multilinguisme

Vive le multilinguisme !

Etat des lieux actuel d’une pratique culturelle

, par Muusa Korhonen

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Vive le multilinguisme !

Cela fait des années qu’on a pu constater que le simple apprentissage d’une ’’lingua franca’’ ne suffit pas en Europe. « Tout citoyen européen devrait avoir des compétences lui permettant de communiquer dans au moins deux langues autres que sa langue maternelle », constate La Commission européenne sur son site Internet.

Les connaissances linguistiques sont importantes si on veut garantir que tous les habitants de l’UE puissent bénéficier des avantages du marché unique. Il semble que les européens sont d’accord, car les résultats des sondages montrent une visible augmentation quant au niveau de compétence en langues dans l’UE.

Aujourd’hui, l’Union européenne abrite 450 millions de citoyens de diverses origines ethniques, culturelles et linguistiques. Les modèles linguistiques des pays européens sont complexes, façonnés par l’histoire, les facteurs géographiques et la mobilité des personnes. A l’heure actuelle, l’Union européenne reconnaît vingt et une langues officielles.

Le terme « multilinguisme » fait référence à la fois à une situation où plusieurs langues sont parlées dans une certaine zone géographique et à la capacité d’une personne de maîtriser plusieurs langues.

En tant que tel, le multilinguisme est une caractéristique essentielle de l’Europe dans ces deux sens. Le multilinguisme contribue largement aux valeurs européennes essentielles que sont la démocratie, l’égalité, la transparence et la compétitivité. Pas plus d’un Européen sur dix ne nie les avantages du multilinguisme.

Une ou deux langues étrangères ?

Les sondages Eurobaromètre standard se répètent régulièrement pour suivre la situation linguistique et l’évolution de l’opinion publique dans les Etats membres. Ainsi 56% des personnes interrogées dans l’Union européenne sont capables de participer à une conversation dans une autre langue que leur langue maternelle.

Près de la moitié des citoyens de l’UE qui connaissent au moins une langue en plus de leur langue maternelle disent qu’ils utilisent les langues étrangères presque tous les jours. Par rapport aux résultats obtenus en 2001, la proportion de ceux qui connaissent au moins une langue étrangère a augmenté.

Cela ne suffit pas car, en 2002, les chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Union européenne ont défini un objectif à long terme qui vise à ce que tous les citoyens de l’Union européenne parlent deux langues en plus de leur langue maternelle. Pourtant seulement 28% des européens maîtrisent deux langues en plus de leur langue maternelle.

Les compétences linguistiques semblent être légèrement meilleures dans les Etats membres plutôt petits, tandis que les citoyens de l’Europe méridionale et des deux pays où l’on parle anglais, c’est-à-dire le Royaume-Uni et l’Irlande, semblent avoir des connaissances linguistiques plus modérées.

Il faut garder à l’esprit que si on est monolingue et on parle parfaitement anglais, on a moins d’atouts dans le marché du travail qu’une personne qui parle plusieurs langues. Plusieurs enquêtes sur le besoin des connaissances langagières ont montré que l’anglais n’est pas le meilleur choix dans toutes les situations internationales et qu’on ne devrait pas forcement favoriser seulement une langue.

L’éventail des langues connues en Europe

L’anglais est perçu par les Européens comme étant de loin la langue la plus utile à connaître (68%). Le français (25%) et l’allemand (22%) suivent presque côte à côte, et l’espagnol est quatrième au classement, avec16%. En ce qui concerne les langues étrangères les plus parlées sur le continent, la carte de l’Europe semble se limiter à cinq langues : l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol et le russe.

L’anglais est apparemment la langue la plus répandue dans le monde comme première langue étrangère et elle continue à être la langue étrangère la plus parlée dans toute l’Europe. Ainsi 38% des citoyens de l’Union européenne affirment avoir des connaissances suffisantes en anglais pour tenir une conversation. Par rapport à la situation en 2001, un plus grand nombre de répondants disent qu’ils parlent l’anglais, mais aussi le français, l’allemand et l’espagnol.

Une autre évolution depuis le sondage de 2001 est que le russe a fait son apparition sur la carte des langues les plus parlées en Europe. Ainsi 14% des Européens indiquent qu’ils connaissent le français ou l’allemand en plus de leur langue maternelle. Avec l’élargissement de l’Union européenne, l’équilibre entre le français et l’allemand change lentement. Les citoyens des nouveaux Etats membres sont plus nombreux à maîtriser l’allemand.

Dans tous les nouveaux Etats membres, s’exprime une motivation croissante pour l’apprentissage des langues. Ainsi 61% des Européens déclarent qu’ils sont très satisfaits de l’éventail actuel des langues enseignées dans les écoles de leur pays, C’est le cas en particulier à Malte (98%), en Finlande (87%) et au Luxembourg (82%). Environ un tiers (30%) aimerait voir augmenter ce choix de langues.

Quelles langues pour les enfants et à quel âge ?

La majorité des Européens apprennent les langues à l’école secondaire alors que sur le site internet de l’UE on indique que cela serait vraiment idéal de commencer l’apprentissage de deux langues le plus tôt possible, déjà au commencement de la scolarité, car c’est essentiellement á ce moment-là que les attitudes envers les langues se forment. Ce qui est positif, c’est que la majorité des Européens pensent que le meilleur âge pour commencer l’étude d’une langue étrangère se situe entre six et douze ans.

Il existe des variations considérables entre les Etats membres. La proportion de ceux qui ont appris leur première langue étrangère à l’école primaire va de 82% au Luxembourg à 2% en Suède. Ainsi 4% des Européens affirment avoir amélioré leurs connaissances linguistiques à un âge très précoce, c’est-à-dire à l’école maternelle. C’est le cas notamment au Luxembourg, à Malte et en Espagne.

Ainsi 39% des citoyens européens accepteraient l’introduction de l’enseignement de la première langue étrangère aux enfants entre zéro et cinq ans. Dans treize des vingt-neuf pays sondés, les citoyens affirment que les enfants devraient apprendre l’allemand comme seconde langue étrangère. Dans huit pays, le français arrive en deuxième position.

Sur ce sujet, nous découvrons les modèles historiques et géographiques qui influencent les attitudes et les opinions. Les habitants des pays Baltes trouvent que le russe devrait être enseigné aux enfants comme seconde langue étrangère, les Maltais étant favorables à l’italien et un tiers des Finlandais soutiennent le suédois comme deuxième langue la plus utile à enseigner aux enfants.

