Afrique

Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

Après les déclarations de M. Sarkozy...

, par Vincent Meunier

Union méditerranéenne : des incertitudes pour l'Union Européenne

Le Président de la République francaise a lancé l’idée d’une « Union méditerranéenne » (UM) qui pourrait associer les pays des rives de l’ancienne « Mare Nostrum ». Cette initiative a été perçue avec scepticisme, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, où l’on s’interroge publiquement sur la cohérence et la valeur ajoutée de ce projet avec le programme EUROMED et le processus de Barcelone.

On comprend bien, dans les chancelleries, la tentation de Nicolas Sarkozy de « reprendre la main » en Europe et d’instrumentaliser diverses questions de politique étrangère, notamment les liens avec le Maghreb, à des fin de popularité interieure. Il n’en demeure pas moins que cet activisme soulève un certain nombre de questions, au moment où les Européens se sont accordés, lors du Conseil européen de Bruxelles, sur le principe d’une « diplomatie à une tête » : la France, par ses methodes unilatérales, est-elle vraiment prête à « jouer le jeu » de l’intégration, ou veut-elle seulement mettre les moyens (notamment financiers) de l’Union au service de ses ambitions propres ?

Que diraient la France, l’Espagne et l’Italie si les Etats « septemptrionaux » annonçaient leur intention de conclure un tel accord avec les pays riverains de l’Océan arctique (Russie, etc) ?

Certes, la volonté de présenter l’UM comme une « alternative » a l’adhésion de la Turquie est appreciée : nombre de capitales se réjouissent en effet in petto de ce que la France assume le risque de dire « Non » à Ankara… Mais, d’autre part, croit-on vraiment à l’Elysee pouvoir ainsi contribuer à la solution du conflit en Terre Sainte ou réconcilier les Etats arabes entre eux, sans mêeme parler des litiges historiques entre la Turquie et les anciennes possessions ottomanes de Méditerrranée orientale ?

Le modèle du Conseil de l’Europe, qui a peut-être inspiré Nicolas Sarkozy, montre les limites de l’exercice : jamais l’organisation de Strasbourg n’a pu jouer le moindre rôle en Ulster, et sa collaboration avec l’Union européenne s’avère très laborieuse.

C’est donc plutot d’une « grande PEV » (plutôt : Politique de Voisinage Européen) dont l’UE a besoin, qui intègre les differents instruments actuels pour constituer un cadre de dialogue avec le monde arabo-musulman, du Golfe persique à l’Océan atlantique. Regroupant EUROMED et processus de Barcelone, elle pourrait comprendre des volets régionaux (Maghreb, Machrek, Golfe, voire Mer noire et Asie centrale, avec l’Iran), mais elle aurait pour avantage d’englober tous les Etats de l’UE, et non une partie d’entre eux, autour de priorités définies d’un commun accord.

Loin de toute stratégie d’élargissement « subreptice », c’est évidemment la seule voie praticable et « euro-compatible », puisque l’essentiel des compétences de l’UM « couvrirait » le droit communautaire (échanges commerciaux, environnement, voire migrations et énergie demain…) et que la Commission défend depuis longtemps l’idée d’une zone de libre-échange économique et de stabilisation politique en « périphérie » de l’UE.

Le volontarisme du Président francais peut constituer un atout pour l’UE, à condition de prendre garde que celui-ci ne mette pas en cause les « acquis » européens et ne provoque une résurgence des méfiances historiques entre partenaires.

Un « Conseil euro-méditerranéen » pourrait être envisagé à terme, mais il importe de veiller que le « marquage des frontieres » de l’Europe, fixées depuis la chute de l’Empire romain ne soit pas mis en cause par une telle perspective – car ce serait la fin de l’ambition de Robert Schuman et de Jean Monnet de « Fédération européenne », et donc un « remède pire que le mal »…

Illustration : carte de l’Afrique en relief, issue de Wikicommons et du livre « La deuxième année de géographie » écrit par Pierre Foncin.

Vos commentaires
  • Le 10 août 2007 à 02:18, par Byzance En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    @ Vincent Meunier"

    Vous dîtes Un « Conseil euro-méditerranéen » pourrait être envisagé à terme, mais il importe de veiller que le « marquage des frontières » de l’Europe, fixées depuis la chute de l’Empire romain ne soit pas mis en cause par une telle perspective – car ce serait la fin de l’ambition de Robert Schuman et de Jean Monnet de « Fédération européenne », et donc un « remède pire que le mal »…

    Vous est-il possible de préciser votre pensée ? En gros quelles sont ces limites "fixées depuis la chute de l’empire romain" ?

