Yougoslavie, Suicide d’une nation :

Que reste-t-il de la Yougoslavie ?

, par Ronan Blaise

Yougoslavie, Suicide d'une nation :

« Imaginez un pays de 25 millions d’habitants, au coeur de la vieille Europe : un pays où l’on trouve d’antiques cités aux vastes patrimoines de pierre et d’Histoire, au bord d’une mer turquoise aux plages de sable fin. »

« Un pays multinational et multi-confessionnel de six nationalités, cinq républiques, quatre langues, trois religions (et deux alphabets), ensemble réunis autour d’un même idéal. Et ce pays n’est pas un rêve, c’est la Yougoslavie. »

Car c’est bel et bien en ces termes choisis que les offices de tourisme (et de propagande) de l’époque titiste vantaient alors aux vacanciers occidentaux les mérites d’un eldorado touristique déjà à bon marché.

Un pays aux peuples ’’affables et accueillants’’ qui, ’’fiers de ce qu’ils avaient réussi à construire ensemble’’ - la ’’vitrine du socialisme réel et de l’autogestion’’ - étalaient aux yeux du monde son modèle original : ’’Du fleuve Vardar [1] au mont Triglav [2] (et) des Portes de fer [3] à l’Adriatique.’’ [4]

Or, comme on le sait, la Yougoslavie aujourd’hui n’existe plus, rêve fracassé - depuis les sombres années 1989-1990-1991 - par dix à quinze ans de guerres entre nations balkaniques. Reste donc à poser puis résoudre deux questions clefs : Qui a tué la Yougoslavie ? Et pourquoi ?

Rêves brisés

L’idée yougoslave est née au XIXe siècle du désir de rassembler en un seul Etat les peuples slaves de la vaste péninsule des Balkans. Il s’agissait là surtout de rassembler les peuples ’’slaves du sud’’ (ou ’’yougoslaves’’) en une communauté de destin [5].

Mais il s’agissait là davantage d’un projet culturel (i.e : l’ « Illyrisme » des érudits slovènes, croates et serbes Jernej Kopitar, Ljudevit Gaj, Vuk Karadzic, etc.) que du projet éminemment politique, alors imaginé à Belgrade, de construire quelque nouvelle grande puissance balkanique : la ’’grande Serbie’’ (Cf. « Nacertanje » - i.e : ’’projet’’ - du ministre serbe de l’époque Ilija Garasanin, en 1844).

« Od Vardara pa do Triglava, od Djerdapa pa do Jadrana.

Kao niska sjajnog Djerdana, svijetlim suncem obasjana, ponosito sred Balkana : Jugoslavijo, Jugoslavijo. » [6].

Et cette construction multinationale aurait très bien pu réussir si elle n’avait heurté de plein fouet l’ethnogenèse nationale des peuples croates et serbes. Lesquels ont surtout cherché à instrumentaliser cette construction étatique yougoslave pour asseoir leurs rêves d’affirmation nationale voire d’hégémonie balkanique.

Voyant venir le danger qu’incarnaient ces nationalismes exacerbés, les Dirigeants de l’ensemble yougoslave - du roi Alexandre Karadjordjevic [7] à Josip Broz ’’Tito’’ [8] - ont toujours cherché à diluer les nationalismes dans un modèle étatique ’’autre’’.

Que ce soit là l’autoritaire et dictatorial royaume de Yougoslavie de l’entre-deux guerres ou la dictature communiste de cette République socialiste de Yougoslavie qui lui succéda, après la seconde guerre mondiale.

Dans un cas comme dans l’autre les peuples rivaux mais corsetés se sentirent opprimés. Mais, couvercle bouclé, la ’’cocotte-minute’’ des ressentiments nationaux n’en ’’bouillissait’’ pas moins : bientôt mûre pour les explosions funestes que l’on sait.

Qui a tué la Yougoslavie ?

Qui a tué la Yougoslavie ? Et bien, il faut le dire : un peu tout le monde. En premier lieu ces dirigeants communistes qui ne surent décidément pas apporter les remèdes à une économie chancelante, ni les mots pour conjuguer libertés politiques et démocratie avec l’ancienne devise fédérale : ’’Unité et fraternité’’.

