Au parlement européen, l’urgence climatique au sommet de l’agenda

, par Noémie Bounsavath

Au parlement européen, l'urgence climatique au sommet de l'agenda
Le Parlement européen à Strabourg. Source : wikimedia commons

La veille de la prise de fonction de la commission européenne d’Ursula Von Der Leyen et de la COP25, le Parlement européen a voté l’état d’urgence climatique au sein de l’Union européenne (UE). Avec 429 votes pour et 225 votes contres et 19 abstentions, c’est un message fort sur la scène internationale, qui annonce la couleur des ambitions européennes en matière d’écologie.

C’est lors de la session plénière de fin novembre que le texte a été soumis aux votes des eurodéputés pour savoir si l’Union européenne devait déclarer à son tour l’état d’urgence climatique, car si certains pays, dont la France, l’avait déjà fait, l’initiative à cette échelle est inédite.

La mesure, certes non contraignante, a néanmoins une portée symbolique forte sur plusieurs aspects et arrive idéalement au milieu de l’élan écologique de cette fin d’année.

Une réponse audacieuse face à la position écologique américaine

La déclaration de l’état d’urgence climatique s’érige comme une critique face à l’officialisation du retrait américain des accords de Paris (1) début novembre, les États-Unis étant deuxième émetteur de gaz à effet de serre au monde.

Effectivement, face à l’enjeu climatique caractérisé d’une part par la multiplication des effets du réchauffement climatique, et d’autre part face aux demandes des peuples autour du monde, la démarche européenne marque un contraste absolu face au mépris américain pour la question écologique. Les États-Unis sont d’ailleurs les seuls parmi 197 pays à se retirer de cet accord.

Une démarche courageuse du Parlement

Le mandat de la nouvelle Commission européenne commençant le 1er décembre, soit deux jours après la fin de la session parlementaire, la mesure fait indubitablement écho aux actions à venir. Elle introduit notamment parfaitement la dynamique de “l’agenda environnemental très fort et nouveau » (2) que souhaite mettre en place sa future présidente.

Son discours de présentation (3) devant le Parlement dépeignait l’urgence des actions à mener sur la question climatique au sein de l’Union européenne, en consacrant notamment les 100 premiers jours de son mandat à légiférer pour l’écologie, en particulier sur la neutralité carbone en 2050 et la mise en place d’une banque du climat.

Demandée par la gauche parlementaire, cette déclaration est un moyen d’assurer les engagements pris sur la question climatique puisque « une fois que vous avez déclaré l’état d’urgence environnemental et climatique, c’est plus difficile de ne pas tenir les engagements qui ont été pris », prévenait Pascal Canfin, eurodéputé (Verts/Renew) (4).

Un engagement fort et sans équivoque en vue de la COP25

La signature de cet état d’urgence coïncide avec la COP25 (5) qui a commencé ce 2 décembre. La conférence réunit les signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (6).

Il s’agit de l’un des événements politiques les plus importants sur le sujet. Il s’inscrit dans la logique du sommet spécial sur l’action climatique à New-York qui a eu lieu en septembre. C’est l’occasion de renforcer l’implication et la considération des États membres de l’UE sur la question climatique sur la scène internationale.

On l’aura compris, l’engagement des États membres par rapport à la déclaration de l’état d’urgence climatique sera un message symbolique. Mais il sera fort et sera une introduction puissante à une nouvelle page de la politique européenne qui commencera le mois prochain.

Note

(1) Les accords de Paris : Il s’agit du premier accord universel sur le thème du climat et du réchauffement climatique, signé en 2015 suite à la Conférence de Paris sur les changements climatiques (COP21) ce texte qui n’est juridiquement pas contraignant pose néanmoins une contrainte politique qui vise à encourager les états à contenir le réchauffement climatique, limiter l’utilisation des énergies fossiles mais surtout limiter l’empreinte carbone des Etats. Signé par 196 pays il est le traité le plus signé de l’humanité.

(2) L’« agenda environnementale très fort et nouveau » est la qualification employée par le Président de la République française Emmanuel Macron en soutien au programme écologique pour l’UE, lors de la présentation de la future présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l’Élysée le 23 Juillet 2019.

(3) Discours d’ouverture de la session plénière du Parlement européen, Ursula von der Leyen, Candidate à la présidence de la commission européenne : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/SPEECH_19_4230

(4) « Une fois que vous avez déclaré l’état d’urgence environnemental et climatique, c’est plus difficile de ne pas tenir les engagements qui ont été pris » : Citation de Pascal Canfin, eurodéputé pour le groupe centriste Renew Europe au Parlement européen, groupe qui propose la déclaration de l’état d’urgence, lors d’une interview pour EURACTIV.com à Bruxelles.

(5) COP25 : comme la COP21 (Conférence des Parties sur les objectifs climatiques de 2021), la COP25 est une conférence réunissant tous les pays signataire de la CCNUCC (197 états) sur la problématique du changement climatique. Elle aura lieu en décembre 2019 à Madrid.

(6) CCNUCC : Cette convention vise à cerner le changement climatique dans le cadre des Nations Unis, c’est de cette convention que découlent les Conférences des Parties (COP).

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