    Si cette définition est retenue nous emmenons l’intégralité du Bassin Méditeranéen avec nous mais pas la Scandinavie....

  • Le 10 août 2007 à 11:00, par Ronan En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Hallucinant, ce discours quasi obsessionnel sur les frontières de l’Europe : limites « fixées depuis la chute de l’empire romain ». Un discours qui se veut fondé sur l’Histoire mais qui ne repose en fait que sur des clichés ou des a priori superficiels.

    Pour preuve, quand on parle de l’Empire romain, de quoi parle-t-on là sinon d’une structure politique qui aura sans doute davantage orientalisé l’Occident qu’elle n’aura en fait occidentalisé l’Orient. Avec, entre autes choses l’introduction en occident de la philosophie grecque (résolument païenne), de l’esthétique hellenistique, des pratiques démocratiques alors en vigueur dans les cités Etats du monde grec... mais aussi de l’Orient ancien, (la ’’polis’’ grecque n’ayant décidément pas le monopole de ces prémices démocratiques...) et d’un monothéisme résolument sémitique - via le christianisme.

    De même, quand on parle de l’Empire romain, parle-t-on alors de cet Etat impérial qui a compris la (grande) Bretagne (mais ni l’Irlande-Hibernie, ni l’Ecosse-Calédonie : sociétés civiles aujourd’hui les plus ’’européennes’’ de tous l’archipel britannique...), parle-t-on de cet Etat limité sur son flanc nord par le Danube et le Rhin (voire l’Elbe, très momentanément...). S’agit-il donc de laisser hors de l’Union européenne les descendants des barbares Germains, Scandinaves, Baltes, Slaves, Sarmates, Daces, tous aujourd’hui membres de l’UE ?!

    Ou parle-t-on encore de feu l’Empire romain d’Orient (?!) ; lequel comprenait tout l’Asie mineure et l’Arménie d’alors (jusqu’au Caucase...), ainsi que la Syrie-Palestine (au moins jusqu’à l’Euphrate...), dominait les confins de l’Arabie jusque qu’en Characène, Elymaïde et pays de Saba (sud Irak actuel et actuel Yémen...) et comprenait l’Egypte jusqu’en Haute-Nubie voire Abyssinie (soit l’actuel Soudan voire la lointaine Ethiopie...) ?!

    Enfin, quand on parle de ’’la fin de l’Empire romain’’, quelle date prend-on donc en référence : 395 ? (la mort de Théodose et le partage de l’Empire ?!), 476 ? (la déposition du ’’dernier empereur’’ - Romulus Augustule - la fin ’’officielle’’ de l’empire romain d’Occident et la ’’restitution’’ des insignes impériaux au souverain de l’Empire romain d’Orient), 1204 ou 1453 ? (la prise de Constantinople-Byzance par les Croisés occidentaux ou par les Ottomans...). (Auquel cas - choix historique tellement restrictif - de l’ Empire, il ne reste - géographiquement parlant - effectivement alors finalement plus grand chose...).

    Enfin, ne comprend-on donc pas que s’appuyer sur l’histoire même (éminemment contrariée...) de l’Empire romain (et de son développement... en partie manqué et inaboutti...) pour définir des limites à l’Europe future est une contradiction intrasèque et une absurdité historique doublée d’un anachronique contresens manifeste notamment parce que l’Empire romain avait - dans la lignée de la pensée cosmopolitique d’Alexandre - précisément développé un discours de gouvernance universelle, de ’’fusion des races’’ et de syncrétisme culturel à l’échelle de l’humanité (dont les sculptures afghanes de Bamiyan - Bouddha représenté sous les traits d’Appollon, dieu de la lumière - sont les exemples artistitiques les plus éloquents...).

    Aurait-on donc oublié que les Romains aspiraient à la gouvernance universelle et que, idéologie impériale oblige, le poète Virgile fait même dire la chose suivante à leur dieu suprême Jupiter (Aeneid : I, 273-279) : « ... donec regina sacerdos, Marte grauis geminam partu dabit Ilia prolem. Inde lupae fuluo nutricis tegmine laetus Romulus excipiet gentem et Maruortia condet moenia, Romanosque suo de nomine dicet. His ego nec metas rerum nec tempora pono ; imperium sine fine dedi ». A savoir : « ... jusqu’au jour où une prêtesse de la famille royale, Ilia, grosse des oeuvres de Mars, enfantera des jumeaux. Romulus gorgé de lait à l’ombre fauve de sa nourrice la louve, continuera la race d’Énée, fondera la ville de Mars et nommera les Romains de son nom. A la puissance des romains, je n’assigne de limite ni dans l’espace, ni dans le temps ; je leur ai donné un empire sans fin ».