Tout de même, il y a un point commun : La prédominance de l’anglais s’est renforcée dans presque tous les pays en ce qui concerne la langue que les enfants devraient apprendre. Ce qui fait que l’éventail des langues perçues comme étant utiles à apprendre chez les enfants semble être réduit.

Illustration :

Le visuel d’ouverture de cet article est une création originale et réactualisée s’inspirant de la fameuse affiche « All our colours to the mast » (i e : « Hissons ensemble nos couleurs »).

Une affiche de l’artiste néerlandais Reyn Dirksen (1949), telle qu’on peut la voir - par exemple - ici.

Une affiche qui - au moment de la mise en place du plan Marshall - avait alors obtenu le premier prix d’un concours organisé par « l’U.S. Economic Cooperation Association in Europe » sur le thème de "la coopération intra-européenne pour un meilleur niveau de vie".

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Vos commentaires
  • Le 24 octobre 2006 à 06:10, par Eliz B En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Je dirais plutôt : « Cela fait des années qu’on refuse de tester l’efficacité d’une lingua franca en Europe. »

    Bénéficier des « avantages du marché unique » ne requiert aucune compétence linguistique particulière. En revanche, la communication entre Européens, pour décider ensemble des options à prendre pour leur avenir, que ce soit entre fonctionnaires ou entre simples citoyens, exige, au delà d’un multilinguisme riche et respectueux de toutes les cultures, un système efficace et équitable d’intercompréhension, que seule une langue commune neutre est en mesure d’assurer.

    L’Union Européenne reconnaît les 21 langues officielles, c’est bien. Mais en pratique, l’égalité de traîtement appliquée jadis (du temps des 9 langues officielles) n’est plus qu’un lointain souvenir, parce que beaucoup trop onéreuse : elle exigerait pas moins de 380 services de traduction !

    Le rapport Grin*, réalisé à la demande du Haut Conseil de l’Évaluation de l’École et paru en septembre 2005, a établi que la solution du « tout anglais » serait (est déjà) pour l’Europe, la solution la plus inéquitable et la plus coûteuse.

    Ce même rapport (de 127 pages, cf : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000678/index.shtml ) désigne comme combinaison la plus démocratique, la parité réelle entre les 21 langues officielles. Il établit également que la meilleure solution pour réaliser ce multilinguisme véritable, est l’utilisation d’une langue commune neutre. Enfin, il désigne nommément l’espéranto comme la langue auxilliaire la mieux adaptée à ce rôle. *Précisons que François Grin, professeur à l’université de Genève, par souci de neutralité, tient à rester en dehors du mouvement espérantiste, même si, linguiste éclairé, il n’a eu besoin que de quelques semaines pour parler parfaitement l’espéranto, au point d’être en mesure de lire « à la perfection », un discours dans cette langue, en août 2006 à Florence (Italie) en présence de plus de 2000 espérantophones de 62 pays.

    En tant qu’espérantophone depuis douze ans, je confirme que c’est en milieu espérantiste que l’on peut vivre les plus riches rencontres multiculturelles, sans se heurter le moins du monde à la « barrière linguistique ».

    J’estime que chaque jeune Européen devrait avoir le DROIT de s’initier, dès l’âge de 8 ans, à la langue neutre internationale dans le cadre de sa scolarité. Puis, fort de cet assouplissement préparatoire et en dehors de toute pression économique, il pourrait CHOISIR les langues étrangères qui l’intéressent vraiment, sachant qu’il serait déjà en mesure de communiquer efficacement et naturellement avec tous les autres enfants européens de son âge.

    Ce tableau idyllique n’est pas une vue de l’esprit : je connais personnellement des enfants espérantophones et ils s’en donnent à cœur joie lorsqu’ils participent aux rencontres internationales organisées pour eux !

    Je me tiens à la disposition de toute personne souhaitant vérifier par elle-même les informations données ci-dessus.

    Eliz B

  • Le 24 octobre 2006 à 13:11, par Ronan Blaise En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Toutes aussi intéressantes que soient effectivement vos remarques et suggestions, il me semble néanmoins que bien que s’appuyant sur des expériences ponctuelles effectivement concrètes elles restent néanmoins très théoriques et manquent singulièrement de réalisme (i. e : en seuls termes de moyens à mobiliser pour réaliser de tels projets : à savoir offrir à tout enfant la possibilité de s’initier à l’espéranto pour pouvoir, ultérieurement, éventuellement la choisir...).

    D’abord parce que nous manquerions fatalement d’assez de locuteurs qualifiés de cette langue (et d’enseignants en la matière) pour pouvoir faire une promotion efficace de cette langue. Or, en l’état actuel des choses, s’il existe effectivement bien des formations universitaires spécifiques pour enseignants dans des langues ’’anciennes’’ comme le grec et le latin (l’une et l’autre d’ailleurs systématiquement couplées à des enseignements de ’’Lettres classiques’’ et non traîtées à part et en tant que telles, et lesquelles langues ’’anciennes’’ sont de plus en plus délaissées par nos élèves, d’ailleurs...), ce n’est absolument pas le cas pour une langue ’’synthétique’’, tout aussi pratique soit-elle, que l’espéranto (laquelle ne bénéficie pas actuellement d’une reconnaissance publique, ni d’une inscription officielle spécifique aux concours d’entrée dans l’Enseignement, genre CAPES ou Agrégation).

    Sans doute faudrait-il changer tout cela (via quelque système d’éducation populaire autonome (sous contrat ?!) complètement indépendant de l’Education nationale ?!). Mais dans l’état actuel et pour très probablement longtemps encore nous ne pourrions que nous contenter de formules expérimentales très limitées dans l’espace, dans le temps et dans leur seule audience.

    Par ailleurs, Enseignant moi-même (en Collège...) ayant bien conscience des blocages et de la force d’inertie du système (expériences vécues au quotidien), je suis également assez pragmatique quant à l’attitude de nos élèves face aux divers enseignements qui leur sont proposés (tant pour ma propre discipline que pour l’enseignement, par exemple, des langues vivantes). Et juste souligner que l’actuel dispositif éducatif dit du ’’Collège unique’’ est également loin de rendre possible une réussite optimale dans l’efficience des apprentissages (ni d’ailleurs dans la formation de nos élèves...).

    Ce pourquoi, juste préciser qu’il me semble qu’il ne s’agit pas là seulement d’un problème de structures, ni même d’offre en la matière... mais aussi un problème de demande. Ainsi, cottoyant ces jeunes gens d’assez près et ayant désormais quelque peu l’expérience de leurs comportements consuméristes (où, dans le seul domaine linguistique, l’anglais domine, effectivement...), je doute fort que - même si on leur proposait l’espéranto après une très intense campagne éducative de promotion appuyée avec tout le volontarisme que l’on voudra par les services publics - ces jeunes gens ne se précipitent vraiment vers l’enseignement de cette langue, dont l’enseignement risque fort d’être perçu non pas en tant que tel mais - autant le dire - surtout comme un ’’gadget’’, un ’’épiphénomène’’ ou un seul ’’objet de mode’’... (ce qui est effectivement fort regrettable, mais bon...).