Mais bien évidemment aussi tous ces Dirigeants nationalistes qui instrumentalisèrent alors la crise de l’Etat fédéral yougoslave - dont ils étaient prêts à violer la Constitution - pour replonger leurs peuples dans les tourments identitaires et dans les guerres d’affirmation nationales que l’on sait : une époque où chacun n’avait alors plus à la bouche que des expressions comme ’’Droit historique’’, ’’Terre sacrée’’, ’’Ennemi héréditaire’’, ’’Intérêt exclusif’’ et ’’Destin national’’.

« Sirom sveta put me vodio, za sudbom sam svojom hodio. U srcu sam tebe nosio.

Uvek si mi draga bila, domovino moja mila : Jugoslavijo, Jugoslavijo. » [9].

Ainsi, comme l’a ainsi alors très bien ’’diagnostiqué’’ - dès 1987 - un écrivain très connu de l’époque : « Chaque région succomb(ait) là à une sorte d’hystérie nationaliste qui consist(ait) à optimiser son propre développement au détriment des intérêts de la fédération. ».

Or, cet écrivain ’’lucide’’ des maux et des erreurs du moment, il n’est autre que Slobodan Milosevic, ce tribun populiste et fameux dictateur nationaliste qui gouverna la Serbie de 1990 à 2000 [10]. Visiblement lui aussi avait su voir à quel point les nationalismes exacerbés se sont finalement révélés être de terribles ’’dissolvants’’ pour la trop fragile et si précaire unité yougoslave.

Sans parler de cette communauté nationale impuissante et de ces grandes puissances égoïstes (USA, URSS devenue Russie, France ou Allemagne, CE devenue UE, ONU, etc.) très probablement plus soucieuses de faire valoir leurs intérêts propres, par belligérants interposés, que d’essayer de trouver une issue satisfaisante aux conflits opposant alors les peuples des Balkans.

Est-ce donc alors le fédéralisme et l’Etat fédéral qui ont tués la Yougoslavie ? Ce fameux Etat fédéral ’’oppresseur’’ qui, selon certains, aurait interdit aux uns de réaliser leur ’’destin national’’. Ou qui aurait été l’instrument de l’oppression de certains peuples (plutôt que d’autres...) par quelque nation hégémonique ou par les maîtres du moment ? De notre point de vue, non. De notre point de vue, ce qui a tué la Yougoslavie, c’est avant toute chose le non respect du Droit et l’égoïsme national.

Un pont sur la Drina [11]...

Aujourd’hui, l’espace ex-yougoslave est à nouveau - deux mois à peine après le référendum d’autodétermination au Monténégro (et alors que doivent reprendre, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, les négociations internationales sur le statut du Kosovo...) - à la croisée des chemins : entre affirmations nationalistes et introspections identitaires, entre guerres balkaniques et perspective européenne.

Le chemin qui mène à l’Europe est certes chaotique, mouvementé, périlleux. En effet, il reste tant à reconstruire : non pas seulement les nécessaires infrastructures matérielles mais aussi la société civile et les non moins nécessaires liens invisibles mais humains entre chaque communauté. Mais ce chemin vers l’Europe est nécessaire pour apprendre à construire un avenir commun et pour apprendre à revivre ensemble.

Gageons que les générations à venir sauront alors reconstruire ce que leurs Aînés (nationalistes) ont détruit. Car, comme dans l’oeuvre fameuse d’Ivo Andric [12] ou encore comme à Mostar ou Visegrad, ceux-ci ne peuvent pas détruire les ponts : ces ponts qui relient les peuples par delà et malgré les erreurs du passé. Et non seulement ils ne le peuvent pas mais - surtout - ils n’en n’ont pas le droit.

- Illustration :

Le « Vieux pont » (Stari most) de Mostar, en 1965.

Photographie tirée de l’encyclopédie en ligne wikipédia

Notes

[1Le fleuve Vardar (ou « Axios », en grec) : Fleuve des Balkans d’environ 400 km de long et né en ex-Yougoslavie qui, après avoir traversé la Macédoine, se jette dans le nord de l’Egée, près de Salonique.