    Et s’imagine-t-on vraiment que l’héritage gréco-latin ait vraiment été complètement arasé sur la rive sud de la Méditerranée ?!

    Bref, la construction européenne (surtout s’il s’agit là de fédéralisme) mérite beaucoup mieux que l’absurde recherche frénétique d’on ne sait trop quelles limites ou ’’marqueurs génétiques’’ prédéterminateurs incertains que l’histoire ou la géographie (sciences humaines ’’inexactes’’ car résolument interprétatives...) lui auraient soit disant légué ’’ad vitam aeternam’’ et ce, pour l’éternité...

  • Le 11 août 2007 à 01:30, par Byzance En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    On se retrouve... L’empire romain, ça faisait longtemps... Moi aussi là je tombe des nues sur ce site. Je n’ai pu m’empêche de poser la question. Et je suis assez d’accord, sauf sur la conclusion. Mais là rien de neuf.

  • Le 11 août 2007 à 07:51, par Fabien Cazenave En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Quand on regarde cet article et qu’on le met en lien avec la polémique germano-française sur les ventes faites à la Lybie, on se dit que la présidence française ne devra pas oublier son partenaire allemand... Les initiatives de M. Sarkozy au niveau international sont-elles leaders ou sont-elles isolées ?

  • Le 11 août 2007 à 10:54, par Ronan En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Il aurait sans doute été plus habile d’écrire quelque chose du genre :

    « Si les partenaires escomptés de la rive sud méditerranéenne sont au rendez-vous des valeurs politiques et fondamentales de l’Union, il se pourrait bien alors que la future (mais aujourd’hui bien hypothétique) ’’Union euroméditerranéenne’’ préconisée par le président Sarkozy recouvre alors, peu ou prou, les territoires de l’Oekoumène gréco-latin d’autrefois. Mais ce, sans esprit de système prédéterminateur. Affaire à suivre... »

  • Le 11 août 2007 à 11:28, par Fabien Cazenave En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Tu pourrais nous dire ce qu’est l’ « Oekoumène gréco latin d’autrefois » ?

  • Le 11 août 2007 à 12:36, par Ronan En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    « Oekoumène gréco latin d’autrefois » :

    L’ ’’Oekoumène’’ (ou Ecoumène), c’est le ’’monde’’ au sens large du terme et sans esprit de précision géographique ’’pointue’’. Comme ça, en utilisant une telle expression, on reste tout à la fois précis dans le principe tout en restant vague dans ses modalités (bref : on évite, stylistiquement, de s’imposer de limites contraignantes éventuellement contestables...). ; - ))

    En l’occurence, l’ ’’Oekoumène gréco-latin d’autrefois’’ (sic), il s’agit du ’’monde connu’’ des gens de l’époque : ça va - grosso modo - d’Ultima Thulé et d’Hibernia jusqu’aux Indes et Trapobane, sinon la Sérique... (i. e : de l’Islande et l’Irlande à l’île de Ceylan, sinon la Chine...).

    Maintenant, il y a toujours un risque à vouloir strictement ’’théoriquement’’ plaquer des réalités d’autrefois sur des projets futurs. Agir sans vision ni pragmatisme, c’est encore le meilleur moyen d’aller dans le mur... Et la politique, ce n’est pas de la cuisine : il ne suffit pas d’avoir sous la main une bonne recette - même si elle a, déjà, plus ou moins fait ses preuves - pour forcément réussir à régaler tous les convives. ; - ))

  • Le 24 septembre 2007 à 22:48, par Typik En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Pourquoi cette « Union méditerranéenne » ? Dans quels buts ?

