez être heureux que grâce au Taurillon, des jeunes écrivent sur l’importance de mettre le citoyen dans le processus communautaire, qu’il faudrait dans l’idéal une constituante ou que la première étape serait un référendum réellement européen, etc. Mais non, c’est scandaleux, nous n’écrivons pas ce que votre doctrine nous dicte. Pour vous faire plaisir, on va se saborder ? Proposez-nous des écrits (même sous pseudo) et participez à la réflexion, mais au milieu des autres.

    Pour votre gouverne, Cohn-Bendit a certes dit « banco » à Bové sur la constituante mais il a de suite rappeler qu’il faudra tenir compte alors aussi d’un principe de réalité.

    Méfiez-vous aussi de la sensibilisation des citoyens aux questions institutionnelles, cela ne les intéressera que s’ils ont l’impression que cela permettra des réalisations derrières. C’est pour ça que nous interpellons autant le personnel politique sur cette question de présidence de la Commission, car ils peuvent répondre dessus et embrayer sur la réalisation de politiques concrètement.

    Or la constituante fait elle plutôt office « d’idée d’idéalistes ». Certes, c’est à nous de participer à la discussion sur ce sujet (et vous êtes cordialement invité à y participer), mais nous n’allons pas non plus en faire l’alpha et l’oméga du site.

  • Le 15 septembre 2008 à 10:18, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    15 septembre 08:51, par Valéry.... L’expérience nous prouve toutefois

    Jamais dans son Histoire l’Europe ne s’est trouvé dans une telle configuration politique : un vote de tous les citoyens de l’UE en perpective dans un vide politique que ne parvient absolument plus à masquer l’actuel processus de ratification du Traité de Lisbonne...

    Pas étonnant que personne ici ne relève ce que j’ai maintes fois écrit. Il s’agira de la plus grande élection à caractère démocratique jamais organisée dans l’Histoire du monde, carrément !

  • Le 15 septembre 2008 à 11:17, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    "15 septembre 10:08, par Fabien .... Pour votre gouverne, Cohn-Bendit a certes dit « banco » à Bové sur la constituante mais il a de suite rappeler qu’il faudra tenir compte alors aussi d’un principe de réalité..."

    Cohn-Bendit a rappelé en réalité qu’il n’est pas partisan d’une Constitution. C’est en cela que je dis que la dynamique à l’oeuvre en UE va forcer les partis et les hommes politiques, y compris les plus opportunistes, comme Cohn-Bendit, à changer sous la pression des citoyens.

  • Le 15 septembre 2008 à 14:14, par Ronan En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Otez-moi d’un doute, mais on est ici précisément ici pour analyser le réel, pas pour faire des prédictions péremptoires alors que l’avenir (surtout en la matière) est en fait assez incertain...

  • Le 15 septembre 2008 à 14:14, par Valéry En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    « Il s’agira de la plus grande élection à caractère démocratique jamais organisée dans l’Histoire du monde, carrément ! »

    Nous sommes bien d’accord, depuis 2004 en tout cas.

  • Le 15 septembre 2008 à 14:22, par Ronan En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    1984, le projet Spinelli, ça vous rappelle rien ?!

    Si nos Eurodéputés s’amusent à rédiger puis adopter une Constitution européenne, il n’est pas exclu que nos chefs d’Etats et de gouvernement disent que le Parlement outrepasse ses prérogatives (très précisément incrites dans les Traités) et donc que - tout ça - c’est bien joli et bien sympa mais qu’ils n’en n’ont absolument strictement rien à foutre.

    Et si la campagne des prochaines européennes dérape à se prendre pour la convocation d’une assemblée Constituante, il n’est pas non plus exclu que certains Etats hurlent au scandale et organisent un boycott en règle de l’organisation du scrutin. (Et n’envoient donc pas de députés siéger au Parlement européen). Et oui...

    Voilà d’autres scénarios qui font appel au principe de réalité (et à celui - tout aussi répandu - de cynisme politique). Et ils tiennent tout autant que les vôtres.

  • Le 15 septembre 2008 à 14:28, par Ronan En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Bon, en gros, je résume : si on ne reprend pas carrément - mot pour mot - tout ce que vous nous dictez, c’est forcément nul. Amusant...

    Et les chevilles, au fait, ça vous gêne pas trop quand ça gonfle ?! Et la tête, dans le miroir, ça se voit pas trop que ça enfle, au moins ?! Et l’auréole, dîtes, elle ne vous serre pas trop la tête ?!

    Vous faites des prédictions ?! Ça alors ! : un peu comme Nostradamus, donc ?!

  • Le 16 septembre 2008 à 08:42, par arturh En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Jouez sur les mots... J’avais prédit l’échec du référendum irlandais. Non pas que je sois la réincarnation de Madame Soleil mais parce que je sais faire une analyse politique.

    Mais vous avez raison de souligner, indirectment, que Le Taurillon n’est pas un site où on fait de l’analyse politique mais un site où on défend, y compris contre l’évidence, des opinions.

  • Le 16 septembre 2008 à 09:03, par Fabien Cazenave En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    Mon évidence à moiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.... (Julien Clerc rulzzzzzzzzz)

    On est d’accord avec l’idée de constituante Arturh. Alors ne nous faîtes pas un procès d’intention... Si on interview Cohn-Bendit, promis, on lui demande.

  • Le 16 septembre 2008 à 17:54, par Ronan En réponse à : Union Européenne : Comment sortir de la crise ?

    mais parce que je sais faire une analyse politique.

    Oui, oui : vous seul. (On sait, on sait...).

    Le Taurillon : un site où on défend, y compris contre l’évidence, des opinions.

    Ce dont vous ne vous privez pas, avouez-le... ; - ))

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