[2Le Mont Triglav ou ’’Mont des trois têtes’’ : Mont des Alpes juliennes (plus de 2800 m d’altitude), sur le territoire de l’actuelle Slovénie dont il est le point culminant.

[3Les « Portes de fer » (Djerdap) : Célèbre défilé long de 130 km (et plus grandes gorges d’Europe...) sur le cours du Danube (et creusant ainsi les contreforts méridinaux des Carpathes) ; aujourd’hui sur la frontière serbo-roumaine.

[4« Od Vardara pa do Triglava » ou « Jugoslavija » : fameuse chanson populaire et patriotique yougoslave, en langue slave ’’serbo-croate’’, des années 1970 (paroles de Milutin Popovic Zahar sur une musique - inspirée du folklore macédonien - de Danilo Zivkovic, 1974).

(Cf. article « Hymnes d’Europe » et ouvrage « l’Europe des Hymnes » : opus cit., page 437).

Se plaçant au dessus des intérêts nationaux, célébrant l’unité des patries yougoslaves et exaltant la construction d’un avenir commun, ce chant patriotique (Nb : pour lire le texte intégral - en serbo-croate - cliquez ici) était fort apprécié de Tito. (Lequel avait même demandé à ce qu’il figure dans le répertoire de l’Armée et de la Garde fédérale...). A écouter ici.

[5Et cela concernait alors non seulement les Slovènes, les Croates, les Bosniaques, les Monténégrins et les Serbes mais aussi -initialement- les Bulgares et les Macédoniens.

[6« Du fleuve Vardar au Mont Triglav, des portes de fer à l’Adriatique, comme un trésor brillant dans la lumière de l’aurore, fière au coeur des Balkans : Yougoslavie, Yougoslavie... »

[7Aleksandar Karadjordjevic, Alexandre 1er de Yougoslavie : Souverain serbe et Roi de Yougoslavie de 1921 à son assassinat par des nationalistes croates : à Marseille, en 1934.

[8Josip Broz, dit ’’Tito’’ : Homme politique yougoslave (1892-1980), slovène par son père, croate par sa mère. Chef d’Etat de la Yougoslavie socialiste, depuis sa fondation (en 1945) jusqu’à sa mort (en 1980).

[9« Ainsi je suis allé dans le monde entier, cherchant ma voie, cherchant mon chemin. Mais tu es toujours restée dans mon coeur. Et où que j’ailles, je t’ai toujours aimé, Ô Patrie bien aimée : Yougoslavie, Yougoslavie... »

[10Slobodan Milosevic (1941-2006) : tribun populiste et fameux dictateur nationaliste qui gouverna la Serbie de la fin des années 1980 à octobre 2000.

[11Du nom du fleuve, affluent de la Save né au Monténégro, qui sert aujourd’hui de frontière entre Bosnie orientale et Serbie.

[12« Na Drini cuprija » (i. e : « Le pont sur la Drina »), Chef d’oeuvre de la littérature serbo-croate du Prix Nobel de littérature 1961, Ivo Andric (1892-1975) : un ouvrage publié aux éditions Belfond en 1994 ; document disponible en livre de poche sous le numéro 14 110 (380 pages).

Vos commentaires
  • Le 27 juillet 2006 à 14:06, par Frédéric Benhaim En réponse à : Réconciliation, prérequis pour une prospérité durable ?

    Article très intéressant : on a rarement des perspectives historiques quand on parle de Yougoslavie sauf celles qui retracent les conflits inter-nationaux et interethniques dans le temps, comme pour en montrer le caractère inévitable.

    Cet article a raison d’affirmer que l’Europe peut être une perspective d’évolution positive pour l’ex-Yougoslavie. Mais pas seulement par les effets positifs d’une intégration séparée et ’verticale’ de chaque état d’ex-Yougoslavie.

    La construction européenne s’est appuyée largement sur des réconciliations nationales au lendemain de la IIe guerre mondiale, la réconciliation franco-allemande en étant la clé de voûte.

    L’ex-Yougoslavie devrait, à mon humble avis, tenir compte de cette expérience.