    Je tiens tout de même à préciser que la Gaule « la France » a été dénommée ainsi par les Romains pour la distinguer de sa semblable d’outre rhin a qui ces mêmes romains ont donné le nom de « germanie ». Et on connait la suite ! Cette division a servi de justification à de nombreux conflits. En fait cet « Empire Romain », dont certains « milieux autorisés » en France se font les zélateurs acharnés a été une catastrophe historique, politique et culturelle. L’Europe moyenne (Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, France, Luxembourg, Pays Bas, Suisse) s’est trouvée divisée pour de nombreux siècles pour différentes raisons, souvent d’origine religieuse, Rome dictant ses lois du côté religieux. Tout contradicteur (Albigeois, Calvin, Luther etc.) étant prié d’abjurer son hérésie sous la menace de représailles impitoyables ! Rome a fait des peuples « catholiques romains » les héritiés de ses inimitiés qui nous ont été léguées par différents canaux ! Certaines ont été muées en « ennemi héréditaire » par le biais de l’historiographie, ou encore « barbare » du côté « culturel » ou même carrément en « race » en jouant sur le thème de « l’ethnie ». Et aujourd’hui, les politiques nationalistes de droite comme de gauche, nous rejoue la même pièce ! J’avais cru que, enfin, l’Europe allait se retrouver, se réconcilier ! Que le peuple européen se retrouverait en famille après de longs siècle de séparation, de division ! Et plus le 21ème siècle s’avance et plus c’est le contraire ! Plus la presse parlée et écrite nous sert de « l’anglo-saxon », du « latin », du « slave » à tous les repas pour nous parler des européens ! Même la devise « Unis dans la diversité » sent la poudre ! Le ver est dans le fruit ! Les politiciens ont préparé les européens à accepter une eventuelle secession ! Regardons la Belgique ! Une simple question de lexique servant de prétexte à la scission ! Un prototype de ce qui attend, demain, l’Europe ?

  • Le 25 septembre 2007 à 19:32, par Ronan En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Je ne comprends pas trop le sens de votre réaction : l’Empire (de Rome) et l’Eglise (catholique) avaient tous deux (d’où leurs noms...) pour ambitions d’être universel(s) : ébauche - par le Droit - d’un ordre politique et cosmopolitique qui serait, par définition même, au-dessus des groupes humains divers et variés.

    Ainsi Rutilius Namatianus, à propos de Rome (in « De Reditu suo ») : ’’Fecisti patriam diversis gentibus unam’’ (i. e : ’’De peuplades diverses, tu fis une Nation’’). Et ce n’est que l’irruption ultérieure des peuplades germaniques dans l’Empire qui allait - aux Ve et VIe siècle - provoquer le déclin de l’idée impériale, universaliste et universelle ; ouvrant ainsi la voie à l’émergence des Royaumes nationaux puis Etats-nations que l’on sait.

    Et, pour ma part, j’ai le sentiment que cette évolution historique fut, politiquement tout du moins, une dramatique régression.

    Ce que dit l’auteur, ci-dessus, c’est que les peuples qui ont alors vécu sous l’autorité de Rome partagent une « Histoire » qui les amène à avoir plus particulièrement vocation à s’unir dans l’avenir. En ce sens, autant il respecte là le déroulé effectif des événements historiques (i. e : le déclin de l’idée impériale et l’émergence ultérieure des nations...), autant là il trahi très profondément l’esprit même de Rome (i.e : son ambition universaliste et très ouvertement cosmopolitique).

  • Le 25 septembre 2007 à 22:45, par Ronan En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Autre détail à éclaircir (ou ’’point litigieux’’ qui obscurcit inutilement le débat) : Quand on parle de Rome (et des peuplades qui vivent alors aux marges de l’Empire) il faut arrêter de ne voir dans les peuples ’’barbares’’ qui vivent à l’extérieur de l’Empire (i. e : dans le ’’Barbaricum’’) que des peuples hostiles et prédateurs, bien résolus à détruire et saccager l’Empire. De même qu’il faut arrêter de ne considérer l’Empire que comme une ’’forteresse assiégée’’ barricadée derrière ses ’’frontières’’ du limes ’’Rhin-Champs décumates-Danube’’.

    En effet, à l’extérieur de l’Empire vivent alors des Etats et des peuples qui commercent et trafiquent librement avec l’Empire, et entretiennent des relations politiques, diplomatiques et commerciales avec lui. Et, contrairement à ce qu’on peut lire parfois sur le sujet, il n’y a alors pas la moindre dimension d’hostilité permanente (soit disant irréductible...) entre ces divers partenaires.

    En revanche, il est alors très clair que les peuplades barbares d’alors salivent abondamment à la seule perspective d’être un jour intégrées au Monde romain (et de participer à la prospérité de l’Empire...). Et quand se produira l’ ’’irréparable’’ (i. e : les raids du IIIe siècle et les ’’invasions’’ plus conséquentes du Ve...), il ne faut pas oublier qu’il s’agit là de populations apeurées, chassées de leurs terres par des populations plus ’’expansives’’ et avant toute chose soucieuses d’obtenir accueil, hospitalité, salut et (surtout...) protection militaire sur le territoire même de l’Empire.