    Par ailleurs je ne suis pas persuadé qu’il y ait vraiment un besoin de langue commune en Europe. L’UE a certes pour objectif de permettre le ’’vivre ensemble’’ et de ’’rendre possible’’ la communication en Europe, mais pas non plus de l’imposer, lequel ’’vivre ensemble’’ ne se décrète pas... (et permettre ainsi à des sociétés diverses de cohabiter pacifiquement et en bonne intelligence les unes à cotés des autres sans qu’elles aient nécessairement ni besoin ni envie de se ’’mélanger’’, c’est déjà pas si mal...).

    Pas plus qu’il ne me semble qu’il y ait forcément besoin d’une langue commune pour rendre possible l’émergence (effective, actuellement) d’un espace public européen fait d’expressions linguistiques (et de leurs traductions) (et de leur retranscription - vers le grand public - dans des médias adéquats).

    Bref, le problème de la ’’langue commune’’ me semble être et une utopie actuellement irréaliste (puisque) techniquement complètement irréalisable à l’heure actuelle, ainsi qu’un faux problème nous détournant inutilement de l’essentiel.

    En revanche, s’il y a bien une thématique qui me semble mériter d’être effectivement très sérieusement explorée (et là où il y aurait effectivement des choses très concrètes à faire...), c’est celle du ’’défi de l’information européenne’’ et celle des ’’médias européens’’. A ce titre, certaines expériences télévisuelles (Arte, Euronews) et certaines initiatives de Presse (comme l’hebdomadaire « Courrier International », par exemple) me paraissent être de sérieux pas en avant.

    Faut-il encore que ces chaines de télévision soient effectivement disponibles véritablement pour le grand public (sur le réseau hertzien ?! la TNT ?!). Et faut-il encore que la presse quotidienne ’’classique’’ grand public et d’audience nationale (NB : je ne parle pas de la PQR...) veuille bien couvrir aussi sérieusement qu’elle le mérite l’actualité communautaire (politique et législative) vraiment en tant que telle.

    A ce sujet, on saluera les travaux effectifs, initiatives un petit peu isolées mais efforts néanmoins indéniables de certains de nos Aînés des médias à grande diffusion (comme, par exemple : Daniel Riot de France 3 Alsace et/ou Jean Quatremer, du quotidien Libération). Mais, à ce sujet, la récente suppression de la rubrique Europe de la version ’’en ligne’’ du quotidien « le Figaro » (voir ci-dessous) illustre parfaitement les difficultés auxquelles nous devons cependant actuellement et véritablement faire face.

  • Le 24 octobre 2006 à 14:53, par skirlet En réponse à : Vive le multilinguisme !

    « Par ailleurs je ne suis pas persuadé qu’il y ait vraiment un besoin de langue commune en Europe »

    Et pourtant, le besoin existe. La preuve, c’est l’anglais « de communication internationale » proposé dans le rapport Thélot et de plus en plus imposé dans les faits ; la pub qui dit « apprenez l’anglais pour communiquer avec le monde entier »... La seule LV1 proposée dans les collèges est l’anglais de plus en plus souvent. Admettons-le, ceux qui apprennent l’anglais sans aucune contrainte et pour lire Shakespeare en VO sont très rares...

    Quant aux jeunes, le meilleur moyen de savoir, quels seraient leurs choix, c’est de leur proposer ce choix. En Hongrie, où l’espéranto peut être pris en option au bac, il est en troisième place, après l’anglais (of course :-))) et l’allemand. Le français est à la cinquième place...

    Le problème de la langue commune est malheureusement vrai, car c’est dans le cadre de « l’intégration européenne » que l’UE est de plus en plus anglicisée.

  • Le 24 octobre 2006 à 18:19, par ? En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Bravo pour avoir qualifié Eurobaromètre de sondage (auto-questionnaires) et non d’enquêtes comme les télévisions ont osé le dire. Vous écrivez :« Ainsi 56% des personnes interrogées dans l’Union européenne sont capables de participer à une conversation dans une autre langue que leur langue maternelle. » Correction : 56% SE DISENT CAPABLES de participer à une conversation !! C’est très différent...
     On refuse sciemment d’utiliser des échelles précises de niveau en langue, comme le TOEFL ou le TOEIC le font, ce qui permet de disserter à sa guise sur le multilinguisme.
     Rappelons que le multilinguisme est en Suisse un échec cuisant, avec des tensions entre les communautés, au point qu’ils envisagent l’anglais pour tous à l’école. Et nous prétendons réussir ça en Europe à une large échelle !
     Sur l’apprentissage précoce des langues, il n’y a pas au monde une seule étude sérieuse qui prouve son utilité. En outre il s’agit encore et toujours de l’apprentissage précoce de l’anglais... Lisez le récent rapport officiel d’Europa à ce sujet, favorable mais plus que précautionneux et plein d’avertissements sur les risques... Le vrai débat est donc : Voulons-nous l’anglais comme lingua franca en Europe. Autre question : l’anglais est-il le meilleur choix possible pour une langue auxiliaire ? Une telle langue devrait être choisie sur des critères coût/efficacité, bénéfice/risques, qualité/prix, c’est-à-dire une langue facile et neutre. A l’heure actuelle, c’est à l’évidence l’espéranto.
     Tout le monde n’aura pas besoin de l’anglais : pour devenir ingénieur commercial en Chine, mieux vaudra avoir fait chinois première langue.
     L’UE ne peut se construire sur l’injustice linguistique de l’anglais lingua franca.
     Le développement de l’anglais fait perdre aux petits pays leur vocabulaire technique, à long terme c’est la disparition annoncée de leur langue.

  • Le 24 octobre 2006 à 18:43, par krokodilo En réponse à : Vive le multilinguisme !