    Pour que l’ex-Yougoslavie fasse pleinement partie de l’UE, il faudra qu’elle procède à sa propre réconciliation interne en même temps qu’elle intègrera l’Union. Aujourd’hui encore, les problématiques communes, environnementales, économiques, sociales, de sécurité, exigent des réponses communes régionales. C’est un fait : l’ex-Yougsolavie a besoin d’un « Bénélux » ; mais pour cela, il lui faudra regarder les démons du passé en face et panser les plaies.

    L’Europe est faite d’un processus d’intégration par le haut, par un projet commun, mais elle se fait aussi par les relations entre citoyens et entre nations. Elle se fait à Bruxelles, à Strasbourg, à Luxembourg, mais elle se fait aussi aux frontières des états membres, sur le Rhin, sur l’Oder, et se fera aux frontières des états d’ex-Yougoslavie, entre populations et citoyens.

  • Le 27 juillet 2006 à 18:53, par Ronan Blaise En réponse à : Réconciliation, prérequis pour une prospérité durable ?

    Juste répondre sur un point très précis : je suis assez d’accord avec votre analyse quant au bien fondé de l’hypothèse ’’Bénélux’’ balkanique que vous soulevez.

    Seulement voilà, ce projet d’intégration balkanique suscite aujourd’hui un certain nombre de réticences locales évidentes et non négligeables dont nous ne pouvons pas faire comme si elles n’existaient pas.

    En effet, en ce début d’année 2006, l’UE a effectivement proposé la création d’une zone régionale balkanique de libre échange entre pays ex-yougoslaves (Slovénie non comprise) et Albanie. L’objectif étant d’y créer un marché régional pour y encourager les investissements (afin de dynamiser, stimuler et intégrer les économies locales : premières étapes avant une intégration future de ces pays à l’UE...).

    Or, certains pays (Croatie en tête) ont alors très clairement et très officiellement exprimé des réticences à l’égard de ce projet : précisément par crainte d’un retour dans le giron ex-yougoslave et balkanique ou d’une tentative (européenne) déguisée pour essayer là de ressusciter l’ancienne Yougoslavie au profit exclusif de Belgrade (bien entendu) et au détriment de Zagreb (bien évidemment...) ou -pire encore- pour essayer de retarder leurs entrées respectives dans l’UE.

    Car le problème est bien là : les méfiances entre nations yougoslaves existent encore bel et bien, les souffrances d’un passé encore récent sont encore très présentes dans les esprits de tous, les rancoeurs (les rancunes) sont encore très vivaces, les haines -parfois- sont encore très fortes et la crainte de la présupposée ’’volonté hégémonique’’ d’autrui est encore très ancrée dans bien des esprits.

    Or il est effectivement clair que le comportement nationaliste des uns et des autres les a totalement disqualifié pour diriger (pour prendre la direction...) d’une future quelconque hypothétique (con)fédération balkanique. Ce pourquoi, faute d’un couple croato-serbe (ou serbo-croate) à la ’’De Gaulle-Adenauer’’, chacun des pays des Balkans rêve aujourd’hui à l’intégration à l’Union européenne, seule union politique à laquelle adhérer qui vaille vraiment à leurs yeux.

    Ainsi la Yougoslavie -comme idéal de vie commune et de vouloir vivre ensemble- semble être vraiment morte, puisque devenue synonyme d’oppression ’’grand serbe’’ ou de dictature communiste ou d’oppression anti-serbe (ou tout cela à la fois...). De ce fait, il n’y a plus guère qu’une seule alternative politique : soit le ’’cavalier seul’’ nationaliste (idée et perspective dont il semblerait que les nations balkaniques soient actuellement en train de se dégager laborieusement...) soit une future intégration à l’UE, structure politique européenne dont les peuples des Balkans espèrent qu’elle leur apportera la paix, la stabilité, la reconnaissance et la prospérité auxquelles ils aspirent.

    Quant à l’ancienne ’’idée yougoslave’’, il semble bel et bien qu’elle soit aujourd’hui ’’dans le coma’’. Et que plus personne dans la région n’ose vraiment essayer de la ranimer. C’est peut-être regrettable, peut-être pas, mais j’ai bien peur qu’il s’agisse pourtant là aujourd’hui d’une réalité politique objective. En tout cas pour l’instant.