    Et, ceci fait, ne pas oublier que les populations germaniques entrées sur le territoire de l’Empire y bénéficieront alors du statut très officiel de ’’fédérés’’ (sic) (i.e : populations sédentarisées sur la base de cantonnements militaires et enrolées au service - militaire - de l’Empire...) (ex : les Wisigoths, en Aquitaine ; les Francs en « Gaule belgique », etc).

    De même que leurs souverains ont alors été ’’amalgamés’’ au fonctionnariat impérial, cumulant ainsi titres royaux (germaniques) et grades administratifs (impériaux). Ex : le roi des francs Clovis 1er (notre Clovis...) s’était vu reconnaître le titre de Consul annuel par l’Empereur romain d’Orient. De même que son père (Childéric, roi des francs de Tournai) s’était très officiellement vu confier la mission d’administrer au nom de Rome la province de « Gaule belgique seconde » (grosso modo : tous les territoires des Gaules situés entre Somme et Rhin).

    Quant à l’indépendance politique auquelle allaient graduellement accéder leurs Etats (sous le nom de ’’royaumes’’) : plutôt que de les analyser en termes de ’’sécessions militaires’’, il faudrait sans doute mieux y voir là l’autonomisation progressive de provinces abandonnées par un pouvoir central et impérial effectivement défaillant (Nb : Des royaumes barbares qui se réclameront encore de Rome et de son Empire - jusque dans leurs textes officiels et sans jamais discontinuer - jusqu’à la reprise plus nette encore de ces ’’titulatures’’ par la puissance publique, plus tard : aux temps carolingiens...).

    Bref dans toutes ces questions des relations entre ’’Rome’’ (ou ce qu’il en reste) et les ’’Barbares’’ (et ce qu’ils sont vraiment...) même si la matière est dense (et le sujet fort complexe...), il vaut sans doute mieux éviter de céder aux délices de l’histoire-bataille strictement événementielle et ’’traditionnelle’’ (irrémédiablement polluée par les récits ’’théologico-apocalyptiques’’ et ’’édifiants’’ de certains chroniqueurs chrétiens de ces époques, entre autres et par exemple...) pour essayer de mieux peser ce qui relève vraiment de la rupture (superficielle) et de la continuité (sociologique).

    Car s’il y a - alors - ’’changement de monde’’, c’est là un ’’changement dans la continuité’’ imperceptible aux yeux mêmes des contemporains des faits en question (Nb : certains des récits édifiants auquel l’historigraphie ’’traditionnelle’’ faisait référence, jusqu’à une date encore récente, ayant parfois (souvent ?) - gros problème de crédidibilité, tout de même... - été écrits deux à trois générations après les faits incriminés...).

  • Le 28 octobre 2007 à 14:18, par Ronan En réponse à : Union méditerranéenne : des incertitudes pour l’Union Européenne

    Ce mardi 23 octobre 2008, au 2e jour de son voyage au Maroc, le président de la république Nicolas Sarkozy a exposé, à nouveau (devant les parlementaires marocains), son projet d’« Union de la Méditerranée » dont il a fait l’un des objectifs de son mandat. Et projet pour lequel il invite les pays concernés à un prochain sommet euro-méditerranéen - en juin 2008, à Paris - afin d’y jeter les bases d’une telle organisation.

    Cela dit, voilà un projet ’’euroméditerranéen’’ aux contenus encore flous et relativement indéfinis qui vient télescoper là les projets déjà existant d’ « Union du Maghreb Arabe / UMA » (1989) et du « Processus (euroméditerranéen) dit de Barcelone » (1995), aux réalisations - cela dit - jusque là décevantes.

    Quoi qu’il en soit, ces initiatives sarkozistes (et françaises) ne manquent pas là de contrarier certains de nos partenaires européens qui accusent, à demi-mots, la France de vouloir faire bande à part. Des critiques émises également à l’égard de son omniprésent président, accusé - après les récents sommets européens de Bruxelles et Lisbonne (et le règlement de l’affaire des infirmières bulgares retenues en Libye) - de (décidément) trop tirer la couverture à lui. Et ce, en dehors même de toute cohérence d’action ni discipline communautaire...

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