    M. Blaise, Vous présumez un refus de l’espéranto de la part des scolaires. Encore faudrait-il qu’ils en connaissent l’existence, voire le mot, qu’ils en entendent parler pendant leur scolarité, au moins comme phénomène linguistique unique dans l’histoire (seule langue construite à s’être développée comme une langue naturelle, avec des rencontres, des journaux, des radios, reconnaissance officielle par la Hongrie, l’Unesco et le Vatican, excusez du peu.
     Savez-vous qu’une expérimentation a eu lieu cette année en France dans une école primaire ? (sur le temps extra-scolaire), expérience rapportée par FR3 et l’émission « C’est mieux ensemble », mais totalement boycottée par le journal Le Monde de l’éducation, dont la raison d’être est pourtant d’analyser toute nouveauté pédagogique mais dont le dogmatisme la porte à défendre mordicus le multilinguisme, sans débat. C’est un prof de maths à la retraite qui l’a organisée, en concertation avec le chef d’établissement, et ce n’est pas la première du genre en France mais l’étouffoir de médias et de (la plupart) des pédagogues les laisse dans l’ombre.
     L’obstination à prétendre amener tous les Européens à un niveau utile dans trois langues étrangères fait le lit de l’anglais lingua franca, dont n’importe quelle enquête peut prouver la progression constante.
     Si la solution de l’Eo est irréalisable techniquement, pourquoi le Ministère a-t-il si peur de rendre l’Eo simplement possible en option ?
     Savez-vous que le portail Internet de la ville de Montpellier s’affiche en 8 langues dont l’Eo, que le Monde diplomatique a une version en ligne en Eo ?
     Sur la faisabilité, la particularité de l’Eco est que son enseignement (de base) ne nécessite pas l’équivalent du Capes encore moins l’agrégation, car sa structure de base est très simple, après quoi chacun peut voler de ses propres ailes et progresser par la pratique. Cette situation unique perturbe les schémas traditionnels de l’organisation scolaire (outre que les élèves français ont plus d’heures de cours que les voisins et que le bon sens voudrait de diminuer les horaires de langue, voire de ne les commencer qu’au lycée sous forme de modules.)
     Approuvez-vous la nouvelle télévision française (France 24) qui va émettre en anglais, 80 millions d’euros par an je crois, avec la dette actuelle ? Pourquoi ne pas faire un article sur cette gabegie ?

  • Le 24 octobre 2006 à 23:37, par Ronan Blaise En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Non, non, je ne présume rien du tout. je vous fait juste part de mon expérience personnelle.

    L’expérience personnelle - pour faire court - d’un système scolaire qui ne fonctionne pas bien aujourd’hui avec - outre des problèmes ponctuels d’illettrisme à l’entrée dans le secondaire et un indéniable problème de ’’format’’ institutionnel (i. e : le fameux ’’Collège unique’’) - une très profonde inadéquation entre l’offre (livresque et linguistique, accessoirement) et la demande du public scolaire, pas nécessairement ni naturellement tourné vers ces disciplines...

    A ce titre, malgré tous ses réels mérites effectifs, je ne pense et je ne crois pas que l’espéranto ne propose ni aujourd’hui ni pour demain quelque recette miracle.

    En effet, en collège, certains de nos élèves manifestent très tôt l’envie d’apprendre un métier manuel et de se retrouver le plus vite possible sur le marché du travail dans un contexte sociologique où ’’travailler au pays’’ reste l’aspiration légitime et l’esprit dominant de l’époque (et un frein très profond, effectivement, à toute mobilité professionnelle véritable à l’échelle d’un espace ’’grand’’ comme et ’’aussi grand’’ que l’Europe communautaire...).

    Quant à l’expatriation éventuelle dans un pays où on ne parlerait même pas français (ce qui rendrait alors effectivement nécessaire l’apprentissage d’une langue étrangère...), n’en parlons même pas : voilà bien une perspective qui apparaitrait comme complètement inopportune, non nécessaire voire surréaliste aux yeux de nombre d’entre nos élèves... (cela étant peut-être le résultat d’un ’’welfare state’’ trop protecteur n’encourageant guère au ’’déracinement’’, je ne sais pas...).

    Mais, en tout cas, leur priorité (clairement exprimée, en tout cas...) n’est certainement pas d’apprendre une langue étrangère quelle qu’elle soit et certainement pas une langue qu’ils ne connaissent effectivement pas mais qui n’a pas non plus le ’’prestige’’ culturel, ni l’ ’’autorité’’, ni l’authenticité de ces langues que leur propose à ce jour l’Institution (même s’ils n’en veulent pas...).

    C’est un peu triste, je vous l’accorde et je suis d’ailleurs d’accord avec vous si tel est effectivement votre point de vue, mais c’est comme ça... Changer ce rapport au savoir (puisque c’est ni plus ni moins de cela qu’il s’agit...) nécessiterait un très profond changement de mentalité (une révolution sociologique ?!) qui ne me semblent pas être aujourd’hui à l’ordre du jour.

    Cela dit mon expérience de terrain (qui vous paraîtra sans doute désabusée mais qui me paraît au contraire terriblement réaliste...) n’est jamais qu’une expérience personnelle parmi tant d’autres. Et excusez mon scepticisme forgé à l’expérience concrète du quotidien. En tout cas, merci pour vos précisions qui apporte des éléments de réflexions qui sont loin d’être inintéressants...

    Cela dit, ne nous sommes nous pas quelque peu éloigné des problématiques strictement européennes de ce webzine ?!

  • Le 25 octobre 2006 à 00:10, par Ronan Blaise En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Certes, mais si M. Thélot préconise quelque chose (pour le plus grand bien général, dans son esprit tout du moins...) par le biais du mémoire ou rapport rédigé en tant qu’expert à la suite d’une enquête sur les nécessités du temps (telles, tout du moins, qu’il les a perçu...), si ces préconisations sont effectivement suivies de décisions politiques et donnent effectivement lieu à des réalisations pratiques, cela ne signifie néanmoins pas que cela soit véritablement l’objet d’une demande populaire clairement exprimée, clairement manifestée et que tout le monde y adhère forcément.

    A ce titre, il ne faut peut-être pas surestimer ce que dit le rapport Thélot et voir dans celui-ci quelque expression véritable d’un profond désir populaire... (lequel rapport n’est pas non plus le résultat incontestable de quelque véritable élection, ni même sondage d’opinion...)

    Pour le reste, si l’anglais est peut-être effectivement aujourd’hui perçu positivement dans l’opinion. C’est - avant toute chose - comme une langue de communication. Et ce, parce qu’il est également précédé d’une ’’réputation’’ pratique (sans doute surestimée par rapport à l’espéranto...) d’apprentissage facile.

    Et si certains estiment effectivement que cet apprentissage doit être valorisé, c’est précisément parce que cette langue les met en relation avec le monde anglo-saxon : précisément parce que certains de nos contemporains y voient là effectivement un outil pratique et un avantage (voire une chance...). Et ce, bien plus qu’une contrainte ou que quelque symbole de domination culturelle cruellement impérialiste...