  • Le 27 juillet 2006 à 21:44, par Ronan Blaise En réponse à : Réticences à surmonter

    Je partage votre point de vue quant aux réticences qui existent dans l’ex-Yougoslavie à l’égard de tout projet néo-yougoslave.

    Les observations de l’Ambassadeur de Croatie sont à cet égard intéressantes. Les craintes qu’il exprime sont d’ordre démocratique et national. Il s’agit de préserver l’identité et la souveraineté nationale, et de préserver le libre choix des peuples. C’est cela qui fonde le refus du retour dans le « giron » yougoslave.

    En-dehors de ces seules appréhensions, de nombreuses difficultés continuent d’entraver les relations de ces pays entre eux, quelques années seulement après la fin des différentes guerres qui ont abouti à la mort de la Yougoslavie.

    Mais peut-être qu’il nous incombe de démontrer qu’une coopération régionale ne peut qu’être bénéfique à ces pays, sans forcément revêtir une dimension de « revival » yougoslave. L’Europe peut sans doute aider ces pays à coopérer librement, à l’instar des Etats-Unis qui, au lendemain de la IIe guerre mondiale, amenèrent les Européens à s’entendre pour la répartition de l’aide Marshall, posant les premières bases de la construction européenne.

  • Le 28 juillet 2006 à 08:36, par Ronan Blaise En réponse à : Réticences à surmonter

    A ceci près que les propos de l’Ambassadeur de Croatie ne se situent pas seulement sur le terrain de la défense d’une identité nationale brimée, contrariée ou sur celui d’une souveraineté nationale ombrageuse (sinon, il ne s’agirait jamais que d’un discours nationaliste de plus...). Des propos qui traduisent aussi (surtout...) un besoin de démocratisation et (malheureusement) -par delà les discours diplomatiques bien évidemment nuancés- l’absence de presque toute véritable confiance mutuelle entre anciens ’’partenaires’’ ex-yougoslaves.

    Ce pourquoi, je ne pense vraiment pas que l’avenir de ces Etats puisse se situer dans quelque future structure de coopération régionale (dont, de tout façon, ils ne veulent pas...) mais plutôt dans une prochaine intégration progressive de ces Etats à l’Union européenne.

    Sous réserve, bien entendu, que ces Etats respecteraient les stricts critères d’adhésion à l’UE (dits ’’de Copenhague’’) en seuls termes de démocratisation et de pluralisme politique, de respect des libertés fondamentales, de respect de l’Etat de Droit, d’indépendance de la Justice et de respect des minorités (sans même parler de l’acquis communautaire...). Et à condition, bien entendu, qu’ils respectent leurs engagements souscrits à l’égard du TPYI de la Haye et lui livrent les personnes aujourd’hui recherchées par la Justice internationale.

    Or, si la Croatie a récemment livré (non sans mal) Ante Gotovina, en revanche les chefs de guerres serbes des années « 1992-1995 » (i. e : Ratko Mladic et Radovan Karadzic), eux, courent toujours. Or, sans présumer de leur éventuelle responsabilité personnelle dans les faits très précis qui leur sont reprochés dans les instructions en cours, il me semble que ce sont précisément des gens comme ces deux là qui ont détruit la Yougoslavie.

    Et l’Union européenne ne saurait accepter en son sein des Etats dont les élites politiques seraient décidément incapables de faire leur méa culpa après dix ans de discours xénophobes, de violences meurtrières et de guerres national(ist)es.

  • Le 3 août 2006 à 10:32, par Ronan Blaise En réponse à : Yougoslavie, Suicide d’une nation :

    Document complémentaire à ce qui précède, voici quelques extraits d’un éditorial d’Alexandre Adler en date du 18 février 1998 (in « Courrier International » n°433, page 6).

    « Imaginons un instant un cercle vertueux qu’aurait emprunté, vers 1988, une autre direction serbe (i. e : que celle - national-communiste - menée par Slobodan Milosevic) : Nikesic, le dernier chef communiste authentique à Belgrade, était favorable à la démocratie, exactement comme Gorbatchev en Russie ; Koca Popovic, le héros survivant des Brigades internationales (...) aurait fait un très bon père de la patrie, et le pays ne manquait pas d’intellectuels de droite et de gauche qui se fussent alors ralliés.

