A la COP21, l’entre soi climatique se réchauffe

, par Geoffrey Lopes

A la COP21, l'entre soi climatique se réchauffe
La société civile est-elle véritablement représentée à la COP21 ? Il semblerait que le grand public ne soit pas de la partie. - COP Paris (CC/Flickr).

Au Bourget, en marge des négociateurs, des experts présentent des innovations préservant la nature. Ce colloque questionne et solutionne le changement climatique. Abrupte, il semble pourtant rester inaccessible au plus grand nombre.

Quand on n’a que le climat pour vivre nos promesses, aurait pu chanter Jacques Brel, on se déplace au lieu où tout se passe. Des bus, affrétés pour l’occasion par la RATP, déposent les visiteurs dans un coin isolé de Seine-Saint-Denis devant le théâtre des négociations. Couvert de drapeaux et très surveillé, le préfabriqué reste inaccessible sans accréditation. Le public continue alors son chemin. Il contourne le bâtiment en déambulant, sur plus d’une centaine de mètres, sur des lames de parquet posées provisoirement au dessus d’une pelouse.

L’Espace génération climat, bien plus imposant, se dévoile. Encadré par des images d’arbres éoliennes, le bâtiment abrite des stands divers et variés. L’espace Shamengo expose des maisons et des jardins neutres en énergie imaginés par des particuliers. L’école de design de Nice présente des créations à base de matériaux renouvelables. La fondation Nicolas Hulot propose sa vision écologique du monde entre des allées de cartons. Les stands se complètent et se répondent. Ils couvrent une large palette des solutions innovantes au changement climatique. « C’est très bien organisé », estime Stéphane, père de famille.

L’espace Génération Climat réunit de nombreuses organisations engagées pour le climat. Le public demeure pourtant un public d’avertis et de militants, plus qu’un panel représentatif de la société dans son intégralité. - COP Paris (CC/Flickr).

« Un spectacle aseptisé »

Du côté de l’espace conférence, les salles restent clairsemées. « Les jeunes filles pour un futur plus vert » ou « les évidences des pertes économiques ou non-économiques et les dommages dues au climat au Bangladesh », ne lèvent pas les foules. « Si mon frère ne tenait pas un stand pour Chamengo aujourd’hui, je ne serais pas venue », assure Jeanne, qui n’a vu aucune publicité sur évènement. « Les gens qui viennent ici sont très impliqués et agissent déjà de leur côté », explique Camille, salariée d’une association.

Des échanges pointus, souvent en anglais, s’engagent dans les stands. Des conférences s’improvisent même autour d’une invention. « Les profanes qui viennent nous rendre visite auront besoin de beaucoup d’explications pour comprendre nos termes techniques », regrette Shema, étudiante tunisienne à la Sustainable Design School de Nice. « C’est enrichissant de rencontrer et partager toutes ces expériences, cela renforce ma fibre écologique. Mais je ne suis pas sûre que les gens n’y connaissant rien soient vraiment à l’aise ».

La nature s’affiche partout jusqu’au plafond où quelques nuages font mine de nous menacer. Les stands sont pour certains minutieusement travaillés. On y croise du beau monde, à l’instar du cinéaste Yann Arthus-Bertrand ou de l’eurodéputé Edouard Martin. « C’est du show off, un spectacle aseptisé pour cacher la misère du futur accord », déplore amèrement Margaux Jobin, chargée de la communication de Climates, un think tank d’étudiants internationaux.

Au chevet du climat, ce sont souvent les mêmes et l’inclusion de la société civile demeure inachevée. Cela suffira-t-il pour sauver la planète ? Juliette Gréco pourrait entonner une nouvelle fois « les feuilles mortes ».

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