    Mais de là à parler de ’’langue commune’’ en Europe, voilà un pas difficile à franchir : si c’est peut-être effectivement - de facto - la réalité concrète du terrain, force est tout de même de constater que l’idée très précise elle-même ne s’est pas encore franchement imposée dans les esprits en tant que telle...

  • Le 25 octobre 2006 à 13:45, par krokodilo En réponse à : Vive le multilinguisme !

    M. Blaise, j’ignorais que les programmes scolaires dépendaient à ce point des desiderata des élèves et de leur agrément... C’est donc à leur demande que le nombre de langues possibles en option au bac s’est tellement étoffé en dix ans, alors que les pétitions concernant l’esperanto se sont toujours vues opposer la raison d’un nombre d’options déjà trop grand ! C’est un peu tiré par les cheveux, non ? Par ailleurs je ne pense pas qu’on se soit éloigné d ela problématique européenne de votre magazine, car le rapport Grin (officiel) analyse bien la solution Eo comme un des trois scénarios pour l’Europe, avec l’anglais et le multilinguisme. Nous sommes donc en plein dans le sujet, même si cet aspect est très méconnu en France, en raison d’un boycott des grands médias, mais beacoup moins des journaux et télés régionaux (FR3 a rapporté l’essai d’Eo au primaire)

  • Le 25 octobre 2006 à 20:22, par Ronan Blaise En réponse à : Vive le multilinguisme !

    M. Krokodilo, j’ai la faiblesse de penser, suite à votre courriel, que vous méconnaissez profondément le système scolaire français, lequel est un très gros ’’paquebot’’ auquel on ne peut guère demander de faire des ’’loopings’’ et autres ’’triples axels’’ (à supposer qu’un paquebot se voit jamais demander d’effectuer de telles figures imposées...).

    Ainsi que les diverses réalités sociales qu’il recouvre, son fonctionnement interne ainsi que ses (trop) nombreux rapports de force internes entre ses diverses composantes aujourd’hui en interaction : entre Ministère, Administration, Inspection, Corps enseignant, Enseignants de disciplines variées (souvent mis(es) en rivalité les uns face aux autres, en CA, en début et en fin d’année, ne serait-ce que pour la répartition des heures affectées à leurs disciplines respectives...) Syndicats, Associations de parents d’élèves et élèves eux-mêmes...).

    Ainsi, sachez qu’ouvrir une classe et une section (qui plus est linguistique) n’est pas une décision anodine qui peut se faire en toute autonomie par un chef d’établissement sous prétexte qu’il en aurait juste envie (hors Dotation horaire générale, calculs d’indemnités, d’heures supplémentaires, etc).

    Pour ce faire il lui faut fournir préalablement aux autorités compétentes en la matière(Rectorat, Académie, Inspection, Administration...) des garanties d’avoir ’’sous la main’’ assez d’élèves pouvant garnir la dîte section et assez d’enseignants diplomés ou assimilés (que l’Institution se doit de payer et dont elle se doit de valider la formation et/ou la qualification...) pour faire ’’vivre’’ la dîte section.

    Il s’agit là d’un système complexe effectivement soumis à une gestion administrative et comptable. C’est (là aussi) peut-être triste (j’en conviens...), mais force est de constater que c’est tout de même aujourd’hui comme ça que le système ’’fonctionne’’ (ou s’efforce de fonctionner tant bien que mal...). Tout du moins dans le service public ainsi que dans les établissements privés sous contrats, en tout cas... (avec un certain degrès d’autonomie pour ceux-ci et des hiérarchies et responsables propres, effectivement).

    Et c’est d’autant plus le cas aujourd’hui que nos actuels gouvernants (élus lors d’élections pluralistes libres...) semblent effectivement privilégier très fortement ce mode de gestion comptable (et semblent d’ailleurs s’en porter sciemment redevables devant leur électorat, lequel semble les avoir clairement mandaté pour ce faire...).

    Même si cela n’interdit sans doute pas l’organisation et la création de classes expérimentales. Toujours est-il qu’on est là très loin de l’espéranto proposé comme ’’choix universel’’ dans l’ensemble du système. Pour ce faire, il faudrait là en fait sans doute bien plus qu’une volonté politique spécifique clairement exprimée (laquelle aujourd’hui n’existe - malheureusement ? - pas).

    > J’ignorais que les programmes scolaires dépendaient à ce point des desiderata des élèves et de leur agrément...

    Et bien si. Même si les programmes sont effectivement fixés par des Autorités ministérielles ’’ad hoc’’ et sont soumis à l’approbation du Législateur, il est néanmoins clair que le système me paraît depuis toujours ne cesser d’essayer de s’adapter à la demande et aux besoins, non seulement des élèves mais aussi tels qu’ils sont exprimés par leurs parents.

    Vu qu’il s’agit là d’un service public, et que - là aussi - dans la logique consumériste actuelle - le client est roi, si client effectivement il y a. La preuve : ce qui suit... Sinon, si le projet éducatif que vous propose les équipes politiques actuellement au pouvoir ne vous convient pas, rien ne vous interdit de voter pour quelque alternance... (ou quelque parti politique ayant décidé de faire de la promotion de l’espéranto son cheval de bataille éducatif, si tenté qu’une telle formation politique existe...).

    >C’est donc à leur demande que le nombre de langues possibles en option au bac s’est tellement étoffé en dix ans, alors que les pétitions concernant l’esperanto se sont toujours vues opposer la raison d’un nombre d’options déjà trop grand ! }

    Visiblement vous confondez plusieurs choses différentes, notamment le Collège, réalité éducative, professionnelle et sociale que j’ai la faiblesse de penser que je ne connais pas trop mal (’’épicentre’’ de l’actuelle fracture sociale : là où tous les problèmes de la société ’’remontent’’ par capillarité devant des enseignants absolument pas formés pour ’’gérer’’ cela au quotidien ; nous en avons déjà parlé précédemment, alors n’insistons pas...) et le Lycée (réalité éducative, professionnelle et sociale que je connais moins bien mais qu’il m’est néanmoins arrivé de fréquenter aussi, en tant que jeune enseignant).

    Le Lycée : une réalité sociale toute autre où il semblerait effectivement que l’on trouve des élèves effectivement plus adultes et effectivement plus motivés face aux enseignements qui leur ont été ’’proposé’’ et qu’ils ont effectivement choisis (via le système des ’’’séries’’ spécifiques«  »), vu que le ’’Lycée unique’’ n’existe effectivement pas, lui (bien que nombre de mes Collègues de Lycée estiment que la ’’sélection’’ entre ces deux espaces - Collèges et Lycées - n’est justement pas suffisamment... sélective et se plaignent d’ailleurs régulièrement, ouvertement et assez bruyamment d’ailleurs qu’on leur envoie ’’n’importe qui’’ en Seconde, sic...). Et puis il y aussi les Lycées professionnels (mais ça, c’est là une autre histoire...).

