Au revoir, Madame de Sarnez…

, par Théo Boucart

Au revoir, Madame de Sarnez…
Marielle de Sarnez aux côté de François Bayrou. Crédits : Marie-Lan Nguyen

L’ancienne ministre des Affaires européennes, député européenne et présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale Marielle de Sarnez est décédée mercredi 13 janvier à l’âge de 69 ans, des suites d’une maladie. Malgré des ennuis judiciaires à la fin de sa vie, nous perdons tous une « combattante passionnée pour l’Europe ».

« Artisane inlassable du centre, combattante passionnée de l’Europe, Marielle de Sarnez nous a quittés ce soir. La France perd une responsable politique de grand talent. Nous perdons une amie. Pensées à sa famille et à ses compagnons de route ». C’est par ces mots que le président Emmanuel Macron a rendu hommage à ce qui a été sa toute première ministre des Affaires européennes en mai et juin 2017. « Une engagée de l’Europe, une femme d’immense courage. Je rends hommage à Marielle de Sarnez, de tout cœur avec sa famille et ses proches » a pour sa part déclaré son successeur aux Affaires européennes, le secrétaire d’État Clément Beaune.

Atteinte d’une leucémie foudroyante, Marielle de Sarnez s’est éteinte le 13 janvier dernier à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L’annonce de sa mort a également fait réagir de nombreux représentants de la classe politique, comme François Bayrou, dont elle était très proche : « mercredi 13 janvier 2021. Voici le jour en trop. Marielle, si talentueuse et si courageuse, Marielle de Sarnez vient de partir. Notre chagrin est immense ». L’hommage est également venu de l’ensemble du spectre politique, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon qui loue « une adversaire exemplaire de loyauté » : « grande tristesse : Marielle de Sarnez nous est retirée. Honneur à une adversaire exemplaire de loyauté, de respect des autres et de créativité. Le service du pays perd une utile influence discrète ». De l’autre côté de l’échiquier politique, Marine Le Pen a salué, malgré les divergences politiques, son « investissement » : « le décès de Marielle de Sarnez est un choc pour tous. Au-delà de nos divergences politiques, elle était une Présidente de commission investie, respectueuse et attentive à tous les députés. Je présente mes sincères condoléances à sa famille, ses proches et à sa famille politique ».

Engagée très tôt pour l’Europe

Marielle de Sarnez est née en 1951 à Paris, dans une famille d’origine alsacienne anoblie sous le 1er Empire. Son père, Olivier de Sarnez (1926-2013), est un ancien résistant. Après avoir obtenu son baccalauréat au lycée Janson-de-Sailly, elle est directement entrée dans la vie active en occupant plusieurs emplois. Ce parcours très atypique, loin de ceux des Enarques, ne l’a pas empêchée d’entrer en politique très tôt. Dès l’âge de 23 ans, elle a soutenu la candidature de Valéry Giscard d’Estaing, puis a participé étroitement à la création de l’Union pour la Démocratie Française (UDF).

C’est en travaillant par la suite avec des personnalités notoirement pro-européennes, comme Jean Lecanuet (candidat à l’élection présidentielle de 1965, prônant une vision fédérale de l’Europe), Simone Veil (première présidente du Parlement européen) et Raymond Barre (ancien commissaire européen) que Marielle de Sarnez a forgé sa conviction et sa passion pour l’intégration européenne. Durant les années 1990, elle a assuré le rôle de chef de cabinet de François Bayrou au ministère de l’Éducation nationale, une prouesse remarquable pour une femme politique non-issue de l’École Nationale de l’Administration. Son action avec son proche allié ne s’est pas arrêtée là, puisqu’elle a dirigé sa campagne présidentielle en 2007 et 2012. Toujours avec Bayrou, elle est devenue en 1999 député européenne, en étant notamment vice-présidente de l’Alliance des libéraux et démocrates européens (ALDE) de 2004 à 2017. Un poste qu’elle a occupé jusqu’à cette année-là et son entrée éphémère au gouvernement.

De cette période, de Sarnez n’en n’a pas tiré que des bons souvenirs, puisqu’elle a été impliquée dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen et a été mise en examen en décembre 2019. L’affaire avait déjà provoqué la démission de l’ensemble des ministres issus du MoDem du premier gouvernement d’Édouard Philippe.

De par son attachement viscéral à une Europe forte, la rédaction du Taurillon souhaite rendre hommage à Marielle de Sarnez, et présente ses condoléances à sa famille, ses amis et à l’ensemble des personnes qui l’ont côtoyée professionnellement.

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