    Il aurait fallu dès lors négocier une nouvelle confédération yougoslave beaucoup plus lâche - compte tenu du désir des Croates et des Slovènes de se rapprocher de l’Occident - qui aurait impliqué également en compensation un renforcement du marché unique national, qui ne fonctionnait déjà plus dans les années 80.

    Immédiatement, un front uni des républiques pauvres, Bosnie-Herzégovine, Serbie et Macédoine, serait apparu, qui aurait maintenu de plus grandes solidarités politiques, ce qui aurait permis de constituer une coalition orthodoxe-musulmane en Bosnie, isolant les Croates intégristes.

    Avec l’effondrement de l’empire soviétique, la confédération yougoslave, au lieu du trou noir qu’elle est devenue, aurait attiré à elle Hongrois, Roumains, Bulgares et même Albanais, en se présentant comme le pont naturel jeté vers l’économie de marché et l’Union européenne.

    Alors il eût été facile de redécouper le Kosovo pour permettre à ses Albanais d’accéder au statut de République en échange d’une cession de territoires à la Serbie et d’une absorption compensatoire de territoires macédoniens à majorité albanaise, avec le consentement de Tirana et de Sofia... ».

    Tout ça pour dire qu’un autre avenir était possible pour les pays yougoslaves. Au lieu de quoi, on sait ce qu’il advint : la tragédie bosniaque et près d’un million de jeunes Yougoslaves (sans guillemet) - future élite supranationale bénéficiant d’une éducation universitaire - quittant ces terres malheureuses. Du coup, il n’y a aujourd’hui plus un seul Serbe à Sarajevo, ni en Krajina de Knin (territoires de Croatie où ils vivaient pourtant alors depuis près de trois siècles...)

    Et l’actuelle négociation du statut du Kosovo ouvre sans doute la voie à un nouvel exode de ses populations serbes vers le nord et à une partition de la province. Ce qui, sans même parler de Kosovo Polje, fermerait pour longtemps au peuple serbe l’accès à certains des sites culturels les plus importants de son histoire (i. e : les fameux monastères (médiévaux) serbes de Diakovica, Studenica, Gracanica, Milochevo, Detcani, Sopotcani et Pec : récemment inscrits par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité).

    Au lieu de quoi on aurait peut-être pu penser à une rénovation politique et démocratique de l’idée yougoslave et à une reconstruction confédérale de l’ancien espace yougoslave : autour de Sarajevo, capitale intercommunautaire supranationale et/ou autour du Kosovo, district fédéral. Certains pourtant y avaient pensé, trop tard ?!

  • Le 19 octobre 2007 à 12:55, par Ronan En réponse à : Yougoslavie, Suicide d’une nation :

    Un peu de musique dans ce monde de brutes :

    « Od Vardara pa do Triglava od Ðerdapa pa do Jadrana Kao niska sjajnog Ðerdana Svetliš suncem obasjana ponosito sred Balkana Jugoslavijo, Jugoslavijo.

    Širom sveta put me vodio, za sudbom sam svojom hodio, u srcu sam tebe nosio. Uvek si mi draga bila domovino moja mila. Jugoslavijo, Jugoslavijo.

    Volim tvoje reke i gore, tvoje šume, polja i more, volim tvoje ljude ponosne, i ratara i pastira u frulicu kad zasvira, Jugoslavijo, Jugoslavijo.

    Krv se mnoga za te prolila, borba te je naša rodila, radnièka te ruka stvorila. Živi sreæna u slobodi, ljubav naša nek te vodi, Jugoslavijo, Jugoslavijo »

  • Le 11 décembre 2015 à 18:38, par les saints slaves En réponse à : Yougoslavie, Suicide d’une nation :

    la Yougoslavie n’est pas détruite,.. regarder votre porte.

  • Le 11 décembre 2015 à 18:40, par les saints slaves En réponse à : Yougoslavie, Suicide d’une nation :

    la Yougoslavie n’est pas détruite.

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