    Par ailleurs vous confondez visiblement ’’options’’ et ’’disciplines linguistiques’’. Or il s’agit là de deux choses différentes qu’il ne faut pas amalgamer.

    Ainsi, il y a des ’’disciplines linguistiques’’ qui ne sont pas des options (en fait tout dépend de la série...) et des ’’options’’ qui ne sont pas non plus des disciplines linguistiques : notamment dans les registres artistiques et créatifs - musique, théâtre, cinéma - ou pratique (ex : gestion) ou techniques et technologiques, (genre : informatique et autres choses disciplines du même bois).

    Or il ne me semble guère étonnant que ces disciplines existent effectivement dans l’actuel système scolaire français (en Lycée...) ainsi que certaines disciplines linguistiques parfois optionnelles (ex : Arabe, Chinois, Polonais, Portugais, Russe, etc) tant il est clair que la ’’demande sociale’’ à ce sujet existe bel et bien (même si, autant l’avouer, de tels enseignements restent numériquement relativement restreints et se limitent à des établissements bien particuliers, à des effectifs relativement restreints et à des cadres géographiques et à des situations et des contextes éducatifs très spécifiques...).

    Toujours est-il que cela correspond bel et bien à une demande du public, à laquelle a répondu positivement l’autorité publique. Et ce, sans doute parce que le Législateur, le Ministère, l’Administration (bref : les autorités et pouvoirs publics...) semblent avoir jugés que ces demandes n’étaient pas marginales et qu’il revenait donc de la responsabilité des Pouvoirs publics de les traiter avec considération.

    Connaisant un petit peu le système (assez en tout cas pour lui reconnaître quelques qualités de bonne gestion comptable - parfois étriquée, certes) j’en déduis que si l’actuelle demande des espérantistes n’est pas aujourd’hui prise en compte, c’est sans doute et très probablement qu’elle n’est sans doute pas jugée autrement que marginale. Mais vu l’électoralisme ambiant à la veille des échéances politiques que l’on sait, je serais vraiment très étonné que les politiques actuellement au pouvoir (comme dans l’opposition d’ailleurs...) ne songent pas même à répondre positivement aux éventuelles sollicitations pressantes des espérantistes si ceux là représentaient vraiment une force électorale à ce point non négligeable...

    A charge alors pour les espérantistes, donc, de mieux se faire entendre des autorités publiques ou par l’intermédaire de nos élus et parlementaires ou par l’intermédiaire des associations de parents d’élèves, par l’intermédiaire de Lobbies et d’associations spécifiques politiquement mieux représentées ou que sais-je encore... (par les voies légales, bien entendu...).

    Quant à ce webzine...

    Il a pour principal objet de parler d’Europe fédérale et d’Europe politique, pas des affres du système scolaire français (thématique annexe plus que secondaire)... Et l’étude du multilinguisme ici développée ne doit pas être percue autrement que comme l’ouverture d’un dossier spécifique ’’annexe’’ mais pas comme un thème central. telle était en tout cas l’objet de ma remarque.

    Quant au ’’boycott’’ des grands média(s)...

    Nous y voilà : la fameuse thèse du ’’complot’’ antiespérantiste et de la ’’persécution’’ injuste dont cette langue serait la victime malheureuse. Sérieusement, y croyez vous vraiment ?! Et pouvez vous alors clairement expliciter aux lecteurs de ce webzine pourquoi ’’on’’ (qui, d’ailleurs ?!) en voudrait donc à ce point à cette langue ?!

    Là, il y a sans doute de l’ignorance, certainement du scepticisme et peut-être même un certain manque d’ouverture à la nouveauté, mais certainement pas de ’’complot’’ ni de ’’boycott’’ sciemment organisé à ce sujet. D’ailleurs la presse est aujourd’hui libre et diverse. Et vous pouvez fort bien vous y exprimer. Comme par exemple ici, dans ce qui n’est jamais - pourtant - qu’un modeste webzine associatif (et rien de plus...).

  • Le 25 octobre 2006 à 21:17, par skirlet En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Ce commentaire ne m’est pas adressé, mais je tiens à répondre qur quelques points.

     de nombreuses demandes au sujet de l’espéranto au bac recoivent toujours le même copier-coller, ils ne prennent pas la peine de changer quelques mots ou virgules

     il n’y a pas de complot proprement dit, mais bel et bien le mur de silence. Dans les marronniers de l’été, par exemple, on peut voir pour la millionnième fois les gens coïncés dans les bouchons, mais le congrès de l’espéranto parraîné par le Président de la République n’a pas mérité une mention d’une phrase à la télé ni une ligne dans la presse « classique » (la presse locale est tout de même plus ouverte)

     des 6000 langues naturelles et des 600 langues construites, seul l’espéranto est frappé en France d’interdiction dans le cadre d’activités scolaires...

    Oui, c’est bien d’avoir la nouvelle presse, plus ouverte, où il est possible de se faire entendre. Grâce à la Toile, les mentalités évoluent :-)

  • Le 26 octobre 2006 à 01:06, par krokodilo En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Merci de cette longue réponse, mais je souhaiterais que vous ne me mettiez pas les mots dans la bouche : quand ai-je parlé de "complot et de "persécutions" ? Ces persécutions ont existé, mais sous Hitler et Staline, à une époque où de nombreuses catégories de personnes l’étaient. Vous me demandez si j’y crois : non, je ne pense pas qu’il y ait un bureau en sous-sol qui lutte contre l’espéranto de concert avec la CIA, mais le soutien massif et permanent des intérêts anglo-saxons à tout ce qui peut entretenir et développer l’anglais est suffisant (instituts, stages, médias, sites, manifestations culturelles, etc.) Par contre, oui, il y a bien une entente tacite des grands médias pour ne pas parler de l’Eo, une sorte de mur du silence brisé seulement par les journaux régionaux, le Monde Diplo en ligne, FR3, Marianne en ligne, Agora Vox, France Culture, et depuis peu Science et vie, ainsi que par des médias en ligne anglais et américains, mais pas par les quotidiens et hebdos de référence ni TF1 ni A2, ni les émissions télé spécialisées sur l’Europe. Vous me demandez qui en voudrait à ce point à cette langue ? Principalement les "grandes langues", France et Allemagne en tête, rivales de l’anglais comme langues de travail dans l’UE, et qui sont toujours dans l’illusion de se refaire une santé, alors qu’il est évident qu’ils ont pris une claque depuis l’adhésion de la GB à l’UE. Ces deux pays, par nostalgie de la grandeur passée (le français langue diplomatique, etc) sont toujours dans le schéma des luttes d’influence, de l’affrontement entre empires par langue interposée. Nous voulons faire savoir qu’il y a une troisième voie, basée sur la raison et des critères rationnels d’une langue neutre qui est en outre la moins difficile du monde. Nul besoin d’un cabinet noir pour ce mur du silence, les préjugés et les clichés véhiculés depuis un siècle suffisent à entretenir cette méfiance, qui remonte entre autres à la vieille circulaire Bérard, d’un temps où tout ce qui était supra-national était suspect d’internationalisme, de communisme ou de trahison. Une ambiance bien différente d’autres pays, la Hongrie où l’Eo est possible au lycée et à l’université, la Lituanie où l’agence de voyage officielle propose des guides touristiques espérantophones (vérifiable sur le net.) Quelques exemples de ce que je qualifiais de mur du silence (et pas de complot) :
     La différence de traitement entre le rapport Thélot, qui prônait l’anglais pour tous, et le rapport Grin, qui étudiait en détail les 3 solutions possibles pour l’UE, l’anglais, le multilinguisme et l’Eo : l’un a été plus que largement commenté aux infos, et l’autre pas un mot… (le sujet des 2 rapports était différent, l’un en France l’autre pour l’UE, mais tous deux avaient ce thème de l’anglais en commun.) Vous vous honoreriez, d’ailleurs, en en faisant le résumé dans un article, il est précis et fouillé.
     Les congrès internationaux d’Eo de l’été 2005 en Lituanie et 2006 à Florence n’ont pas eu à ma connaissance une seule mention, c’est-à-dire moins que le dernier écho d’un sous-événement ou d’un marronnier de l’été, alors qu’ils étaient soutenus par la présidence lituanienne, avec la présence et le soutien de personnalités.
     Quand un homme politique est espérantophone, ou simplement partisan de cette solution en Europe, ce n’est jamais rapporté (en France.) Il en est de même pour les scientifiques (Albert Jacquard), les polyglottes surdiplômés, traducteurs émérites (Kersaudy, Claude Piron), les linguistes, les journalistes (Henri Masson) : les seuls experts agréés par les médias de grande diffusion sont ceux qui respectent le dogme du multilinguisme.
     Dans un gros dossier du "Le Monde de l’Education", février 2005, N°333, ce qui pourrait bien être une voix discordante, une ébauche de critique, n’occupe qu’une dizaine de lignes dans un dossier de seize pages sur l’apprentissage des langues vivantes… (dans Le Monde de l’éducation) alors qu’on abordait là le vrai problème. Dans le reste du vaste dossier, il est question d’apprentissage précoce, de stages linguistiques, d’enseignement de certaines matières en anglais, voire de villages anglais en pleine France pour y envoyer nos chers petits s’imprégner du vrai accent (anglais, naturellement), de multilinguisme, et de l’ouverture aux autres cultures par l’enseignement des langues vivantes. Tout ce qui n’est pas conforme au dogme du multilinguisme est repoussé, bonjour le débat pédagogique et l’analyse. Voici ces lignes sacrilèges : "Faut-il systématiquement privilégier l’anglais, le choix majoritaire des familles, au risque de nier la diversité linguistique ? Jamais à court d’une utopie, Claude Hagège propose d’introduire précocement deux langues étrangères. Michel Candelier, professeur à l’université du Maine, s’en tient aux limites du possible et défend une approche différente et non contradictoire baptisée « Eveil aux langues » qui fait le pari de sensibiliser les enfants à un grand nombre d’idiomes. « Le bilinguisme en soi n’est pas une solution "crédible" pour l’ensemble du territoire. Nous ne visons pas ici la compétence éducative. Nous cherchons à cultiver chez les plus jeunes des attitudes et des aptitudes, telles que l’ouverture à la diversité ou la capacité à observer et analyser des phénomènes linguistiques oraux ou écrits. » En d’autres termes, une meilleure approche des langues pour mieux aborder le monde." Quant à l’espéranto, c’est pire, il n’a pas droit de cité, et l’essai qui a eu lieu au primaire cette année n’a même pas été analysé, ni même rapporté par ce journal dont la raison d’être est la pédagogie !
     Voici une mise en garde qui émane de la commission européenne des langues elle-même, mais bien rares sont les médias qui ont traité ce sujet : "Les établissements d’enseignement supérieur pourraient jouer un rôle plus actif dans la promotion du multilinguisme auprès des étudiants et du personnel, mais aussi au sein de la communauté locale au sens large. Il convient d’admettre que la tendance, dans les pays non anglophones, à enseigner en anglais au lieu de la langue nationale ou régionale peut avoir des conséquences imprévues pour la vitalité de ces langues. La Commission prévoit prochainement une étude plus approfondie de ce phénomène. http://www.eu.int/comm/education/policies/lang/doc/com596_fr.pdf (page 7)" Il va sans dire que cette étude plus approfondie des effets néfastes de l’excès d’anglais n’a jamais été publiée… si elle a été commencée !
     Ai-je oublié de dire que le multilinguisme à grande échelle bute sur une impossibilité structurelle : la logistique, point faible de bien des combats ? Eh bien je le dis : comment fournira-t-on tous les professeurs si l’on prétend diversifier dès le primaire et offrir une large palette dès la sixième ? Et ce alors que les petits français font davantage d’’heures de cours que la moyenne (rapport récent) Vous voyez que vous avez matière à un très gros dossier, si vous voulez un autre son de cloche que le multilinguisme pour tous, répété par l’UE comme une incantation pour cacher la progression massive de l’anglais.

    Quoi qu’il en soit, bravo pour avoir laissé les différents messages d’espérantophones sur ces forums, aussi bien en français qu’en anglais. Dans les médias nationaux dont je parlais, ils ne passent pas la barrière du courrier des lecteurs… Allez soyons honnêtes, le Monde de l’éducation a déjà publié, en 2005 je crois, deux ou trois courriers d’enseignants favorables à l’Eo, je tiens les photocopies à votre disposition si vous préférez les témoignages directs de collègues. Cordialement,

  • Le 26 octobre 2006 à 11:46, par skirlet En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Le rapport Thélot a été accueilli avec enthousiasme par une partie du public et avec résignation par une autre. Je ne suis pas apte de juger, à quel point il réflète la volonté populaire (je ne sais pas, comment la mesurer), mais la volonté de généraliser au possible l’enseignement de l’anglais y est. Regardez, par exemple, l’avis du Haut Conseil de l’évaluation de l’école suite au rapport Grin : un petit renvoi dit que "des organisations représentées au Haut Conseil estiment que l’anglais devrait faire partie du socle commun des compétences et des connaissances que tous les élèves devraient maîtriser, comme le préconise le rapport de la commission nationale du débat sur l’école présidée par Claude Thélot." http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/avis19.pdf

    Quant à l’anglais « facile », celui qui a eu l’idée de cette pub a réussi un coup de maître :-))) C’est entièrement faux, et même pas comparé à l’espéranto : une langue où il faut apprendre la prononciation de chaque mot séparément, où même les natifs sont un peu désemparés face à un mot inconnu et ne savent pas avec certitude comment le prononcer n’est pas une langue facile rien que pour cette raison. Et il y en a d’autres.

  • Le 30 octobre 2006 à 17:41, par Claude Piron En réponse à : Vive le multilinguisme !

    « 56% des personnes interrogées dans l’Union européenne sont capables de participer à une conversation dans une autre langue que leur langue maternelle, » dit l’Eurobaromètre. Désolé, mais je demande à voir. Ces sondages consistent à demander aux personnes quelles sont les langues qu’elles sont capables d’utiliser. Mais il y a un grand décalage entre ce qu’elles disent et la réalité. Il y a celles qui exagèrent consciemment pour ne pas perdre la face devant l’enquêteur. Il y a celles qui ne comprennent pas la question –par exemple, pour elles « savoir une langue » veut dire « avoir quelques vagues souvenirs scolaires » – et il y a celles qui sont honnêtes, mais qui n’ont aucune idée de leur niveau réel. Je me souviens d’un sondage où 20% des personnes interrogées se sont classées dans la catégorie « sait parfaitement l’anglais ». Mais quand on leur a demandé comment elles comprenaient trois petits textes d’anglais courant, on s’est rendu compte que seuls 3% réussissaient le test.

    D’ailleurs, que veut dire « participer à une conversation » ? De quel genre de conversation s’agit-il ? Quel est le degré d’aisance qui donne droit au classement dans la catégorie « est capable de participer » ? Quelle est l’étendue de la gamme de sujets susceptibles d’être abordés ? Y a-t-il correspondance entre ce que la personne dit et ce qu’elle croit dire, entre ce qu’elle comprend et ce qu’on lui a dit ? Si l’on ne vérifie pas ces points, le sondage est sans valeur.

    Récemment, j’ai corrigé une lettre en anglais écrite par un jeune qui avait fait six années d’anglais, suivies de trois mois d’étude dans une école d’anglais à San Francisco, puis, quelques années plus tard, d’un séjour linguistique à Toronto. Croyant dire « j’ai travaillé dur », il avait écrit I hardly worked, ce qui veut dire « j’ai à peine travaillé » (mais son sens de la langue était correct : hard veut dire « dur » et on forme l’adverbe en ajoutant ly). Un peu plus loin il disait : I’ll do it eventually. Il voulait dire « je le ferai éventuellement » et a eu de la peine à me croire quand je lui ai dit que cela signifie en fait « je finirai par le faire ». J’ai fait assez souvent des expériences de ce genre pour être très sceptique sur le réalisme de ces enquêtes.

    Les sondages, qui, comme par hasard, concluent toujours à la progression du multilinguisme, sont un leurre. Ils contribuent à empêcher la prise au sérieux du problème des langues. Pourquoi chercherait-on à doter les citoyens d’un système efficace et rapidement accessible de communication linguistique, puisque – les sondages le montrent, nous dit-on – tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes linguistiques ? La politique de l’autruche est tellement plus facile qu’une étude sérieuse des faits !

  • Le 15 novembre 2006 à 01:41, par ewropano En réponse à : Complot ?

    Je ne crois pas qu’il y ait un complot visant les espérantistes en particulier, mais la présentation de solutions alternatives au « tout anglais » est en général étouffée par la presse, à l’exception du multilinguisme préconisé officiellement, mais difficile à étendre à l’ensemble de la population européenne.

    Certes ce blog offre une tribune aux espérantistes, et je vous en suis reconnaissant. Mais il suffit de comparer la proportion de messages en faveur de l’espéranto ici et dans la presse grand public pour constater qu’il n’a pas dans cette dernière la place qu’il mérite.

  • Le 15 novembre 2006 à 07:05, par Ronan Blaise En réponse à : Complot ?

    Cher ewropano,

    Ceci n’est pas un blog mais un webzine.

    A savoir : le « Taurillon » : émanation des « Jeunes Européens France » (Association loi 1901), branche jeune du « Mouvement Européen » et branche française de l’association transnationale « JEF-Europe » (Jeunes Européens Fédéralistes).

  • Le 16 novembre 2006 à 15:48, par esperantulo En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Bonjour

    Le multilinguisme je n’y crois absolument pas, car aucune études n’a été faite pour prouver la possibilité concrête d’utiliser le multilinguisme dans l’union européenne que ce soit dans ses autes institutons ou dans la population de base. Même Claude Hagege n’a prouvé pour le moment dans ce que j’ai pu lire dans ses écrits la capacité à utiliser le trilinguisme de facon concrète dans l’union européenne.

    Concernant l’espéranto, vu que l’on en parle, il existe une incapacité de nos institutions à ouvrir les yeux sur ses possiblités d’utilisation, même en donnant toutes les références au sujet. J’ai fais l’expérience de cette langue, qui est un outils et bien une langue, et je je pleins nos jeunes euroéens qui doivent apprendre des langues avec les parcoeurs et règles rébarbatives tous en leur disant cela va leur ouvrir le monde ou même le monde du travail.

    Ce que je pense (de par mon expérience) c’est qu’il est largement possible d’introduire l’espéranto dans le systeme scolaire par un nombre de moyens variés et en plus de pouvoir faire la promotion du multilinguisme, et donc au final on pourrait avoir un bilinguisme très active et un tri ou quadrilinguisme de grande découverte.

    Mais pour cela il faudrait une volonté politique importante mais aussi de la part sa population. Et je dit bien volonté mais dans l’apprentissage moins d’énergie dépensé que actuellement.

  • Le 23 février 2009 à 23:06, par gilles thompson En réponse à : Vive le multilinguisme !

    Si vous avez à coeur la langue de Molière, pouvez-vous faire circuler dans votre milieu ! Merci à l’avance !

    CENTRE-VILLE DE MONTREAL ==================================== Une anglicisation fulgurante en photos et vidéos Déjà un millier d’infractions possibles à la loi 101 !

    http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2008/montreal-anglais.html

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